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Michel Zévaco: Les Pardaillan – Livre VI – Les Amours Du Chico

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Michel Zévaco Les Pardaillan – Livre VI – Les Amours Du Chico

Les Pardaillan – Livre VI – Les Amours Du Chico: краткое содержание, описание и аннотация

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La suite de Pardaillan et Fausta. Au cours de son ambassade à la Cour d'Espagne, Pardaillan est amené à protéger une jeune bohémienne, La Giralda, fiancée d'El Torero, Don César, qui n'est autre que le petit-fils secret et persécuté de Philippe II. Or, Fausta a jeté son dévolu sur El Torero pour mener à bien ses intrigues, et elle bénéficie de l'appui du Grand Inquisiteur Don Espinoza dans ses criminelles manoeuvres. Le chevalier est aidé dans cette lutte par le dévouement absolu d'un pauvre déshérité, le malicieux Chico et sa bien-aimée Juana…

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Si bien que le Chico ne put résister à la tentation, et comme elle souriait encore, preuve qu’elle n’était pas fâchée, il se laissa tomber sur les genoux.

Elle eut un sourire qu’il ne vit pas, un sourire où il y avait la joie du triomphe assuré et aussi un peu de pitié dédaigneuse tandis que dans son esprit elle clamait: «Tu y viendras! Tu y viens!».

Et le petit pied, dans son balancement, vint lui effleurer le visage. Car le mouvement de va-et-vient continuait comme si elle n’eût pas remarqué qu’ainsi agenouillé elle lui touchait la figure. Et toujours c’était la semelle qui se présentait à lui, qui lui frôlait le front, les joues, les lèvres, au hasard, comme pour dire: « C’est là que tu poseras tes lèvres, là où c’est maculé, là seulement.»

Du moins c’est ce que traduisit le Chico. Mais c’était un incorrigible timide que ce pauvre Chico. La pensée de toucher à ce petit pied sans son autorisation à elle ne lui venait même pas. Qu’eût-elle dit? Tiens!; Il était bien loin de se douter que s’il avait eu le courage de la prendre dans ses bras et de plaquer ses lèvres sur ses lèvres, elle lui eût probablement rendu son baiser, pâmée.

Mais comme la semelle passait encore un coup à portée de sa bouche, comme la tentation était trop forte, il réunit tout son courage, et d’une voix implorante:

– Si tu n’es pas fâchée, tu veux bien que…

Il ne put achever sa phrase. Brusquement la semelle s’était plaquée sur ses lèvres et les frottait avec une sorte de rage nerveuse, comme si elle eût voulu les écorcher, les faire saigner.

Si naïf et si timide qu’il fût, le Chico comprit cette fois. Ivre de joie, il posa ses lèvres partout sur cette semelle sans s’inquiéter de savoir si elle était maculée ou non. Tiens! il avait bien baisé la terre où s’était posé le soulier; il pouvait, à plus forte raison, baiser le soulier lui-même.

Et comme le pied se retirait lentement, semblant vouloir lui rationner son humble bonheur, il allongea la tête, le suivit des lèvres, se courbant davantage, jusqu’à poser sa face sur le bois du tabouret.

C’est là sans doute que voulait l’amener le petit pied, car il cessa de se dérober. Alors, avec un sourire triomphant, avec un soupir de joie satisfaite, elle leva son autre pied et le lui posa sur la tête, d’un air dominateur qui semblait dire: «Tu seras toujours ainsi sous mes pieds, puisque tu n’es bon qu’à cela. Je te dominerai toujours, toujours! car tu es ma chose, à moi!»

Et elle le maintint longtemps ainsi, et il y serait bien resté plus longtemps encore, le pauvre diable, tant il était heureux. Et c’était en plus puéril, en plus sincère, avec la violence en moins et la grâce mutine en plus, la répétition du geste de Fausta avec Centurion.

Son impérieux désir enfin satisfait, contente d’être arrivée à ses fins, elle éprouva soudain une gêne indéfinissable et comme de la honte aussi. Tout doucement, avec la crainte de lui faire mal, et explique cela qui pourra, avec le remords de le priver de ce pauvre bonheur, elle retira ses pieds.

Lui, heureux d’avoir obtenu plus qu’il n’aurait osé espérer, plus qu’il n’en avait jamais obtenu, en tout cas, la laissa faire, ne chercha pas à prolonger son bonheur, redressa la tête, et toujours agenouillé la contempla extasié.

Alors, toute rouge – de plaisir? de honte? de regret? qui peut savoir! – sans trop savoir ce qu’elle disait:

– Tu vois bien que je n’étais pas fâchée, dit-elle.

Et comme elle lui souriait doucement en disant cela, il s’enhardit un peu, se courba encore un coup, posa une dernière fois ses lèvres sur le bout du pied, qui se cachait timidement, et se releva enfin en disant très convaincu, avec un air de gratitude profonde:

– Tu es bonne! Tiens, bonne comme la Vierge.

Elle rougit davantage encore. Non, elle n’était pas bonne. Elle avait été mauvaise et méchante. Au lieu de la remercier, il devrait la battre, elle l’avait bien mérité. En se morigénant ainsi elle-même, elle voulut tenter un dernier effort, et, à brûle-pourpoint:

– Est-ce vrai que tu as voulu poignarder le Français?

À son tour il rougit comme si cette question eût été un reproche sanglant. Il baissa la tête et fit signe oui, d’un air honteux.

– Pourquoi? fit-elle avidement.

Elle espérait qu’il allait répondre enfin:

– Parce que je t’aime et que je suis jaloux!

Hélas! encore un coup le pauvre Chico laissa passer l’occasion. Il bredouilla:

– Je ne sais pas!

C’était fini. Il n’y avait plus rien à faire, rien à espérer. De nouveau le dépit déchaîna la fureur en elle. Elle se mit à trépigner, et rouge, de colère cette fois, elle cria:

– Encore! je ne sais pas! je ne sais pas! Tu m’agaces! Tiens, va-t’en! va-t’en!

Cette explosion de colère subite, après sa gentillesse de tout à l’heure le stupéfia. Il ne comprenait plus. Qu’avait-elle donc, bon Dieu! et que lui avait-il fait encore?

Comme il ne bougeait pas, dans son ébahissement, elle leva son petit poing et, le repoussant brutalement, le frappant avec rage, elle cria plus fort, en trépignant plus que jamais:

– Va-t’en! va-t’en!

Il courba l’échine et se retira humblement.

Or, s’il fût revenu à l’improviste, il eût pu voir deux larmes, des perles brillantes, couler lentement sur les joues roses de sa madone prostrée dans son fauteuil.

Mais le Chico n’aurait jamais eu l’audace de reparaître devant elle quand elle le chassait brutalement. Il s’en allait la mort dans l’âme, attendant que la tempête fût apaisée, et qu’elle lui fît signe pour accourir de nouveau se prêter à ses caprices et à ses humeurs.

Et puis, qui sait? Même s’il avait vu ces deux larmes, le Chico était si naïf – pour les choses de l’amour – il était si bien persuadé qu’on ne pouvait éprouver un sentiment sérieux pour un bout d’homme tel que lui, qu’il se fût imaginé que ces larmes coulaient encore pour le Français.

Et pourtant!…

II FAUSTA ET LE TORERO

Pendant que Pardaillan prenait un repos bien gagné, après une journée et une nuit aussi bien remplies, le Torero s’était rendu auprès de sa fiancée, la jolie Giralda.

Don César ne cessait d’interroger la jeune fille sur ce que lui avait dit cette mystérieuse princesse, au sujet de sa naissance et de sa famille, qu’elle prétendait connaître. Malheureusement la Giralda avait dit tout ce qu’elle savait et le Torero, frémissant d’impatience, attendait que la matinée fût assez avancée pour se présenter devant cette princesse inconnue, car il avait décidé d’aller trouver Fausta.

Vers neuf heures du matin, à bout de patience, le jeune homme ceignit son épée, recommanda à la Giralda de ne pas bouger de l’hôtellerie où elle se trouvait en sûreté, sous la garde de Pardaillan, et il sortit.

Sur le palier du premier étage, en passant devant la porte derrière laquelle Pardaillan dormait à poings fermés, il eut une seconde d’hésitation et il allongea la main vers le loquet pour entrer. Mais il n’acheva pas son geste, et, secouant la tête:

– Non! murmura-t-il, ce serait un crime de le réveiller pour si peu. Que me dirait-il d’ailleurs? Laissons-le reposer, il doit en avoir besoin; quoiqu’il ne se soit guère expliqué, j’ai idée qu’il a dû passer une nuit plutôt mouvementée.

Et il continua son chemin sur la pointe des pieds, descendit l’escalier intérieur en chêne sculpté, dont les marches, cirées à outrance, étaient reluisantes et glissantes comme le parquet d’une salle d’honneur de palais, et pénétra dans la cuisine.

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