Romain Rolland - Jean-Christophe Tome V

Здесь есть возможность читать онлайн «Romain Rolland - Jean-Christophe Tome V» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Классическая проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Jean-Christophe Tome V: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Jean-Christophe Tome V»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Vaste roman cyclique, ce roman fleuve est un signe d'amour et d'espoir adressé à la génération suivante. Le héros, un musicien de génie, doit lutter contre la médiocrité du monde. Mêlant réalisme et lyrisme, cette fresque est le tableau du monde de la fin du XIXème siècle au début du vingtième.

Jean-Christophe Tome V — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Jean-Christophe Tome V», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Roussin s’égayait des étonnements de Christophe. Il ne trouvait point que l’Allemand jugeât si mal ses partenaires. Lui-même, quand ils étaient seul à seul, les traitait sans ménagements. Il connaissait mieux que personne leur sottise ou leurs roueries; mais cela ne l’empêchait pas de les soutenir, afin d’être soutenu par eux. Et si, dans l’intimité, il ne se gênait pas pour parler du peuple en termes méprisants, à la tribune il était un autre homme. Il prenait une voix de tête, des tons aigus, nasillards, martelés, solennels, des trémolos, des bêlements, de grands gestes vastes et tremblotants, comme des battements d’ailes: il jouait Mounet-Sully.

Christophe s’évertuait à démêler dans quelle mesure Roussin croyait à son socialisme. L’évidence était qu’il n’y croyait pas, au fond: il était trop sceptique. Il y croyait pourtant, avec une part de sa pensée; et quoiqu’il sût fort bien que ce n’en était qu’une part – (et pas la plus importante), – il avait organisé d’après cela sa vie et sa conduite, parce que cela lui était plus commode, ainsi. Son intérêt pratique n’était pas seul en cause, mais aussi son intérêt vital, sa raison d’être et d’agir. Sa foi socialiste lui était par lui-même une sorte de religion d’État. – La majorité des hommes ne vit pas autrement. Leur vie repose sur des croyances religieuses, ou morales, ou sociales, ou purement pratiques, – (croyance à leur métier, à leur travail, à l’utilité de leur rôle dans la vie), – auxquelles ils ne croient pas, au fond. Mais ils ne veulent pas le savoir: car ils ont besoin, pour vivre, de ce semblant de foi, de ce culte officiel, dont chacun est le prêtre.

*

Roussin n’était pas un des pires. Combien d’autres dans le parti «faisaient» du socialisme ou du radicalisme, – on ne pouvait même pas dire, par ambition, tant cette ambition était à courte vue, n’allait pas plus loin que le pillage immédiat et leur réélection! Ces gens avaient l’air de croire en une société nouvelle. Peut-être y avaient-ils cru jadis; mais, en fait ils ne pensaient plus qu’à vivre sur les dépouilles de la société qui mourait. Un opportunisme myope était au service d’un nihilisme jouisseur. Les grands intérêts de l’avenir étaient sacrifiés à l’égoïsme de l’heure présente. On démembrait l’armée, on eût démembré la patrie pour plaire aux électeurs. Ce n’était point l’intelligence qui manquait: on se rendait compte de ce qu’il eût fallu faire, mais on ne le faisait point, parce qu’il en eût coûté trop d’efforts. On voulait arranger sa vie et celle de la nation avec le minimum de peine. Du haut en bas de l’échelle, c’était la même morale du plus de plaisir possible avec le moins d’efforts possible. Cette morale immorale était le seul fil conducteur au milieu du gâchis politique, où les chefs donnaient l’exemple de l’anarchie, où l’on voyait une politique incohérente poursuivant dix lièvres à la fois, et les lâchant tous l’un après l’autre, une diplomatie belliqueuse côte à côte avec un ministère de la guerre pacifiste, des ministres de la guerre, qui détruisaient l’armée afin de l’épurer, des ministres de la marine qui soulevaient les ouvriers des arsenaux, des instructeurs de la guerre qui prêchaient l’horreur de la guerre, des officiers dilettantes, des juges dilettantes, des révolutionnaires dilettantes, des patriotes dilettantes. Une démoralisation politique universelle. Chacun attendait de l’État qu’il le pourvût de fonctions, de pensions, de décorations; et l’État, en effet, ne manquait pas d’en arroser sa clientèle: la curée des honneurs et des charges était offerte aux fils, aux neveux, aux petits-neveux, aux valets du pouvoir; les députés se votaient des augmentations de traitement: un gaspillage effréné des finances, des places, des titres, de toutes les ressources de l’État. – Et, comme un sinistre écho de l’exemple d’en haut, le sabotage d’en bas: les instituteurs enseignant la révolte contre la patrie, les employés des postes brûlant les lettres et les dépêches, les ouvriers des usines, jetant du sable et de l’émeri dans les engrenages des machines, les ouvriers des arsenaux détruisant des arsenaux, des navires incendiés, le gâchage monstrueux du travail par les travailleurs, – la destruction non pas des riches, mais de la richesse du monde.

Pour couronner l’œuvre, une élite intellectuelle s’amusait à fonder en raison et en droit ce suicide d’un peuple, au nom des droits sacrés au bonheur. Un humanitarisme morbide rongeait la distinction du bien et du mal, s’apitoyait devant la personne «irresponsable et sacrée» des criminels, capitulait devant le crime et lui livrait la société.

Christophe pensait.

– La France est soûle de liberté. Après avoir déliré, elle tombera ivre-morte. Et quand elle se réveillera, elle sera au violon.

Ce qui blessait le plus Christophe dans cette démagogie, c’était de voir les pires violences politiques froidement accomplies par des hommes, dont il connaissait le fond incertain. La disproportion était trop scandaleuse entre ces êtres ondoyants et l’action âpre qu’ils déchaînaient, ou qu’ils autorisaient. Il semblait qu’il y eût en eux deux éléments contradictoires: un caractère inconsistant, qui ne croyait à rien, et une raison raisonnante, qui saccageait la vie, sans vouloir rien écouter. Christophe se demandait comment la bourgeoisie paisible, les catholiques, les officiers qu’on harcelait de toutes les façons, ne les jetaient pas par la fenêtre. Comme il ne savait rien cacher, Roussin n’eut pas de peine à deviner sa pensée. Il se mit à rire, et dit:

– Sans doute, c’est ce que vous ou moi, nous ferions, n’est-ce pas? Mais il n’y a point de risques avec eux. Ce sont de pauvres bougres, qui ne sont pas capables de prendre le moindre parti énergique,; ils ne sont bons qu’à récriminer. Une aristocratie gâteuse, abrutie par les clubs, prostituée aux Américains et aux Juifs, qui, pour prouver son modernisme, s’amuse du rôle insultant qu’on lui prête dans les romans et les pièces à la mode, et fait fête aux insulteurs. Une bourgeoisie grincheuse, qui ne lit rien, qui ne comprend rien, qui ne veut rien comprendre, qui ne sait que dénigrer, dénigrer à vide, aigrement, sans résultat pratique, – qui n’a qu’une passion: dormir sur son sac aux gros sous, avec la haine de ceux qui la dérangent, ou même de ceux qui travaillent: car cela la dérange que les autres se remuent, tandis qu’elle pionce!… Si vous connaissiez ces gens-là vous finiriez par nous trouver sympathiques…

Mais Christophe n’éprouvait qu’un grand dégoût pour les uns et pour les autres: car il ne pensait point que la bassesse des persécutés fût une excuse pour celle des persécuteurs. Il avait souvent rencontré chez les Stevens des types de cette bourgeoisie riche et maussade, que lui dépeignait Roussin,

… l’anime triste di coloro,

Che visser senza infamia e senza lodo…

Il ne voyait que trop les raisons que Roussin et ses amis avaient d’être sûrs non seulement de leur force sur ces gens, mais de leur droit d’en abuser. Les outils de domination ne leur manquaient point. Des milliers des fonctionnaires sans volonté, obéissant aveuglément. Des mœurs courtisanesques, une République sans républicains; une presse socialiste, en extase devant les rois en visite; des âmes de domestiques, aplaties devant les titres, les galons, les décorations: pour les tenir, il n’y avait qu’à leur jeter en pâture un os à ronger, ou la Légion d’Honneur. Si un roi eût promis d’anoblir tous les citoyens de France, tous les citoyens de France eussent été royalistes.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Jean-Christophe Tome V»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Jean-Christophe Tome V» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Christophe Grangé - La Terre des morts
Jean-Christophe Grangé
Jean-Christophe Grangé - Kaïken
Jean-Christophe Grangé
Jean-Christophe Grangé - Miserere
Jean-Christophe Grangé
Jean-Christophe Grangé - Le Passager
Jean-Christophe Grangé
Jean-Christophe Grangé - L'Empire des loups
Jean-Christophe Grangé
Jean-Christophe Grangé - Le concile de pierre
Jean-Christophe Grangé
Stefan Zweig - Romain Rolland
Stefan Zweig
Отзывы о книге «Jean-Christophe Tome V»

Обсуждение, отзывы о книге «Jean-Christophe Tome V» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x