Alphonse Daudet - Sapho

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Alphonse Daudet n'a pas seulement chanté la Provence perdue de son enfance. Dans Sapho, c'est un Paris bien incarné qu'il met en scène, celui de la bohème artistique de son temps, se consumant dans l'ivresse de la fête et des conquêtes d'un soir. Jean, jeune provençal fraîchement monté à Paris, s'éprend d'une très belle femme – modèle – connue sous le nom de Sapho. Sera-ce une de ces liaisons sans lendemain? Sapho n'est plus jeune et pressent qu'elle vit son dernier amour, mais, pour Jean, c'est le premier. Décalage du temps, désaccord des âmes… Trente ans avant le Chéri de Colette, Daudet a l'intuition magistrale de " ce genre d'amours auxquels le sentiment maternel ajoute une dimension délicieuse et dangereuse "

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Il y avait aussi la vieille mère Pilar, «le chinge », comme elle s’appelait elle-même dans son charabia franco-espagnol, vraie macaque à peau déteinte et râpeuse, d’une malice féroce sur des traits grimaçants, coiffée en garçon, les cheveux gris au ras de l’oreille, et sur sa robe de vieux satin noir un grand col bleu de maître-timonier.

– Et puis M. Bichito… dit Rosa, achevant de présenter ses convives et montrant à Gaussin un tampon d’ouate rose où le caméléon grelottait sur la nappe.

– Eh bien, et moi, on ne me présente pas? réclama sur un ton de jovialité forcée un grand garçon à moustaches grisonnantes, de tenue correcte, même un peu raide, dans son veston clair et son col montant.

– C’est vrai… Et Tatave? dirent les femmes en riant.

La maîtresse de maison lâcha son nom avec négligence.

Tatave, c’était de Potter, le savant musicien, l’auteur acclamé de Claudia , de Savonarole ; et Jean, qui n’avait fait que l’entrevoir chez Déchelette, s’étonnait de trouver au grand artiste des allures si peu géniales, ce masque en bois dur et régulier, ces yeux déteints scellant une passion folle, incurable, qui depuis des années l’accrochait à cette gueuse, lui faisait quitter femme et enfants, pour rester commensal de cette maison où il engloutissait une partie de sa grande fortune, ses gains de théâtre, et où on le traitait plus mal qu’un domestique. Il fallait voir l’air excédé de Rosa dès qu’il racontait quelque chose, de quel ton méprisant elle lui imposait silence; et renchérissant sur sa fille, Pilar ne manquait jamais d’ajouter d’un accent convaincu:

Foute -nous la paix, mon garçon.

Jean l’avait pour voisine, cette Pilar, et ces vieilles babines qui grondaient en mangeant avec un ruminement de bête, ce coup d’œil inquisiteur dans son assiette, mettaient au supplice le jeune homme déjà gêné par le ton de patronne de Rosa, plaisantant Fanny sur les soirées musicales de l’hôtel et la jobarderie de ces pauvres rastaquouères qui prenaient la gérante pour une femme du monde tombée dans le malheur. L’ancienne dame des chars, bouffie de graisse malsaine, des cabochons de dix mille francs à chaque oreille, semblait envier à son amie le renouveau de jeunesse et de beauté que lui communiquait cet amant jeune et beau; et Fanny ne se fâchait pas, amusait au contraire la table, raillait en rapin les pensionnaires, le Péruvien qui lui avouait, en roulant des yeux blancs, son désir de connaître une grande coucoute , et la cour silencieuse, à souffle de phoque, du Hollandais haletant derrière sa chaise: «Tevinez combien les pommes de terre à Batavia.»

Gaussin ne riait guère, lui; Pilar non plus, occupée à surveiller l’argenterie de sa fille, ou s’élançant d’un geste brusque, visant sur le couvert devant elle ou la manche de son voisin une mouche qu’elle présentait en baragouinant des mots de tendresse «mange, mi alma; mange, mi corazon» à la hideuse petite bête échouée sur la nappe, flétrie, plissée, informe comme les doigts de la Desfous.

Quelquefois, toutes les mouches en déroute, elle en apercevait une contre le dressoir ou la vitre de la porte, se levait, et la raflait triomphalement. ce manège souvent répété impatienta sa fille, décidément très nerveuse, ce matin-là:

– Ne te lève donc pas à toute minute, c’est fatigant.

Avec la même voix descendue de deux tons dans le charabia, la mère répondit:

– Vous dévorez, bos otros … pourquoi tu veux pas qu’il mange, loui ?

– Sors de table, ou tiens-toi tranquille… tu nous embêtes…

La vieille se rebiffa, et toutes deux commencèrent à s’injurier en dévotes espagnoles, mêlant le démon et l’enfer à des invectives de trottoir:

« Hija del demonio .

Cuerno de satanas .

Puta !…

Mi madre !

Jean les regardait épouvanté, tandis que les autres convives, habitués à ces scènes de famille, continuaient de manger tranquillement. De Potter seul intervint par égard pour l’étranger:

– Ne vous disputez donc pas, voyons.

Mais Rosa, furieuse, se retourna contre lui:

– De quoi te mêles-tu, toi?… en voilà des manières!… Est-ce que je ne suis pas libre de parler… Va donc voir un peu chez ta femme, si j’y suis!… J’en ai assez de tes yeux de merlan frit, et des trois cheveux qui te restent… Va les porter à ta dinde, il n’est que temps!…

De Potter souriait, un peu pâle:

– Et il faut vivre avec ça!… murmurait-il dans sa moustache.

– Ça vaut bien ça… hurla-t-elle, tout le corps en avant sur la table… Et tu sais, la porte est ouverte… file… hop!

– Voyons, Rosa… supplièrent les pauvres yeux ternes.

Et la mère Pilar, se remettant à manger, dit avec un flegme si comique: «Foute-nous la paix, mon garçon…» que tout le monde éclata de rire, même Rosa, même de Potter qui embrassait sa maîtresse encore toute grondante et, pour achever de gagner sa grâce, attrapait une mouche et la donnait délicatement, par les ailes, à Bichito.

Et c’était de Potter, le compositeur glorieux, la fierté de l’École française! Comment cette femme le retenait-elle, par quel sortilège, vieillie de vices, grossière, avec cette mère qui doublait son infamie, la montrait telle qu’elle serait vingt ans plus tard, comme vue dans une boule étamée?…

On servit le café au bord du lac, sous une petite grotte en rocaille, revêtue à l’intérieur de soies claires que moirait le mouvement de l’eau voisine, un de ces délicieux nids à baisers inventés par les contes du dix-huitième siècle, avec une glace au plafond qui reflétait les attitudes des vieilles parques répandues sur le large divan dans une pâmoison digérante, et Rosa, les joues allumées sous le fard, s’étirant les bras à la renverse contre son musicien:

– Oh! mon Tatave… mon Tatave!…

Mais cette chaleur de tendresse s’évapora avec celle de la chartreuse, et l’idée d’une promenade en bateau étant venue à l’une de ces dames, elle envoya de Potter préparer le canot.

– Le canot, tu entends, pas la norvégienne.

– Si je disais à Désiré.

– Désiré déjeune…

– C’est que le canot est plein d’eau; il faut écoper, c’est tout un travail…

– Jean ira avec vous, de Potter… dit Fanny qui voyait venir encore une scène.

Assis en face l’un de l’autre, les jambes écartées, chacun sur un banc du bateau, ils l’égouttaient activement, sans se parler, sans se regarder, comme hypnotisés par le rythme de l’eau jaillie des deux écopes. Autour d’eux l’ombre d’un grand catalpa tombait en fraîcheur odorante et se découpait sur le lac resplendissant de lumière.

– Y a-t-il longtemps que vous êtes avec Fanny?… demanda tout à coup le musicien s’arrêtant dans sa besogne.

– Deux ans… répondit Gaussin un peu surpris.

– Seulement deux ans!… Alors ce que vous voyez aujourd’hui pourra peut-être vous servir. Moi, voilà vingt ans que je vis avec Rosa, vingt ans que revenant d’Italie après mes trois années de Prix de Rome, je suis entré à l’Hippodrome, un soir, et que je l’ai vue debout dans son petit char au tournant de la piste, m’arrivant dessus, le fouet en l’air, avec son casque à huit fers de lance, et sa cotte d’écailles d’or, lui serrant la taille jusqu’à mi-cuisse. Ah! si l’on m’avait dit…

Et se remettant à vider le bateau, il racontait comment chez lui on n’avait fait que rire d’abord de cette liaison; puis, la chose devenant sérieuse, de combien d’efforts, de prières, de sacrifices, ses parents auraient payé une rupture. Deux ou trois fois la fille était partie à force d’argent, mais lui la rejoignait toujours. «Essayons du voyage…» avait dit la mère. Il voyagea, revint et la reprit. Alors il s’était laissé marier; jolie fille, riche dot, la promesse de l’Institut dans la corbeille de noce… Et trois mois après il lâchait le nouveau ménage pour l’ancien…

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