Romain Rolland - Jean-Christophe Tome V
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Tous avaient le culte du moi: le seul culte qu’ils eussent. Ils cherchaient à le faire partager aux autres. Le malheur était que les autres étaient déjà pourvus. Ils avaient la préoccupation constante d’un public dans leur façon de parler, marcher, fumer, lire un journal, porter la tête et les yeux, se saluer entre eux. Le cabotinage est naturel aux jeunes gens, et d’autant plus qu’ils sont plus insignifiants, c’est-à-dire moins occupés. C’est surtout pour la femme qu’ils se mettent en frais: car ils la convoitent, et désirent – encore plus – être convoités par elle. Mais même pour le premier venu, ils font la roue: pour un passant qu’ils croisent, et dont ils ne peuvent attendre qu’un regard ébahi. Christophe rencontrait souvent de ces petits paonneaux: rapins, virtuoses, jeunes cabots, qui se font la tête d’un portrait connu: Van Dyck, Rembrandt, Vélasquez, Beethoven, ou d’un rôle à jouer: le bon peintre, le bon musicien, le bon ouvrier, le profond penseur, le joyeux drille, le paysan du Danube, l’homme de la nature… Ils jetaient un regard de côté, en passant, pour voir si on les remarquait. Christophe les voyait venir, et, quand ils étaient près de lui, malicieusement, il tournait, avec indifférence, les yeux d’un autre côté. Mais leur déconvenue ne durait guère: deux pas plus loin, ils piaffaient pour le prochain passant. – Ceux du salon de Colette étaient plus raffinés: c’était surtout leur esprit qu’ils grimaient: ils copiaient deux ou trois modèles, qui eux-mêmes n’étaient pas des originaux. Ou bien, ils mimaient une idée: la Force, la Joie, la Pitié, la Solidarité, le Socialisme, l’Anarchisme, la Foi, la Liberté; c’étaient des rôles pour eux. Ils avaient le talent de faire des plus chères pensées une affaire de littérature, et de ramener les plus héroïques élans de l’âme humaine au rôle de cravates à la mode.
Où ils étaient tout à fait dans leur élément, c’était dans l’amour: il leur appartenait. La casuistique du plaisir n’avait point de secrets pour eux; dans leur virtuosité, ils inventaient des cas nouveaux, afin d’avoir l’honneur de les résoudre. Ç’a toujours été l’occupation de ceux qui n’en ont point d’autre: faute d’aimer, ils «font l’amour»; et surtout, ils l’expliquent. Les commentaires étaient plus abondants que le texte, qui, chez eux, était fort mince. La sociologie donnait du ragoût aux pensées les plus scabreuses: tout se couvrait alors du pavillon de la sociologie; quelque plaisir qu’on eût à satisfaire ses vices, il eût manqué quelque chose, si l’on ne s’était persuadé qu’en les satisfaisant, on travaillait pour les temps nouveaux. Un genre de socialisme éminemment parisien: le socialisme érotique.
Parmi les problèmes qui passionnaient alors cette petite cour d’amour, était l’égalité des femmes et des hommes dans le mariage et de leurs droits à l’amour. Il y avait eu de braves jeunes gens, honnêtes, protestants, un peu ridicules – Scandinaves ou Suisses, – qui avaient réclamé l’égalité dans la vertu: les hommes arrivant au mariage, vierges comme les femmes. Les casuistes parisiens demandaient une égalité d’une autre sorte, l’égalité dans la malpropreté: les femmes arrivant au mariage, souillées comme les hommes, – le droit aux amants. Paris avait fait une telle consommation de l’adultère, en imagination et en pratique, qu’il commençait à sembler insipide: on cherchait à lui substituer, dans le monde des lettres, une invention plus originale: la prostitution des jeunes filles, – j’entends la prostitution régulière, universelle, vertueuse, décente, familiale, et par-dessus le marché sociale. – Un livre, plein de talent, qui venait de paraître, faisait foi sur la question: il étudiait en quatre cents pages d’un pédantisme badin, «selon toutes les règles de la méthode Baconienne», le «meilleur aménagement du plaisir». Cours complet d’amour libre, où l’on parlait sans cesse d’élégance, de bienséance, de bon goût de noblesse, de beauté, de vérité, de pudeur, de morale, – un Berquin pour les jeunes filles du monde qui voulaient mal tourner. – C’était, pour le moment, l’Évangile, dont la petite cour de Colette, faisait ses délices, et qu’elle paraphrasait. Il va de soi qu’à la façon des disciples, ils laissaient de côté ce qu’il pouvait y avoir, sous ces paradoxes, de juste, de bien observé et même d’assez humain, pour n’en retenir que le pire. Dans ce parterre de petites fleurs sucrées, ils ne manquaient jamais de cueillir les plus vénéneuses, – des aphorismes de ce genre: «que le goût de la volupté ne peut qu’aiguiser le goût du travail»; – «qu’il est monstrueux qu’une vierge devienne mère, avant d’avoir joui»; – «que la possession d’un homme vierge était pour une femme la préparation naturelle à la maternité réfléchie»; – que c’était le rôle des mères «d’organiser la liberté des filles avec cet esprit de délicatesse et de décence qu’elles appliquent à protéger la liberté de leurs fils»; – et que le temps viendrait «où les jeunes filles rentreraient de chez leur amant avec autant de naturel qu’elles reviennent à présent du cours ou de prendre le thé chez une amie».
Colette déclarait, en riant, que de tels préceptes étaient fort raisonnables.
Christophe avait l’horreur de ces propos. Il s’exagérait leur importance et le mal qu’ils pouvaient faire. Les Français ont trop d’esprit pour appliquer leur littérature. Ces Diderots, au petit pied, cette menue monnaie du grand Denis, sont dans la vie ordinaire, comme le génial Panurge de l’Encyclopédie, des bourgeois aussi honnêtes, voire aussi timorés que les autres. C’est justement parce qu’ils sont si timides dans l’action qu’ils s’amusent à pousser l’action (en pensée), jusqu’aux limites du possible. C’est un jeu où l’on ne risque rien.
Mais Christophe n’était pas un dilettante français.
Entre tous les jeunes gens qui entouraient Colette, il y en avait un qu’elle semblait préférer. Naturellement, de tous il était celui qui était le plus insupportable à Christophe.
Un de ces fils de bourgeois enrichis, qui font de la littérature aristocratique, et jouent les patriciens de la Troisième République. Il se nommait Lucien Lévy-Cœur. Il avait les yeux écartés, au regard vif, le nez busqué, les lèvres fortes, la barbe blonde taillée en pointe, à la Van Dyck, un commencement de calvitie précoce, qui ne lui allait point mal, la parole câline, les manières élégantes, des mains fines et molles, qui fondaient dans la main. Il affectait toujours une très grande politesse, une courtoisie raffinée, même avec ceux qu’il n’aimait point, et qu’il cherchait à jeter par-dessus bord.
Christophe l’avait rencontré déjà, au premier dîner d’hommes de lettres, où Sylvain Kohn l’avait introduit; et bien qu’ils ne se fussent point parlé, il lui avait suffi d’entendre le son de sa voix pour éprouver à son égard une aversion, qu’il ne s’expliquait pas, et dont il ne devait comprendre que plus tard les profondes raisons. Il y a des coups de foudre de l’amour. Il y en a aussi de la haine, – où, – (pour ne point choquer les âmes douces, qui ont peur de ce mot, comme de toutes les passions), – c’est l’instinct de l’être sain, qui sent l’ennemi et se défend.
En face de Christophe, il représentait l’esprit d’ironie et de décomposition, qui s’attaquait, doucement, poliment, sourdement, à tout ce qu’il y avait de grand dans l’ancienne société qui mourait: à la famille, au mariage, à la religion, à la patrie; en art, à tout ce qu’il y avait de viril, de pur, de sain, de populaire; à toute foi dans les idées, dans les sentiments, dans les grands hommes, dans l’homme. Au fond de toute cette pensée, il n’y avait qu’un plaisir mécanique d’analyse, d’analyse à outrance, un besoin animal de ronger la pensée, un instinct de ver. Et à côté de cet idéal de rongeur intellectuel, une sensualité de fille, mais de fille bas-bleu: car chez lui, tout était ou devenait littéraire. Tout lui était matière à littérature: ses bonnes fortunes, ses vices et ceux de ses amis. Il avait écrit des romans et des pièces où il narrait avec beaucoup de talent la vie privée de ses parents, leurs aventures intimes, celles de ses amis, les siennes, ses liaisons entre autres qu’il avait eue avec la femme de son meilleur ami: les portraits étaient faits avec un grand art; chacun en louait l’exactitude: le public, la femme, et l’ami. Il ne pouvait obtenir les confidences ou les faveurs d’une femme, sans le dire dans un livre. – Il eût semblé naturel que ses indiscrétions le missent en froid avec ses «associées». Mais il n’en était rien: elles en étaient à peine un peu gênées; elles protestaient pour la forme: au fond elles étaient ravies qu’on les montrât aux passants, toutes nues; pourvu qu’on leur laissât un masque sur la figure, leur pudeur était en repos. De son côté il n’apportait à ces commérages aucun esprit de vengeance, ni peut-être même de scandale. Il n’était pas plus mauvais fils, ni plus mauvais amant, que la moyenne des gens. Dans les mêmes chapitres où il dévoilait effrontément son père, sa mère et sa maîtresse, il avait des pages où il parlait d’eux avec une tendresse et un charme poétiques. En réalité, il était extrêmement familial; mais de ces gens qui n’ont pas besoin de respecter ce qu’ils aimaient; bien au contraire; ils aiment mieux ce qu’ils peuvent un peu mépriser; l’objet de leur affection leur en paraît plus près d’eux, plus humain. Ils sont les gens du monde les moins capables de comprendre l’héroïsme et surtout la pureté. Ils ne sont pas loin de les considérer comme un mensonge ou une faiblesse d’esprit. Il va de soi d’ailleurs qu’ils ont la conviction de comprendre mieux que quiconque les héros de l’art, et qu’il les jugent avec une familiarité protectrice.
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