Alexandre Jardin - Des gens très bien

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"Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle une dernière fois: plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera... Tu feras un livre, le nain jaune, pour le camoufler. Au même âge que toi, j'en ferai un, des gens très bien, pour l'exposer. Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne. Dors mon petit papa, dors... Ce livre aurait pu s'appeler "fini de rire". C'est le carnet de bord de ma lente lucidité". (A.J.).

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- Vous êtes Alexandre, le petit-fils du Nain Jaune ?

- Oui.

- Zac m'a beaucoup parlé de vous. Avec fièvre. Si vous passez par Vevey, appelez-moi. Ça me fera plaisir. Je connais beaucoup de choses sur vos antécédents : même l'emplacement de la tombe du Nain Jaune !

Je suis resté blanc que Zac et elle aient pu entretenir des échanges clandestins ; totalement insoupçonnés par sa mère à qui il avait menti. La vieille main d'Eva a logé au creux de la mienne un morceau de papier plié. Elle y avait griffonné son numéro de téléphone.

Pendant sept ans, je ne l'ai pas composé.

Comment parler avec une nazie non repentie ?

III

ENTRETIEN AVEC LE PIRE

Zac m'aurait dit

Chez moi, les retours du passé ont souvent des passeports helvétiques. Au printemps 2008, je suis invité au salon du livre de Genève. A l'heure du souper, on me convie à un dîner littéraire où je vais devoir faire la causette à des gens bien sous tout rapport. Pourquoi ai-je accepté ?

On m'installe à une table élégante, en compagnie d'individus frottés de culture et propres sur eux. Très courtois. Capables de s'ennuyer en parlant. Exactement l'ethnie sociale fortunée qui me met mal à l'aise. J'aime tant les zèbres qui n'appartiennent qu'à eux-mêmes et qui s'éclipsent du jeu social. Les amateurs d'improbable. Une vieille dame vient s'asseoir près de moi et me susurre :

- Je suis sûre que vous auriez préféré une voisine plus jeune. Mais j'ai intrigué pour être à votre table !

Pendant une bonne heure, je tombe sous le charme de son babil insolent, de ses saillies toniques, fugitivement ironiques. Un regard aigu dans une physionomie polie. Des yeux comme des poings serrés. Un accent tchèque maquille ses paroles genevoises et les farde d'une étrange douleur. Mais elle rit tant que je crois en sa bonne humeur ; quand, au détour d'un trait hilarant, elle me lance sept mots qui me clouent :

- J'ai passé deux ans à Auschwitz.

- Ah... ai-je pâli.

- Oui, fait-elle en m'indiquant son tatouage bleuté qui flotte sous la peau translucide de son avant-bras gauche.

- Comment suis-je censé vivre les minutes qui suivent en face de vous ?

- Avec naturel. Les vents contraires font partie de la vie. Ils font notre force.

- Je ne sais pas.

- Ce n'était pas une question mais la constatation qui me vient à l'esprit en vous regardant, jeune homme.

- Que voulez-vous dire ?

- Vos vents contraires ne vous ont pas trop mal réussi !

Dois-je avouer à cette miraculée que je suis le petit-fils de Vichy ?

Sans doute le sait-elle ; ou s'en fiche-t-elle...

Peut-être devine-t-elle que mon hérédité sale est aussi un défi.

Sans doute moins difficile à relever que ceux qu'elle dut affronter en serrant les dents. Et en soignant ses lassitudes. Mes questions sur sa vie fusent. Elle n'a plus l'âge d'être sottement pudique ; elle l'est avec justesse et liberté. Le sourire aux lèvres, elle me raconte les bat-flanc étages de la déportation, la faim, le froid blanc surtout ; les organes de la digestion endormis plutôt qu'en panne sèche. Et l'incroyable légèreté de son corps fluet en avril 1945, lorsqu'elle résolut de regagner Prague au plus vite - avec sa mère et sa sœur également survivantes - portée par l'espoir, vain, de retrouver son père. Grillé, comme les autres. Puis l'effroi devant les bottes russes qui ressemblaient à d'autres bottes déjà vues ; et la fuite vers Israël enfin, à pied. Avant d'être instantanément incorporée, à l'arrivée, dans l'armée de cet Etat naissant et rude qui n'avait alors pas les moyens de s'attendrir sur elle. L'urgence était au courage, pas à la compassion. Puis elle me confie son besoin tardif, très tardif même, de parler et d'accompagner chaque année des enfants suisses à Auschwitz, en hiver pour qu'ils sentent le froid polonais.

Je l'écoute, gêné d'être qui je suis. Sa séduction ridée me touche. Sa vitalité me décoiffe.

A la fin du repas, je lui demande son numéro de téléphone.

- Pourquoi donc ?

- Pour vous revoir.

- Pourquoi ? La rencontre n'a-t-elle pas eu lieu ? Que voulez-vous de plus ?

L'intelligence de cette parole m'a saisi.

Cette ancienne jeune fille souriante savait honorer l'instant.

Le soir, seul dans mon lit suisse, je me suis alors demandé quels instants clés j'avais pu esquiver dans ma vie essoufflée ; et dans mon carnet de téléphone, j'ai retrouvé le numéro d'Eva, la grand-mère de Zac. Celle dont le mari aryen, bombé de fierté, avait peut-être croisé à Auschwitz ma vieille Praguoise qui savait si bien vivre. Sans même noter qu'il s'agissait d'un être humain ; en prenant cette chétive Häftling (détenue) pour un monstre déguisé en femme, une ambassadrice du mal qu'il était légitime d'anéantir.

Comment avais-je pu passer à côté d'Eva alors que j'avais déjà raté, à quelques années près, ma conversation loyale avec le Nain Jaune ? Zac ne m'aurait-il pas crié de courir à Montreux ? A une heure et quelques kilomètres de ma chambre d'hôtel.

Née en 1917, vivait-elle encore ?

Montreux, terminus

- Vous en avez mis du temps à m'appeler, me répondit Eva au téléphone.

- Pourquoi vouliez-vous me voir ?

- Pour vous délivrer d'un certain passé. Zac m'a parlé de votre amitié. Je crois que vous raisonnez faux au sujet de votre grand-père, ou plutôt à l'envers.

- Qu'en savez-vous ?

- Ceux qui ne se sont pas brûlé les ailes ignorent tout du feu.

Trois jours plus tard, j'étais à Montreux.

J'allais passer de la survivante tchèque à la nazie prolongée.

A défaut de me colleter avec mon propre grand-père, j'affronterais la grand-mère de Zac ; avec un malaise vif que j'avais sous-estimé.

Nous nous étions donné rendez-vous au bar désuet du Montreux-Palace que je connaissais depuis mon enfance, là où l'écrivain Nabokov avait jadis ses habitudes helvétiques. Je ne voulais pas être accueilli chez elle, consentir à une excessive familiarité. Ni m'étendre sur le canapé moelleux de cette retraitée du nazisme qui, aux dires de Leni, n'était toujours pas sortie de sa nuit mentale.

Sa tête précise et ridée m'aperçut dès que je foulai le sol du bar de l'hôtel. Pas le genre à s'autoriser une canne à quatre-vingt-onze ans. Je frémis à l'aimable sourire d'Eva ; comme si j'avais redouté de recevoir la plus petite parcelle d'affection de cette créature-là ; beaucoup trop sympathique à mon goût.

- Bonjour monsieur l'ami de Zac, me lança-t-elle amidonnée et en affectant une bonne humeur polie. Aujourd'hui, nous parlerons sans peur !

Cette introduction étrange m'est restée.

- Peur... de la vérité ?

- Non, de moi. Je sais bien que je vous inspire une certaine crainte. Moi, mon mari si sincère, notre foi ancienne. L'aptitude que j'ai eue, jadis, à mourir à moi-même, à me détacher de mon moi pour me fondre dans un tout, ça peut terrifier. Je le comprends...

- Zac avait peur de vous ?

- Il me haïssait et je l'aimais, articula-t-elle très lentement.

En face d'Eva, je me sentis pris dans un inquiétant tourbillon de gentillesse et de dureté extrême, de générosité et d'acidité. Sa courtoisie même me mettait mal à l'aise. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'elle en avait été, de cette racaille nationale-socialiste.

- Avait-il raison ? ai-je alors balbutié.

- Tout me paraît bon pour la défense, excepté la lâcheté, comme disait votre Brasillach[19] ! s'exclame-t-elle en ricanant de ses lèvres fines, en couteau. Je ne suis pas du genre à renoncer à qui je suis, autant vous le dire tout de suite. Je serais plutôt du genre à cultiver une bonne foi exigeante. Comme votre grand-père que j'ai croisé une fois, chez les Morand, à Vevey. Au château de l'Aile. Du temps d'Hélène Morand.

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