Guéshé Rabten
Vaincre l’égoïsme
Traduit du tibétain en anglais
par Gonsar Rimpoché
Version française traduite de l’anglais par Marie-Thérèse Guettab
Edité par des élèves
de Guéshé Rabten sous la direction de Gonsar Rimpoché
Le motif de la page de couverture représente une bannière de la victoire, une représentation en sable effectuée par des moines du monastère de Gandèn Shartsé (sud de l’Inde).
La bannière de la victoire est l’un des huit symboles de bon augure du bouddhisme tibétain, symbolisant les huit qualités du corps et de l’esprit. Elle représente d’une part le corps du Bouddha avec ses 112 signes de bon augure, et d’autre part les qualités de l’esprit qui a éliminé tous les obstacles et toute sorte de négativité, et qui a atteint la plus haute réalisation, source de toutes les qualités supérieures.
La technique de construction des images de sable fait partie des arts traditionnels du bouddhisme tibétain. Elle fut recommandée par Bouddha dans les grands Tantras comme étant propre à la construction des Mandalas, et fut maintenue jusqu’à ce jour dans les grands monastères tibétains.
Première édition française 2003
Tous droits réservés – imprimé en Suisse
© Edition Rabten, Le Mont-Pèlerin
e-mail: info@editionrabten.com
www.rabten.eu/xvCatalog_fr.htm
Composition et couverture : Edition Rabten
Photos : portrait en couverture, dessin en page 17 et page 41 :
Gonsar Rimpoché ; image en sable : effectué par Ruedi
Hofstetter
eBook Herstellung: Edition Rabten
www.rabten.eu
ISBN 3-905497-49-2
eBook: ISBN 978-2-88925-091-2
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A l’époque où le Vénérable Guéshé Rabten donna l’enseignement retranscrit ici, c’est-à-dire en 1972-1973, il n’existait en Europe aucun centre de Dharma de tradition tibétaine. Très rares étaient chez nous ceux qui manifestaient un intérêt pour le bouddhisme de sorte que les quelques lamas résidant alors dans nos contrées ne pouvaient être que des trésors quasi ignorés et silencieux.
En 1969, à Dharamsala, à la demande de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, le Vénérable Guéshé Rabten avait commencé à enseigner les premiers Occidentaux désireux de connaître le bouddhisme tibétain. Petit à petit, ces nouveaux disciples affluèrent de tous les coins du monde. Le Vénérable Guéshé Rabten qui s’était pourtant retiré pour méditer dans la montagne et se consacrer à des pratiques intensives, nous témoigna dès lors un amour et une bonté sans mesure. Sollicité chaque jour davantage par de nouveaux arrivants, il ne ménageait ni son temps, ni ses efforts pour faire pénétrer le sens du Dharma dans nos esprits ignorants. Il n’avait eu, au préalable, aucune connaissance de l’Occident et pourtant ses enseignements étaient si clairs et adaptés à nos mentalités qu’ils coulaient en nous comme une source fraîche et limpide.
Entre temps, plusieurs programmes d’enseignements pour Occidentaux se mettaient en place dont ceux dispensés à la Library of Tibetan Works and Archives.
Dharmasala était, à cette période, un petit village où nous formions une sorte de grande famille. Nous étions, pour la plupart très enthousiastes dans notre découverte du Dharma. Loin de tous les repères habituels de nos cultures d’origine, nous vivions une expérience un peu hors du temps dans un univers privilégié et, en quelque sorte, protégé, même si les conditions matérielles étaient parfois assez difficiles pour nous qui étions habitués à la facilité et au confort.
Malheureusement, excepté pour les ressortissants des pays du Common Wealth britannique qui obtenaient sans difficulté des permis de long séjour, les autres étrangers ne pouvaient généralement pas rester plus de six mois en Inde et nous vivions avec la crainte de voir arriver, du jour au lendemain, notre refus de prolongation de visa et de devoir plier bagages sans délai, en plein milieu d’enseignements que nous suivions assidûment.
Il était alors si rare et difficile de trouver en ce monde des Maîtres transmettant la pure parole du Bouddha que nous avions conscience, confusément peut-être, de ce qu’avait de précieux ce que nous risquions de perdre à tout moment…
Cet enseignement fut traduit du tibétain en anglais par le Vénérable Gonsar Rimpoché. La version originale n’ayant pas été conservée, j’ai basé ce travail sur la traduction française que j’en avais effectuée à l’époque. J’avançais alors pas à pas dans ma découverte du Dharma. J’espère toutefois n’avoir déformé ni les mots ni la pensée du Vénérable Guéshé Rabten. Je remercie très sincèrement le Vénérable Gonsar Rimpoché pour toutes les précisions et explications qui m’ont permis de mener à bien ce travail.
Marie-Thérèse Guettab
Traductrice pour la version française
Parmi les premiers Maîtres Kadampas, le grand Bodhisattva, Guéshé Tchékawa, fut l’un des plus admirables.
Il naquit dans un village appelé Loro en 1102, année du serpent de fer. Il était le fils d’une famille Nyingma et montra, dès la petite enfance, les signes caractéristiques d’un grand saint. Très jeune, il avait déjà acquis la maîtrise des pratiques religieuses de la tradition paternelle. Toutefois, cela ne le satisfit pas et il se mit à rechercher activement un Maître spirituel.
Il rencontra Retchoungpa, le principal disciple de Milarepa et pendant un certain temps, il reçut de lui tous les enseignements transmis par Milarepa à propos du nouveau système de Tantra.
A l’âge de 21 ans, il reçut l’ordination monastique du Maître Tsiworpa et prit le nom de Yéshé Dordjé. Il rendit visite à de nombreux Maîtres et grands traducteurs de son époque, tels que Ngok Lotsawa qu’il rencontra personnellement. Il éprouvait un intérêt particulier pour les systèmes philosophiques bouddhistes qu’il souhaitait vivement étudier. Avec beaucoup d’ardeur, il se consacra à leur étude approfondie sous la conduite de Maîtres tels que les Guéshés Tchène et Tcha Yulwa. Il en acquit une totale maîtrise et apprit par cœur près de cent grands textes.
Mais cela ne le satisfaisait toujours pas. Il pensait qu’il devait exister une méthode particulière qui permît d’atteindre l’éveil. Il reçut de Guéshé Gnang Chak des instructions sur les Huit Versets de l’entraînement de l’esprit , texte composé par le Maître Langri Thangpa. Une autre fois, il reçut de Guéshé Nèsourpa des enseignements sur le Lam Rim (La Voie progressive vers l’éveil) , sur les Annales bleues , ainsi que la transmission de nombreuses autres instructions propres à la tradition Kadampa.
Il se sentait particulièrement attiré par les Huit Versets de l’entraînement de l’esprit et se rendit à Lhassa pour y rencontrer le Guéshé Langri Thangpa qui, malheureusement, était mort entre temps. Il se mit alors à chercher qui pourrait avoir atteint les plus hautes réalisations des enseignements de ce Maître et rencontra le Maître Sharawa dans la région de Cho. Il était alors âgé de 30 ans.
Lorsqu’il arriva, le Maître Sharawa était en plein milieu d’un enseignement sur le Shravaka Boumi du Maître Asanga. Ecoutant ces enseignements, il les trouva plutôt compliqués et n’y vit aucune référence aux pratiques d’entraînement de l’esprit. Durant une pause, tandis que le Maître Sharawa faisait des circumambulations autour d’un stoupa, Tchékawa étendit sa cape sur le sol devant le Maître, le priant de se reposer quelques instants parce qu’il avait un conseil à lui demander. Le Maître Sharawa répondit qu’il avait déjà donné des conseils alors qu’il siégeait sur le trône durant l’enseignement et qu’il n’en avait pas d’autre à donner. Tchékawa reprit alors, disant qu’il avait découvert dans les Huit Versets de l’entraînement de l’esprit un passage énonçant :
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