[293]Ce sont des injures grossières adressées directement à Cervantès.
[294]Cervantès oublie que lui-même lui a donné ce nom dans la première partie, et qu’il l’appelle Juana Gutierrez dans le chapitre VII de la seconde.
[295]Ces détails obscènes et ridicules se trouvent principalement dans les chapitres XV, XVI, XVII, XVIII et XIX, des éditions, non expurgées, antérieures à 1732.
[296]La description de cette course de bague est dans le chapitre XI.
[297]Ces paroles sont celles que la tradition place dans la bouche du connétable du Guesclin, lorsque, pendant la lutte de Pierre le Cruel et de son frère Henri de Trastamare, dans la plaine de Montiel, il aida celui-ci à monter sur le corps de Pierre, que Henri perça de sa dague.
[298]Sancho applique à son maître les deux derniers vers d’un ancien romance, composé sur la tradition des sept infants de Lara (Canc. de Amberes, p. 172).
Gonzalo Gustos de Lara avait épousé doña Sancha, sœur de Ruy-Velazquez. Ce dernier, pour venger une offense, livra au roi more de Cordoue son beau-frère et ses sept neveux. Le père fut jeté dans une prison perpétuelle, après qu’on lui eut servi sur une table les têtes de ses sept enfants. Cependant l’amour d’une femme arabe, sœur du roi, le tira de prison, et le fils qu’il eut d’elle, appelé Mudarra Gonzalo, vengea le sang de ses frères dans celui de Ruy-Velazquez. L’ayant rencontré un jour à la chasse, il l’attaqua, et, bien que l’autre lui demandât le temps d’aller chercher ses armes, il le tua après avoir répondu les vers que cite Sancho;
Esperesme, don Gonzalo.
Iré a tomar las mis armas. -
– El espera que tu diste
A los infantes de Lara:
Aqui moriras, traidor,
Enemigo de doña Sancha.
[299]C’étaient de petits mousquetons, qui avaient pris ce nom de pedreñales de ce qu’on y mettait le feu, non point avec une mèche, comme aux arquebuses, mais avec une pierre à fusil (pedernal).
[300]Cervantès ne pouvait appeler barbare le bienfaisant Osiris; il voulait dire Busiris, ce tyran cruel d’Ibérie, qui enleva les filles d’Atlas et fut tué par Hercule.
[301]Au temps de Cervantès, la Catalogne, plus qu’aucune autre province d’Espagne, était désolée par les inimitiés de familles, qui jetaient souvent parmi les bandits des jeunes gens de qualité, coupables de quelque meurtre par vengeance. Les Niarros et les Cadells divisaient alors Barcelone, comme les Capuletti et les Montecchi avaient divisé Ravenne. Un partisan des Niarros, obligé de prendre la fuite, se fit chef de voleurs. On l’appelait Roque Guinart ou Guiñart, ou Guiñarte; mais son vrai nom était Pédro Rocha Guinarda. C’était un jeune homme brave et généreux, tel que le peint Cervantès, et qui eut dans son temps, en Catalogne, la réputation qu’eut dans le nôtre, en Andalousie, le fameux José-Maria. Il est cité dans les mémoires de Commines.
[302]C’est du mot bando, mandement à cri public, qu’est venu celui de bandolero, qui désignait un brigand dont la tête était mise à prix. Peut-être le nom de bandit vient-il aussi de notre mot ban.
[303]Au chapitre XII du Don Quichotte d’Avellanéda, il est dit que Sancho reçut de don Carlos deux douzaines de boulettes et six pelotes de blanc-manger, et que, n’ayant pu tout avaler d’une fois, il mit le reste dans son sein pour le déjeuner du lendemain.
[304]Celui que les Anglais nomment Scott et les Français Scot, ou Lescot, ou l’Écossais, était un astrologue du treizième siècle, fort aimé de l’empereur Frédéric II, auquel il dédia son Traité de la physionomie et ses autres ouvrages. Dante fait mention de lui au chant XX de l’Enfer .
Quell’ altro che ne’ fianchi è cosi poco,
Michele Scotto fu, che veramente
Delle magiche frode sepe li gioco.
Il y eut un autre astrologue du nom de Michaël Scotto, né à Parme, qui vécut en Flandre sous le gouvernement d’Alexandre Farnèse (vers 1580). On raconte de celui-ci qu’il invitait souvent plusieurs personnes à dîner, sans faire apprêter quoi que ce fût; et, quand les convives étaient à table, il se faisait apporter les mets par des esprits. «Ceci, disait-il à la compagnie, vient de la cuisine du roi de France; cela, de celle du roi d’Espagne, etc.» (Voir Bayle, article Scot.) C’est sans doute de ce dernier que veut parler Cervantès.
[305]Ce qu’on appelait alors un sarao.
[306]Formule d’exorcisme dont se servait l’Église, et qui avait passé dans le langage commun.
[307]Allusion à un passage d’Avellanéda, au chapitre XII.
[308]On dit en Espagne les prophéties de Péro-Grullo, comme nous disons en France les vérités de M. de la Palice .
[309]Il a été souvent question de ces têtes enchantées. Albert le Grand, dit-on, en fabriqua une, et le marquis de Villéna une autre. Le Tostado parle d’une tête de bronze qui prophétisait dans le bourg de Tabara, et dont l’emploi principal était d’informer qu’il y avait quelque juif dans le pays. Elle criait alors: Judaeus adest, jusqu’à ce qu’on l’en eût chassé. (Super Numer., cap. XXI.)
[310]En espagnol, los juguetes .
[311]Avant que Cervantès se moquât des traducteurs de l’italien, Lope de Vega avait dit, dans sa Filomena: «Dieu veuille qu’il soit réduit, pour vivre, à traduire des livres de l’italien en castillan car, à mes yeux, c’est un plus grand délit que de passer des chevaux en France.»
[312]Le Pastor Fido est de Guarini; l’ Aminta, du Tasse. L’éloge de Cervantès est surtout vrai pour la traduction en vers de Jaurégui, lequel, peintre en même temps que poëte, fit le portrait de Cervantès, auquel il montra sans doute sa traduction manuscrite de l’ Aminta, puisqu’elle ne parut qu’en 1618.
[313]Cervantès avait déjà dit des libraires, dans sa nouvelle du Licencié Vidriéra: «… Comme ils se moquent d’un auteur, s’il fait imprimer à ses frais! Au lieu de quinze cents, ils impriment trois mille exemplaires, et, quand l’auteur pense qu’on vend les siens, on expédie les autres.»
[314] Luz del alma cristiana contra la ceguedad e ignorancia, par Fr. Felipe de Menesès, moine dominicain, Salamanque, 1556.
[315]Allusion au proverbe: À tout cochon vient sa Saint-Martin .
[316]C’était le hourra de l’époque.
[317]Don Luis Coloma, comte d’Elda, commandait l’escadre de Barcelone en 1614, lorsqu’on achevait l’expulsion des Morisques.
[318]Commandant d’un navire algérien.
[319]Le vice-roi de Barcelone était, en 1614, don Francisco Hurtado de Mendoza, marquis d’Almazan.
[320]Vers d’un vieux romance, déjà cités au chapitre II de la première partie.
[321]Cervantès joue ici avec grâce sur le mot deslocado, auquel il donne tantôt le sens de disloqué, tantôt celui de guéri de folie (de loco, fou, comme on dirait défolié ).
[322]Il y eut plusieurs commissaires chargés de l’expulsion des Morisques, et ce don Bernardino de Vélasco, duquel Cervantès fait un éloge si mal placé dans la bouche de Ricote, ne fut commissionné que pour chasser les Morisques de la Manche. Il est possible qu’il ait mis de la rigueur et de l’intégrité dans ses fonctions: mais d’autres commissaires se laissèrent adoucir, et, comme on le voit dans les mémoires du temps, bien des riches Morisques achetèrent le droit de rester en Espagne, en changeant de province.
[323]Je demande pardon pour ce barbarisme, qu’il était peut-être impossible d’éviter.
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