[91]L’ordre de la Table-Ronde, fondé par Artus, se composait de vingt-quatre chevaliers et du roi président. On y admettait les étrangers: Roland en fut membre, ainsi que d’autres pairs de France. Le conteur don Diégo de Véra, qui recueillait dans son livre (Epitome de los imperios) toutes les fables populaires, rapporte que, lors du mariage de Philippe II avec la reine Marie, on montrait encore, à Hunscrit, la table ronde fabriquée par Merlin; qu’elle se composait de vingt-cinq compartiments, teintés en blanc et en vert, lesquels se terminaient en pointe au milieu, et allaient s’élargissant jusqu’à la circonférence, et que dans chaque division étaient écrits le nom du chevalier et celui du roi. L’un de ces compartiments, appelé place de Judas, ou siége périlleux, restait toujours vide.
[92]Le romance entier est dans le Cancionero, p. 242 de l’édition d’Anvers. Lancelot du Lac fut originairement écrit par Arnault Daniel, poëte provençal.
[93]Renaud de Montauban devint empereur de Trébisonde; Bernard del Carpio, roi d’Irlande; Palmerin d’Olive, empereur de Constantinople; Tirant le Blanc, césar de l’empire de Grèce, etc.
[94]«Tirant le Blanc n’invoquait aucun saint, mais seulement le nom de Carmésine; et, quand on lui demandait pourquoi il n’invoquait pas aussi le nom de quelque saint, il répondait: «Celui qui sert plusieurs ne sert personne.» (Livre III, chap. XXVIII.)
[95]Ainsi, lorsque Tristan de Léonais se précipite d’une tour dans la mer, il se recommande à l’amie Iseult et à son doux Rédempteur.
[96]L’article 31 des statuts de l’ordre de l’Écharpe (la Banda) était ainsi conçu: «Qu’aucun chevalier de l’Écharpe ne soit sans servir quelque dame, non pour la déshonorer, mais pour lui faire la cour et pour l’épouser. Et quand elle sortira, qu’il l’accompagne à pied ou à cheval, tenant à la main son bonnet, et faisant la révérence avec le genou.»
[97]Don Quichotte veut parler sans doute de la princesse Briolange, choisie par Amadis pour son frère Galaor. «Il s’éprit tellement d’elle, et elle lui parut si bien, que, quoiqu’il eût vu et traité beaucoup de femmes, comme cette histoire le raconte, jamais son cœur ne fut octroyé en amour véritable à aucune autre qu’à cette belle reine.» (Amadis, lib. IV, cap. CXXI).
[98]Nessun la muova!
Que star non possa con Orlando a prova.
(Ariosto, canto XXIV, oct. 57.)
[99]On donnait alors dans le peuple le nom de cachopin ou gachupin à l’Espagnol qui émigrait aux Grandes-Indes par pauvreté ou vagabondage.
[100]Chrysostome étant mort désespéré, comme disent les Espagnols, c’est-à-dire par un suicide, son enterrement se fait sans aucune cérémonie religieuse. Ainsi il est encore vêtu en berger, et ne porte point la mortaja, habit religieux qui sert de linceul à tous les morts.
[101]Les stances de ce chant (canción) se composent de seize vers de onze syllabes (endecasilabos), dont les rimes sont disposées d’une façon singulière, inusitée jusqu’à Cervantès, et qu’on n’a pas imitée depuis. Dans cet arrangement, le pénultième vers, ne trouvant point de consonance dans les autres, rime avec le premier hémistiche du dernier.
Mas gran simpleza es avisarte desto,
Pues se que esta tu gloria conocida
En que mi vida llegue al fin tan presto.
Comme ces singularités, et même les principales beautés de la pièce (où elles sont rares) se trouvent perdues dans la traduction, je l’aurais volontiers supprimée, pour abréger l’épisode un peu long, un peu métaphysique, de Chrysostome et de Marcelle, s’il était permis à un traducteur de corriger son modèle, surtout quand ce modèle est Cervantès.
[102]L’érudition de l’étudiant Ambroise est ici en défaut. Tarquin était le second mari de Tullia, et c’est le corps de son père Servius Tullius qu’elle foula sous les roues de son char.
[103]Que fué pastor de ganado
Perdido por desamor.
Il y a dans cette strophe un insipide jeu de mots entre les paroles voisines ganado et perdido; celle-ci veut dire perdu; l’autre, qui signifie troupeau, veut dire aussi gagné.
[104]Habitants du district de Yanguas, dans la Rioja.
[105]Amadis tomba deux fois au pouvoir d’Archalaüs. La première, celui-ci le tint enchanté; la seconde, il le jeta dans une espèce de souterrain, par le moyen d’une trappe. Le roman ne dit pas qu’il lui ait donné des coups de fouet; mais il lui fit souffrir la faim et la soif. Amadis fut secouru dans cette extrémité par une nièce d’Archalaüs, la demoiselle muette, qui lui descendit dans un panier un pâté au lard et deux barils de vin et d’eau. (Chap. XIX et XLIX.)
[106] Tizona, nom de l’une des épées du Cid. L’autre s’appelait Colada.
[107] Beltenebros.
[108]Avant leur expulsion de l’Espagne, les Morisques s’y occupaient de l’agriculture, des arts mécaniques et surtout de la conduite des bêtes de somme. La vie errante des muletiers les dispensait de fréquenter les églises, et les dérobait à la surveillance de l’Inquisition.
[109]Voyez la note 80 chap. X.
[110]Le supplice de Sancho était dès longtemps connu. Suétone rapporte que l’empereur Othon, lorsqu’il rencontrait, pendant ses rondes de nuit, quelques ivrognes dans les rues de Rome, les faisait berner… distento sagulo in sublime jactare. Et Martial, parlant à son livre, lui dit de ne pas trop se fier aux louanges: «Car, par derrière, ajoute-t-il: Ibis ab excusso missus in astra sago.»
Les étudiants des universités espagnoles s’amusaient, au temps du carnaval, à faire aux chiens qu’ils trouvaient dans les rues ce que l’empereur Othon faisait aux ivrognes.
[111]C’est Amadis de Grèce qui fut appelé le chevalier de l’Ardente-Épée, parce qu’en naissant il en avait une marquée sur le corps, depuis le genou gauche jusqu’à la pointe droite du cœur, aussi rouge que le feu. (partie I, chap. XLVI.)
Comme don Quichotte dit seulement Amadis, ce qui s’entend toujours d’Amadis de Gaule, et qu’il parle d’une épée véritable, il voulait dire, sans doute, le chevalier de la Verte-Épée. Amadis reçut ce nom, sous lequel il était connu dans l’Allemagne, parce que, à l’épreuve des amants fidèles, et sous les yeux de sa maîtresse Oriane, il tira cette merveilleuse épée de son fourreau, fait d’une arête de poisson, verte et si transparente qu’on voyait la lame au travers. (Chap. LVI, LXX et LXXIII.)
[112]Nom de l’île de Ceylan dans l’antiquité.
[113]Peuples de l’intérieur de l’Afrique.
[114]Ce ne sont pas les portes du temple où il périt qu’emporta Samson, mais celles de la ville de Gaza. (Juges, chap. XVI.)
[115]Littéralement: cherche mon sort à la piste, dépiste mon sort.
[116]On croit que ce nom, donné par les Arabes à la rivière de Grenade, signifie semblable au Nil.
[117]De Tarifa.
[118]Les Biscayens.
[119]Andrès de Laguna, né à Ségovie, médecin de Charles-Quint et du pape Jules III, traducteur et commentateur de Dioscorides.
[120]Le texte dit simplement encamisados, nom qui conviendrait parfaitement aux soldats employés dans une de ces attaques nocturnes où les assaillants mettaient leurs chemises par-dessus leurs armes, pour se reconnaître dans les ténèbres, et que par cette raison on appelait camisades (en espagnol encamisadas). J’ai cru pouvoir, à la faveur de ce vieux mot, forger celui d’enchemisé.
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