– Je suis médecin, monsieur l’abbé, dit Polidori. L’état de Jacques Ferrand demande de grands soins, je les lui donnerai.
Le notaire tressaillit.
– Un peu de repos vous remettra, je l’espère, dit le curé. Je vous laisse; mais avant, je vais vous donner le reçu de cette somme.
Pendant que le prêtre écrivait le reçu, Jacques Ferrand et Polidori échangèrent un regard impossible à rendre.
– Allons, bon courage, bon espoir! dit le prêtre en remettant le reçu à Jacques Ferrand. D’ici à bien longtemps, Dieu ne permettra pas qu’un de ses meilleurs serviteurs quitte une vie si utilement, si religieusement employée. Demain je reviendrai vous voir. Adieu, monsieur… adieu, mon ami… mon digne et saint ami.
Le prêtre sortit.
Jacques Ferrand et Polidori restèrent seuls.
Fin de la huitième partie
(1842 – 1843)
[1]Poignard.
[2]De ta conscience.
[3]Nous dénoncer.
[4]Le diable.
[5]On se souvient peut-être qu’on pouvait lire, il y a quelques années, sur tous les murs et dans tous les quartiers de Paris le nom de Crédeville, ainsi écrit par suite d’une charge d’ateliers.
[6]Deux danseuses de la Porte-Saint -Martin, amies de Cabrion, vêtues de maillots et d’un costume de ballet.
[7]Le lecteur se souvient que, trompée par l’émissaire de Sarah, qui lui avait dit que Fleur-de-Marie avait quitté Bouqueval par ordre du prince, M meGeorges était sans inquiétude sur sa protégée, qu’elle attendait de jour en jour.
[8]Louis Desnoyers.
[9]Salaire élevé, si l’on songe que, défrayé de tout, le condamné peut gagner de 5 à 10 sous par jour. Combien est-il d’ouvriers qui puissent économiser une telle somme?
[10]Du plomb volé.
[11]Le juge.
[12]Le bourreau.
[13]Des grands voleurs.
[14]Dénoncé. On se souvient que Germain, élevé pour le crime par un ami de son père, le Maître d’école, ayant refusé de favoriser un vol que l’on voulait commettre chez le banquier où il était employé à Nantes, avait instruit son patron de ce qu’on tramait contre lui et s’était réfugié à Paris. Quelques temps après, ayant rencontré dans cette ville le misérable dont il avait refusé d’être le complice à Nantes, Germain, épié par lui, avait manqué d’être victime d’un guet-apens nocturne. C’était pour échapper à de nouveaux dangers qu’il avait quitté la rue du Temple et tenu secret son nouveau domicile.
[15]Forcer à donner de l’argent en menaçant de faire certaines révélations.
[16]On vient de trouver, assure-t-on, le moyen de préserver les malheureux ouvriers voués à ces effroyables industries. (Voir le Mémoire descriptif d’un nouveau procédé de fabrication de blanc de céruse, présenté à l’Académie des sciences, par M. J.-N. Gannal.)
[17]En chambre particulière. Les prévenus qui peuvent faire cette dépense obtiennent cet avantage.
[18]Par une excellente mesure hygiénique d’ailleurs, chaque prisonnier est, à son arrivée, et ensuite deux fois par mois, conduit à la salle de bains de la prison; puis on soumet ses vêtements à une fumigation sanitaire. Pour un artisan, un bain chaud est une recherche d’un luxe inouï.
[19]À ce propos, nous éprouvons un scrupule. Cette année, un pauvre diable, seulement coupable de vagabondage, et nommé Decure, a été condamné à un mois de prison; il exerçait en effet, dans une foire, le métier de squelette ambulant, vu son état d’incroyable et épouvantable maigreur. Ce type nous a paru curieux, nous l’avons exploité; mais le véritable squelette n’a moralement aucun rapport avec notre personnage fictif. Voici un fragment de l’histoire de l’interrogatoire de Decure:
Le président: Que faisiez-vous dans la commune de Maisons au moment de votre arrestation?
R.: Je m’y livrais, suivant la profession que j’exerce de squelette ambulant, à toutes sortes d’exercices, pour amuser la jeunesse; je réduis mon corps à l’état de squelette, je déploie mes os et mes muscles à volonté; je mange l’arsenic, le sublimé-corrosif, les crapauds, les araignées, et en général tous les insectes; je mange aussi du feu, j’avale de l’huile bouillante, je me lave dedans, je suis au moins une fois par an appelé à Paris par les médecins les plus célèbres, tels que MM. Dubois, Orfila, qui me font faire toutes sortes d’expériences avec mon corps, etc. ( Bulletin des tribunaux.)
[20]Dénoncé.
[21]La police.
[22]Un homme complice ou instigateur d’un crime, qu’il dénonce ensuite à l’autorité, est un mangeur.
[23]À perpétuité.
[24]Trahi.
[25]Dénoncer les voleurs.
[26]Causer avec son avocat.
[27]De la victime.
[28]Repris de justice arrêté de nouveau.
[29]Juges.
[30]Pour comprendre le sens de cette horrible plaisanterie, il faut savoir que le couperet glisse entre les rainures de la guillotine après avoir été mis en mouvement par la défense d’un ressort au moyen d’un cordon qui y est attaché.
[31]Du diable.
[32]La guillotine.
[33]Assassins.
[34]Nous maintenons ce barbarisme, l’expression de cécité s’appliquant à une maladie accidentelle ou à une infirmité naturelle; tandis que ce dérivé du verbe aveugler rend mieux notre pensée, l’action d’aveugler.
[35]Mon père, le docteur Jean-Joseph Sue, croyait le contraire: une série d’observations intéressantes et profondes, publiées par lui à ce sujet, tendent à prouver que la pensée survit quelques minutes à la décollation instantanée. Cette probabilité seule fait frissonner d’épouvante.
[36]Nous l’avons manquée.
[37]Vol préparé de longue main.
[38]Honnête homme.
[39]Les honnêtes gens.
[40]Tel est le régime alimentaire des prisons au repas du matin, chaque détenu reçoit une écuellée de soupe maigre ou grasse, trempée avec un demi-litre de bouillon. Au repas du soir, une portion de bœuf d’un quarteron, sans os, ou une portion de légumes, haricots, pommes de terre, etc.; jamais les mêmes légumes deux jours de suite. Sans doute les détenus ont droit, au nom de l’humanité, à cette nourriture saine et presque abondante… Mais, répétons-le, la plupart des ouvriers les plus laborieux, les plus rangés, ne mangent pas de viande et de soupe dix fois par an.
[41]Voir les notes à la fin de l’ouvrage.
[42]Qu’on nous permette de mentionner ici avec une vénération profonde le nom de ce grand homme de bien, M. Champion, que nous n’avons pas l’honneur de connaître personnellement, mais dont tous les pauvres de Paris parlent avec autant de respect que de reconnaissance.
[43]On ignore peut-être que la classe ouvrière porte généralement un tel respect à la chose due que les vampires qui lui prêtent à la petite semaine au taux énorme de 300 à 400% n’exigent aucun engagement écrit; et qu’ils sont toujours religieusement remboursés. C’est surtout à la Halle et dans les environs que s’exerce cette abominable industrie.
[44]Notre projet, sur lequel nous avons consulté plusieurs ouvriers aussi honorables qu’éclairés est bien imparfait sans doute, mais nous le livrons aux réflexions des personnes qui s’intéressent aux classes ouvrières, espérant que le germe d’utilité qu’il renferme (nous ne craignons pas de l’affirmer) pourra être fécondé par un esprit plus puissant que le nôtre.
[45]Nous empruntons les renseignements suivants à un éloquent et excellent travail publié par M. Alphonse Esquiros dans la Revue de Paris du 11 juin 1843. «La moyenne des articles engagés pour trois francs chez les commissionnaires des VIII eet XII earrondissements est au moins de cinq cents dans un jour. La population ouvrière, réduite à d’autres faibles ressources, ne retire donc du mont-de-piété que des avances insignifiantes en comparaison de ses besoins. Aujourd’hui les droits du mont-de-piété s’élèvent, dans les cas ordinaires, à 13%; mais ces droits augmentent dans une proportion effrayante si le prêt, au lieu d’être annuel, est fait pour un temps moins long. Or, comme les articles déposés par la classe pauvre sont, en général, des objets de première nécessité, il résulte qu’on les apporte et qu’on les retire presque aussitôt; il est des effets qui sont régulièrement engagés et dégagés une fois par semaine. Dans cette circonstance, supposons un prêt de 3 francs; l’intérêt payé par l’emprunteur sera alors calculé sur le taux de 294% par an. L’argent qui s’amasse, chaque année, dans la caisse du mont-de-piété tombe incontinent dans celle des hospices: cette somme est très-considérable. En 1840, année de détresse, les bénéfices se sont élevés à 422 215 francs. On ne peut nier, dit en terminant M. Esquiros avec une haute raison, que cette somme n’ait une destination louable, puisque venant de la misère elle retourne à la misère; mais on se fait néanmoins cette question grave: si c’est bien au pauvre qu’il appartient de venir au secours du pauvre! Disons enfin que M. Esquiros, tout en réclamant de grandes améliorations à établir dans l’exercice du mont-de-piété, rend hommage au zèle du directeur actuel, M. Delaroche, qui a déjà entrepris d’utiles réformes.
Читать дальше