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Andreï Makine: La terre et le ciel de Jacques Dorme

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Andreï Makine La terre et le ciel de Jacques Dorme

La terre et le ciel de Jacques Dorme: краткое содержание, описание и аннотация

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Andreï Makine: " L'écriture est une vision " «C'est alors que, d'une voix presque éteinte, en acceptant l'échec et ne demandant plus rien, je parlai de Jacques Dorme. Je réussis à dire sa vie en quelques phrases brèves, nues. Je me trouvais dans un état d'abattement tel que j'entendais à peine ce que je disais. Et c'est dans cet état seulement que je fus capable d'exprimer toute la douloureuse vérité de cette vie. Un aviateur venu d'un pays lointain rencontre une femme du même pays et, pendant très peu de jours, dans une ville dont il ne restera bientôt que des ruines, ils s'aiment; puis il part au bout de la terre pour conduire les avions destinés au front, et meurt, en s'écrasant sur un versant de glace, sous le ciel blême du cercle polaire. Je l'avais dit autrement. Non pas mieux, mais plus brièvement encore, plus près de l'essence de leur amour.»

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Valia, la cuisinière, a secoué la tête pour refuser. Les bras blancs de farine jusqu'aux coudes, elle pétrissait la pâte sur une grande table à l'autre bout de la pièce. Une femme démesurée: une lourde et ronde poitrine qui bombait son gros pull, une croupe large qui, sur un tabouret, recouvrait complètement le siège. Les yeux bridés comme ceux des Yakoutes mais la peau très blanche, une puissance charnelle faisant penser aux femmes d'Ukraine. «Quel homme pourrait aborder une telle géante?» ai-je pensé avec un effroi admiratif.

J'écoute à présent l'histoire déjà entamée que raconte le petit Lev.

«… Et donc il débarque de Moscou, en pleine taïga, il ne connaît rien, mais il est un peu comme vous tous, plein de zèle. Et les vieux Sibériens lui disent tout de suite: "Si tu veux être des nôtres, tu dois faire trois choses: premièrement, boire une bouteille de vodka cul sec, deuxièmement, sauter une femme yakoute, et troisièmement, aller dans la taïga serrer la patte à une ourse." Alors, notre bonhomme s'excite, saisit une bouteille et hop, cul sec! Et puis, il court dans la taïga. Une heure après, il revient tout écorché et crie à tue-tête: "Bon, montrez-moi une femme yakoute, je vais lui serrer la patte! " Ha, ha, ha…»

Ils rient à s'étrangler, moi aussi par contagion et surtout devant la drôlerie de la pantomime que le petit Lev se met à jouer: un jeune néophyte avale un demi-litre d'alcool et court dans la taïga où il viole une ourse. Valia vient à ce moment en apportant un plateau de pommes de terre fumantes. Le petit Lev, en pleine agitation théâtrale, se jette vers elle, l'aborde par-derrière, ses mains enlaçant les hanches de la femme, le menton piquant dans son large dos. Une ourse attaquée par le naïf Moscovite. Elle se retourne, le sourire aux lèvres, mais les yeux lançant des flammes: comment ce nain ose-t-il? Sa main s'abat sur la tête de Lev exactement comme ferait la patte d'une ourse, avec une puissance débonnaire. L'homme, le visage poudré de farine, est projeté contre le mur.

La nuit, le sifflement du blizzard devient l'unique fond pour tous les autres bruits: le ronflement des Lev, le craquement du bois dans le poêle et, de temps en temps, le crissement d'une Page. Dans la pièce voisine, Valia lit le gros livre que j'ai vu, en arrivant, posé sur l'appui d'une fenêtre. Un de ces romans des années soixante où l'amour se vivait à l'ombre d'immenses centrales électriques en construction, de la taïga conquise, des exploits distingués par la mère patrie. Une fiction pas trop éloignée, en fait, de la vie de cette femme ou de ses rêves, qui sait? Je ne remarque pas à quel moment elle éteint la lumière.

Vers le milieu de la nuit, le fouettement des rafales efface tout ce que l'oreille pourrait encore entendre. J'imagine le minuscule point de ma présence dans cet endroit du globe. Quel repère trouver? La frange glacée de l'océan Arctique? Le détroit de Bering? Le pic de la Victoire, haut de trois mille mètres, à l'ouest de cette maison?

Je me dis que finalement rien ne localise mieux, pour moi, cette contrée que le souvenir de la vie de Jacques Dorme.

***

L'histoire de Jacques Dorme m'accompagna tout au long de mon voyage. Elle estompait par son intensité telle ville que je traversais, telle gare, m'isolait au milieu des foules. De Paris j'allai à Varsovie, parvins sans difficulté jusqu'en Ukraine (qui venait de proclamer son indépendance), restai bloqué plusieurs heures à la toute nouvelle frontière avec la Russie. Les mots de «frontière», de «visa» prononcés devant un petit baraquement noirci de neige mouillée semblaient sortir d'un récit satirique de Tchékhov. Tout comme l'uniforme des gardes-frontière, d'une coupe étrangement efféminée, et les aigles sur leur chapka, dorure de pacotille faisant penser aux arbres de Noël. Et plus encore les papiers que je leur présentais. Ce passeport d'apatride qui m'autorisait à me rendre «dans tout pays, sauf URSS». L'URSS n'existait plus et cette interdiction prenait un sens troublant, quasi métaphysique. Mal plastifié par un vieil Algérien de Barbes, le document avait souffert de l'humidité et son fin carton gondolé, aux tampons flous, ne pouvait qu'inciter à la méfiance. C'est avec compassion pour ma naïveté qu'un camionneur finit par m'indiquer l'équivalent d'alcool exigé pour le passage. J'emportais deux bouteilles de cognac. Une seule, selon lui, devait suffire. Une bouteille plate que le chef du poste glissa dans la poche de sa capote, avant de souffler sur un petit tampon indigo.

C'était mon premier retour en Russie et je revenais en clandestin. L'étrangeté de ma venue s'effaça d'ailleurs rapidement derrière la bizarrerie, tantôt comique tantôt pénible, du nouvel état des choses. Ce monument, dans une ville ukrainienne, deux personnages se serrant la main et la légende en lettres d'or: «Vive l'union de l'Ukraine et de…» La suite («… la Russie») avait été arrachée. Mon «visa» payé avec une bouteille de cognac. Puis, un soir, à Moscou, un attroupement d'hommes derrière le bâtiment laid d'un restaurant. Ils piétinaient dans la neige boueuse du début de mars, souriaient, se jetaient des clins d'œil, mais les sourires étaient crispés, les regards figés sur deux grandes fenêtres ouvertes du rez-de-chaussée. A l'intérieur, dans le halo fluorescent, on voyait un mur au carrelage blanc, deux miroirs, un sèchemains qui vrombissait dans le vide. Une femme apparut devant un miroir, déboutonna son manteau et, sans se soucier de la présence des spectateurs, exposa la blancheur nue de son corps. Elle pivota même légèrement sur ses talons hauts, laissant voir des seins très pleins aux mamelons bruns, le triangle rebondi du ventre. Une autre hissa son pied sur le rebord du mur et se mit à tirer la fermeture de sa botte. Sous une minijupe, sa jambe se découvrit jusqu'à la hanche, une large cuisse serrée dans un collant rouge… Ce défilé improvisé par les prostituées dans les toilettes d'un restaurant témoignait d'une libéralisation indéniable. Moins d'hypocrisie qu'avant, plus d'imagination. «Un progrès…», pensai-je en reprenant ma marche.

Je le répéterais, deux jours plus tard, dans une grande ville sur la Volga. Pour tuer le temps avant mon train, je me laissai happer par la foule et me retrouvai dans ce parc. Au milieu des kiosques peinturlurés, se déroulaient de bruyantes festivités, une quelconque «fête de la ville» ou tout simplement, un beau dimanche, l'abondance du soleil réverbéré par la neige tombée la veille. Je marchais, en trébuchant sur les congères, enivré par la fraîcheur acidulée des neiges, par la fusion avec les rires, les regards, les paroles que je n'avais plus besoin d'interpreter. Ces retrouvailles ressemblaient à un songe où la compréhension est immédiate et le contact physique, de cœur à cœur, merveilleusement évident. Ivre de soleil et de la joie des autres, j'eus même cette pensée exaltée et benoîtement patriotique: «Ils ont peut-être trois roubles en poche, mais ils rient et festoient comme avant. Un pays en perdition, mais quelle aptitude au bonheur! En Occident, on aurait…» Abêti par la gaieté, j'allais poursuivre mon analyse comparée de l'âme slave et de l'Occident sans âme quand soudain le bonheur trouva son expression parfaite, condensée dans le visage de cette enfant. Une petite fille de neuf ou dix ans, d'une beauté presque surnaturelle, qui marchait en tenant la main d'une femme, sa grand-mère sans doute. Elles s'arrêtèrent à quelques pas de moi, l'enfant me regarda avec curiosité. Je lui souris. Et soudain, je compris que ce petit visage incroyablement beau était maquillé. Assez discrètement, mais d'une main experte, adulte. Non pas grimé pour la fête foraine, mais transformé en excitant minois de femme-poupée. Je remarquai aussi que le soir commençait à tomber, que les kiosques venaient de fermer. Ma tête résonnait encore de rires et de soleil… Les premiers réverbères tremblotaient d'une lumière mauve. La femme se retourna et me dévisagea d'un œil qui jaugeait. Puis, en caressant le menton de l'enfant, murmura: «La fête est finie, tu n'auras pas tes bonbons…» L'enfant me regardait fixement. Je ravalai au dernier moment le mot qui était déjà sur mes lèvres: «Vous avez une bien jolie petite-fille…» Je pensais avoir deviné le jeu. La femme tira la main de l'enfant, et je les vis se diriger vers le grand hangar en préfabriqué, le «bar à bière». Derrière mon dos, chuinta dans un soupir dégoûté la discussion de deux vendeuses: «La vieille est revenue avec la petite, tu as vu? Mais oui, qu'est-ce que tu veux, c'est l'enfant qui la nourrit… Les salauds qui font ça, moi, je les pendrais…»

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