Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

Здесь есть возможность читать онлайн «Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1972, ISBN: 1972, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Voyage au bout de la nuit: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Voyage au bout de la nuit»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

« — Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !…
— T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C'est pas une vie…
— Il y a l'amour, Bardamu !
— Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

Voyage au bout de la nuit — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Voyage au bout de la nuit», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Des heures passèrent traversées de répits et d'angoisses. Lui ne ronflait pas. Tous ces bruits, ces appels qui venaient de la forêt me gênaient pour l'entendre respirer. Pas besoin de coton. Ce nom de Robinson finit cependant à force de m'entêter par me révéler un corps, une allure, une voix même que j'avais connus… Et puis au moment où j'allais pour de bon céder au sommeil l'individu entier se dressa devant mon lit, son souvenir je le saisis, pas lui bien sûr, mais le souvenir précisément de ce Robinson, l'homme de Noirceur-sur-la-Lys, lui, là-bas en Flandres, que j'avais accompagné sur les bords de cette nuit où nous cherchions ensemble un trou pour s'échapper à la guerre et puis lui encore plus tard à Paris… Tout est revenu… Des années venaient de passer d'un seul coup. J'avais été bien malade de la tête, j'avais de la peine… À présent que je savais, que je l'avais repéré, je ne pouvais m'empêcher d'avoir tout à fait peur. M'avait-il reconnu lui ? En tout cas il pouvait compter sur mon silence et ma complicité.

« Robinson ! Robinson ! appelai-je, gaillard, comme pour lui annoncer une bonne nouvelle. Hé mon vieux ! Hé Robinson !… » Aucune réponse.

Cœur battant fort, je me relevai et m'apprêtai à recevoir un sale coup dans le buffet… Rien. Alors assez audacieux, je me risquai jusqu'à l'autre bout de la case, à l'aveuglette, où je l'avais vu se coucher. Il était parti.

J'attendis le jour en grattant une allumette de temps en temps. Le jour arriva dans une trombe de lumière et puis les nègres domestiques survinrent pour m'offrir, hilares, leur énorme inutilité, sauf cependant qu'ils étaient gais. Ils essayaient déjà de m'apprendre l'insouciance. J'avais beau, par une série de gestes très médités, essayer de leur faire comprendre combien la disparition de Robinson m'inquiétait, cela n'avait pas l'air de les empêcher du tout de s'en foutre complètement. Il y a, c'est exact, beaucoup de folie à s'occuper d'autre chose que de ce qu'on voit. Enfin, moi, c'est la caisse que je regrettais surtout dans cette histoire. Mais il est peu commun de revoir les gens qui emportent la caisse… Cette circonstance me fit présumer que Robinson renoncerait à revenir rien que pour m'assassiner. C'était toujours autant de gagné.

À moi donc seul le paysage ! J'aurais désormais tout le temps d'y revenir, songeais-je, à la surface, à la profondeur de cette immensité de feuillages, de cet océan de rouge, de marbré jaune, de salaisons flamboyantes magnifiques sans doute pour ceux qui aiment la nature. Je ne l'aimais décidément pas. La poésie des Tropiques me dégoûtait. Mon regard, ma pensée sur ces ensembles me revenaient comme du thon. On aura beau dire, ça sera toujours un pays pour les moustiques et les panthères. Chacun sa place.

Je préférais encore retourner à ma case et la remettre d'aplomb en prévision de la tornade, qui ne pouvait tarder. Mais là aussi, je dus renoncer assez vite à mon entreprise de consolidation. Ce qui était banal dans cette structure pouvait encore s'écrouler mais ne se redresserait plus, le chaume infecté de vermine s'effilochait, on n'aurait décidément pas fait avec ma demeure une pissotière convenable.

Après avoir décrit à pas mous quelques cercles dans la brousse je dus rentrer m'abattre et me taire, à cause du soleil. Toujours lui. Tout se tait, tout a peur de brûler sur les midi, il s'en faut d'ailleurs d'un rien, herbes, bêtes et hommes, chauds à point. C'est l'apoplexie méridienne.

Mon poulet, mon seul, la redoutait aussi cette heure-là, il rentrait avec moi, lui, l'unique, légué par Robinson. Il a vécu comme ça avec moi pendant trois semaines, le poulet, promenant, me suivant comme un chien, gloussant à tout propos, apercevant des serpents partout. Un jour de très grand ennui, je l'ai mangé. Il n'avait aucun goût, sa chair déteinte au soleil aussi comme un calicot. C'est peut-être lui qui m'a rendu si malade. Enfin, toujours est-il que le lendemain de ce repas je ne pouvais plus me lever. Vers midi, gâteux, je me suis traîné vers la petite boîte aux médicaments. Il n'y avait plus dedans que de la teinture d'iode et puis un plan du Nord-Sud [14] Un plan du Nord-Sud : plan de la ligne de métro mise en service de Montmartre à Montparnasse. . Des clients, je n'en avais guère vu venir encore à la factorie, des badauds noirs seulement, d'interminables gesticuleurs et mâcheurs de kola, érotiques et paludéens. Maintenant, ils rappliquaient en cercle autour de moi les nègres, ils avaient l'air de discuter sur ma sale gueule. Malade, je l'étais complètement, à ce point que je me faisais l'effet de n'avoir plus besoin de mes jambes, elles pendaient simplement au rebord de mon lit comme des choses négligeables et un peu comiques.

De Fort-Gono, du Directeur, ne me parvenaient par coureurs que des lettres puantes d'engueulades et de sottises, menaçantes aussi. Les gens du commerce qui se tiennent tous pour des petits et grands astucieux de profession s'avèrent le plus souvent dans la pratique comme d'insurpassables gaffeurs. Ma mère, de France, m'encourageait à veiller sur ma santé, comme à la guerre. Sous le couperet, ma mère m'aurait grondé pour avoir oublié mon foulard. Elle n'en ratait jamais une ma mère pour essayer de me faire croire que le monde était bénin et qu'elle avait bien fait de me concevoir. C'est le grand subterfuge de l'incurie maternelle, cette Providence supposée. Il m'était bien facile d'ailleurs de ne pas répondre à toutes ces fariboles du patron et de ma mère et je ne répondais jamais. Seulement cette attitude n'améliorait pas non plus la situation.

Robinson avait à peu près tout volé de ce qu'avait contenu cet établissement fragile et qui me croirait si j'allais le dire ? L'écrire ? À quoi bon ? À qui ? Au patron ? Chaque soir sur les cinq heures, je grelottais de fièvre à mon tour, et de la vivace, que mon lit clinquant en tremblait comme d'un vrai branleur. Des nègres du village s'étaient sans façon emparés de mon service et de ma case ; je ne les avais pas demandés, mais les renvoyer c'était déjà trop d'efforts. Ils se chamaillaient autour de ce qu'il restait de la factorie, tripotant ferme les barils de tabac, essayant les derniers pagnes, les estimant, les enlevant, ajoutant encore si on le pouvait à la débandade générale de mon installation. Le caoutchouc en plein la terre et à la traîne mêlait son jus aux melons de brousse, à ces papayes doucereuses au goût de poires urineuses, dont le souvenir, quinze ans plus tard, tellement j'en ai bouffé à la place de haricots, m'écœure encore.

J'essayais de me représenter à quel niveau d'impuissance j'étais tombé mais je n'y parvenais pas. « Tout le monde vole ! » m'avait par trois fois répété Robinson avant de disparaître. C'était l'avis aussi de l'Agent général. Dans la fièvre, ces mots-là me lancinaient. « Faut te débrouiller ! »… qu'il m'avait dit encore. J'essayais de me lever. Je n'y arrivais pas non plus. Pour l'eau qu'il fallait boire, il avait eu raison, de la boue c'était, pire, du fond de vase. Des négrillons m'apportaient bien des bananes, des grosses, des menues et des sanguines, et toujours de ces « papayes », mais j'avais tellement mal au ventre de tout ça et de tout ! J'aurais vomi la terre entière.

Aussitôt que je sentais un peu de mieux poindre, que je me trouvais moins ahuri, l'abominable peur me ressaisissait tout entier, celle d'avoir à rendre mes comptes à la « Société Pordurière ». Que leur dirais-je à ces gens maléficieux ? Comment me croiraient-ils ? Ils me feraient arrêter sûr ! Qui me jugerait alors ? Des types spéciaux armés de lois terribles qu'ils tiendraient on ne sait d'où, comme le Conseil de guerre, mais dont ils ne vous donnent jamais les intentions véritables et qui s'amusent à vous faire gravir avec, en saignant, le sentier à pic au-dessus de l'enfer, le chemin qui conduit les pauvres à la crève. La loi, c'est le grand « Luna Park » de la douleur. Quand le miteux se laisse saisir par elle, on l'entend encore crier des siècles et des siècles après.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Voyage au bout de la nuit»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Voyage au bout de la nuit» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Voyage au bout de la nuit»

Обсуждение, отзывы о книге «Voyage au bout de la nuit» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x