Andreï Makine - Au temps du fleuve Amour

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Andreï Makine ouvre son roman sur une scène rêvée de notre Occident. Un fantasme qui nous fera mesurer l'étendue de notre dépaysement. Les personnages appartiennent à un autre monde: le pays du grand blanc, au bord du fleuve Amour. Dans ces lieux de silence, la vie pourrait se confondre avec de simples battements de coeur si chaque mouvement de l'âme n'apportait sa révélation. Alors, le désir naît, de la sensualité des corps comme de la communion avec la nature offerte. L'amour a l'odeur des neiges vierges dans la profondeur de la taïga. Soudain, tout est bouleversé. L'Occident fait signe. D'abord un train qui passe, le mythique Transsibérien. Puis un film français, vision d'une existence éblouissante, appel peuplé de grandes actions et de créatures sublimes. Le vertige d'une autre histoire née sur les rives du fleuve Amour, aux berges de l'adolescence.

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Observant les miliciens qui, aidés par Samouraï, essayaient d'arracher le mort à l'arbre, Outkine vivait une mystérieuse révélation. Ce jeune prisonnier dont les hommes, soufflant dans l'effort, tordaient les doigts glacés, marquait une limite. Tout comme le corps mutilé d'Outkine? La limite de la cruauté, de la douleur. Une frontière…

Le cadavre céda enfin. Les trois miliciens et Samouraï le portèrent vers la voiture tout-terrain garée à la lisière de la taïga. La chapka du prisonnier glissa de sa tête. C'est Outkine qui la ramassa. Il suivait les autres, en pointant à chaque pas son épaule droite vers le ciel, comme s'il voulait jeter un coup d'œil par-delà la frontière…

Nous passâmes toute une journée à traîner dans les rues humides de Leningrad. Nous entrions dans les musées, traversions la Néva. J'étais fier de montrer à Outkine l'unique ville occidentale de l'Empire. Mais ni lui, ni moi, n'avions vraiment la tête à faire une excursion. Même à l'Ermitage nous parlions d'autre chose. La nuit, Outkine m'avait transmis une trentaine de pages tapées à la machine – le fragment de son futur roman. «Dans la tradition de L'Archipel du Goulag » avait-il précisé… Je les portais main tenant sous ma veste, je me sentais un vrai dissident.

Oui, même au milieu du palais impérial, nous parlions, tout bas, des horreurs du régime. Nous critiquions tout. Nous le rejetions en bloc. Le Belmondo de notre adolescence et son Occident mythique se transformaient en un idéal de liberté, en un programme de combat. Nous voyions toujours le soleil embrouillé dans les barbelés, empalé sur les miradors. Il fallait le mettre en branle, ce gigantesque balancier! Il fallait libérer le temps, notre temps, ce malheureux otage de la dictature!

Notre chuchotement coléreux risquait à tout moment de fuser dans un cri. Grâce à Outkine ce fut chose faite.

– Moi, je n'ai rien à perdre, je me battrai même au camp!…

Je me mis à tousser pour étouffer l'écho de ses paroles sous les fastueux plafonds. La gardienne nous jeta un regard méfiant. Nous émergions de nos projets régicides. Devant nous, sous un baldaquin rouge, se dressait le trône impérial des Romanoff…

Quatrième partie

19

Il neige, ce soir, sur New York. Ou peut-être seulement sur Brighton Beach, cet archipel russe où le tournoiement blanc ravive tant de souvenirs et remplit de mélancolie les yeux de tous ces enfants de l'Empire défunt qui échouent ici en arrivant sur la terre promise.

Nous restons un long moment silencieux en marchant sur le quai, le long de l'océan. L'odeur du vent – tantôt une bouffée salée des vagues, tantôt la fraîcheur piquante des flocons – remplace facilement les paroles. L'âpreté froide de l'air nocturne évoque toute une enfilade de jours anciens qui nous parlent avec des accents profonds et graves.

– Je suis désolé, mais vraiment je ne pouvais pas venir avant! dis-je enfin pour essayer de me justifier.

– Mais non, je te comprends très bien! se hâte de me rassurer Outkine. Lorsque je l'ai vu, il respirait déjà difficilement et ne pouvait plus parler. Et pourtant, quand j'ai regardé dans ses yeux, j'ai eu le sentiment qu'il me reconnaissait… Non, non, je crois que même ici on n'aurait rien pu faire. Son corps avait été farci d'acier… Oui, je crois que Samouraï m'a reconnu.

– Il me montre une photo, un cliché aux couleurs vives, touristiques. Devant le tertre oblong de la tombe, Outkine, figé dans un garde-à-vous involontaire, cet Outkine de «vingt ans après», avec une barbiche à la Trostki et des yeux éperdus derrière ses lunettes. À côté de lui, une femme accroupie, vue de dos, et qui tasse la terre autour d'une plante aux grandes fleurs violines. Ses gestes très concrets la rendent étonnamment lointaine, étrangère à la gravité torturée du regard d'Outkine…

Tout se résumerait-il donc à ce monticule de terre fraîche, perdue quelque part sous le ciel de l'Amérique centrale…?

La salle du restaurant russe, toujours à moitié vide, est ce soir bien garnie. Pâque orthodoxe. On voit les chevelures grisonnantes et les fronts nobles de la première émigration, quelques visages maigres et mines aigries de la dernière vague, beaucoup d'Occidentaux venus goûter du charme slave aux chandelles. Les musiciens et la chanteuse ne sont pas là pour l'instant – l'entracte obligé séparant deux plats. Le répertoire suit le degré d'enivrement et, après la pause, viennent les chansons plus en rapport avec la quantité de vodka engloutie. Les conversations s'échauffent de plus en plus, leurs répliques s'entrecroisent en recouvrant lentement toutes les tables d'une rumeur confuse. Et le patron, le fameux Sacha, en chef d'orchestre expérimenté, dirige cette cacophonie en s'approchant tantôt des uns, tantôt des autres.

– Oh oui, monsieur le prince! Un tel chachlik à New York ne se fait plus que chez nous!… Après la mort du cuisinier du comte Chérémétiev… Oui, cher ami, ce vin vous fera oublier votre Moscou tombé aux mains des néobolcheviques… Bien sûr, madame, c'est une tradition purement russe qui le veut. D'ailleurs, vous verrez, avec ce punch un brin acide cela se marie à merveille…

Il nous installe à l'une des dernières tables libres. Je m'assois en tournant le dos à la salle. Outkine, en tendant sa jambe dans l'étroit passage entre les tables, se laisse tomber en face de moi. Le grand miroir derrière sa chaise me renvoie la profondeur bigarrée de la salle remplie des lueurs vivantes des chandelles. Sur les murs tendus de velours rouge, les «icônes» – coupures de revues illustrées collées sur des rectangles de contreplaqué et recouvertes de vernis. Dans un coin, sur une étagère, un samovar ventru.

Après le premier verre de vodka, Outkine fouille dans son grand sac de cuir, en retire un album coloré semblable aux livres pour enfants.

– Puisque ce soir nous en sommes aux aveux et aux désillusions…

J'ouvre l'album, en écartant mon verre. C'est une bande dessinée pour adultes. Assez «hard», à ce qu'il paraît.

– C'est ça, mes romans, Juan! Oui, tous les sujets sont à moi. Les situations, les dialogues, les légendes, tout… Impressionnant, hein?

Je feuillette les pages vivement colorées. À quelque différence près, les histoires se ressemblent: les personnages sont habillés au début, dévêtus à la fin. Leur nudité a pour toile de fond tantôt l'exubérance de la nature tropicale, tantôt l'intérieur luxueux d'une villa, parfois même l'apesanteur d'un vaisseau cosmique… De l'éventail des pages jaillit tout un feu d'artifice de croupes galbées que saisissent des mains d'hommes velues, de fesses roses ou hâlées, de sexes brandis, de lèvres avides, de cuisses phosphorescentes. Soudain, je comprends tout!

– Mais c'est donc pour écrire ça que tu utilisais mes histoires d'amour?

Outkine a l'air penaud. Il nous verse de la vodka.

– Oui, qu'est-ce que tu veux? Toi, tu en as vécu tellement. Et il me fallait parfois en inventer une par jour!

Machinalement, je fais tourner les toutes dernières pages de son album. Je tombe sur une série d'images qui me paraissent étrangement familières.

Outkine devine quelle scène je viens de découvrir. Il rougit, tend brusquement la main, m'arrache l'album en renversant mon verre. Mais j'ai le temps d'apercevoir la dernière séquence: la femme est étalée sur le couvercle du piano à queue, et l'homme, scindant son corps en deux, pousse des rugissements dans des bulles pareilles aux nuages blancs d'une locomotive de dessin animé…

Nous épongeons la vodka. Outkine balbutie des excuses. Le serveur nous apporte du bortsch, en mettant près des assiettes un pot de sarrasin brûlant.

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