[189]Cet Alonzo de Marañon se noya effectivement à l’Île de la Herradura, sur la côte de Grenade, avec une foule d’autres militaires, lorsqu’une escadre envoyée par Philippe II pour secourir Oran, qu’assiégeait Hassan-Aga, fils de Barberousse, fut jetée par la tempête sur cette île, en 1562.
[190]On avait appelé malandrins, au temps des croisades, les brigands arabes qui infestaient la Syrie et l’Égypte. Ce mot est resté dans les langues du Midi pour signifier un voleur de grand chemin ou un écumeur de mer, et il est très-fréquemment employé dans les romans de chevalerie.
[191]On peut voir, dans la Miscelanea de don Luis Zapata, le récit d’une plaisanterie à peu près semblable faite à un gentilhomme portugais chez le comte de Benavente. Peut-être Cervantes a-t-il pris là l’idée de la plaisanterie faite à don Quichotte.
[192]En plusieurs endroits de la seconde partie de son livre, Cervantes s’efforce de la rattacher à la première, et pour cela il suppose entre elles, non point un laps de dix années, mais seulement un intervalle de quelques jours.
[193]Oriane, maîtresse d’Amadis de Gaule, Alastrajarée, fille d’Amadis de Grèce et de Zahara, reine du Caucase, et Madasime, fille de Famongomadan, géant du Lac-Bouillant, sont des dames de création chevaleresque.
[194]Nom que donnèrent les chroniques arabes à Florinde, fille du comte don Julien.
[195]On appelait ainsi une eau de senteur très à la mode au temps de Cervantes. Il entrait dans la composition de l’eau des anges (Agua de angeles) des roses rouges, des roses blanches, du trèfle, de la lavande, du chèvrefeuille, de la fleur d’oranger, du thym, des œillets et des oranges.
[196]Ce fauteuil du Cid (escaño, banc à dossier) est celui qu’il conquit à Valence, au dire de sa chronique, sur le petit-fils d’Aly-Mamoun, roi more du pays.
[197]Wamba régna sur l’Espagne gothique de 672 à 680.
[198]Rodéric, dernier roi goth, vaincu par Thârik à la bataille du Guadaleté, en 711 ou 712.
[199] Ya me comen, y a me comen
Por do mas pecado había.
Ces vers ne se trouvent pas précisément ainsi dans le romance de la pénitence du roi Rodrigue. (Voir le Cancionero general de 1555, tome XVI, f° 128.) Ils étaient sans doute altérés par la tradition.
[200]Miguel Vérino, probablement né à Mayorque ou à Minorque, mais élevé à Florence, où il mourut à l’âge de dix-sept ans, était l’auteur d’un petit livre élémentaire intitulé: De puerorum moribus disticha, qu’on apprenait anciennement aux écoliers. Cervantès, qui dut expliquer les distiques de Vérino dans la classe de son maître Juan Lopez de Hoyos, se sera souvenu également de son épitaphe, composée par Politien, et qui commence ainsi:
Verinus Michael florentibus occidit annis,
Moribus ambiguum major an ingenio, etc.
[201]Sancho se rappelait sans doute ce proverbe: «Si tu plaisantes avec l’âne, il te donnera de sa queue par la barbe.»
[202]J’ai transposé les deux phrases qui précèdent pour les mettre dans l’ordre naturel des idées, et je crois n’avoir fait en cela que réparer quelque faute d’impression commise dans la première édition du Don Quichotte.
[203]Ce genre de politesse envers les dames n’était pas seulement usité dans les livres de chevalerie, où les exemples en sont nombreux. Mariana rapporte que lorsque l’infante Isabelle, après le traité de los toros de Guisando, qui lui assurait la couronne de Castille, se montra dans les rues de Ségovie, en 1474, le roi Henri IV, son frère, prit les rênes de son palefroi pour lui faire honneur.
[204]En espagnol venablo. On appelait ainsi une espèce de javelot, plus court qu’une lance, qui servait spécialement à la chasse du sanglier.
[205]Favila n’est pas précisément un roi goth. Ce fut le successeur de Pélage dans les Asturies. Son règne, ou plutôt son commandement, dura de 737 à 739.
[206]Noël, l’Épiphanie, Pâques et la Pentecôte.
[207]El comendador griego. On appelait ainsi le célèbre humaniste Fernand Nuñez de Guzman, qui professait à Salamanque, au commencement du seizième siècle, le grec, le latin et la rhétorique. On l’appelait aussi el Pinciano, parce qu’il était né à Valladolid, qu’on croit être la Pincia des Romains. Son recueil de proverbes ne parut qu’après sa mort, arrivée en 1453. Un autre humaniste, Juan de Mallara, de Séville, en fit un commentaire sous le titre de Filosofia vulgar .
[208]C’est de là probablement qu’est venu le cri de chasse Hallali!
[209]Mot latin qui était passé, en Espagne, dans le style familier.
[210]Ces expressions doivent se rapporter à quelque propos d’un de ces malfaiteurs que l’on promenait dans les rues sur un âne, après les avoir fouettés publiquement.
[211]Un carrosse, à l’époque de Cervantes, était le plus grand objet de luxe, et celui que les femmes de haute naissance ambitionnaient le plus. On voyait alors des familles se ruiner pour entretenir ce coûteux objet de vanité et d’envie, et six lois (pragmaticas) furent rendues dans le court espace de 1578 à 1626, pour réprimer les abus de cette mode encore nouvelle. Ce fut, au dire de Sandoval (Historia de Carlos Quinto, part. II), sous Charles Quint, et dans l’année 1546, que vint d’Allemagne en Espagne le premier carrosse dont on y eût fait usage. Des villes entières accouraient voir cette curiosité, et s’émerveillaient, dit-il, comme à la vue d’un centaure ou d’un monstre. Au reste, la mode des carrosses, fatale aux petites fortunes, était au contraire avantageuse aux grands seigneurs, qui ne sortaient jamais auparavant sans un cortège de valets de tous les étages. C’est une observation que fait un contemporain, don Luis Brochero (Discurso del uso de los coches): «Avec la mode des carrosses, dit-il, ils épargnent une armée de domestiques, une avant-garde de laquais et une arrière-garde de pages.»
[212]Diverses significations du mot dolorida .
[213]Sancho fait ici un jeu de mots sur le nom de la comtesse Trifaldi. Falda signifie une basque, un pan de robe.
[214] De la dulce mi enemiga
Nace un mal que al alma hiere,
Y por mas tormento quiere
Que se sienta y no se diga.
Ce quatrain est traduit de l’italien. Voici l’original, tel que l’écrivit Serafino Aquillano, mort en 1500, et qu’on nommait alors le rival de Pétrarque:
De la dolce mia nemica
Nasce un duol ch’esser non suole:
Et per piu tormento vuole
Che si senta e non si dica.
[215] Ven, muerte, tan escondida
Que no te sienta venir,
Porque el placer del morir
No me torne a dar la vida
Ce quatrain fut d’abord écrit, avec une légère différence dans le second et le troisième vers, par le commandeur Escriba (Cancionero general de Valencia, 1511). Lope de Vega en fit le sujet d’une glose poétique.
[216]Les seguidillas, qui commençaient à être à la mode au temps de Cervantes, et qu’on appelait aussi coplas de seguida (couplets à la suite), sont de petites strophes en petits vers, ajustées sur une musique légère et rapide. Ce sont des danses aussi bien que des poésies.
[217]À des îles désertes.
[218]Région de l’Arabie Heureuse: Totaque thuriferis Panchaia pinguis arenis .
[219]Allusion ironique à la célèbre apostrophe de Virgile, lorsque Énée raconte à Didon les malheurs de Troie:
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