Michel Houellebecq - Les particules élémentaires

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L'un est un scientifique de renom, l'autre est anonyme; l'un a choisi une solitude absolue, l'autre ne l'a pas choisie mais la subit quand même ; l'un et l'autre sont frères et n'ont rien en commun, sinon cette propension au malheur. Ou plutôt au "non-bonheur" : bonheur dont les auraient privés les débordements libertaires des années soixante-dix. Chacun de leur côté, en se traînant de fiasco en désastre, et de retraite en désert, ils vont faire de leur vie la preuve de ce désenchantement du monde et révéler enfin la clef des rapports entre les hommes: l'illusion. Lors de sa sortie, ce livre a fait couler beaucoup d'encre, suscité de vives passions et de violents débats, alimentés par la personnalité de son auteur, volontiers provocateur et irrévérencieux. Cela ne fait qu'ajouter à la fascination que provoque la lecture de ce roman, qui remet en cause toutes nos certitudes et nous oblige à réagir. Que l'on aime ou pas le style Houellebecq, il est urgent de lire Les Particules élémentaires. Karla Manuele

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«Je sais bien, continua Bruno avec un mouvement de la main comme pour balayer une objection que Michel n'avait pas faite, qu'on décrit en général l'univers d'Huxley comme un cauchemar totalitaire, qu'on essaie de faire passer ce livre pour une dénonciation virulente; c'est une hypocrisie pure et simple. Sur tous les points - contrôle génétique, liberté sexuelle, lutte contre le vieillissement, civilisation des loisirs, Brave New World est pour nous un paradis, c'est en fait exactement le monde que nous essayons, jusqu'à présent sans succès, d'atteindre. Il n'y a qu'une seule chose aujourd'hui qui heurte un peu notre système de valeurs égalitaire - ou plus précisément méritocratique - c'est la division de la société en castes, affectées à des travaux différents suivant leur nature génétique. Mais c'est justement le seul point sur lequel Huxley se soit montré mauvais prophète; c'est justement le seul point qui, avec le développement de la robotisation et du machinisme, soit devenu à peu près inutile. Aldous Huxley est sans nul doute un très mauvais écrivain, ses phrases sont lourdes et dénuées de grâce, ses personnages insipides et mécaniques. Mais il a eu cette intuition - fondamentale - que l'évolution des sociétés humaines était depuis plusieurs siècles, et serait de plus en plus, exclusivement pilotée par l'évolution scientifique et technologique. Il a pu par ailleurs manquer de finesse, de psychologie, de style; tout cela pèse peu en regard de la justesse de son intuition de départ. Et, le premier parmi les écrivains, y compris parmi les écrivains de science-fiction, il a compris qu'après la physique c'était maintenant la biologie qui allait jouer un rôle moteur.»

Bruno s'interrompit, s'aperçut alors que son frère avait légèrement maigri; il semblait fatigué, soucieux, voire un peu inattentif. De fait, depuis quelques jours, il négligeait de faire ses courses. Contrairement aux années précédentes, il restait beaucoup de mendiants et de vendeurs de journaux devant le Monoprix; on était pourtant en plein été, saison où normalement la pauvreté se fait moins oppressante. Que serait-ce quand il y aurait la guerre? se demandait Michel en observant par les baies vitrées le déplacement ralenti des clochards. Quand la guerre éclaterait-elle, et que serait la rentrée? Bruno se resservit un verre de vin; il commençait à avoir faim, et fut un peu surpris quand son frère lui répondit, d'une voix lasse:

«Huxley appartenait à une grande famille de biologistes anglais. Son grand-père était un ami de Darwin, il a beaucoup écrit pour défendre les thèses évolutionnistes. Son père et son frère Julian étaient également des biologistes de renom. C'est une tradition anglaise, d'intellectuels pragmatiques, libéraux et sceptiques; très différent du Siècle des lumières en France, beaucoup plus basé sur l'observation, sur la méthode expérimentale. Pendant toute sa jeunesse Huxley a eu l'occasion de voir les économistes, les juristes, et surtout les scientifiques que son père invitait à la maison. Parmi les écrivains de sa génération, il était certainement le seul capable de pressentir les progrès qu'allait faire la biologie. Mais tout cela serait allé beaucoup plus vite sans le nazisme. L'idéologie nazie a beaucoup contribue à discréditer les idées d'eugénisme et d'amélioration de la race; il a fallu plusieurs décennies pour y revenir.» Michel se leva, sortit de sa bibliothèque un volume intitulé Ce que j'ose penser. «II a été écrit par Julian Huxley, le frère aîné d'Aldous, et publié dès 1931, un an avant Le Meilleur des mondes. On y trouve suggérées toutes les idées sur le contrôle génétique et l'amélioration des espèces, y compris de l'espèce humaine, qui sont mises en pratique par son frère dans le roman. Tout cela y est présenté, sans ambiguïté, comme un but souhaitable, vers lequel il faut tendre.»

Michel se rassit, s'épongea le front. «Après la guerre, en 1946, Julian Huxley a été nommé directeur général de l'Unesco, qui venait d'être créé. La même année son frère a publié Retour au meilleur des mondes, dans lequel il essaie de présenter son premier livre comme une dénonciation, une satire. Quelques années plus tard, Aldous Huxley est devenu une caution théorique majeure de l'expérience hippie. Il avait toujours été partisan d'une entière liberté sexuelle, et avait joué un rôle de pionnier dans l'utilisation des drogues psychédéliques. Tous les fondateurs d'Esalen le connaissaient, et avaient été influencés par sa pensée. Le New Age, par la suite, a repris intégralement à son compte les thèmes fondateurs d'Esalen. Aldous Huxley, en réalité, est un des penseurs les plus influents du siècle.»

Ils allèrent manger dans un restaurant au coin de la rue, qui proposait une fondue chinoise pour deux personnes à 270 francs. Michel n'était pas sorti depuis trois jours. «Je n'ai pas mangé aujourd'hui» remarqua-t-il avec une légère surprise; il tenait toujours le livre à la main.

«Huxley a publié Île en 1962, c'est son dernier livre, poursuivit-il en remuant son riz gluant. Il situe l'action dans une île tropicale paradisiaque - la végétation et les paysages sont probablement inspirés du Sri Lanka. Sur cette île s'est développée une civilisation originale, à l’écart des grands courants commerciaux du XX esiècle, à la fois très avancée sur le plan technologique et respectueuse de la nature: pacifiée, complètement délivrée des névroses familiales et des inhibitions judéo-chrétiennes. La nudité y est naturelle; la volupté et l’amour s'y pratiquent librement. Ce livre médiocre, facile à lire, a joué un rôle énorme sur les hippies et, à travers eux, sur les adeptes du New Age. Si on y regarde de près, la communauté harmonieuse décrite dans Île a beaucoup de points communs avec celle du Meilleur des mondes. De fait Huxley lui-même, dans son probable état de gâtisme, ne semble pas avoir pris conscience de la ressemblance, mais la société décrite dans Île est aussi proche du Meilleur des mondes que la société hippie libertaire l'est de la société bourgeoise libérale, ou plutôt de sa variante social-démocrate suédoise.»

II s'interrompit, trempa une gamba dans la sauce piquante, reposa ses baguettes. «Comme son frère, Aldous Huxley était un optimiste… dit-il finalement avec une sorte de dégoût. La mutation métaphysique ayant donné naissance au matérialisme et à la science moderne a eu deux grandes conséquences: le rationalisme et l'individualisme. L'erreur d'Huxley est d'avoir mal évalué le rapport de forces entre ces deux conséquences. Spécifiquement, son erreur est d'avoir sous-estime l'augmentation de l'individualisme produite par une conscience accrue de la mort. De l'individualisme naissent la liberté, la sensation du moi, le besoin de se distinguer et d'être supérieur aux autres. Dans une société rationnelle telle que celle décrite par Le Meilleur des mondes, la lutte peut être atténuée. La compétition économique, métaphore de la maîtrise de l'espace, n'a plus de raison d'être dans une société riche, où les flux économiques sont maîtrisés. La compétition sexuelle, métaphore par le biais de la procréation de la maîtrise du temps, n'a plus de raison d'être dans une société où la dissociation sexe-procréation est parfaitement réalisée; mais Huxley oublie de tenir compte de l'individualisme. Il n'a pas su comprendre que le sexe, une fois dissocié de la procréation, subsiste moins comme principe de plaisir que comme principe de différenciation narcissique; il en est de même du désir de richesses. Pourquoi le modèle de la social-démocratie suédoise n'a-t-il jamais réussi à l'emporter sur le modèle libéral? Pourquoi n'a-t-il même jamais été expérimenté dans le domaine de la satisfaction sexuelle? Parce que la mutation métaphysique opérée par la science moderne entraîne à sa suite l'individuation, la vanité, la haine et le désir. En soi le désir - contrairement au plaisir - est source de souffrance, de haine et de malheur. Cela, tous les philosophes - non seulement les bouddhistes, non seulement les chrétiens, mais tous les philosophes dignes de ce nom - l'ont su et enseigné. La solution des utopistes - de Platon à Huxley, en passant par Fourier - consiste à éteindre le désir et les souffrances qui s'y rattachent en organisant sa satisfaction immédiate. À l'opposé, la société erotique-publicitaire où nous vivons s'attache à organiser le désir, à développer le désir dans des proportions inouïes, tout en maintenant la satisfaction dans le domaine de la sphère privée. Pour que la société fonctionne, pour que la compétition continue, il faut que le désir croisse, s'étende et dévore la vie des hommes.» II s'épongea le front, épuisé; il n'avait pas touché à son plat.

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