— Sauf que j’ai fait ce rêve avant que tu réveilles tout le monde avec tes hurlements…
À midi, un autre message violet se détachait sur le panneau d’affichage. Pour une fois, il ne citait pas son journal :
Jette un coup d’œil aux petites annonces.
— Quelles petites annonces ? s’étonna Bonnie.
À ce moment, Meredith les rejoignit, brandissant le dernier exemplaire de Wildcat Weekly , l’hebdomadaire du lycée.
— Vous avez vu ça ? demanda-t-elle, tout excitée. Elle leur montra un texte sans signature ni destinataire.
— Je ne supporte pas l’idée de le perdre mais s’il n’a pas assez confiance en moi pour me parler de ses problèmes, je ne vois pas comment ça peut marcher entre nous.
Elena était folle de rage. Elle avait des envies de meurtre envers le salaud qui s’amusait à la tourmenter. Elle s’imaginait déjà en train de lui tirer violemment les cheveux en arrière pour lui planter ses dents vengeresses dans le cou. Tout au plaisir de cette horrible et délicieuse vision, elle en oublia ses amies, qui la dévisageaient avec stupeur.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle, troublée.
— Tu pourrais écouter ce qu’on te raconte, s’exaspéra Bonnie, je disais donc que, d’après moi, ce n’est pas le genre de Da… , enfin de l’assassin d’agir comme ça. C’est trop mesquin.
— Pour une fois, je crois que tu as raison, approuva Meredith. Ça m’a tout l’air d’un règlement de compte. C’est quelqu’un qui a visiblement une dent contre toi et qui est prêt à toutes Ses vacheries pour te nuire.
— C’est forcément un élève du lycée, conclut On est obligé de remplir on formulaire en salle de journalisme pour faire passer une annonce.
— Et cette personne doit savoir que j’écris un journal intime, ajouta Bonnie. Elle était sûrement en cours arec toi un jour où tu l’as sorti. Par exemple, quand Tanner a failli te choper.
— C’est d’ailleurs ce qu’a fait la prof de maths, dit Elena. Elle a même lu un passage à voix haute. Et ça concernait Stefan, en plus… On sortait ensemble depuis peu. Mais… j’y pense Bonnie. Le soir du vol, combien de temps vous êtes-vous absentés du salon ?
— Juste quelques minutes. Je n’entendais plus mon chien aboyer. On est allées voir dans le jardin, et c’est la qu’on l’a découvert… acheva tristement Bonnie.
— Alors, ça veut dire que le voleur est déjà venu chez toi Bonnie ! s’exclama Meredith. Sinon, comment expliquer qu’il a pu si rapidement s’emparer du journal et disparaître. Il connaissait les lieux, c’est évident ! Donc, si on résume le voleur connaît la maison de Bonnie, a au moins un cour en commun avec toi, du genre mesquin, et t’en veut au point de… Oh, Je sais !
Les trois amies se regardèrent : la réponse leur vint en même temps.
— Mais oui, murmura Bonnie. C’est obligé !
— On est vraiment trop bêtes ! ajouta Meredith. Ça fait longtemps qu’on aurait dû deviner. La rage d’Elena s’était changée en fureur.
— Caroline, souffla-t-elle entre ses dents.
Une envie incontrôlable d’aller étrangler la coupable la saisit Elle partait de ce pas la punir ! Meredith la retint par le bras.
— Attends la fin des cours. On s’expliquera avec elle dans un endroit tranquille. Tu peux tenir jusque-là, quand même !
Sur le chemin de la cafétéria, Elena aperçut la présumée voleuse disparaître en direction des salles de travaux. Elle se rappela alors ce que Stefan lui avait dit en début d’année, Caroline l’avait souvent emmené au labo photo à l’heure de déjeuner.
— Allez-y, déclara-t-elle à Bonnie et Meredith qui venaient de prendre leur plateau. Je vous rejoins.
El le ne leur laissa pas le temps de protester et se lança à la poursuite de Caroline. La porte du labo photo n’était pas fermée à clé, bien que plongée dans l’obscurité. Elle tourna tout doucement la poignée et se glissa à l’intérieur sur la pointe des pieds. Qu’est-ce que Caroline pouvait bien faire dans le noir ? Encore fallait-il qu’elle soit là…
Au premier coup d’œil, la salie était déserte. Mais, en tendant l’oreille, Elena perçut un murmure provenant d’une porte entrebâillée qui donnait sur la chambre noire. Elle s’approcha à pas de loup et entendit distinctement une voix. Celle de Caroline.
— Comment peux-tu être sûr quelle sera choisie ? Une voix masculine lui répondit :
— Mon père fait partie du conseil d’administration du lycée. Je m’arrangerai pour que ce soit elle.
Elena ne mit pas beaucoup de temps à reconnaître l’interlocuteur de Caroline : Tyler Smallwood. Son père, un avocat renommé, était membre d’une quantité de comités.
— Et puis, de toute façon, qui veux-tu que ce soit d’autre ? continua-t-il. L’élève qui doit représenter Fell’s Church est censée être belle et intelligente.
— Et moi, ce n’est pas ce que je suis, peut-être ?
— Écoute, si tu tiens absolument à être choisie défiler à côté du maire à la commémoration du lycée OK. Mais alors, tu n’auras pas le plaisir de voir Stefan trahi par le journal de sa copine et chassé de la ville…
— Je n’ai pas la patience d’attendre jusque-là.
— Mais tu ne comprends pas ! répliqua Tyler avec un soupir impatient. Ça gâchera par la même occasion cette fête ridicule. Les Fell’s sont des usurpateurs. Ils n’ont pas le droit à tous ces honneurs. Ce sont les Smallwood les véritables fondateurs de la ville : ils étaient là les premiers.
— Je me fous de savoir qui a fondé Fell’s Church. Tout ce que je veux c’est qu’Elena soit humiliée devant tout je monde.
— Quant à Salvatore… , ajouta Tyler, les yeux brillants de haine, il risque de passer un sale quart d’heure quand tout le monde aura la preuve de sa culpabilité. D’ailleurs, tu es sûre que c’est écrit noir sur blanc dans le journal ?
La voix de Tyler était si vibrante de méchanceté qu’Elena en eut froid dans le dos.
— Mais oui ! Je te l’ai déjà expliqué vingt fois : elle a laissé son ruban le 2 septembre dans le cimetière. Stefan la trouvé le jour même. Or, le pont Wickery se trouve juste à côté. C’est donc la preuve formelle que Stefan rôdait dans les parages le 2 septembre, le jour où le vieux a été agressé. Et tout le monde sait déjà qu’il était la quand Vickie et Tanner ont été attaqués. C’est assez clair comme ça non ?
— Ça ne tiendra jamais la route devant un tribunal. Il faut que je rassemble des preuves plus convaincantes.
— Par exemple, demander à Mme Flowers à quelle heure il est rentré cette nuit-là.
— On s’en fout ! La plupart des gens le soupçonne déjà. Le journal parle d’un mystérieux secret : il ne leur faudra pas longtemps pour tirer leurs conclusions.
— Tu le gardes en lieu sûr, j’espère ?
— Non, non. Il traîne chez moi bien en évidence sur la table du salon… Tu me prends vraiment pour une débile, ou quoi ?
— En tout cas, tu l’es assez pour narguer Elena avec des messages à la con.
Ses paroles furent aussitôt suivies par le froissement d’un papier journal.
— Non mais, regarde-moi ça ! reprit Tyler. T’es tarée ou quoi ? Faut que tu arrêtes tout de suite ! Et si elle découvre que c’est toi, hein ?
— Et alors, qu’est-ce qu’elle peut me faire ? Me dénoncer aux flics ?
— Peu importe ! Tu dois m’écouter et attendre patiemment jusqu’à la commémoration. Tu verras la tête qu’elle va faire… Exit la pétasse…
— Et exit Stefan Salvatore. Au fait, qu’est-ce que tu crois qu’ils vont lui faire ? Pas trop de mal, quand même ?
— T’occupe pas de ça. Mes potes et moi, on s’en charge. Contente-toi de jouer ton rôle.
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