Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

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Voyage au bout de la nuit: краткое содержание, описание и аннотация

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« — Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !…
— T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C'est pas une vie…
— Il y a l'amour, Bardamu !
— Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

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Peut-être n'attendait-elle que mon geste pour me congédier. Enfin ce fut surtout cette sacrée fringale qui m'inspira de la prudence. Bouffer d'abord. Et puis elle n'en finissait pas de me raconter les futilités de son existence. Il faudrait fermer le monde décidément pendant deux ou trois générations au moins s'il n'y avait plus de mensonges à raconter. On n'aurait plus rien à se dire ou presque. Elle en vint à me questionner sur ce que je pensais de son Amérique. Je lui confiai que j'en étais arrivé à ce point de débilité et d'angoisse où presque n'importe qui et n'importe quoi vous devient redoutable et quant à son pays il m'épouvantait tout bonnement plus que tout l'ensemble de menaces directes, occultes et imprévisibles que j'y trouvais, surtout par l'énorme indifférence à mon égard qui le résumait à mon sens.

J'avais à gagner ma croûte, lui avouai-je encore, et il me faudrait donc à bref délai surmonter toutes ces sensibleries. À ce propos je me trouvais même en grand retard et je l'assurai de ma bien vive reconnaissance si elle voulait bien me recommander à quelque employeur éventuel… parmi ses relations… Mais cela au plus tôt… Un très modeste salaire me contenterait parfaitement… Et encore bien d'autres bénignités et fadaises que je lui débitais. Elle prit assez mal cette proposition modeste mais tout de même indiscrète. D'emblée elle se montra décourageante. Elle ne connaissait absolument personne qui puisse me donner du boulot ou une aide, répondit-elle. Nous en revînmes forcément à parler de la vie en général et puis de son existence en particulier.

Nous étions à nous épier ainsi moralement et physiquement quand on sonna. Et puis presque sans transition, ni pause, quatre femmes pénétrèrent dans la pièce, fardées, mûres, charnues, du muscle et des bijoux, fortement familières. Présenté à elles très sommairement, Lola bien gênée (c'était visible) essayait de les entraîner ailleurs, mais elles se mirent, contrariantes, à se saisir de mon attention toutes ensemble, pour me raconter tout ce qu'elles savaient sur l'Europe. Vieux jardin l'Europe tout rempli de fous désuets, érotiques et rapaces. Elles récitaient par cœur le Chabanais [16] Le Chabanais : célèbre maison close située au 12 de la me du même nom. et les Invalides.

Pour mon compte je n'avais visité aucun de ces deux endroits. Le premier trop coûteux, le second trop lointain. En manière de réplique je fus envahi par une bouffée de patriotisme automatique et fatigué, plus niais encore que ce qui vous vient d'habitude en ces occasions. Je leur rétorquai vivement que leur ville me navrait. Une espèce de foire ratée, leur dis-je, écœurante, et qu'on s'entêterait à faire réussir quand même…

Tout en pérorant ainsi dans l'artifice et le convenu je ne pouvais m'empêcher de percevoir plus nettement encore d'autres raisons que le paludisme à la dépression physique et morale dont je me sentais accablé. Il s'agissait au surplus d'un changement d'habitudes, il fallait que j'apprenne une fois encore à reconnaître de nouveaux visages dans un nouveau milieu, d'autres façons de parler et de mentir. La paresse c'est presque aussi fort que la vie. La banalité de la farce nouvelle qu'il faut jouer vous écrase et il vous faut somme toute encore plus de lâcheté que de courage pour recommencer. C'est cela l'exil, l'étranger, cette inexorable observation de l'existence telle qu'elle est vraiment pendant ces quelques heures lucides, exceptionnelles dans la trame du temps humain, où les habitudes du pays précédent vous abandonnent, sans que les autres, les nouvelles, vous aient encore suffisamment abruti.

Tout dans ces moments vient s'ajouter à votre immonde détresse pour vous forcer, débile, à discerner les choses, les gens et l'avenir tels qu'ils sont, c'est-à-dire des squelettes, rien que des riens, qu'il faudra cependant aimer, chérir, défendre, animer comme s'ils existaient.

Un autre pays, d'autres gens autour de soi, agités d'une façon un peu bizarre, quelques petites vanités en moins, dissipées, quelque orgueil qui ne trouve plus sa raison, son mensonge, son écho familier, et il n'en faut pas davantage, la tête vous tourne, et le doute vous attire, et l'infini s'ouvre rien que pour vous, un ridicule petit infini et vous tombez dedans…

Le voyage c'est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons…

Elles rigolaient bien les quatre visiteuses de Lola à m'entendre ainsi me confesser à grands éclats et faire mon petit Jean-Jacques devant elles. Elles me traitèrent d'un tas de noms que je compris à peine à cause des déformations américaines, de leur parler onctueux et indécent. Des chattes pathétiques.

Quand le nègre domestique entra pour servir le thé nous fîmes silence.

L'une de ces visiteuses devait posséder cependant plus de discernement que les autres car elle annonça très haut que je tremblais de fièvre et que je devais souffrir aussi d'une soif pas ordinaire. Ce qu'on servit en fait de collation me plut tout à fait malgré ma tremblote. Ces sandwichs me sauvèrent la vie, je peux le dire.

Une conversation sur les mérites comparatifs des maisons closes parisiennes s'ensuivit sans que je prisse la peine de m'y joindre. Ces belles goûtèrent encore à bien des liqueurs compliquées et puis devenues tout à fait chaudes et confidentes sous leur influence elles s'empourprèrent à propos de « mariages ». Bien que très pris par la boustifaille je ne pouvais m'empêcher de noter au passage qu'il s'agissait de mariages très spéciaux, ce devait être même d'unions entre très jeunes sujets, entre enfants sur lesquels elles touchaient des commissions.

Lola perçut que ces propos me rendaient fort attentif et curieux. Elle me dévisageait assez durement. Elle ne buvait plus. Les hommes qu'elle connaissait ici, Lola, les Américains, ne péchaient pas eux comme moi par curiosité, jamais. Je demeurai avec quelque peine à la limite de sa surveillance. J'avais envie de poser à ces femmes mille questions.

Enfin, les invitées finirent par nous quitter, mouvantes lourdement, exaltées par l'alcool et sexuellement ravigotées. Elles s'émoustillaient tout en pérorant d'un érotisme curieusement élégant et cynique. Je pressentais là quelque chose d'Élisabéthain dont j'aurais bien voulu moi aussi ressentir les vibrations, certainement très précieuses et très concentrées au bout de mon organe. Mais cette communion biologique, décisive au cours d'un voyage, ce message vital, je ne fis que le pressentir, à grands regrets d'ailleurs et tristesse accrus. Incurable mélancolie.

Lola se montra, dès qu'elles eurent franchi la porte, les amies, franchement excédée. Cet intermède lui avait tout à fait déplu. Je ne soufflai mot.

« Quelles sorcières ! jura-t-elle quelques minutes plus tard.

— D'où les connaissez-vous ? lui demandai-je.

— Ce sont des amies de toujours… »

Elle n'était pas disposée à plus de confidences pour l'instant.

D'après leur façon assez arrogante à son égard il m'avait semblé que ces femmes possédaient dans un certain milieu le pas sur Lola et même une autorité assez grande, incontestable. Je ne devais jamais en connaître davantage.

Lola parlait de se rendre en ville, mais elle m'offrit de rester là encore à l'attendre, chez elle, tout en mangeant un peu si j'avais encore faim. Ayant quitté le Laugh Calvin sans régler ma note et sans intention d'y retourner non plus, et pour cause, je fus bien content de l'autorisation qu'elle m'accordait, quelques moments de chaleur encore avant d'aller affronter la rue, et quelle rue mes aïeux !…

Dès que je fus seul, je me dirigeai par un couloir vers l'endroit d'où j'avais vu émerger le nègre de son service. À mi-chemin de l'office, nous nous rencontrâmes et je lui serrai la main. Confiant, il me conduisit à sa cuisine, bel endroit bien ordonné, beaucoup plus logique et pimpant que n'était le salon.

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