Amélie Nothomb - Hygiène de l’assassin

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Prétextat Tach, prix Nobel de littérature, n'a plus que deux mois à vivre. Des journalistes du monde entier sollicitent des interviews de l'écrivain que sa misanthropie tient reclus depuis des années. Quatre seulement vont le rencontrer, dont il se jouera selon une dialectique où la mauvaise foi et la logique se télescopent. La cinquième lui tiendra tête, il se prendra au jeu. Si ce roman est presque entièrement dialogué, c'est qu'aucune forme ne s'apparente autant à la torture. Les échanges, de simples interviews, virent peu à peu à l'interrogatoire, à un duel sans merci où se révèle alors un homme différent, en proie aux secrets les plus sombres.

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– Léopoldine a été, grâce à moi, la plus heureuse.

– La plus heureuse des quoi? des femmes? des folles? des malades? des victimes?

– Vous êtes complètement à côté de la question. Elle a été, grâce à moi, la plus heureuse des enfants.

– Des enfants? A quinze ans?

– Parfaitement. A l'âge où les filles deviennent affreuses, boutonneuses, fessues, malodorantes, poilues, nichonneuses, hancheuses, intellectuelles, hargneuses, stupides – femmes, en un mot -, à cet âge sinistre, donc, Léopoldine était l'enfant la plus belle, la plus heureuse, la plus analphabète, la plus savante -: elle était l'enfant la plus enfantine, et ce uniquement grâce à moi. Grâce à moi, celle que j'aimais aura évité le calvaire de devenir une femme. Je vous mets au défi de trouver plus bel amour que celui-là.

– Êtes-vous absolument certain que votre cousine ne désirait pas devenir femme?

– Comment aurait-elle pu désirer une chose pareille? Elle était trop intelligente pour ça.

– Je ne vous demande pas de me répondre par conjectures. Je vous demande si, oui ou non, elle vous avait donné son accord, si, oui ou non, en termes clairs, elle vous avait dit: «Prétextat, je préfère mourir que de quitter l'enfance.»

– Il n'était pas nécessaire qu'elle me le dise en termes clairs. Ça allait de soi.

– C'est bien ce que je pensais: elle ne vous a jamais donné son accord.

– Je vous répète que c'était inutile. Je savais ce qu'elle voulait.

– Vous saviez surtout ce que vous vouliez.

– Elle et moi voulions la même chose.

– Naturellement.

– Qu'est-ce que vous essayez d'insinuer, petite merdeuse? Vous croyez peut-être connaître Léopoldine mieux que moi?

– Plus je vous parle, plus je le crois.

– Mieux vaut entendre ça que d'être sourd. Je vais vous apprendre une chose que vous ignorez sûrement, espèce de femelle: personne – vous comprenez – personne ne connaît mieux un individu que son assassin.

– Nous y voilà. Vous passez aux aveux?

– Aux aveux? Ce ne sont pas des aveux puisque vous saviez déjà que je l'avais tuée.

– Figurez-vous que j'avais encore un dernier doute. Il est difficile de se convaincre qu'un prix Nobel est un assassin.

– Comment? Ne saviez-vous pas que les assassins sont ceux qui ont le plus de chances de recevoir un prix Nobel? Voyez Kissinger, Gorbatchev…

– Oui, mais vous, vous êtes prix Nobel de littérature.

– Précisément! Les prix Nobel de la paix sont souvent des assassins, mais les prix Nobel de littérature sont toujours des assassins.

– Il n'y a pas moyen de discuter sérieusement avec vous.

– Je n'ai jamais été plus sérieux.

– Maeterlinck, Tagore, Pirandello, Mauriac, Hemingway, Pasternak, Kawabata, tous des assassins?

– Vous l'ignoriez?

– Oui.

– Je vous en aurai appris des choses.

– Peut-on savoir quelles sont vos sources d'information?

– Prétextat Tach n'a pas besoin de sources d'information. Les sources d'information, c'est bon pour les autres.

– Je vois.

– Non, vous ne voyez rien. Vous vous êtes penchée sur mon passé, vous avez fouillé mes archives et vous avez été étonnée de tomber sur un assassinat. C'est le contraire qui eût été étonnant. Si vous vous étiez donné la peine de fouiller les archives de ces prix Nobel avec autant de minutie, pas de doute que vous eussiez découvert des ribambelles d'assassinats. Sinon, on ne leur aurait jamais donné le prix Nobel.

– Vous accusiez le journaliste précédent d'inverser les causalités. Vous, vous ne les inversez pas, vous leur faites des queues de poisson.

– Je vous préviens généreusement que si vous essayez de m'affronter sur le terrain de la logique, vous n'avez aucune chance.

– Vu ce que vous qualifiez de logique, je n'en doute pas. Mais je ne suis pas venue ici pour argumenter.

– Pour quelle raison êtes-vous donc venue?

– Pour avoir la certitude que vous étiez l'assassin.

– Merci d'avoir éliminé ma dernière hésitation: vous avez donné dans mon bluff.

L'obèse eut un long rire répugnant.

– Votre bluff! Excellent! Vous vous croyez capable de me bluffer?

– J'ai toutes les raisons de m'en croire capable puisque je l'ai fait.

– Pauvre petite dinde prétentieuse. Apprenez que bluffer, c'est extorquer. Or, vous ne m'avez rien extorqué puisque je vous ai livré la vérité d'entrée de jeu. (Pourquoi irais-je cacher que je suis un assassin? Je n'ai rien à craindre de la justice, je meurs dans moins de deux mois.

– Et votre réputation posthume?

– Elle n'en sera que plus grandiose. J'imagine déjà les devantures des librairies: «Prétextat Tach, le prix Nobel assassin.» Mes bouquins vont se vendre comme des petits pains. Ce sont mes éditeurs qui se frotteront les mains. Croyez-moi, cet assassinat est une excellente affaire pour tout le monde.

– Même pour Léopoldine?

– Surtout pour Léopoldine.

– Revenons-en à 1922.

– Pourquoi pas 1925?

– Vous allez un peu vite en besogne. Il ne faut pas faire l'ellipse de ces trois années, elles sont capitales.

– C'est vrai. Elles sont capitales, donc irracontables.

– Vous les avez pourtant racontées.

– Non, je les ai écrites.

– Ne jouons pas sur les mots, voulez-vous?

– C'est à un écrivain que vous dites ça?

– Ce n'est pas à l'écrivain que je parle, c'est à l'assassin.

– C'est la même personne.

– En êtes-vous sûr?

– Écrivain, assassin: deux aspects d'un même métier, deux conjugaisons d'un même verbe.

– Quel verbe?

– Le verbe le plus rare et le plus difficile: le verbe aimer. N'est-il pas amusant que nos grammaires scolaires aient choisi pour paradigme le verbe dont le sens est le plus incompréhensible? Si j'étais instituteur, je remplacerais ce verbe ésotérique par un verbe plus accessible.

– Tuer?

– Tuer n'est pas si facile non plus. Non, un verbe trivial et commun comme voter, accoucher, interviewer, travailler…

– Dieu merci, vous n'êtes pas instituteur. Savez-vous qu'il est extraordinairement difficile de vous faire répondre à une question? Vous avez le talent de vous esquiver, de changer de sujet, de partir dans toutes les directions. Il faut continuellement vous rappeler à l'ordre.

– Je m'en flatte.

– Cette fois, vous ne vous échapperez plus: 1922-1925, je vous laisse la parole.

Silence pesant.

– Voulez-vous un caramel?

– Monsieur Tach, pourquoi vous méfiez-vous de moi?

– Je ne me méfie pas de vous. En toute bonne foi, je ne vois pas ce que je pourrais vous dire. Nous étions parfaitement heureux et nous nous aimions divinement. Que pourrais-je vous raconter à part des niaiseries de ce genre?

– Je vais vous aider.

– Je m'attends au pire.

– Il y a vingt-quatre ans, suite à votre ménopause littéraire, vous avez laissé un roman inachevé. Pourquoi?

– Je l'ai dit à l'un de vos confrères. Tout écrivain qui se respecte se doit de laisser au moins un roman inachevé, faute de quoi il n'est pas crédible.

– Vous en connaissez beaucoup, vous, des écrivains qui, de leur vivant, publient des romans inachevés?

– Je n'en connais aucun. Je suis sans doute plus malin que les autres: je reçois, de mon vivant, des honneurs dont les écrivains ordinaires ne jouissent qu'à titre posthume. De la part d'un écrivain en herbe, un roman inachevé fait figure de maladresse, de jeunesse encore mal maîtrisée; mais de la part d'un grand écrivain reconnu, un roman inachevé, c'est le comble du chic. Ça fait très «génie arrêté dans sa course», «crise d'angoisse du titan», «éblouissement face à l'indicible», «vision mallarméenne du livre à venir» – enfin bref, ça paie.

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