• Пожаловаться

Alexis Jenni: L'Art français de la guerre

Здесь есть возможность читать онлайн «Alexis Jenni: L'Art français de la guerre» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 2011, ISBN: 978-2070134588, издательство: Gallimard, категория: Современная проза / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

любовные романы фантастика и фэнтези приключения детективы и триллеры эротика документальные научные юмористические анекдоты о бизнесе проза детские сказки о религиии новинки православные старинные про компьютеры программирование на английском домоводство поэзия

Выбрав категорию по душе Вы сможете найти действительно стоящие книги и насладиться погружением в мир воображения, прочувствовать переживания героев или узнать для себя что-то новое, совершить внутреннее открытие. Подробная информация для ознакомления по текущему запросу представлена ниже:

Alexis Jenni L'Art français de la guerre

L'Art français de la guerre: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «L'Art français de la guerre»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

« J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails. Il m'apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l'émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue. » L’histoire commence avec la première guerre du Golfe : le narrateur, en pleine crise personnelle, fait la connaissance d’un ancien militaire devenu peintre, Victor Salagnon. À travers les souvenirs de Salagnon défilent cinquante ans d’histoire de France revue à travers le fait militaire : la Deuxième guerre mondiale, l’Indochine, l’Algérie… Au-delà du récit d’une amitié entre deux hommes, une interrogation sur la France contemporaine, en dehors de toute idéologie. Prix Goncourt 2011

Alexis Jenni: другие книги автора


Кто написал L'Art français de la guerre? Узнайте фамилию, как зовут автора книги и список всех его произведений по сериям.

L'Art français de la guerre — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «L'Art français de la guerre», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема

Шрифт:

Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Il obtint, Paul Teitgen — et ceci lui vaudrait une statue —, que les parachutistes signent avec lui, pour chacun des hommes qu’ils arrêtaient, une assignation à résidence. Il dut en user, des stylos ! Il signa toutes les assignations que lui présentaient les parachutistes, une grosse liasse chaque jour, il les signait toutes et toutes signifiaient mise au trou, interrogatoire, mise à la disposition de l’armée pour ces questions, toujours les mêmes, posées avec trop de force pour que toujours on survive.

Il les signait, en gardait copie, chacune portait un nom. Un colonel venait lui faire ses comptes. Quand il avait détaillé les relâchés, les internés, les évadés, Paul Teitgen pointait la différence entre ces chiffres-là et la liste nominative qu’il consultait en même temps. « Et ceux-là ? » disait-il, et il pouvait donner un nombre, et des noms ; et le colonel qui n’aimait pas ça lui répondait chaque jour en haussant les épaules : « Eh bien ceux-là, ils ont disparu, voilà tout. » Et il levait la réunion.

Paul Teitgen dans l’ombre comptait les morts.

À la fin, il sut combien. Parmi ceux qui avaient été sortis brutalement de chez eux, attrapés dans la rue, jetés dans une Jeep qui démarrait en trombe et tournait au coin, ou dans un camion bâché dont on ne savait pas où il allait — mais on le savait trop bien —, parmi tous ceux-là qui furent vingt mille, parmi les cent cinquante mille Arabes d’Alger, parmi les soixante-dix mille habitants de la Casbah, il en disparut 3 024. On prétendit qu’ils rejoignaient les autres dans la montagne. On retrouvait certains corps sur les plages, rejetés par la mer, déjà gonflés et abîmés par le sel, portant des blessures que l’on pouvait attribuer aux poissons, aux crabes, aux crevettes.

Pour chacun Paul Teitgen possédait une fiche à leur nom signée de sa main. Peu importe, direz-vous, peu importe aux intéressés qui disparurent, peu leur importe ce chiffon de papier à leur nom, puisqu’ils n’en sortirent pas vivants, peu leur importe cette feuille où en dessous de leur nom on peut lire la signature de l’adjoint civil du général des parachutistes, peu leur importe car cela ne changea pas leur sort terrestre. Le kaddish non plus n’améliore pas le sort des morts : ils ne reviendront pas. Mais cette prière est si forte qu’elle accorde des mérites à qui la prononce, et ces mérites accompagnent le mort dans sa disparition, et la blessure qu’il laisse parmi les vivants cicatrisera, et fera moins mal, moins longtemps.

Paul Teitgen comptait les morts, il signait de courtes prières administratives pour que le massacre ne soit pas aveugle, pour qu’on sache ensuite combien étaient morts, et comment ils s’appelaient.

Grâces lui soient rendues ! Impuissant, horrifié, il survécut à la terreur générale en comptant et en nommant les morts. Dans cette terreur générale où on pouvait disparaître dans une brève gerbe de flammes, dans cette terreur générale où chacun portait son destin sur les traits de son visage, où on pouvait ne pas revenir d’un tour en Jeep, où les camions transportaient des corps suppliciés encore vivants que l’on emmenait tuer, où on achevait au couteau ceux qui gémissaient encore dans le coin de Zéralda, où on jetait les hommes comme des déchets dans la mer, il fit le seul geste qu’il pouvait faire, car partir, il ne l’avait pas fait le premier jour. Il fit le seul geste humain dans cette tempête de feu, d’éclats tranchants, de poignards, de coups, de noyades en chambre, d’électricité appliquée au corps : il recensa les morts un par un et garda leur nom. Il détectait leur absence et en demandait compte au colonel qui venait lui faire son rapport. Et celui-ci, gêné, agacé, lui répondait qu’ils avaient disparu. Bon ; ils sont disparus, donc, reprenait Teitgen ; et il notait leur nombre, et leur nom.

On se raccroche à bien peu mais dans la machine de mort que fut la bataille d’Alger ceux qui considérèrent que les gens étaient des gens, munis d’un nombre et d’un nom, ceux-là sauvèrent leur âme, et ils sauvèrent l’âme de ceux qui le comprirent, et aussi l’âme de ceux dont ils se préoccupaient. Quand les corps souffrants et abîmés eurent disparu, leur âme resta et ne devint pas un fantôme.

Maintenant je sais le sens de ce geste, mais je l’ignorais lorsque je suivis Desert Storm à la télévision. Je le sais maintenant car je l’ai appris au cinéma ; et aussi je rencontrai Victorien Salagnon. De lui qui fut mon maître j’appris que les morts qui ont été nommés et comptés ne sont pas perdus.

Il m’éclaira, Victorien Salagnon, le rencontrer au creux de ma vie m’éclaira. Il me fit reconnaître ce signe qui parcourt l’Histoire, ce signe mathématique peu connu et pourtant visible, qui est toujours là, qui est un rapport, qui est une fraction, qui s’exprime comme suit : dix pour un. Cette proportion est le signe souterrain du massacre colonial.

Au retour, je m’établis à Lyon dans un lieu modeste. Je remplissais la chambre meublée avec le contenu de mes pauvres cartons. J’étais seul et ce n’était pas gênant. Je n’envisageais pas de rencontrer quelqu’un, comme on le pense quand on est seul : je ne cherchais pas l’âme sœur. Je m’en moque car mon âme n’a pas de sœurs, et non plus de frères, elle est fille unique à jamais, et de cet isolement aucun lien ne la fera sortir. Et puis j’aimais les célibataires de mon âge qui vivaient seules dans de petits appartements, et qui, quand je venais, allumaient des bougies et se lovaient sur leur canapé en entourant leurs genoux de leurs bras. Elles attendaient de sortir de là, elles attendaient que je dénoue leurs bras, que leurs bras puissent étreindre autre chose que leurs genoux, mais vivre avec elles aurait détruit cette magie tremblante de la flamme qui éclaire les femmes seules, cette magie des bras refermés qui enfin s’ouvraient pour moi ; alors une fois leurs bras ouverts je préférais ne pas rester.

Heureusement je ne manquais de rien. La gestion tortueuse des ressources humaines dans ce qui fut mon entreprise, alliée à l’excellence des services sociaux de mon pays — quoi qu’on en dise, quoi qu’ils soient devenus —, m’ouvrit un an de tranquillité. Je disposai d’un an. De quoi faire bien des choses. Je ne fis pas grand-chose. J’hésitais.

Mes ressources s’amenuisant je fus distributeur de journaux publicitaires. J’allais le matin un bonnet sur les oreilles poser des journaux gratuits dans les boîtes aux lettres. Je portais des mitaines de tricot un peu minables mais idéales pour cette tâche de presser des boutons et de saisir du papier. Je tirais un chariot de ménagère rempli des journaux que je devais épandre, très lourd car c’est lourd le papier, et je devais m’efforcer à n’en déposer qu’un exemplaire par boîte. La tentation pourtant s’imposait dès les cent premiers mètres : tout jeter en bloc plutôt que de l’éparpiller. J’étais tenté de remplir les poubelles, de bourrer les boîtes abandonnées, de me tromper souvent, d’en mettre des poignées de deux, cinq, dix au lieu d’un seul dans chacune ; mais il y aurait des plaintes, un contrôleur passait derrière moi, et j’aurais perdu ce travail qui me rapportait un centime par journal posé, quarante centimes par kilogramme transporté, et qui m’occupait le matin. Je parcourais la ville dès l’aube précédé du nuage de ma vapeur et traînant derrière moi un caddie de mémé très lourd. J’entrais dans les allées, je saluais humblement sans trop les fixer ceux que je croisais, ces habitants légitimes bien mis et propres qui descendaient vers leur travail. D’un œil très sûr formé à la guerre sociale ils jaugeaient mon anorak, mon bonnet, mes mitaines, hésitaient à dire quelque chose puis passaient et me laissaient faire ; rapidement, épaules baissées, à peine visible, je déposais un exemplaire par boîte et repartais. Je parcourais mon secteur dans un ordre logique, je le recouvrais avec soin d’une pollution publicitaire qui finirait à la benne, dès le lendemain, et en fin de parcours je m’arrêtais toujours au café sur le boulevard qui sépare Lyon de Voracieux-les-Bredins ; et je buvais des petits blancs autour de midi. À treize heures je repartais recharger. On me délivrait la tâche du lendemain à heures fixes, il fallait que j’y sois, il ne fallait pas que je traîne.

Читать дальше
Тёмная тема

Шрифт:

Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «L'Art français de la guerre»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «L'Art français de la guerre» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё не прочитанные произведения.


Отзывы о книге «L'Art français de la guerre»

Обсуждение, отзывы о книге «L'Art français de la guerre» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.