Romain Rolland - Jean-Christophe Tome V
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Théophile Goujart était un gros homme, râblé et musclé, la barbe noire, de lourds accroche-cœur sur le front, un front qui se fronçait de grosses rides inexpressives, une figure mal équarrie, comme grossièrement sculptée dans du bois, les bras courts, les jambes courtes, une grasse poitrine: une sorte de marchand de bois, ou de portefaix auvergnat. Il avait des manières vulgaires et le verbe arrogant. Il était entré dans la musique par la politique, qui, dans ce temps-là, en France, était le seul moyen d’arriver. Il s’était attaché à la fortune d’un ministre de sa province, dont il s’était découvert vaguement parent ou allié, – quelque fils «du bâtard de son apothicaire». – Les ministres ne sont pas éternels. Quand le sien avait paru près de sombrer, Théophile Goujart avait abandonné le bateau, après en avoir emporté tout ce qu’il pouvait prendre, notamment des décorations: car il aimait la gloire. Las de la politique, où depuis quelque temps il commençait à recevoir, pour le compte de son patron, et même pour le sien, quelques coups assez rudes, il avait cherché, à l’abri des orages, une situation de tout repos, où il pourrait ennuyer les autres, sans être ennuyé lui-même. La critique était tout indiquée. Justement, une place de critique musical était vacante dans un des grands journaux parisiens. Le titulaire, un jeune compositeur de talent, avait été congédié, parce qu’il s’obstinait à dire ce qu’il pensait des œuvres et des auteurs. Goujart ne s’était jamais occupé de musique, et il ne savait rien: on le choisit sans hésiter. On en avait assez des gens compétents; au moins, avec Goujart, on n’avait rien à craindre; il n’attachait pas une importance ridicule à ses opinions; toujours aux ordres de la direction, et prêt à en faire passer les éreintements et les réclames. Qu’il ne fût pas musicien, c’était une considération secondaire. La musique, chacun en sait assez en France. Goujart avait vite acquis la science indispensable. Le moyen était simple: il s’agissait, aux concerts, de prendre pour voisin quelque bon musicien, si possible un compositeur, et de lui faire dire ce qu’il pensait des œuvres qu’on jouait. Au bout de quelques mois de cet apprentissage, on connaissait le métier: l’oison pouvait voler. À la vérité, ce n’était pas comme un aigle; et Dieu sait les sottises que Goujart déposait dans sa feuille, avec autorité! Il écoutait et lisait à tort et à travers, embrouillait tout dans sa lourde cervelle, et faisait arrogamment la leçon aux autres; il écrivait dans un style prétentieux, bariolé de calembours, et lardé de pédantismes agressifs; il avait une mentalité de pion de collège. Parfois, de loin en loin, il s’était attiré de cruelles ripostes: dans ces cas-là, il faisait le mort, et se gardait bien de répondre. Il était à la fois un gros finaud et un grossier personnage, insolent ou plat, selon les circonstances. Il faisait des courbettes aux chers maîtres, pourvus d’une situation ou d’une gloire officielle: (c’était le seul moyen qu’il eût d’évaluer sûrement le mérite musical.) Il traitait dédaigneusement les autres, et exploitait les faméliques. – Ce n’était pas une bête.
Malgré l’autorité acquise et sa réputation, dans son for intérieur il savait qu’il ne savait rien en musique et il avait conscience que Christophe s’y connaissait très bien. Il se serait gardé de le dire; mais cela lui en imposait. – Et maintenant, il écoutait Christophe, qui jouait; et il s’évertuait à comprendre, l’air absorbé, profond, ne pensant à rien; il ne voyait goutte dans ce brouillard de notes, et il hochait la tête en connaisseur, mesurant ses signes d’approbation sur les clignements d’yeux de Sylvain Kohn, qui avait grand peine à rester tranquille.
Enfin, Christophe dont la conscience émergeait peu à peu des fumées du vin et de la musique, se rendit compte vaguement de la pantomime qui avait lieu derrière son dos; et, se tournant, il vit les deux amateurs. Ils se jetèrent aussitôt sur lui, et lui secouèrent les mains avec énergie, – Sylvain Kohn glapissant qu’il avait joué comme un dieu, Goujart affirmant d’un air doctoral qu’il avait la main gauche de Rubinstein et la main droite de Paderewski – (à moins que ce ne fût le contraire). – Ils s’accordaient tous deux à déclarer qu’un tel talent ne devrait pas rester sous le boisseau, et ils s’engagèrent à le mettre en valeur. Pour commencer, tous deux comptaient bien en tirer pour eux-mêmes tout l’honneur et le profit possibles.
Dès le lendemain, Sylvain Kohn invita Christophe à venir chez lui, mettant aimablement à sa disposition l’excellent piano qu’il avait, et dont il ne faisait rien. Christophe, qui mourait de musique rentrée, accepta, sans se faire prier, et il usa de l’invitation.
Les premiers soirs, tout alla bien. Christophe était tout au bonheur de jouer; et Sylvain Kohn mettait une certaine discrétion à l’en laisser jouir en paix. Lui-même en jouissait sincèrement. Par un de ces phénomènes bizarres, que chacun peut observer, cet homme qui n’était pas musicien, qui n’était pas artiste, qui avait le cœur le plus sec, le plus dénué de toute poésie, de toute bonté profonde, était pris sensuellement par ces musiques, qu’il ne comprenait pas, mais d’où se dégageait pour lui une force de volupté. Malheureusement, il ne pouvait pas se taire. Il fallait qu’il parlât, tout haut, pendant que Christophe jouait. Il soulignait la musique d’exclamations emphatiques, comme un snob au concert, ou bien il faisait des réflexions saugrenues. Alors, Christophe tapait le piano, et déclarait qu’il ne pouvait pas continuer ainsi. Kohn s’évertuait à se taire; mais c’était plus fort que lui: il se remettait aussitôt à ricaner, gémir, siffloter, tapoter, fredonner, imiter les instruments. Et quand le morceau était fini, il eût crevé s’il n’avait fait part à Christophe de ses ineptes réflexions.
Il était un curieux mélange de sentimentalité germanique, de blague parisienne, et de fatuité qui lui appartenait en propre. Tantôt c’étaient des jugements apprêtés et précieux, tantôt des comparaisons extravagantes, tantôt des indécences, des obscénités, insanités, des coquecigrues [2]. Pour louer Beethoven il y voyait des polissonneries, une sensualité lubrique. Il trouvait un élégant badinage dans de sombres pensées. Le quatuor en ut dièze mineur lui semblait aimablement crâne. Le sublime adagio de la Neuvième Symphonie lui rappelait Chérubin. Après les trois coups qui ouvrent la Symphonie en ut mineur , il criait: «N’entrez pas! Il y a quelqu’un!» Il admirait la bataille de Heldenlelben , parce qu’il prétendait y reconnaître le ronflement d’une automobile. Et partout, des images pour expliquer les morceaux, et des images puériles, incongrues. On se demandait comment il pouvait aimer la musique. Cependant, il l’aimait; à certaines de ces pages, qu’il comprenait de la façon la plus cocasse, les larmes lui venaient aux yeux. Mais, après avoir été ému par une scène de Wagner, il tapotait sur le piano un galop d’Offenbach, ou chantonnait une scie de café-concert, après l’Ode à la joie . Alors Christophe bondissait et il hurlait de colère. – Mais le pire n’était pas quand Sylvain Kohn était absurde; c’était quand il voulait dire des choses profondes et délicates, quand il voulait poser aux yeux de Christophe, quand c’était Hamilton, et non Sylvain Kohn, qui parlait. Dans ces moments-là, Christophe dardait sur lui un regard chargé de haine, et il l’écrasait sous des paroles froidement injurieuses qui blessaient l’amour-propre de Hamilton: les séances de piano se terminaient fréquemment par des brouilles. Mais le lendemain, Kohn avait oublié; et Christophe qui avait remord de sa violence, s’obligeait à revenir.
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