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Alexis Jenni: L'Art français de la guerre

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Alexis Jenni L'Art français de la guerre

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« J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails. Il m'apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l'émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue. » L’histoire commence avec la première guerre du Golfe : le narrateur, en pleine crise personnelle, fait la connaissance d’un ancien militaire devenu peintre, Victor Salagnon. À travers les souvenirs de Salagnon défilent cinquante ans d’histoire de France revue à travers le fait militaire : la Deuxième guerre mondiale, l’Indochine, l’Algérie… Au-delà du récit d’une amitié entre deux hommes, une interrogation sur la France contemporaine, en dehors de toute idéologie. Prix Goncourt 2011

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Ma vie emmerdante pouvait bien se déplacer. Sans attaches, j’obéis aux forces de l’habitude qui agissent comme la gravitation. Le Rhône que je connaissais m’allait mieux finalement que l’Escaut que je ne connaissais pas ; finalement, c’est-à-dire en fin, c’est-à-dire pour la fin. Je rentrai à Lyon pour en finir.

Tempête du Désert me foutit à la porte. J’étais une victime collatérale de l’explosion que l’on ne vit pas, mais dont nous entendions l’écho par les images vides de la télévision. J’étais si peu accroché à la vie qu’un soupir lointain m’en détacha. Les papillons de l’US Air Force battirent de leurs ailes de fer, et à l’autre bout de la Terre cela déclencha une tornade en mon âme, un déclic, et je revins là d’où je venais. Cette guerre fut le dernier événement de ma vie d’avant ; cette guerre fut la fin du XX esiècle où j’avais grandi. La guerre du Golfe altéra la réalité, et la réalité brusquement céda.

La guerre eut lieu. Mais qu’est-ce que ça peut faire ? Pour nous elle aurait pu être inventée, nous la suivions sur écran. Mais elle altéra la réalité en certaines de ses régions peu connues ; elle modifia l’économie, elle provoqua mon renvoi négocié, et fut la cause de mon retour vers ce que j’avais fui ; et les soldats retour de ces pays chauds ne retrouvèrent, dit-on, jamais toute leur âme : ils étaient mystérieusement malades, insomniaques, angoissés, et mouraient d’un effondrement intérieur du foie, des poumons, de la peau.

Cela valait la peine que l’on s’intéresse à cette guerre.

La guerre eut lieu, on n’en sut pas grand-chose. Il vaut mieux. Les détails que l’on en sut, pour peu qu’on les assemble, laissent entendre une réalité qu’il vaut mieux tenir cachée. Tempête du Désert eut lieu, le léger Daguet gambadant derrière. On écrasa les Irakiens sous une quantité de bombes difficile à imaginer, plus qu’on n’en lâcha jamais, chacun des Irakiens pouvait avoir la sienne. Certaines de ces bombes perçaient les murs et explosaient derrière, d’autres écrasaient à la suite les étages d’un immeuble avant d’exploser à la cave parmi ceux qui s’y cachaient, d’autres projetaient des particules de graphite pour provoquer des courts-circuits et détruisaient les installations électriques, d’autres consommaient tout l’oxygène d’un vaste cercle, et d’autres encore cherchaient elles-mêmes leur objectif, comme des chiens qui flairent, qui courent nez au sol, qui happent leur proie et explosent aussitôt qu’ils la touchent. Ensuite on mitrailla des masses d’Irakiens qui sortaient de leurs abris ; peut-être chargeaient-ils, peut-être se rendaient-ils, on ne le savait pas car ils mouraient, il n’en resta pas. Ils n’avaient de munitions que depuis la veille car le parti Baas, méfiant, qui liquidait tout officier compétent, ne donnait pas de munitions à ses troupes de peur qu’elles ne se révoltent. Ces soldats dépenaillés auraient tout aussi bien pu être équipés de fusils en bois. Ceux qui ne sortaient pas à temps étaient ensevelis dans leurs abris par des bulldozers qui chargeaient en ligne, qui repoussaient le sol devant eux et rebouchaient les tranchées avec ce qu’elles contenaient. Cela dura quelques jours, cette guerre étrange qui ressemblait à un chantier de démolition. Les chars soviétiques des Irakiens tentèrent une grande bataille sur terrain plat comme à Koursk, et ils furent déchiquetés par un passage simple d’avions à hélices. Les avions lents de frappe au sol les criblèrent de boulettes d’uranium appauvri, un métal nouveau, qui a la couleur verte de la guerre et pèse plus lourd que le plomb, et pour cela traverse l’acier avec encore plus d’indifférence. Les carcasses, on les laissa, et personne ne vint voir l’intérieur des chars fumants après le passage des oiseaux noirs qui les tuaient ; à quoi cela pouvait-il ressembler ? À des boîtes de raviolis éventrées jetées au feu ? Il n’en est pas d’images et les carcasses restèrent dans le désert, à des centaines de kilomètres de tout.

L’armée irakienne se décomposa, la quatrième armée du monde reflua en désordre par l’autoroute au nord de Koweït City, une colonne désordonnée de plusieurs milliers de véhicules, camions, voitures, autobus, tous surchargés de butin et roulant au pas, s’étirant pare-chocs contre pare-chocs. À cette colonne en fuite on mit le feu, par des hélicoptères je crois, ou par avions, qui vinrent du sud au ras du sol et lâchèrent des chapelets de bombes intelligentes, qui exécutaient leur tâche avec un manque très élaboré de discernement. Tout brûla, les machines de guerre, les machines civiles, les hommes, et le butin qu’ils avaient volé à la cité pétrolière. Tout coagula dans un fleuve de caoutchouc, métal, chair et plastique. Ensuite la guerre s’arrêta. Les chars coalisés de couleur sable s’arrêtèrent en plein désert, arrêtèrent leurs moteurs, et le silence se fit. Le ciel était noir et ruisselait de la suie grasse des puits en feu, il flottait partout l’odeur ignoble du caoutchouc brûlé avec de la chair humaine.

La guerre du Golfe n’a pas eu lieu, écrivit-on pour dire l’absence de cette guerre dans nos esprits. Il eût mieux valu qu’elle n’ait pas lieu, pour tous ceux qui moururent dont on ne connaîtra jamais le nombre ni le nom. Lors de cette guerre on écrasa les Irakiens à coups de savate comme des fourmis qui gênent, celles qui vous piquent dans le dos pendant la sieste. Les morts du côté occidental furent peu nombreux, et on les connaît tous, et on sait les circonstances de leur mort, la plupart sont des accidents ou des erreurs de tir. On ne saura jamais le nombre des morts irakiens, ni comment chacun mourut. Comment le saurait-on ? C’est un pays pauvre, ils ne disposent pas d’une mort par personne, ils furent tués en masse. Ils sont morts brûlés ensemble, coulés dans un bloc comme pour un règlement de comptes mafieux, écrasés dans le sable de leurs tranchées, mêlés au béton pulvérisé de leurs bunkers, carbonisés dans le fer fondu de leurs machines passées au feu. Ils sont morts en gros, on n’en retrouvera rien. Leur nom n’a pas été gardé. Dans cette guerre, il meurt comme il pleut, le « il » désignant l’état des choses, un processus de la Nature auquel on ne peut rien ; et il tue aussi, car aucun des acteurs de cette tuerie de masse ne vit qui il avait tué ni comment il le tuait. Les cadavres étaient loin, tout au bout de la trajectoire des missiles, tout en bas sous l’aile des avions qui déjà étaient partis. Ce fut une guerre propre qui ne laissa pas de taches sur les mains des tueurs. Il n’y eut pas vraiment d’atrocités, juste le gros malheur de la guerre, perfectionné par la recherche et l’industrie.

On pourrait n’y rien voir et n’y rien comprendre ; on pourrait laisser dire les mots : il guerre comme il pleut, et c’est fatalité. La narration est impuissante, on ne sait rien raconter de cette guerre, les fictions qui d’habitude décrivent sont restées pour celle-ci allusives, maladroites, mal reconstituées. Ce qui s’est passé en 1991, qui occupa les télévisions pendant des mois, n’a pas de consistance. Mais il s’est passé quelque chose. On ne peut le raconter par les moyens classiques du récit mais on peut le dire par le chiffre et par le nom. Je l’ai compris au cinéma, plus tard. Car j’aime le cinéma.

J’ai toujours regardé des films de guerre. J’aime bien, assis dans le noir, voir les films d’hélicoptères, avec le son du canon et le déchirement des mitrailleuses. C’est futuriste, beau comme du Marinetti, ça excite le petit garçon que je suis resté, petit, et garçon, et pan ! et pan ! et pan ! C’est beau comme de l’art brut, c’est beau comme les œuvres dynamokinétiques de 1920, mais avec en plus un gros son qui cogne, qui soulève les images, qui ravit le spectateur en le plaquant dans son siège par effet de souffle. J’aimais les films de guerre, mais celui-là, que je vis des années plus tard, me fit froid dans le dos, à cause des noms, et des chiffres.

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