Guy de Maupassant - Sur l'eau (1888)

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Sur l'eau (1888): краткое содержание, описание и аннотация

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Sur l'eau est un récit de voyage écrit par Guy de Maupassant en 1888.
Sur l’eau est le récit d’une croisière que fit l’auteur sur son yacht personnel le long de la côte d’Azur et en particulier à Saint-Tropez. C’est une Côte d’Azur encore inviolée qui n’est encore qu’une destination pour tuberculeux et un lieu de rencontre de têtes couronnées. L’auteur alterne le récit de sa croisière avec celui d’excursions menées à terre (en particulier à la chartreuse de la Verne) et de longues digressions sur la société de son époque, l’Histoire…
Sur l'eau est aussi le titre d'un conte fantastique de Maupassant, publié initialement en 1876 sous le titre En canot, et intégré en 1881, sous ce nouveau titre, dans le recueil qui contient La Maison Tellier (voir Sur l'eau, 1876).

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Soudain quelque chose grinça. Quoi ? Je ne sais, une poulie dans la mâture, sans doute ; mais le ton si doux, si douloureux, si plaintif de ce bruit fit tressaillir toute ma chair ; puis rien, un silence infini allant de la terre aux étoiles ; rien, pas un souffle, pas un frisson de l'eau ni une vibration du yacht ; rien, puis tout à coup l'inconnaissable et si grêle gémissement recommença. Il me sembla, en l'entendant, qu'une lame ébréchée sciait mon coeur. Comme certains bruits, certaines notes, certaines voix nous déchirent, nous jettent en une seconde dans l'âme tout ce qu'elle peut contenir de douleur, d'affolement et d'angoisse. J'écoutais attendant, et je l'entendis encore ce bruit qui semblait sortir de moi-même, arraché à mes nerfs, ou plutôt qui résonnait en moi comme un appel intime, profond et désolé ! Oui, c'était une voix cruelle, une voix connue, attendue, et qui me désespérait. Il passait sur moi ce son faible et bizarre, comme un semeur d'épouvante et de délire, car eut aussitôt la puissance d'éveiller l'affreuse détresse sommeillant toujours au fond du coeur de tous les vivants. Qu'était-ce ? C'était la voix qui crie sans fin dans notre âme et qui nous reproche d'une façon continue, obscurément et douloureusement torturante, harcelante, inconnue, inapaisable, inoubliable, féroce, qui nous reproche tout ce que nous avons fait et en même temps tout ce que nous n'avons pas fait, la voix des vagues remords, des regrets sans retours, des jours finis, des femmes rencontrées qui nous auraient aimé peut-être, des choses disparues, des joies vaines, des espérances mortes ; la voix de ce qui passe, de ce qui fuit, de ce qui trompe, de ce qui disparaît, de ce que nous n'avons pas atteint, de ce que nous n'atteindrons jamais, la maigre petite voix qui crie l'avortement de la vie, l'inutilité de l'effort, l'impuissance de l'esprit et la faiblesse de la chair.

Elle me disait dans ce court murmure, toujours recommençant après les mornes silences de la nuit profonde, elle me disait tout ce que j'aurais aimé, tout ce que j'avais confusément désiré, attendu, rêvé, tout ce que j'aurais voulu voir, comprendre, savoir, goûter, tout ce que mon insatiable et pauvre et faible esprit avait effleuré d'un espoir inutile, tout ce vers quoi il avait tenté de s'envoler, sans pouvoir briser la chaîne d'ignorance qui le tenait.

Ah ! J'ai tout convoité sans jouir de rien. Il m'aurait fallu la vitalité d'une race entière, l'intelligence diverse éparpillée sur tous les êtres, toutes les facultés, toutes les forces, et mille existences en réserve, car je porte en moi tous les appétits et toutes les curiosités, et je suis réduit à tout regarder sans rien saisir.

Pourquoi donc cette souffrance de vivre alors que la plupart des hommes n'en éprouvent que la satisfaction ? Pourquoi cette torture inconnue qui me ronge ? Pourquoi ne pas connaître la réalité des plaisirs, des attentes et des jouissances ?

C'est que je porte en moi cette seconde vue qui est en même temps la force et toute la misère des écrivains. J'écris parce que je comprends et je souffre de tout ce qui est, parce que je le connais trop et surtout parce que, sans le pouvoir goûter, je le regarde en moi-même, dans le miroir de ma pensée.

Qu'on ne nous envie pas, mais qu'on nous plaigne, car voici en quoi l'homme de lettres diffère de ses semblables.

En lui aucun sentiment simple n'existe plus. Tout ce qu'il voit, ses joies, ses plaisirs, ses souffrances, ses désespoirs deviennent instantanément des sujets d'observation. Il analyse malgré tout, malgré lui, sans fin, les coeurs, les visages, les gestes, les intonations. Sitôt qu'il a vu, quoi qu'il ait vu, il lui faut le pourquoi. Il n'a pas un élan, pas un cri, pas un baiser qui soient francs, pas une de ces actions instantanées qu'on fait parce qu'on doit les faire, sans savoir, sans réfléchir, sans comprendre, sans se rendre compte ensuite.

S'il souffre, il prend note de sa souffrance et la classe dans sa mémoire ; il se dit, en revenant du cimetière où il a laissé celui ou celle qu'il aimait le plus au monde : « C'est singulier ce que j'ai ressenti ; c'était comme une ivresse douloureuse, etc... » Et alors il se rappelle tous les détails, les attitudes des voisins, les gestes faux, les fausses douleurs, les faux visages, et mille petites choses insignifiantes, des observations artistiques, le signe de croix d'une vieille qui tenait un enfant par la main, un rayon de lumière dans une fenêtre, un chien qui traversa le convoi, l'effet de la voiture funèbre sous les grands ifs du cimetière, la tête du croque-mort et la contraction des traits, l'effort des quatre hommes qui descendaient la bière dans la fosse, mille choses enfin qu'un brave homme souffrant de toute son âme, de tout son coeur, de toute sa force, n'aurait jamais remarquées.

Il a tout vu, tout retenu, tout noté, malgré lui, parce qu'il est avant tout un homme de lettres et qu'il a l'esprit construit de telle sorte que la répercussion, chez lui, est bien plus vive, plus naturelle, pour ainsi dire, que la première secousse, l'écho plus sonore que le son primitif.

Il semble avoir deux âmes, l'une qui note, explique, commente chaque sensation de sa voisine, l'âme naturelle, commune à tous les hommes ; et il vit condamné à être toujours, en toute occasion, un reflet de lui-même et un reflet des autres, condamné à se regarder sentir, agir, aimer, penser, souffrir, et à ne jamais souffrir, penser, aimer, sentir comme tout le monde, bonnement, franchement, simplement, sans s'analyser soi-même après chaque joie et après chaque sanglots.

S'il cause, sa parole semble souvent médisante, uniquement parce que sa pensée est clairvoyante et qu'il désarticule tous les ressorts cachés des sentiments et des actions des autres.

S'il écrit, il ne peut s'abstenir de jeter en ses livres tout ce qu'il a vu, tout ce qu'il a compris, tout ce qu'il sait ; et cela sans exception pour les parents, les amis, mettant à nu, avec une impartialité cruelle, les coeurs de ceux qu'il aime ou qu'il a aimés, exagérant même, pour grossir l'effet, uniquement préoccupé de son oeuvre et nullement de ses affections.

Et s'il aime, s'il aime une femme, il la dissèque comme un cadavre dans un hôpital. Tout ce qu'elle dit, ce qu'elle fait est instantanément pesé dans cette délicate balance de l'observation qu'il porte en lui, et classé à sa valeur documentaire. Qu'elle se jette à son cou dans un élan irréfléchi, il jugera le mouvement en raison de son opportunité, de sa justesse, de sa puissance dramatique, et le condamnera tacitement s'il le sent faux ou mal fait.

Acteur et spectateur de lui-même et des autres, il n'est jamais acteur seulement comme les bonnes gens qui vivent sans malice. Tout, autour de lui, devient de verre, les coeurs, les actes, les intentions secrètes, et il souffre d'un mal étrange, d'une sorte de dédoublement de l'esprit, qui fait de lui un être effroyablement vibrant, machiné, compliqué et fatigant pour lui-même.

Sa sensibilité particulière et maladive le change en outre en écorché vif pour qui presque toutes les sensations sont devenues des douleurs.

Je me rappelle les jours noirs où mon coeur fut tellement déchiré par des choses aperçues une seconde, que les souvenirs de ces visions demeurent en moi comme des plaies.

Un matin, avenue de l'Opéra, au milieu du public remuant et joyeux que le soleil de mai grisait, j'ai vu passer soudain un être innommable, une vieille courbée en deux, vêtue de loques qui furent des robes, coiffée d'un chapeau de paille noir, tout dépouillé de ses ornements anciens, rubans et fleurs disparus depuis des temps indéfinis. Et elle allait, traînant ses pieds si péniblement que je ressentais au coeur, autant qu'elle-même, plus qu'elle-même, la douleur de tous ses pas. Deux cannes la soutenaient. Elle passait sans voir personne, indifférente à tout, au bruit, aux gens, aux voitures, au soleil ! Où allait-elle ? Vers quel taudis ? Elle portait dans un papier qui pendait au bout d'une ficelle quelque chose. Quoi ? du pain ? Oui, sans doute. Personne, aucun voisin n'ayant pu ou voulu faire pour elle cette course, elle avait entrepris, elle, ce voyage horrible, de sa mansarde au boulanger. Deux heures de route au moins pour aller et venir. Et quelle route douloureuse ! Quel chemin de la croix plus effroyable que celui du Christ !

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