[121]Don Bélianis de Grèce s’était appelé le chevalier de la Riche-Figure. Il faut remarquer que le mot figura, en espagnol, ne s’applique pas seulement au visage, mais à la personne entière.
[122]Concile de Trente (chap. LV).
[123]Cette prétendue aventure du Cid est racontée avec une naïveté charmante dans le vingt et unième romance de son Romancero.
[124]C’est sans doute une allusion au Nil, dont les anciens plaçaient la source au sommet des montagnes de la Lune, dans la haute Éthiopie, du haut desquelles il se précipitait par deux immenses cataractes. (Ptolémée, Géogr., livre V.)
[125]Les bergers espagnols appellent la constellation de la petite Ourse le cor de chasse (la bocina). Cette constellation se compose de l’étoile polaire, qui est immobile, et de sept autres étoiles qui tournent autour, et qui forment une grossière image de cor de chasse. Pour connaître l’heure, les bergers figurent une croix ou un homme étendu, ayant la tête, les pieds, le bras droit et le bras gauche.
Au centre de cette croix est l’étoile polaire, et c’est le passage de l’étoile formant l’embouchure du cor de chasse (la boca de la bocina) par ces quatre points principaux, qui détermine les heures de la nuit. Au mois d’août, époque de cette aventure, la ligne de minuit est en effet au bras gauche de la croix, de sorte qu’au moment où la boca de la bocina arrive au-dessus de la tête, il n’y a plus que deux ou trois heures jusqu’au jour. Le calcul de Sancho est à peu près juste.
[126]Quelquefois les contes de bonne femme commençaient ainsi: «… Le bien pour tout le monde, et le mal pour la maîtresse du curé.»
[127]L’histoire de la Torralva et des chèvres à passer n’était pas nouvelle. On la trouve, au moins en substance, dans la XXXI edes Cento Novelle antiche de Francesco Sansovino, imprimées en 1575. Mais l’auteur italien l’avait empruntée lui-même à un vieux fabliau provençal du treizième siècle (le Fableor, collection de Barbazan, 1756), qui n’était qu’une traduction en vers d’un conte latin de Pedro Alfonso, juif converti, médecin d’Alphonse le Batailleur, roi d’Aragon (vers 1100).
[128]On appelle vieux chrétiens, en Espagne, ceux qui ne comptent parmi leurs ancêtres ni Juifs ni Mores convertis.
[129]Allusion au proverbe espagnol: «Si la pierre donne sur la cruche, tant pis pour la cruche; et si la cruche donne sur la pierre, tant pis pour la cruche.»
[130]Armet enchanté appartenant au roi more Mambrin, et qui rendait invulnérable celui qui le portait. (Boyardo et l’ Arioste.)
[131] Palmérin d’Olive, chap. XLIII.
[132] Esplandian, chap. CXLVII et CXLVIII.
[133] Amadis de Gaule, chap. CXVII.
[134] Amadis de Gaule, chap. LXVI, part. II, etc.
[135] Amadis de Gaule, chap. XIV; le Chevalier de la Croix, chap. CXLIV.
[136]Bernard del Carpio, canto XXXVIII; Primaléon, chap. CLVII.
[137] Tirant le Blanc, part. I, chap. XL, etc.; le Chevalier de la Croix , livre I, chap. LXV et suiv., etc.
[138]Suivant les anciennes lois du Fuero Juzgo et les Fueros de Castille, le noble qui recevait un grief dans sa personne ou ses biens pouvait réclamer une satisfaction de 500 sueldos. Le vilain n’en pouvait demander que 300 (Garibay, lib. XII, cap. XX).
[139]On croit que Cervantès a voulu désigner don Pedro Giron, duc d’Osuna, vice-roi de Naples et de Sicile. Dans son Théâtre du gouvernement des vice-rois de Naples, Domenicho Antonio Parrino dit que ce fut un des grands hommes du siècle, et qu’il n’avait de petit que la taille: di picciolo non avea altro que la statura.
[140]«Quand le seigneur sort de sa maison pour aller à la promenade ou faire quelque visite, l’écuyer doit le suivre à cheval.» (Miguel Yelgo, Estilo de servir a principes, 1614.)
[141]On trouve dans le vieux code du treizième siècle, appelé Fuero Juzgo, des peines contre ceux qui font tomber la grêle sur les vignes et les moissons, ou ceux qui parlent avec les diables, et qui font tourner les volontés aux hommes et aux femmes. (Lib. VI, tit. II, ley 4.) Les Partidas punissent également ceux qui font des images ou autres sortilèges, et donnent des herbes pour l’amourachement des hommes et des femmes. (Part. VII, tit. XXIII, ley 2 y 3.)
[142]Ce célèbre petit livre, qui parut en 1539, et qu’on croit l’ouvrage de don Diego Hurtado de Mendoza, ministre et ambassadeur de Charles-Quint, mais qui a peut-être pour auteur le moine Fray Juan de Ortega, est le premier de tous les romans qui composent ce que l’on nomme en Espagne la littérature picaresque. J’en ai publié l’histoire et la traduction dans l’édition illustrée de Gil Blas, comme introduction naturelle au roman de Lesage.
[143]L’auteur de Guzman d’Alfarache, Mateo Aleman, dit de son héros: «… Il écrit lui-même son histoire aux galères, où il est forçat à la rame, pour les crimes qu’il a commis…»
[144]Amadis de Gaule, ayant vaincu le géant Madraque, lui accorde la vie, à condition qu’il se fera chrétien, lui et tous ses vassaux, qu’il fondera des églises et des monastères, et qu’enfin il mettra en liberté tous les prisonniers qu’il gardait dans ses cachots, lesquels étaient plus de cent, dont trente chevaliers et quarante duègnes ou damoiselles.
Amadis leur dit, quand ils vinrent lui baiser les mains en signe de reconnaissance: «Allez trouver la reine Brisena, dites-lui comment vous envoie devant elle son chevalier de l’Île-Ferme, et baisez-lui la main pour moi.» (Amadis de Gaule, livre III, chap. LXV.)
[145]On appelle en Espagne sierra (scie) une cordillère, une chaîne de montagnes. La Sierra-Morena (montagnes brunes), qui s’étend presque depuis l’embouchure de l’Èbre jusqu’au cap Saint-Vincent, en Portugal, sépare la Manche de l’Andalousie. Les Romains l’appelaient Mons Marianus.
[146]La Sainte-Hermandad faisait tuer à coups de flèches les criminels qu’elle condamnait, et laissait leurs cadavres exposés sur le gibet.
[147]Il paraît que Cervantès ajouta après coup, dans ce chapitre, et lorsqu’il avait écrit déjà les deux suivants, le vol de l’âne de Sancho par Ginès de Passamont. Dans la première édition du Don Quichotte, il continuait, après le récit du vol, à parler de l’âne comme s’il n’avait pas cessé d’être en la possession de Sancho, et il disait ici: «Sancho s’en allait derrière son maître, assis sur son âne à la manière des femmes…» Dans la seconde édition, il corrigea cette inadvertance, mais incomplètement, et la laissa subsister en plusieurs endroits. Les Espagnols ont religieusement conservé son texte, et jusqu’aux disparates que forme cette correction partielle. J’ai cru devoir les faire disparaître, en gardant toutefois une seule mention de l’âne, au chapitre XXV. L’on verra, dans la seconde partie du Don Quichotte, que Cervantès se moque lui-même fort gaiement de son étourderie, et des contradictions qu’elle amène dans le récit.
[148]Témoin celle d’ Amadis de Gaule :
Leonoreta sin roseta
Blanca sobre toda flor,
Sin roseta no me meta
En tal culpa vuestro amor, etc.
(Livre II, chap. LIV.)
[149] Carta signifie également lettre et charte; de là la question de Sancho.
[150] Coleto de ambar. Ce pourpoint parfumé se nommait en France, au seizième siècle, collet de senteur, ou collet de fleurs. (Voy. Montaigne, livre I, chap. XXII, et les notes.)
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