Primo Levi - Si c'est un homme

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"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." Angelo Rinaldi." 'Si c'est un homme', occupe une place centrale dans la littérature de témoignage sur l'extermination des Juifs d'Europe et l'univers concentrationnaire."J.-B. Marongiu – "Libération"

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Ce sont ces différentes manières d'atteindre le salut que nous voudrions maintenant illustrer en racontant l'histoire de Schepschel, d'Alfred L., d'Elias et d'Henri.

Schepschel vit au Lager depuis quatre ans. Dès le pogrom qui l'a chassé de son village de Galicie il a vu mourir autour de lui des dizaines de milliers de ses semblables. Il avait une femme et cinq enfants, et un magasin de sellerie prospère, mais depuis longtemps il a perdu l'habitude de penser à lui-même autrement que comme à un sac qui doit être régulièrement rempli. Schepschel n'est ni très robuste, ni très courageux, ni très méchant; il n'est pas non plus particulièrement malin et n'a jamais réussi à trouver un arrangement qui lui permette de respirer un peu: il en est réduit aux maigres expédients occasionnels, aux «kombinacje», comme on dit ici.

De temps en temps il vole un balai à la Buna et le revend au Blockàltester; quand il arrive à mettre de côté un peu de capital-pain, il loue les outils du cordonnier du Block, qui est du même village que lui, et travaille quelques heures à son compte; il sait fabriquer des bretelles avec du fil électrique tressé; Sigi m'a dit qu'il l'avait vu chanter et danser, pendant la pause de midi, devant la baraque des ouvriers slovaques, qui lui donnent parfois les restes de leur soupe.

On pourrait donc être tenté de penser à Schepschel avec une sorte de sympathie indulgente, comme à un pauvre diable dont l'esprit est désormais obnubilé par la plus humble et élémentaire des volontés de vivre, et qui mène vaillamment son petit combat personnel pour ne pas succomber. Mais Schepschel n'était pas une exception, et quand l'occasion se présenta il n'hésita pas à faire condamner au fouet son complice dans un vol aux cuisines, Moischl, espérant à tort acquérir quelque mérite aux yeux du Blockàltester et poser sa candidature au poste de laveur de marmites.

L'histoire de l'ingénieur Alfred L. prouve, entre autres, combien est vain le mythe selon lequel les hommes sont tous égaux entre eux à l'origine.

L. dirigeait dans son pays une importante usine de produits chimiques, et son nom était bien connu – et l'est toujours – dans les milieux industriels européens. C'était un homme robuste d'une cinquantaine d'années; j'ignore comment il avait été arrêté, mais il était entré au camp comme y entraient tous les autres: nu, seul, anonyme. Quand je fis sa connaissance, il était très affaibli mais son visage gardait encore les traces d'une énergie méthodique et disciplinée. A cette époque, ses privilèges se limitaient au nettoyage quotidien de la marmite des ouvriers polonais. Ce travail, dont il avait obtenu l'exclusivité je ne sais comment, lui rapportait une demi-gamelle de soupe par jour. Cela ne suffisait certainement pas à calmer sa faim, mais personne ne l'avait jamais entendu se plaindre. Au contraire, les quelques mots qu'il proférait laissaient supposer de grandioses ressources secrètes, et une «organisation» solide et fructueuse.

Tout dans sa façon d'être semblait le confirmer. L. s'était créé un style: son visage et ses mains étaient toujours parfaitement propres; il avait la rarissime abnégation de laver sa chemise tous les quinze jours sans attendre le changement bimestriel (et nous ferons remarquer que laver sa chemise, cela veut dire trouver du savon, trouver le temps, trouver l'espace dans les lavabos bondés, s'astreindre à surveiller attentivement, sans la perdre des yeux un seul instant, la chemise mouillée, et l'endosser, naturellement encore mouillée, au moment de l'extinction des feux); L. possédait une paire de socques pour aller à la douche, et son costume rayé, propre et neuf, semblait taillé sur mesure. Bref, L. avait tout du prominent bien avant de le devenir; et j'ai su plus tard qu'il devait ces apparences prospères à son incroyable ténacité: il avait payé chacun de ces services et de ces achats en prenant sur sa ration de pain, se soumettant ainsi à un régime de privations supplémentaires.

Son plan était de longue haleine, ce qui est d'autant plus remarquable qu'il avait été conçu dans un climat où dominait le sentiment du provisoire; et L. entreprit de le réaliser dans la plus stricte discipline intérieure, sans pitié pour lui-même, ni, à plus forte raison, pour ceux de ses camarades qu'il trouvait en travers de sa route. L. n'ignorait pas que passer pour puissant, c'est être en voie de le devenir, et que partout au monde mais plus particulièrement au camp, où le nivellement est général, des dehors respectables sont la meilleure garantie d'être respecté. Il mit tous ses soins à ne pas être confondu avec le troupeau: il travaillait avec une ardeur affectée, allant jusqu'à exhorter ses camarades paresseux, d'un ton à la fois mielleux et réprobateur; il évitait de se mêler à la lutte quotidienne pour la meilleure place dans la queue pour la soupe, et tous les jours se portait volontaire pour la première ration, notoirement la plus liquide, de manière à se faire remarquer pour sa discipline par le Blockàltester. Enfin, pour achever de maintenir les distances, il manifestait dans ses rapports avec ses camarades le maximum de courtoisie compatible avec son égoïsme, qui était absolu.

Lorsque le Kommando de Chimie fut créé, comme nous y reviendrons plus loin, L. comprit que son heure était venue: son costume impeccable, son visage décharné, certes, mais rasé, auraient suffi, au milieu du ramassis de collègues crasseux et débraillés, à convaincre sur-le-champ Kapo et Arbeitsdienst qu'il était un authentique élu, un prominent en puissance; et effectivement (à qui possède, il sera donné), il fut immanquablement promu «spécialiste», nommé technicien en chef du Kommando et engagé par la direction de la Buna comme chimiste attaché au laboratoire de la section Styrène. On le chargea par la suite de tester l'une après l'autre les nouvelles recrues du Kommando de Chimie pour juger de leurs aptitudes professionnelles, mission dont il s'acquitta avec une extrême sévérité, notamment à l'égard de ceux en qui il pressentait de possibles rivaux.

J'ignore la suite de son histoire, mais il est fort probable qu'il a échappé à la mort et qu'il mène aujourd'hui la même existence glacée de dominateur résolu et sans joie.

Elias Lindzin, 141565, atterrit un beau jour, inexplicablement, au Kommando de Chimie. C'était un nain, d'un mètre cinquante tout au plus, mais pourvu d'une musculature comme je n'en ai jamais vu. Quand il est nu, on voit chaque muscle travailler sous la peau, avec la puissance, la mobilité et l'autonomie d'un petit animal; agrandi dans les mêmes proportions, il ferait un bon modèle pour un Hercule; mais il ne faut pas regarder la tête.

Sous le cuir chevelu, les sutures crâniennes forment de monstrueuses protubérances. Le crâne est massif, on le dirait de métal ou de pierre; la ligne noire des cheveux rasés descend à un doigt des sourcils. Le nez, le menton, le front, les pommettes sont durs et compacts; le visage tout entier fait penser à une tête de bélier, à un instrument fait pour frapper. Une impression de vigueur bestiale émane de toute sa personne.

C'est un spectacle déconcertant que de voir travailler Elias; les Meister polonais, les Allemands eux-mêmes s'arrêtent parfois pour l'admirer à l'œuvre. Alors que nous arrivons tout juste à porter un sac de ciment, Elias en prend deux à la fois, puis trois, puis quatre, les faisant tenir en équilibre on ne sait comment; et tout en avançant à petits pas rapides sur ses jambes courtes et trapues, de sous son fardeau il fait des grimaces, il rit, jure, hurle et chante sans répit comme s'il avait des poumons de bronze. Malgré ses semelles de bois, Elias grimpe comme un singe sur les échafaudages et court d'un pied léger sur les charpentes suspendues dans le vide; il porte six briques à la fois en équilibre sur la tête; il sait se faire une cuillère avec une plaque de tôle et un couteau avec un morceau d'acier; il déniche n'importe où du papier, du bois et du charbon secs et sait allumer un feu en quelques instants même sous la pluie. Il peut être tailleur, menuisier, cordonnier, coiffeur; il crache à des distances incroyables; il chante, d'une voix de basse pas désagréable, des chansons polonaises et yiddish absolument inconnues; il est capable d'avaler six, huit, dix litres de soupe sans vomir et sans avoir la diarrhée, et de reprendre le travail aussitôt après. Il sait se faire sortir entre les épaules une grosse bosse, et déambule dans la baraque, bancal et contrefait, en poussant des cris et en déclamant d'incompréhensibles discours, pour la plus grande joie des autorités du camp. Je l'ai vu lutter avec un Polonais beaucoup plus grand que lui et l'envoyer à terre d'un seul coup de tête dans l'estomac, avec la violence et la précision d'une catapulte. Je ne l'ai jamais vu se reposer, je ne l'ai jamais vu silencieux ou immobile, je ne sache pas qu'il ait jamais été blessé ou malade.

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