George Martin - Un festin pour les corbeaux

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Un festin pour les corbeaux: краткое содержание, описание и аннотация

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Lady Brienne, dite la pucelle de Torth, poursuit la quête désespérée dont l’a chargée Jaime Lannister. Accompagnée du septon Meribal, de Podrick, son fidèle écuyer, et de Ser Hyle, elle arpente sans relâche le royaume à la recherche de Sansa Stark. Mais à défaut de la fille, c’est la mère, Catelyn, qu’elle trouvera… ou du moins ce qu’il en reste.
Car Sansa, depuis le régicide auquel elle a été mêlée à son insu, se cache au Val d’Arryne, sous l’identité d’Alayne Stone, prétendue bâtarde de Lord Petyr Baelish,
. Plus pour longtemps, cependant : ce dernier a concocté un plan qui, s’il fonctionne, devrait faire revenir la jeune fille sur le devant de la scène.
Et pendant que tous les Loups s’agitent, Cersei Lannister tente de maintenir en un seul morceau l’empire qu’a laissé Lord Tywin, son père. N’a-t-elle pas joué une fois de trop avec le feu en réarmant la Foi et ses ecclésiastiques pour le moins radicaux ?
Un festin pour les corbeaux
Trône de Fer

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A l’intérieur, Osney Potaunoir était suspendu au plafond par une paire de lourdes chaînes de fer et s’y balançait, nu. On l’avait fouetté. Il ne lui restait pour ainsi dire plus de peau sur le dos ni sur les épaules, et il avait aussi des cinglures et des lacérations qui s’entrecroisaient sur ses jambes et ses fesses.

La reine pouvait à peine supporter de le regarder. Elle se tourna vers le Grand Septon. « Qu’avez-vous fait là ?

— Nous avons cherché à connaître la vérité, le plus sérieusement du monde.

— Il vous a dit la vérité. Il est venu vous voir en toute liberté, de son propre mouvement, pour vous confesser ses péchés.

— Oui. Il a fait cela. J’ai entendu bien des confessions, Votre Grâce, mais j’ai rarement entendu quelqu’un qui soit aussi content d’être aussi coupable.

— Vous l’avez fouetté !

— Il ne saurait y avoir de pénitence sans souffrance. Nul être humain ne devrait s’épargner la discipline, ainsi que je l’ai dit à ser Osney. Je me sens rarement aussi proche de la divinité que lorsque je me fais flageller pour peine de ma propre perversité, encore que mes péchés les plus noirs ne soient en aucune façon aussi ténébreux que les siens.

— M-m-mais, bredouilla-t-elle, vous prônez la miséricorde de la Mère…

— Ser Osney goûtera de ce lait suave après cette vie. Il est écrit dans L’Etoile à sept branches que tous les péchés peuvent être pardonnés, mais que les crimes doivent être néanmoins punis. Osney Potaunoir est coupable de trahison et de meurtre, et le salaire de la trahison est la mort. »

Il n’est qu’un prêtre, il n’a pas le droit de s’arroger ce pouvoir. « Il n’appartient pas à la Foi de condamner un homme à mort, quelle que soit sa faute.

— Quelle que soit sa faute. » Le Grand Septon répéta lentement la formule, comme pour en soupeser les termes. « Chose étrange à dire, Votre Grâce, plus nous avons apporté de diligence à lui appliquer la discipline, plus les fautes de ser Osney ont eu l’air de se modifier. Il voudrait à présent nous faire accroire qu’il n’a jamais touché Margaery Tyrell. N’est-ce pas, ser Osney ? »

Osney Potaunoir ouvrit les yeux. Quand il vit que la reine se tenait là, devant lui, il passa sa langue sur ses lèvres enflées et dit : « Le Mur. Vous m’avez promis le Mur.

— Il est fou, fit Cersei. Vous l’avez rendu fou.

— Ser Osney, reprit le Grand Septon d’une voix ferme et claire, avez-vous eu des relations charnelles avec la reine ?

— Ouais. » Les chaînes ferraillèrent à petit bruit quand Osney se tortilla dans ses fers. « Celle qu’est là. C’est celle-là, la reine que je m’ai baisée, celle-là qui m’a envoyé zigouiller le vieux Grand Septon. Il avait jamais de gardes. J’ai eu qu’à entrer pendant qu’il dormait puis qu’à lui plaquer un oreiller sur la figure. »

Cersei pivota sur elle-même et s’enfuit.

Le Grand Septon tenta de la saisir, mais il n’était qu’un vieux moineau, et elle était une lionne du Roc. Elle l’écarta d’une poussée et franchit la porte en trombe tout en la claquant, vlan ! derrière elle. Les Potaunoir, j’ai besoin des Potaunoir, je dépêcherai Osfryd avec les manteaux d’or et Osmund avec la Garde Royale, Osney niera tout aussitôt qu’ils l’auront détaché, et je me débarrasserai de ce Grand Septon-là comme je me suis déjà débarrassée de son prédécesseur. Les quatre vieilles septas lui bloquèrent le passage et s’agrippèrent à elle de leurs mains fripées. Elle en flanqua une première par terre et griffa le museau d’une seconde avant de gagner l’escalier. Elle était parvenue à mi-hauteur lorsqu’elle se rappela lady Merryweather. Cela la fit trébucher, haletante. Les Sept me préservent ! pria-t-elle. Taena est au courant de tout. S’ils s’emparent aussi d’elle et la fouettent…

Sa course la mena jusqu’au septuaire, mais pas au-delà. Des femmes s’y trouvaient à l’attendre, d’autres septas, ainsi que des sœurs silencieuses, et toutes plus jeunes que les quatre vieilles sorcières d’en bas. « Je suis la reine ! cria-t-elle, tout en reculant pour les esquiver. Vous me paierez ça de vos têtes. Vous me le paierez de vos têtes à toutes. Laissez-moi passer ! » Cela ne les empêcha nullement de porter la main sur sa personne. Elle se précipita vers l’autel de la Mère, mais c’est là qu’elles l’attrapèrent, une vingtaine elles étaient, puis la traînèrent, ruant et se débattant, vers le haut des escaliers de la tour. Une fois parvenues à l’intérieur de la cellule, trois sœurs silencieuses la maintinrent au sol, pendant qu’une certaine Septa Scolera la mettait entièrement à poil, allant même jusqu’à lui ôter ses sous-vêtements. Une autre septa lui jeta une chemise de bure grossière. « Vous n’avez pas le droit de faire cela, persistait à leur glapir Cersei. Je suis une Lannister, lâchez-moi, mon frère vous tuera, Jaime vous fendra en deux de la gorge au con, lâchez-moi ! Je suis la reine !

— La reine devrait prier », dit Septa Scolera, avant de se retirer avec les autres et de l’abandonner seule et nue dans le froid et l’obscurité.

Cersei n’était pas une agnelle à la Margaery Tyrell pour endosser sa petite chemise et se soumettre à une semblable captivité. Je vais leur apprendre quel sens ça a de mettre un lion en cage, songea-t-elle. Elle déchira la chemise en une multitude de lambeaux, découvrit une cruche d’eau et la réduisit en miettes contre le mur puis fit subir le même sort au pot de chambre. Personne ne s’étant dérangé pour autant, elle entreprit de marteler la porte à coups de poing. Son escorte était en bas, là, sur l’esplanade : dix gardes Lannister et ser Boros Blount. Lorsqu’ils m’entendront, ils viendront me délivrer, et nous retournerons au Donjon Rouge en traînant enchaîné derrière nous le maudit Grand Moineau.

Elle distribua force coups de pied, poussa des rugissements et des hurlements stridents tant à la porte qu’à la fenêtre jusqu’au point d’en avoir la gorge à vif, mais nul cri ne lui fit écho, et personne ne vint à sa rescousse. Les ténèbres envahissaient peu à peu la cellule. Le froid devenait lui aussi plus vif. Cersei commença à frissonner. Comment peuvent-ils me laisser comme ça, sans même ne serait-ce qu’un peu de feu ? Je suis leur reine. Elle se mit à déplorer d’avoir réduit à néant la chemise qu’on lui avait donnée. Il y avait sur la paillasse installée dans l’angle une mince couverture, une misérable chose élimée de lainage marron. C’était rêche et râpeux, mais elle n’avait rien d’autre. Et à peine se fut-elle pelotonnée dessous pour réprimer ses frémissements qu’elle avait déjà sombré dans un sommeil éreinté.

Lorsqu’elle reprit conscience, une main la secouait sans ménagement pour la réveiller. Il faisait un noir de poix dans la cellule, et une géante affreuse était agenouillée au-dessus d’elle, un bougeoir à la main. « Qui êtes-vous ? demanda la reine. Etes-vous venue pour me remettre en liberté ?

— Je suis Septa Unella. Je suis venue pour vous entendre parler de tous vos meurtres et fornications. »

Cersei lui balaya violemment la main. « J’aurai votre tête. Ne vous permettez pas de me toucher. Sortez. »

La femme se leva. « Votre Grâce. Je serai de retour dans une heure. Peut-être qu’alors vous serez prête à vous confesser. »

Une heure et une heure et une heure. Ainsi s’écoula la plus longue nuit que Cersei Lannister eût jamais connue, mis à part la nuit des noces de Joffrey. Ses vociférations lui avaient mis la gorge tellement en feu qu’elle pouvait à peine avaler. Le froid de la cellule se faisait glacial. Comme elle avait fracassé le pot de chambre, il lui fallait s’accroupir dans un coin pour faire son eau et la regarder ruisseler sur le sol. Chaque fois qu’elle fermait les yeux, la silhouette menaçante d’Unella se penchait de nouveau sur elle pour la secouer et lui demander si d’aventure elle ne souhaitait pas enfin confesser ses péchés.

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