[155]Cervantes fait allusion à son protecteur, le comte de Lémos, auquel il dédia la seconde partie du Don Quichotte .
[156] Una sota-ermitaño. Expression plaisante pour dire la servante de l’ermite, qui s’en faisait le lieutenant.
[157] Una ventaja. On appelait ainsi un supplément de solde attribué aux soldats de naissance, qui se nommaient aventajados, et qui furent depuis remplacés par les cadets. Il s’accordait également pour des services signalés, et c’est ainsi que Cervantes reçut une ventaja de don Juan d’Autriche.
[158]Officier municipal, échevin.
[159] Albricias, présent qu’on fait au porteur d’une bonne nouvelle.
[160] Quel poisson prenons-nous? Expression italienne prêtée par Cervantes à don Quichotte.
[161] Alzar ou levantar figuras judiciarias. On appelait ainsi, parmi les astrologues, au dire de Covarrubias, la manière de déterminer la position des douze figures du zodiaque, des planètes et des étoiles fixes, à un moment précis, pour tirer un horoscope.
[162]Ce n’était pas seulement en Espagne que régnait la croyance à l’astrologie. «En France, dit Voltaire, on consultait les astrologues, et l’on y croyait. Tous les mémoires de ce temps-là… sont remplis de prédictions. Le grave et sévère duc de Sully rapporte sérieusement celles qui furent faites à Henri IV. Cette crédulité… était si accréditée qu’on eut soin de tenir un astrologue caché près de la chambre de la reine Anne d’Autriche, au moment de la naissance de Louis XIV. Ce que l’on croira à peine… c’est que Louis XIII eut, dès son enfance, le surnom de Juste, parce qu’il était né sous le signe de la Balance.» (Siècle de Louis XIV.)
[163]Traducteur, interprète. [Note du correcteur.]
[164] «Callaron todos, Tirios y Troyanos.» C’est le premier vers du second livre de l’Énéide: Conticuere omnes, etc., tel qu’il est traduit par le docteur Gregorio Hernandez de Velasco, dont la version, publiée pour la première fois en 1557, était très-répandue dans les universités espagnoles.
[165]Ces vers et ceux qui seront cités ensuite sont empruntés aux romances du Cancionero et de la Silva de romances, où se trouve racontée l’histoire de Gaïferos et de Mélisandre.
[166]Ce vers est répété dans un romance comique, composé sur l’aventure de Gaïferos, par Miguel Sanchez, poëte du dix-septième siècle:
Melisendra esta en Sansueña,
Vos en Paris descuidado;
Vos ausente, ella muger;
Harto os he dicho, miradio.
[167]Le roi Marsilio, si célèbre dans la chanson de Roland sous le nom du roi Marsille, était Abd-al-Malek-ben-Omar, wali de Saragosse pour le khalyfe Abdérame I er; il défendit cette ville contre l’attaque de Charlemagne. Dans les chroniques du temps, écrites en mauvais latin, on le nomma Omaris filius, d’où se forma, par corruption, le nom de Marfilius ou Marsilius. (Histoire des Arabes et des Mores d’Espagne, tome I, chap. III.)
[168]La dulzaïna, dont on fait encore usage dans le pays de Valence, est un instrument recourbé, d’un son très-aigu. La chirimia (que je traduis par clairon), autre instrument d’origine arabe, est une espèce de long hautbois, à douze trous, d’un son grave et retentissant.
[169]Vers de l’ancien romance Como perdió a España el rey don Rodrigo. (Cancionero general.)
[170]Il y a trente-quatre maravédis dans le réal.
[171]En style familier, prendre la guenon (tomar ou coger la mona) veut dire s’enivrer.
[172] No rebuznaron en valde
El uno y el otro alcalde.
[173]Les alcaldes sont, en effet, élus parmi les régidors.
[174]Dans le roman de Persilès et Sigismonde (liv. III, chap. x), Cervantes raconte qu’un alcalde envoya le crieur public (pregonero) chercher deux ânes pour promener dans les rues deux vagabonds condamnés au fouet. «Seigneur alcalde, dit le crieur à son retour, je n’ai pas trouvé d’ânes sur la place, si ce n’est les deux régidors Berrueco et Crespo qui s’y promènent. – Ce sont des ânes que je vous envoyais chercher, imbécile, répondit l’alcalde, et non des régidors. Mais retournez et amenez-les-moi: qu’ils se trouvent présents au prononcé de la sentence. Il ne sera pas dit qu’on n’aura pu l’exécuter faute d’ânes: car, grâces au ciel, ils ne manquent pas dans le pays.»
[175]Voici le défi de don Diégo Ordoñez, tel que le rapporte un ancien romance tiré de la chronique du Cid (Cancionero general): «Diégo Ordoñez, au sortir du camp, chevauche, armé de doubles pièces, sur un cheval bai brun; il va défier les gens de Zamora pour la mort de son cousin (Sancho le Fort), qu’a tué Vellido Dolfos, fils de Dolfos Vellido: «Je vous défie, gens de Zamora, comme traîtres et félons; je défie tous les morts, et avec eux tous les vivants; je défie les hommes et les femmes, ceux à naître et ceux qui sont nés; je défie les grands et les petits, la viande et le poisson, les eaux des rivières, etc., etc.»
[176]Les habitants de Valladolid, par allusion à Agustin de Cazalla, qui y périt sur l’échafaud.
[177]Les habitants de Tolède.
[178]Les habitants de Madrid.
[179]Les habitants de Gétafe, à ce qu’on croit.
[180]On appelait ainsi une balafre en croix sur le visage.
[181]Cette aventure d’une barque enchantée est très-commune dans les livres de chevalerie. On la trouve dans Amadis de Gaule (liv. IV, chap. XII), dans Amadis de Grèce (part. I, chap. VIII), dans Olivante de Laura (liv. II, chap. I), etc., etc.
[182]Il y a dans l’original longincuos, mot pédantesque dont l’équivalent manque en français.
[183]L’original dit: «puto et gafo, avec le sobriquet de meon.» Puto signifie giton; gafo, lépreux, et meon, pisseur.
[184]On appelait ainsi la chasse avec le faucon faite à des oiseaux de haut vol, comme le héron, la grue, le canard sauvage, etc. C’était un plaisir réservé aux princes et aux grands seigneurs.
[185]Ces expressions prouvent que Cervantes n’a voulu désigner aucun grand d’Espagne de son temps, et que son duc et sa duchesse sont des personnages de pure invention. On a seulement conjecturé, d’après la situation des lieux, que le château où don Quichotte reçoit un si bon accueil est une maison de plaisance appelée Buenavia, située près du bourg de Pédrola en Aragon, et appartenant aux ducs de Villahermosa.
[186]Le don ou doña , comme le sir des Anglais, ne se place jamais que devant un nom de baptême. L’usage avait introduit une exception pour les duègnes, auxquelles on donnait le titre de doña devant leur nom de famille.
[187]Allusion aux vers du romance de Lancelot cités dans la première partie.
[188]Au temps de Cervantes, c’était un usage presque général parmi les grands seigneurs d’avoir des confesseurs publics et attitrés, qui remplissaient comme une charge domestique auprès d’eux. Ces favoris en soutane ou en capuchon se bornaient rarement à diriger la conscience de leurs pénitents; ils se mêlaient aussi de diriger leurs affaires, et se faisaient surtout les intermédiaires de leurs libéralités, au grand préjudice des malheureux et de la réputation des maîtres qu’ils servaient. Tout en censurant ce vice général, Cervantes exerce une petite vengeance particulière. On a pu voir, dans sa Vie, qu’un religieux s’était violemment opposé à ce que le duc de Béjar acceptât la dédicace de la première partie du Don Quichotte. C’est ce religieux qu’il peint ici.
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