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Au total, le corpus Pro 2F contient 70 455 contextes codés pour le schwa pour lesquels nous relevons 51 % d’élisions : les entretiens guidés contiennent 28 275 contextes codés (55 % d’élisions), le texte PFC 21 814 contextes (43 % d’élisions), le texte Pro 2F 11 984 contextes (51 % d’élisions) et la liste de mots Pro 2F 8 382 contextes (61 % d’élisions).
Pour l’analyse, nous avons choisi quatre contextes d’étude ( cf. tableau 14) qui peuvent clairement être classés d’après l’état de l’art : deux contextes où l’élision du schwa est attendue et deux autres où le schwa doit être réalisé. Pour ces contextes, le corpus fournit suffisamment de données permettant une analyse détaillée prenant en compte la variation lexicale et la progression de la 1 èreà la 6 èmeannée d’apprentissage.
Contexte |
Parole spontanée |
Lecture |
|
Texte PFC |
Texte Pro 2 F |
Liste Pro 2 F |
Élision obligatoire |
Syllabe interne après une consonne, p. ex. bêt(e)ment |
86 % (683/794) |
80 % (460/576) |
86 % (116/135) |
53 % (212/403) |
Finale absolue, p. ex. profond(e) |
98 % (1835/1866) |
97 % (678/698) |
95 % (744/781) |
93 % (4350/4700) |
Réalisation obligatoire |
Syllabe interne après deux consonnes, p. ex. gouvern e ment |
93 % (881/950) sans constructions figées : 30 % (25/83) parce que : 99 % (850/855) : autres constructions figées1 : 55 % (6/11) |
52 % (37/71) |
93 % (406/437) sans constructions figées : 81 % (116/144) parce que : 97 % (290/297) |
75 % (120/159) |
Clitique après deux consonnes, p. ex. au cours d e |
0,1 % (1/762) |
0,1 % (2/1986) |
0,3 % (2/638) |
0 % (0/27) |
Tab. 8 :
Le taux d’élision du schwa dans le corpus Pro 2F.
4.1.1 Élision du schwa obligatoire
En ce qui concerne l’élision obligatoire du schwa en finale absolue après une consonne, le taux d’élision atteint 98 % en parole spontanée et entre 93 % et 97 % en lecture ( cf. tableau 14). Les élèves autrichiens n’ont donc guère de problèmes avec l’élision obligatoire dans ce contexte. En parole spontanée, les seuls contextes pour lesquels on note des schwas réalisés sont les cas où les élèves les plus avancés (20 occurrences sur 32 entre la 4 èmeet la 6 èmeannée d’apprentissage) répètent un mot que l’enquêtrice native avait prononcé précédemment dans sa question avec un schwa prépausal caractéristique du français parisien ( cf. Hansen 1997), p. ex. E : Et qu’est-ce que tu aimes à Vienne ? 615 : À Vienne ? . Concernant la lecture du texte PFC, le schwa est le plus souvent réalisé (22 au total) à la fin des mots profonde (9 occ. sur 107) et stupide (6 occ. sur 129), donc après la plosive sonore [d]. Cette tendance se retrouve également dans la liste de mots, où la plupart des schwas sont également réalisés après [d], en l’occurrence dans les mots Andes et Inde . Ajoutons que pour ces mots le schwa final est, la plupart du temps, réalisé comme un [e]. Contrairement à la parole spontanée, les réalisations du schwa final en lecture se rencontrent principalement chez les élèves lors de leurs trois premières années d’apprentissage.
En ce qui concerne l’élision obligatoire du schwa en syllabe interne après une seule consonne, les taux d’élision sont considérablement plus faibles et ce particulièrement en lecture. Dans l’entretien guidé, le schwa est réalisé dans 112 cas. On note cependant ici un conditionnement lexical intéressant. En effet, parmi ces 112 cas, ce sont surtout les mots : all(e)mand(e)(s) , prom(e)nade(s) et aim(e)rais qui sont réalisés avec un schwa. De même que pour promenade(s) , les mots suivants apparaissent systématiquement avec un schwa interne dans le corpus : le verbe recevoir sous différentes formes, boulangerie et mangerons . Les mots suivants y figurent de manière conséquente sans schwa : seul(e)ment , arrondiss(e)ment(s) (27 occ.), Croqu(e)-Monsieur/Croqu(e)-Madame et méd(e)cin(s) . Nous n’observons pas dans ce contexte d’effet général du niveau d’apprentissage. Dans certains mots seulement, la réalisation avec schwa a lieu surtout chez les élèves lors de leur trois premières années d’apprentissage : allemand(e)(s) (27/30) et promenade (12/19). La forme aimerais , en revanche, n’apparaît que chez les élèves dans leur trois dernières années d’apprentissage (bien qu’enseignée dès la 1 èreannée).
Dans la lecture du texte PFC, le schwa interne est particulièrement souvent réalisé dans la forme du conditionnel indiqueraient – mot avec une seule réalisation sans schwa (par un élève de 6 èmeannée).1 Les autres cas impliquant très régulièrement un schwa réalisé sont bêtement et détachement, où le schwa se trouve également à la frontière de morphème (devant - ment ), ainsi que qu’est-ce qui et trente-six . Dans la lecture du texte Pro 2F, le schwa est prononcé 19 fois dans heureusement , donc également devant le suffixe - ment . La lecture de la liste de mots confirme ce constat avec 17 réalisations d’ heureusement avec voyelle. Par ailleurs, nous y trouvons 43 réalisations de schwa dans maintenant . Pour revenant (donc après le préfixe re- ), le schwa interne ne chute que dans 3 cas. Tout comme en parole spontanée, les résultats en lecture nous indiquent que le schwa interne est majoritairement réalisé par les élèves en début d’apprentissage (de la première à la troisième année d’étude) – mis à part revenant , où les réalisations se répartissent de manière égale sur tous les niveaux.
4.1.2 Réalisation du schwa obligatoire
En ce qui concerne la réalisation obligatoire du schwa en syllabe interne après deux consonnes, le schwa est élidé en parole spontanée dans 30 % des cas et en lecture entre 52 % et 81 % des cas. Ce contexte pose donc des problèmes aux apprenant.e.s. En termes de contextes linguistiques, dans les entretiens guidés, les 30 % d’élision concernent en grande partie le mot appart(e)ment(s) ; nous relevons également des élisions dans gouvern(e)ment et dans 5 adverbes en -ment ( correct(e)ment, direct(e)ment, exact(e)ment, just(e)ment, probabl(e)ment ). En lecture, nous retrouvons les mêmes mots : gouvern(e)ment dans le texte PFC (37 occ. sans schwa) ainsi qu’ appart(e)ment dans le texte Pro 2F (115 occ. sans schwa) et dans la liste de mots (110 occ. sans schwa). Dans ce contexte phonotactique, nous n’observons pas d’effet du niveau de compétence. En revanche, en ce qui concerne les clitiques après deux consonnes, le schwa ne s’élide que très rarement dans le corpus, ce qui est conforme à la norme de prononciation : on ne trouve que 5 cas d’élision dans la totalité du corpus. Ces cas se répartissent de la manière suivante : 1 en parole spontanée ( c(e) que ), 2 dans le texte PFC ( gloir(e) d (e) , risqu(ent) d (e) ) et 2 dans le texte Pro 2F ( bord d (e) la mer , 2 occ. ; schwa en question en gras). Ces occurrences ont été produites par des élèves en 1 ère, 4 ème, 5 èmeet 6 èmeannée d’apprentissage du français.
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