Andreï Makine - La fille d'un héros de l'Union soviétique

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La fille d'un héros de l'Union soviétique: краткое содержание, описание и аннотация

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"Il semblait que le monde allait tressaillir et qu'une fête sans fin allait commencer ici et sur la terre entière".
Olia est née, un jour de novembre, dans cette atmosphère de liesse de l'après-guerre où tout paraît possible. Mais les rêves que construit Ivan, le héros décoré de l'Étoile d'or de l'Union soviétique, à la naissance de sa fille ne sont qu'illusions.
Dans ce premier roman, Andreï Makine brosse le portrait d'une génération perdue, dans une langue superbe de vérité.

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Les gens n'oubliaient pas qu'il était un Héros. La milice, en souvenir d'autrefois, le déposait chez lui quand il était anéanti par la vodka. Au magasin, quand il n'avait pas assez d'argent pour sa bouteille, la vendeuse lui faisait crédit.

Son appartement se vidait peu à peu. Il vendit le tapis acheté autrefois à Moscou avec Tatiana. Pour presque rien il écoula tout ce qui était vendable dans ses meubles. L'intervention de Gorbatchev sur les petits potagers fut la dernière émission qu'il regarda: il échangea son poste de télévision contre trois bouteilles de vodka. Il exécutait tout cela avec une insouciance qui F étonnait lui-même. Il alla même jusqu'à se défaire des bagues et des boucles d'oreilles conservées dans le coffret à bijoux de sa femme, et de quelques cuillères d'argent.

Un jour, à l'automne, il ne parvenait pas à se procurer de l'argent pour boire. Le vent froid ramenait ses compagnons de boisson à la maison; au magasin travaillait maintenant une nouvelle vendeuse; ses voisins riaient et claquaient la porte quand il voulait leur emprunter trois roubles. Il erra quelque temps à travers les rues sales et froides, puis rentra chez lui et tira de l'armoire son costume de fête avec toute sa batterie. Il regarda un moment ces lourdes écailles dorées et argentées en palpant leur métal froid et décrocha l'ordre de la Bannière rouge de guerre. Il n'eut pas le courage d'essayer de la vendre à Borissov. On le connaissait trop ici et sans doute personne ne serait tenté. Il fouilla toutes ses poches, ramassa la petite monnaie et acheta un billet pour Moscou. Il y vendit son ordre pour vingt-cinq roubles et s'enivra.

Il se rendit alors à Moscou presque chaque semaine.

À son Étoile d'or seule, il ne toucha pas. I1 savait qu'il n'y toucherait jamais.

Au dessoûloir, en fouillant ses vêtements, on trouva deux médailles «Pour la bravoure» et l'ordre de la Gloire du deuxième degré enveloppées dans un morceau de papier journal froissé. Au stylo à bille Ivan y avait inscrit «dix roubles» pour chaque médaille, «vingt-cinq roubles» pour l'ordre, afin de ne pas se tromper dans son ivresse – d'autant plus qu'il fallait vendre vite dans un coin obscur. L'officier de service informa de cette découverte la section des recherches criminelles.

Au matin, on le laissa partir. Il marcha lentement, sans bien savoir où il allait, en avalant de ses lèvres asséchées l'air frais et bleu, les yeux plissés sous le soleil éclatant de mars. Il ne désirait qu'une chose: vite acheter une bouteille d'alcool et, sans verre, au goulot, en s'étranglant, aspirer quelques gorgées salutaires. Il chercha dans ses poches et, n'arrivant pas à croire à une telle aubaine, tira les médailles et l'ordre. «Ils ne me les ont pas pris, pensa-t-il avec joie. Alors? Ils ne fouillent plus dans cette baraque…?»

Le milicien chargé de prendre Ivan en flagrant délit alla trop vite. Ivan venait juste de déballer sa fortune. Le trafiquant n'avait pas encore sorti son argent. Il vit le milicien en civil surgir devant eux et se mit à bâiller avec indifférence.

– Ah! Ah! petit père, ce sont des décorations de guerre que tu as là! Non, ça ne m'intéresse pas. Ça, tu sais, c'est un truc à se retrouver en taule. Moi, je ne m'occupe pas de ça.

Le milicien jura de dépit et en brandissant sa carte rouge montra à Ivan une voiture qui les attendait.

Le soir, il rentra à Borissov. À la milice, on avait décidé de ne pas donner de suite. D'abord il n'avait pas été pris en flagrant délit. Ensuite, c'était tout de même un Héros. Il revint par un train surchargé. Les gens en sueur, hébétés par la fatigue des queues moscovites, transportaient de gros colis de provisions. Le 8 mars, fête des Femmes, approchait. Ivan, debout, pressé contre une porte grinçante, tapotait machinalement les médailles rondes et lisses dans sa poche et pensait: «Si seulement quelqu'un me parlait… Ils sont là, renfrognés… Ils se taisent, avec leur mangeaille dans le sac. Ça serait bien de crever ici, tout de suite. On m'enterrerait et tout serait fini… Tiens, le printemps arrive, la terre est déjà toute molle. Qu'est-ce que ça fond vite…»

De Moscou on envoya au Raïkom du Parti un rapport sur Ivan. On relatait l'épisode du dessoûloir et le trafic des décorations. L'affaire alla jusqu'au Comité central: «Comment! Le Héros de Stalingrad est devenu un alcoolique qui trafique avec ses médailles de guerre! Et précisément à l'approche du quarantième anniversaire de la Victoire!» Et de plus, les tours de passe-passe de Gorbatchev se révélaient ne pas être des tours de passe-passe; les premières têtes tombaient déjà. C'était l'an Un de la Révolution gorbatchévienne.

Du Comité central on avait téléphoné à l'Obkom [29], de l'Obkom au Raïkom. Les objurgations faisaient boule de neige. Le secrétaire du Raïkom, encore sous le coup de la semonce, forma nerveusement le numéro du Comité militaire régional. On y convoqua Ivan par un simple avis. L'officier qui le reçut lui demanda de présenter son livret militaire et son livret de Héros de l'Union soviétique. «On va encore m'accrocher un petit bout de ferraille commémorative», pensa Ivan.

Sans même ouvrir les documents militaires, il les rendit à Ivan; son livret de Héros, il le jeta d'un geste vif dans le coffre-fort dont il claqua la petite porte épaisse.

– Pour le moment, votre livret restera chez nous, dit-il sèchement.

Et d'un ton grave, il ajouta: «D'après les instructions du Raïkom.»

Ivan, dans un élan dérisoire eut un geste vers le coffre-fort, comme pour atteindre sa petite porte. Mais l'officier se leva et cria dans le couloir:

– Sergent, accompagnez le citoyen vers la sortie.

Au Raïkom, Ivan, repoussant la standardiste qui essayait de lui barrer le chemin, fit irruption dans le cabinet du secrétaire. Celui-ci parlait au téléphone et quand Ivan l'interpella en criant, il boucha de la paume l'écouteur et dit à voix basse:

– Je vais te faire mettre dehors par un milicien!

Lorsqu'il eut fini de parler, il regarda méchamment Ivan et scanda:

– Nous adresserons une requête auprès des instances supérieures, camarade Demidov, pour solliciter l'abrogation de votre titre de Héros de l'Union soviétique. Voilà. Notre entretien est terminé. Je ne vous retiens plus.

– Ce n'est pas toi qui m'as décoré, ce n'est pas toi qui vas me priver de ce titre, souffla sourdement Ivan.

– Exactement. Ce n'est pas de mon ressort. C'est de la compétence du Soviet suprême. Là-bas ils examineront si un alcoolique dépravé a le droit moral de porter l'Étoile d'or.

À ces mots, Ivan éclata d'un rire pesant:

– Non. L'Étoile, vous ne me la prendrez pas, bande de salauds. Même les Fritz, au camp, ne me l'ont pas trouvée. Et eux, combien de fois ils ont fouillé! Moi, je la vissais au creux de ma paume. Ils criaient: «Les mains en l'air!» Et moi, j'écartais les doigts, mais elle tenait bon. Voilà. Comme ça!

Et Ivan avec un sourire amer montra au secrétaire les cinq branches de l'Étoile incrustées dans sa paume. Le secrétaire se taisait.

– C'est comme ça, citoyen-chef, répéta Ivan qui ne souriait plus. Quoi? Tu ne le savais pas que j'avais été prisonnier? Mais personne ne savait! Si on l'avait découvert, il y a longtemps que je pourrirais à la Kolyma. Allez, va! Téléphone au Comité militaire. Que ces rats cherchent un peu! Ils trouveront peut-être un trou de deux mois en quarante-quatre. Et l'Étoile vous ne me la prendrez pas. Il faudra l'arracher à mon cadavre…

Ivan ne se décidait pas à rentrer. Il avait peur de voir de nouveau le portemanteau vide dans le couloir, le tas gris de linge sale, le lavabo jaune de rouille. Il tourna longtemps dans les rues boueuses de printemps et, apercevant quelqu'un qui allait le croiser, bifurqua. Puis il contourna la fabrique de meubles derrière laquelle s'étalaient déjà les champs et déboucha sur un terrain vague sentant la neige humide. Tout près, couvert de glace spongieuse, un ruisseau murmurait doucement. Sur le talus, par endroits, la neige avait déjà fondu, découvrant une terre noire et gonflée. Cette terre s'écartait sous les pas d'une façon douce et souple. Et de nouveau elle parut à Ivan non pas effrayante, mais chaude et tendre comme l'argile des rivières.

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