Leïla Slimani - Dans le jardin de l'ogre

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Dans le jardin de l'ogre: краткое содержание, описание и аннотация

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« Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt.
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre. »
Leïla Slimani est née en 1981, elle vit à Paris.
est son premier roman.

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Dans le bus, Louis s’est assis à côté d’elle. Il a mis le bras autour de ses épaules. Il a préféré parler avec elle plutôt qu’avec ses copains. Elle s’est dit qu’il la traitait comme sa femme, comme si elle était à lui, et elle aimait ça.

Le voyage a duré plus d’une demi-heure et arrivés au terminus, ils ont dû marcher encore pour atteindre la maison du copain de Louis, la fameuse maison de plage dont il lui avait donné les clés. Les clés, justement, ne rentraient pas dans la serrure. Elles n’ouvraient pas la porte. Louis a eu beau forcer, essayer au-dessus, en dessous, la porte de derrière et celle de devant, rien ne cédait. Ils avaient fait tout ce chemin, Adèle avait menti à ses parents, elle était là, la seule fille avec quatre garçons, des joints, de l’alcool et la clé n’ouvrait pas.

« On va passer par le garage », a proposé Frédéric, qui connaissait la maison et qui était sûr de pouvoir y pénétrer par là. « Il n’y a pas de voiture », a-t-il précisé.

Frédéric est entré le premier par la petite fenêtre qu’il suffisait d’enfoncer mais qui se trouvait à deux mètres du sol. Louis a fait la courte échelle à Adèle qui a fait la fière et a sauté sur ses deux pieds dans le garage humide. Venir jusqu’à la mer pour se retrouver enfermée dans un garage sans lumière, assise sur des serviettes moisies étalées sur le sol en béton. Mais il y avait l’alcool, les joints, et même la guitare. Dans ces petits estomacs, dans ces poitrines frêles, tout ce beau matériel devait suffire à remplacer la mer.

Adèle a bu pour se donner du courage. Le moment était venu. Elle n’y couperait pas. Il y avait trop peu d’occasions, trop peu de lieux isolés, trop peu de maisons de plage pour que Louis recule. Et puis elle en avait rajouté. Elle lui avait raconté qu’elle s’y connaissait dans ces choses-là, qu’elle n’avait pas peur. Qu’elle en avait vu d’autres, des garçons. Assise sur le sol glacé, un peu soûle, elle s’est demandé s’il s’en rendrait compte. Si ce genre de mensonge se voyait ou si on pouvait faire illusion.

L’atmosphère s’est brouillée. Il y a eu comme de la grisaille. Une envie d’enfance lui serrait la gorge. Un dernier sursaut d’innocence a failli la faire renoncer. L’après-midi passait plus vite que prévu et les garçons ont trouvé une excuse pour quitter le garage. Elle les entendait dehors gratter comme des rats. Louis l’a déshabillée, s’est couché sur le dos et l’a assise sur lui.

Elle n’avait pas imaginé cela. Cette maladresse, ces gestes laborieux, ces mouvements grotesques. Cette difficulté à faire entrer son sexe en elle. Il n’avait pas l’air particulièrement heureux, juste furieux, mécanique. Il avait l’air de vouloir aller quelque part mais elle ne savait pas où. Il a attrapé ses hanches et s’est mis à faire des mouvements de va-et-vient. Il la trouvait pataude, empotée. Elle a dit : « J’ai trop fumé, je crois. » Il l’a mise sur le côté et ça a été encore pire. Il l’a couchée en chien de fusil et dans ses mains impatientes, il a saisi son sexe pour la pénétrer. Elle ne savait pas s’il fallait bouger ou laisser faire, se taire ou pousser de petits cris.

Ils sont rentrés. Dans le bus, Louis s’est assis à côté d’elle. Il a mis son bras autour de ses épaules. « Alors, c’est ça être sa femme ? » s’est dit Adèle. Elle se sentait à la fois sale et fière, humiliée et victorieuse. Elle est entrée chez elle discrètement. Simone regardait la télévision et Adèle s’est précipitée dans la salle de bains.

« Un bain à cette heure-ci ? Mais tu te prends pour qui ? Une princesse orientale ? » a hurlé sa mère.

Adèle s’est couchée dans le bain brûlant, elle a enfoncé son doigt dans son vagin dans l’espoir d’en tirer quelque chose. Une preuve, un signe. Son vagin était vide. Elle regrettait qu’ils n’aient pas eu un lit. Qu’il n’y ait pas eu plus de lumière dans ce petit garage. Elle ne savait même pas si elle avait saigné.

Six euros quatre-vingt-dix. Tous les jours, elle réunit six euros quatre-vingt-dix, en pièces, et achète un test de grossesse. C’est devenu une obsession. Chaque matin, au réveil, elle se rend dans la salle de bains, fouille au fond d’une trousse où elle a caché le paquet rose et blanc, et fait pipi sur la petite languette. Elle attend cinq minutes. Cinq minutes d’une angoisse véritable et pourtant totalement irrationnelle. Le test est négatif. Elle est soulagée pour quelques heures mais le soir même, après avoir vérifié qu’elle n’a toujours pas ses règles, elle retourne à la pharmacie et rachète un test. C’est peut-être ce qu’elle craint le plus. Tomber enceinte d’un autre homme. Ne pas pouvoir s’en expliquer auprès de Richard ou, pire encore, devoir faire l’amour à son mari et prétendre que l’enfant est de lui. Et puis ses règles arrivent, dans un bruit d’œufs cassés. Son ventre devient lourd et dur, elle en vient à aimer les spasmes qui la retiennent toute la soirée au lit, les genoux ramenés contre ses seins.

À une époque, elle faisait le test du sida toutes les semaines. À l’approche du résultat, elle était tétanisée par l’angoisse. Elle fumait des joints au réveil, se laissait mourir de faim puis finissait par se traîner, pas coiffée et un manteau sur son pyjama, dans les allées de la Salpêtrière, pour récupérer un carton jaune sur lequel était écrit : « négatif ».

Adèle a peur de mourir. Une peur intense, qui la prend à la gorge et l’empêche de raisonner. Elle se met alors à tâter son ventre, ses seins, sa nuque, y trouve des ganglions dont elle est certaine qu’ils annoncent un cancer fulgurant et atrocement douloureux. Elle se jure d’arrêter de fumer. Elle résiste pendant une heure, une après-midi, une journée. Elle jette toutes ses cigarettes, achète des paquets de chewing-gum. Elle court pendant des heures autour de la rotonde du parc Monceau. Puis elle se dit que ça ne vaut pas la peine de vivre en traînant une envie pareille, une envie si évidente, si essentielle. Qu’il faut être fou ou complètement idiot pour s’infliger ce manque, pour se regarder souffrir en espérant que ça dure, le plus longtemps possible. Elle ouvre tous les tiroirs, retourne les poches de ses manteaux. Elle secoue ses sacs à main et quand elle n’a pas la chance de trouver un paquet oublié, elle ramasse sur le petit balcon un mégot au filtre noir, en coupe l’extrémité et le tète goulûment.

Ses obsessions la dévorent. Elle n’y peut rien. Parce qu’elle requiert des mensonges, sa vie demande une épuisante organisation, qui lui occupe l’esprit tout entier. Qui la ronge. Organiser un faux voyage, inventer un prétexte, louer une chambre d’hôtel. Trouver le bon hôtel. Rappeler dix fois le concierge pour s’entendre confirmer que « oui, il y a bien une baignoire. Non, la chambre n’est pas bruyante, ne vous inquiétez pas ». Mentir mais ne pas trop se justifier. Les justifications nourrissent les soupçons.

Choisir une tenue pour un rendez-vous, y penser sans discontinuer, ouvrir son placard au milieu du repas, répondre à Richard qui demande : « Mais qu’est-ce que tu fais ? — Oh, excuse-moi, c’est une robe, je ne sais plus où elle est. »

Faire ses comptes, vingt fois. Retirer du liquide, ne laisser aucune trace. Se mettre à découvert pour de la lingerie fine, des trajets en taxi et des cocktails hors de prix dans les bars d’hôtel.

Être belle, être prête. Se tromper, inévitablement, de priorité.

Rater un rendez-vous chez le pédiatre pour un baiser qui dure trop longtemps. Avoir trop honte pour retourner chez ce pédiatre, pourtant compétent. Être trop paresseuse pour en choisir un nouveau. Se dire qu’avec un père médecin, Lucien n’a pas tant besoin de pédiatre que ça.

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