Guy de Maupassant - La petite Roque (1886)

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La petite Roque (1886): краткое содержание, описание и аннотация

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La Petite Roque est une nouvelle de Maupassant, parue en 1885.
La Petite Roque est d'abord publiée dans Gil Blas du 18 au 23 décembre 1885, puis reprise dans le recueil La Petite Roque paru le 10 mai 18861.
La nouvelle de Maupassant a été adaptée à la télévision en 1986 par Claude Santelli.

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Puis, je restai seul.

Sur les murs, trois portraits, celui de l’actrice dans un de ses rôles, celui du poète avec la grande redingote serrée au flanc et la chemise à jabot d’alors, et celui du musicien assis devant un clavecin. Elle, blonde, charmante, mais maniérée à la façon du temps, souriait de sa bouche gracieuse et de son œil bleu ; et la peinture était soignée fine, élégante et sèche.

Eux semblaient regarder déjà la prochaine postérité.

Tout cela sentait l’autrefois, les jours finis et les gens disparus.

Une porte s’ouvrit, une petite femme entra ; vieille, très vieille, très petite, avec des bandeaux de cheveux blancs, des sourcils blancs, une vraie souris blanche, rapide et furtive.

Elle me tendit la main et dit, d’une voix restée fraîche, sonore, vibrante :

— Merci, Monsieur. Comme c’est gentil aux hommes d’aujourd’hui de se souvenir des femmes de jadis. Asseyez-vous.

Et je lui racontai comment sa maison m’avait séduit, comment j’avais voulu connaître le nom de la propriétaire, et comment, l’ayant connu, je n’avais pu résister au désir de sonner à sa porte.

Elle répondit :

— Cela m’a fait d’autant plus de plaisir, Monsieur, que voici la première fois que pareille chose arrive. Quand on m’a remis votre carte, avec le mot gracieux qu’elle portait, j’ai tressailli comme si on m’eût annoncé un vieil ami disparu depuis vingt ans. Je suis une morte, moi, une vraie morte, dont personne ne se souvient, à qui personne ne pense, jusqu’au jour où je mourrai pour de bon ; et alors tous les journaux parleront, pendant trois jours, de Julie Romain, avec des anecdotes, des détails, des souvenirs et des éloges emphatiques. Puis ce sera fini de moi.

Elle se tut, et reprit, après un silence :

— Et cela ne sera pas long maintenant. Dans quelques mois, dans quelques jours, de cette petite femme encore vive, il ne restera plus qu’un petit squelette.

Elle leva les yeux vers son portrait qui lui souriait, qui souriait à cette vieille, à cette caricature de lui-même ; puis elle regarda les deux hommes, le poète dédaigneux et le musicien inspiré qui semblaient se dire : « Que nous veut cette ruine ? »

Une tristesse indéfinissable, poignante, irrésistible, m’étreignait le cœur, la tristesse des existences accomplies qui se débattent encore dans les souvenirs comme on se noie dans une eau profonde.

De ma place, je voyais passer sur la route les voitures, brillantes et rapides, allant de Nice à Monaco. Et, dedans, des femmes jeunes, jolies, riches, heureuses ; des hommes souriants et satisfaits. Elle suivit mon regard, comprit ma pensée et murmura avec un sourire résigné :

— On ne peut pas être et avoir été.

Je lui dis — Comme la vie a dû être belle pour vous !

Elle poussa un grand soupir :

— Belle et douce. C’est pour cela que je la regrette si fort.

Je vis qu’elle était disposée à parler d’elle ; et doucement, avec des précautions délicates, comme lorsqu’on touche à des chairs douloureuses, je me mis à l’interroger.

Elle parla de ses succès, de ses enivrements, de ses amis, de toute son existence triomphante. Je lui demandai :

— Les plus vives joies, le vrai bonheur, est-ce au théâtre que vous les avez dus ?

Elle répondit vivement :

— Oh ! Non.

Je souris ; elle reprit, en levant vers les deux portraits un regard triste :

— C’est à eux.

Je ne pus me retenir de demander :

— Auquel ?

— A tous les deux. Je les confonds même un peu dans ma mémoire de vieille, et puis, j’ai des remords envers l’un, aujourd’hui !

— Alors, Madame, ce n’est pas à eux, mais à l’amour lui-même que va votre reconnaissance. Ils n’ont été que ses interprètes.

— C’est possible. Mais quels interprètes !

— Etes-vous certaine que vous n’avez pas été, que vous n’auriez pas été aussi bien aimée, mieux aimée par un homme simple, qui n’aurait pas été un grand homme, qui vous aurait offert toute sa vie, tout son cœur, toutes ses pensées, toutes ses heures, tout son être ; tandis que ceux-ci vous offraient deux rivales redoutables, la musique et la poésie ?

Elle s’écria avec force, avec cette voix restée jeune qui faisait vibrer quelque chose dans l’âme :

— Non, Monsieur, non. Un autre m’aurait plus aimée peut-être, mais il ne m’aurait pas aimée comme ceux-là. Ah ! C’est qu’ils m’ont chanté la musique de l’amour, ceux-là, comme personne au monde ne la pourrait chanter ! Comme ils m’ont grisée ! Est-ce qu’un homme, un homme quelconque, trouverait ce qu’ils savaient trouver eux, dans les sons et dans les paroles ? Est-ce assez que d’aimer, si on ne sait pas mettre dans l’amour même toute la poésie et toute la musique du ciel et de la terre ? Et ils savaient, ceux-là, comment on rend folle une femme avec des chants et avec des mots ! Oui, il y avait peut-être dans notre passion plus d’illusion que de réalité ; mais ces illusions-là vous emportent dans les nuages, tandis que les réalités vous laissent toujours sur le soi. Si d’autres m’ont plus aimée, par eux seuls j’ai compris, j’ai senti, j’ai adoré l’amour !

Et tout à coup, elle se mit à pleurer.

Elle pleurait, sans bruit, des larmes désespérées !

J’avais l’air de ne point voir ; et je regardais au loin. Elle reprit, après quelques minutes :

— Voyez-vous, Monsieur, chez presque tous les êtres, le cœur vieillit avec le corps. Chez moi, cela n’est point arrivé. Mon pauvre corps a soixante-neuf ans, et mon pauvre cœur en a vingt… Et voilà pourquoi je vis toute seule, dans les fleurs et dans les rêves…

Il y eut entre nous un long silence. Elle s’était calmée et se remit à parler en souriant :

— Comme vous vous moqueriez de moi, si vous saviez… si vous saviez comment je passe mes soirée… quand il fait beau !… Je me fais honte et pitié en même temps.

J’eus beau la prier ; elle ne voulut point me dire ce qu’elle faisait ; alors je me levai pour partir.

Elle s’écria :

— Déjà !

Et, comme j’annonçais que je devais dîner à Monte-Carlo, elle demanda, avec timidité :

— Vous ne voulez pas dîner avec moi ? Cela me ferait beaucoup de plaisir.

J’acceptai tout de suite. Elle sonna, enchantée ; puis, quand elle eut donné quelques ordres à la petite bonne, elle me fit visiter sa maison.

Une sorte de véranda vitrée, pleine d’arbustes, s’ouvrait sur la salle à manger et laissait voir d’un bout à l’autre la longue allée d’orangers s’étendant jusqu’à la montagne. Un siège bas, caché sous les plantes, indiquait que la vieille actrice venait souvent s’asseoir là.

Puis nous allâmes dans le jardin regarder les fleurs. Le soir venait doucement, un de ces soirs calmes et tièdes qui font s’exhaler tous les parfums de la terre. Il ne faisait presque plus jour quand nous nous mîmes à table. Le dîner fut bon et long ; et nous devînmes amis intimes, elle et moi, quand elle eut bien compris quelle sympathie profonde s’éveillait pour elle en mon cœur. Elle avait bu deux doigts de vin, comme on disait autrefois, et devenait plus confiante, plus expansive.

— Allons regarder la lune, me dit-elle. Moi je l’adore, cette bonne lune. Elle a été le témoin de mes joies les plus vives. Il me semble que tous mes souvenirs sont dedans ; et je n’ai qu’à la contempler pour qu’ils me reviennent aussitôt. Et même… quelquefois, le soir… Je m’offre un joli spectacle… Joli… Joli… si vous saviez ?… Mais non, vous vous moqueriez trop de moi… Je ne peux pas… Je n’ose pas… non… non… vraiment non… Je la suppliai :

— Voyons… quoi ? Dites-le-moi ; je vous promets de ne pas me moquer… Je vous le jure… voyons…

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