Roger du Gard - Les Thibault — Tome III [L'Eté 1914 (suite et fin) — Épilogue]

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Les Thibault — Tome III [L'Eté 1914 (suite et fin) — Épilogue]: краткое содержание, описание и аннотация

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À travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique. Tandis que la guerre est sur le point de ravager l'Europe, Jacques tente désespérément de sauver la paix, mais l'assassinat de Jaurès précipite le monde dans l'horreur, horreur à laquelle le jeune homme se refuse. Antoine, lui, participe au conflit. En 1918, survivant condamné par les gaz des champs de bataille, il comprend enfin le sens de la vie de son frère et les limites de la sienne.
Les Thibault,

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Elle l’observait. Cette rapidité avec laquelle Jacques passait d’un extrême à l’autre, l’effrayait comme un danger, mais la ravissait aussi, sans qu’elle sût bien pourquoi ; peut-être y trouvait-elle l’indice d’une supériorité, d’une force ? « Mon Barbare… », songea-t-elle, avec une fierté attendrie. L’ombre qui avait obscurci son visage s’effaça ; et, de nouveau, elle se sentit pénétrée par cette intime certitude de bonheur qui, depuis deux jours, bouleversait et renouvelait tout son être.

Lorsque la fille eut quitté la salle, Jacques constata :

— « Comme votre confiance est encore fragile… »

Dans son accent, pas le moindre reproche : rien d’autre que du regret ; et aussi du remords, car il n’oubliait pas que son attitude passée légitimait, de la part de Jenny, toutes les défiances.

Elle devina aussitôt son scrupule, et, cherchant à écarter tout souvenir amer, elle dit précipitamment :

— « C’est que, voyez-vous, je suis mal préparée à la confiance… Je ne me rappelle pas avoir jamais connu… » (Elle cherchait le terme. Ce fut un mot de Jacques qui lui vint aux lèvres :) « la quiétude. Même enfant… Je suis ainsi faite… » Elle sourit : « Ou, du moins, je l’étais… » Puis, à mi-voix, elle ajouta, en baissant les yeux : « Je n’ai jamais avoué ça à personne. » Et, spontanément, après un bref coup d’œil vers la porte de service, elle tendit, par-dessus la table, ses deux mains vers Jacques ; deux mains fines, tièdes et nues, qui tremblaient. Elle se sentait totalement sienne ; elle ne désirait que s’abandonner davantage encore, s’anéantir, se confondre en lui.

Il murmura :

— « J’étais comme vous… seul, toujours seul ! Et toujours inquiet ! »

— « Je connais ça », dit-elle, en retirant ses mains avec douceur.

— « Tantôt je me croyais supérieur aux autres, et je me grisais d’orgueil. Tantôt je me trouvais stupide, ignorant, laid, et je me dévorais d’humiliation… »

— « Exactement comme moi. »

— « … toujours étranger… »

— « Comme moi. »

— « … muré dans mes particularités… »

— « Moi aussi. Sans espoir d’en sortir, ni de devenir semblable aux autres… »

— « Et si, à certaines époques, je n’ai pas complètement désespéré de moi », reprit-il, avec un brusque élan de gratitude, « savez-vous à qui je le dois ? »

Une seconde, elle espéra follement qu’il allait dire : « À vous. » Mais il dit :

— « À Daniel !… Notre amitié était, avant tout, un échange de confiance. C’est l’affection, la confiance de Daniel qui m’ont sauvé. »

— « Comme moi », murmura-t-elle, « exactement comme moi ! Je n’ai jamais eu d’autre ami que Daniel. »

Ils ne se lassaient pas de s’expliquer l’un à l’autre, l’un par l’autre, et se regardaient jusqu’au fond des yeux, d’un regard gourmand et ravi. Chacun d’eux attendait, comme un aveu, comme un témoignage décisif de leur entente, que le sourire de l’autre répondît au sien. Surprenant, délicieux prodige, de se sentir si aisément pénétré par l’intuition de l’autre, et de se découvrir si pareils ! Il leur semblait que cet échange de confidences était inépuisable, et que rien au monde, pour l’instant, n’était plus important que cette double investigation.

— « Oui, c’est bien à Daniel que je dois de n’avoir pas sombré… Et aussi à Antoine », ajouta-t-il, après réflexion.

Une involontaire froideur, qu’il discerna aussitôt, se marqua sur le visage de la jeune fille. Décontenancé, il la questionnait du regard.

— « Le connaissez-vous bien, mon frère ? » demanda-t-il enfin, tout prêt à se lancer, avec conviction, dans un panégyrique d’Antoine.

Elle faillit avouer : « Je le déteste. » Elle dit seulement :

— « Je n’aime pas ses yeux. »

— « Ses yeux ? »

Comment formuler sa pensée, sans blesser Jacques ? Pourtant, elle ne voulait rien lui cacher ; même ce qui pouvait lui être pénible.

Il insista, intrigué :

— « Qu’est-ce que vous reprochez à ses yeux ? »

Elle réfléchit un peu :

— « On dirait… qu’ils ne savent pas, qu’ils ne savent plus, voir ce qui est bien et ce qui ne l’est pas… »

Jugement étrange, qui laissa Jacques perplexe. Il se souvint alors d’un mot sur Antoine que lui avait dit Daniel : « Sais-tu ce qui m’attache à ton frère ? C’est sa liberté de jugement. » Daniel admirait chez Antoine cette faculté de pouvoir tout naturellement envisager n’importe quel problème en soi, comme il examinait une pièce anatomique, hors de toute préoccupation morale. C’était une attitude d’esprit qui avait beaucoup d’attrait pour un descendant de huguenots.

Le regard de Jacques semblait réclamer des précisions. Mais elle opposait à ce regard un masque si calme, si clos, qu’il n’osa pas l’interroger davantage.

« Indéchiffrable », songea-t-il.

La fille au corsage rose était venue desservir. Elle proposa :

— « Du fromage ? Des fruits ? Deux bons moka-filtre ? »

— « Pour moi, plus rien », dit Jenny.

— « Alors, un filtre, un seul. »

Ils attendirent que le café fût servi, pour reprendre librement leur conversation. Jacques regardait Jenny, à la dérobée, et il remarqua une fois de plus combien l’expression des yeux contrastait avec celle du visage, combien cette expression était plus « âgée » que celle des traits, restés si jeunes, et comme inachevés.

Il se pencha délibérément :

— « Laissez-moi regarder vos yeux », dit-il, souriant pour excuser cet examen. « Je voudrais les apprendre… Ils sont d’une eau si pure… d’un bleu franc, d’un bleu froid… Et la pupille ! Elle change sans cesse de forme… Ne bougez pas, c’est passionnant. »

Elle aussi le contemplait, mais sans sourire, un peu lasse.

— « Tenez », reprit-il, « quand vous faites un effort d’attention, l’iris bleu se contracte… Et la pupille se rétrécit, se rétrécit… jusqu’à devenir un tout petit point, rond et net comme un trou de poinçon… Quelle volonté il y a, dans vos yeux ! »

L’idée lui vint alors que Jenny pourrait devenir une admirable compagne de lutte. Et, d’un coup, toutes ses préoccupations l’envahirent de nouveau. Il tourna machinalement la tête pour vérifier l’heure au cartel pendu au mur.

Elle murmura, craintive soudain devant ce front assombri :

— « À quoi pensez-vous, Jacques ? »

Il releva sa mèche, d’un geste brutal :

— « Ah ! » fit-il, serrant malgré lui les poings, « je pense qu’il y a, en ce moment, en Europe, quelques centaines d’hommes qui voient clair, et qui se démènent pour le salut de tous les autres, sans parvenir à se faire entendre de ceux qu’ils veulent sauver ! C’est d’un pathétique absurde ! Parviendrons-nous à secouer l’inertie des masses ? Sauront-elles, à temps… »

Il continuait à parler, et Jenny avait l’air d’écouter ; mais elle n’entendait plus ses paroles. Depuis qu’elle avait surpris le coup d’œil de Jacques vers le cadran, son attention était à la dérive, et elle ne maîtrisait plus les battements de son cœur. Trois jours sans lui !… Elle luttait contre une angoisse qu’elle ne voulait à aucun prix lui laisser voir ; et elle éprouvait une joie si douloureuse à l’avoir là, pour quelques minutes encore vivant et proche, qu’elle suivait tous les jeux de sa physionomie, chaque contraction des maxillaires, chaque froncement des sourcils, chaque éclair de ses yeux mobiles — sans chercher à comprendre ce qu’il disait, perdue dans le crépitement confus des mots et des pensées, comme parmi des gerbes d’étincelles.

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