« C’est ça. Monsieur Branch, est-ce que nous pouvons entrer un moment pour vous parler ? »
« Eh bien, ce n’est pas chez moi. C’est chez mon frère. Et je ne sais pas s’il… »
« Je ne sais pas si vous savez comment ça fonctionne, » dit Kate. « Nous aimerions entrer pour vous parler. On peut le faire ici ou, sur base de ce que nous savons à votre sujet, on peut le faire au commissariat de police de Deton. C’est vous qui choisissez. »
« Oh, » dit-il. Il avait l’air acculé, comme un animal traqué qui chercherait une porte de sortie. « Eh bien, alors, j’imagine que je peux… »
Il s’interrompit et leur claqua la porte au visage. Après le rapide sursaut de surprise qui s’ensuivit, Kate entendit des bruits de pas rapides dans la maison.
« Il prend la fuite, » dit Kate.
Mais avant qu’elle n’ait eu le temps de rouvrir la porte, DeMarco sautait déjà du porche et se précipitait vers l’arrière du mobile home. Kate sortit son arme, ouvrit la porte et entra.
Elle entendit des pas plus loin à l’arrière de l’habitation et le bruit d’une autre porte qui s’ouvrait. Une porte arrière, pensa Kate. J’espère que DeMarco va parvenir à l’intercepter.
Kate se rua à travers le mobile home et remarqua que ses suppositions étaient bien fondées. Il y avait une légère odeur d’herbe, mélangée à une odeur de bière renversée. Elle traversa la cuisine et entra dans un couloir qui menait à deux chambres à coucher. Là, au bout du couloir, une porte arrière était encore légèrement ouverte, indiquant qu’il était sûrement passé par là. Elle se précipita vers la porte et l’ouvrit entièrement, prête à se défendre si nécessaire. Mais elle avait vu de la peur dans les yeux de Jeremy. Il n’allait pas les attaquer, il avait l’intention de les semer. Et s’il parvenait jusqu’à la forêt qui ne se trouvait qu’à une quinzaines de mètres, il était très possible qu’il y parvienne.
Elle le vit qui courait en direction de l’orée du bois mais elle vit également DeMarco. Elle le rattrapait depuis le côté gauche de la maison. Elle n’avait pas pris la peine de sortir son arme ni de lui crier de s’arrêter. Kate fut stupéfaite par la rapidité de sa co-équipière. Elle courait à une vitesse qui surpassait largement celle de l’adolescent.
Elle le rattrapa juste au moment où Jeremy atteignait la première rangée d’arbres de la forêt. DeMarco tendit le bras, l’attrapa par l’épaule et le força à se retourner vers elle. Jeremy tourna sur lui-même comme une toupie et pivota à trois cent soixante degrés avant de perdre l’équilibre et de tomber au sol.
Kate se dépêcha de descendre la volée de marches branlantes qui se trouvaient à l’arrière du mobile home pour rejoindre DeMarco et l’aider à menotter Jeremy Branch.
« En prenant la fuite, » dit Kate, « tu nous incites à penser que tu as quelque chose à cacher. Et tu viens de rendre notre choix plus facile. On te posera nos questions au commissariat. »
Jeremy Branch resta silencieux. Il haletait pendant que DeMarco le remettait sur pieds, avec les poignets menottés derrière le dos. Il avait l’air abasourdi et désemparé, pendant qu’elles l’amenaient jusqu’à la voiture. Et quand il jeta un regard nerveux en arrière en direction du mobile home, Kate fut certaine qu’elles y trouveraient assez d’indices pour que Jeremy et son frère aient de gros ennuis, même en faisant abstraction de la disparition de Mercy Fuller.
***
Il ne fallut pas très longtemps pour fouiller la maison. Pendant que DeMarco restait à l’extérieur, Kate alla examiner les lieux et en moins de quinze minutes, elle trouva assez de preuves pour attirer de gros ennuis aux frères Branch.
Elle retrouva plus de deux cents grammes de cocaïne dans l’une des chambres à coucher, avec une demi-douzaine de pilules d’ecstasy. Dans l’autre chambre, elle trouva plusieurs petits sachets d’herbe, une douzaine de pilules d’ecstasy et quelques flacons d’analgésiques. Mais la cerise sur le gâteau, ce fut quand Kate trouva un petit carnet noir en-dessous du lit de la deuxième chambre à coucher. C’était un genre de livre de comptes, où était indiqué qui devait de l’argent et pour quoi.
Elle avait également déduit que la première chambre à coucher était celle de Jeremy Branch, en raison d’une photo plutôt provocatrice qui se trouvait à côté de son lit. On y voyait Jeremy et Mercy Fuller, pratiquement nue. Mais elle ne trouva aucun journal, ni ordinateur portable, et aucun signe qui pourrait indiquer qu’il était impliqué dans sa disparition ou dans la mort de ses parents.
Mais elle découvrit également autre chose. Quelque chose qui répondait au moins à une question. Dans la petite salle de bains à côté de la chambre de Jeremy, Kate trouva du dentifrice de voyage, du déodorant pour femme et une petite brosse à dents neuve. Apparemment, Mercy avait acheté ces articles pour les garder ici et couvrir toute trace qu’elle ait pu coucher avec un garçon avant de rentrer chez elle.
Elle ressortit du mobile home et traversa les hautes herbes jusqu’à la voiture. « Tous les articles de toilette de voyage sont dans la salle de bains de Jeremy. Apparemment, Mercy les gardait tous ici. »
« C’est… mignon, j’imagine ? »
« Ou un peu obsessionnel, » suggéra Kate, en s’asseyant derrière le volant. « Nous savons maintenant aussi une des raisons pour laquelle il a pris la fuite. »
À l’arrière de la voiture, Jeremy se mit à parler, d’une voix paniquée et remplie de peur. « Tout ça, c’est à mon frère. »
« Alors il en cachait un peu dans ta chambre, c’est ça ? »
« Oui, il vend de la drogue et… et… »
« Garde ta salive pour le commissariat, » dit Kate. « De toute façon, la drogue, c’est secondaire pour l’instant. »
« Je n’ai rien à voir avec ce qui est arrivé à Mercy ou à ses parents, » dit-il. « Je le jure. »
« J’espère, » dit Kate, en démarrant la voiture. « Mais on verra. »
Cette fois-ci, quand elles entrèrent dans le commissariat de Deton, le bureau de la réception était occupé par une femme qui semblait faire partie du décor depuis de nombreuses années. Elle avait facilement la soixantaine et quand elle leva les yeux vers Kate, DeMarco et Jeremy Branch, elle leur adressa un sourire bien rodé. Mais quand elle comprit à qui elle avait affaire, son sourire disparut et elle redevint tout de suite sérieuse.
« Vous êtes les agents ? » demanda-t-elle.
« Oui, madame, » dit DeMarco. « Vous savez où on peut mettre monsieur Branch ? »
« Pour l’instant, dans la salle d’interrogatoire. J’appellerai le shérif pour lui dire que vous êtes là. Suivez-moi. »
La femme les guida à travers l’espace de bureau ouvert et elles prirent le même couloir où Barnes les avait amenées plus tôt dans la journée. Elle ouvrit la porte de la deuxième salle sur leur droite. La pièce ressemblait beaucoup à celle où elles avaient rencontré l’officier Foster lors de leur première visite au commissariat. Il y avait une vieille table assez usée, avec une chaise de chaque côté.
« Assieds-toi, » dit DeMarco à Jeremy, en le poussant légèrement en direction de la table.
Jeremy obtempéra, sans résister. Quand il fut assis, il croisa ses mains menottées devant lui et les fixa des yeux.
« En quoi consistait votre relation avec Mercy Fuller ? » demanda Kate.
« Je la connaissais à peine. »
« J’ai vu une photo dans ta chambre qui prouve le contraire. »
« Et si je vous disais qu’elle était aussi… eh bien, aussi affectueuse avec la plupart des garçons ? »
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