George R.R. Martin
Les Brigands
Pour Phyllis,
qui m’a fait inclure les dragons
Maison Targaryen (le dragon):
Le prince Viserys, héritier « légitime » des Sept Couronnes, tué par le khal dothraki Drogo, son beau-frère
La princesse Daenerys, sa sœur, veuve de Drogo, « mère des Dragons », prétendante au Trône de Fer
Maison Baratheon (le cerf couronné):
Le roi Robert, dit l’Usurpateur, mort d’un « accident de chasse » organisé par sa femme, Cersei Lannister
Le roi Joffrey, leur fils putatif, issu comme ses puînés Tommen et Myrcella de l’inceste de Cersei avec son jumeau Jaime
Lord Stannis, seigneur de Peyredragon, et lord Renly, seigneur d’Accalmie, tous deux frères de Robert et prétendants au trône, le second assassiné par l’intermédiaire de la prêtresse rouge Mélisandre d’Asshaï, âme damnée du premier
Maison Stark (le loup-garou):
Lord Eddard (Ned), seigneur de Winterfell, ami personnel et Main du roi Robert, décapité sous l’inculpation de félonie par le roi Joffrey
Lady Catelyn (Cat), née Tully de Vivesaigues, sa femme
Robb, leur fils aîné, devenu, du fait de la guerre civile, roi du Nord et du Conflans
Brandon (Bran) et Rickard (Rickon), ses cadets, présumés avoir péri assassinés de la main de Theon Greyjoy
Sansa, sa sœur, retenue en otage à Port-Réal comme «fiancée» du roi Joffrey
Arya, son autre sœur, qui n’est parvenue à s’échapper que pour courir désespérément les routes du royaume
Benjen (Ben), chef des patrouilles de la Garde de Nuit, réputé disparu au-delà du Mur, frère d’Eddard
Jon le Bâtard (Snow), expédié au Mur et devenu là aide-de-camp du lord Commandant Mormont, fils illégitime officiel de lord Stark et d’une inconnue
Maison Lannister (le lion):
Lord Tywin, seigneur de Castral Roc, Main du roi Joffrey
Kevan, son frère (et acolyte en toutes choses)
Jaime, dit le Régicide, membre de la Garde Royale et amant de sa sœur Cersei, Tyrion le nain, dit le Lutin, ses fils
Maison Tully (la truite):
Lord Hoster, seigneur de Vivesaigues, mourant depuis de longs mois
Brynden, dit le Silure, son frère
Edmure, Catelyn (Stark) et Lysa (Arryn), ses enfants
Maison Tyrell (la rose):
Lady Olenna Tyrell (dite la reine des Epines), mère de lord Mace
Lord Mace Tyrell, sire de Hautjardin, passé dans le camp Lannister après la mort de Renly Baratheon
Lady Alerie Tyrell, sa femme
Willos, Garlan (dit le Preux), Loras (dit le chevalier des Fleurs, et membre de la Garde Royale), leurs fils
Margaery, veuve de Renly Baratheon et nouvelle fiancée du roi Joffrey, leur fille
Maison Greyjoy (la seiche):
Lord Balon Greyjoy, sire de Pyk, autoproclamé roi des îles de Fer et du Nord après la chute de Winterfell
Asha, sa fille
Theon, son fils, ancien pupille de lord Eddard, preneur de Winterfell et « meurtrier » de Bran et Rickon Stark
Euron (dit le Choucas), Victarion, Aeron (dit Tifs-trempes), frères puînés de lord Balon
Maison Bolton (l’écorché):
Lord Roose Bolton, sire de Fort-Terreur, vassal de Winterfell, veuf sans descendance et remarié récemment à une Frey
Ramsay, son bâtard, alias Schlingue, responsable, entre autres forfaits, de l’incendie de Winterfell
Maison Mervault:
Davos Mervault, dit le chevalier Oignon, ancien contrebandier repenti puis passé au service de Stannis Baratheon et plus ou moins devenu son homme de confiance, sa « conscience » et son conseiller officieux
Dale, Blurd, Matthos et Maric (disparus durant la bataille de la Néra), Devan, écuyer de Stannis, les petits Stannis et Steffon, ses fils
Maison Tarly:
Lord Randyll Tarly, sire de Corcolline, vassal de Hautjardin, allié de lord Renly puis des Lannister
Samwell, dit Sam, son fils aîné, froussard et obèse, déshérité en faveur du cadet et expédié à la Garde de Nuit, où il est devenu l’adjoint de mestre Aemon (Targaryen), avant de suivre l’expédition de lord Mormont contre les sauvageons
Des centaines – voire des milliers – de milles séparent parfois les personnages par les yeux desquels est contée la geste de la Glace et du Feu. Certains chapitres couvrent une journée, certains seulement une heure, d’autres peuvent s’étendre sur une quinzaine, un mois ou six. Dans ce type de structure, la narration ne saurait recourir à des séquences strictes ; il arrive que des événements importants se déroulent simultanément à mille lieues les uns des autres.
Pour ce qui concerne le présent volume, le lecteur doit avoir à l’esprit que les chapitres initiaux suivent moins les chapitres conclusifs de L’Invincible Forteresse qu’ils ne les chevauchent. Je jette d’abord un regard sur certains des faits survenus au Poing des Premiers Hommes, à Vivesaigues, Harrenhal et dans le Trident pendant que se déroulait à Port-Réal la bataille de la Néra puis après celle-ci…
George R.R. Martin
Il faisait gris et un froid mordant, et les chiens refusaient de suivre la piste.
Après n’avoir concédé qu’un reniflement aux traces de l’ours, la grande lice noire avait battu en retraite et, la queue entre les jambes, rallié piteusement la meute qui se pelotonnait d’un air misérable sur la berge où la harcelait la bise. Celle-ci n’épargnait pas davantage Chett et plantait ses crocs au travers des lainages noirs et des cuirs bouillis. Putain de froid, trop dur pour les bêtes comme pour les hommes, mais il fallait bien le subir puisqu’on était là. Sa bouche se tordait, et il sentait presque les pustules qui lui tapissaient les joues et le cou s’empourprer de rage. Je devrais être bien peinard au Mur, à soigner ces putains de corbeaux et à faire de bonnes flambées pour le vieux mestre Aemon. Et c’était à ce bâtard de Jon Snow qu’il devait d’en être privé, à lui et à son gros porc de copain, Sam Tarly. C’était leur faute, s’il était là, à se geler ses putains de couilles avec une meute de chiens au fin fond de la forêt hantée.
« Par les sept enfers ! » Il tira violemment sur les laisses pour forcer l’attention des chiens. « Pistez donc, bâtards ! Voilà des empreintes d’ours. Voulez de la viande, ou pas ? Trouvez ! » Mais les chiens ne s’en pelotonnèrent que plus dru, geignards. Chett fit claquer sa cravache au-dessus de leurs têtes, et la lice noire répliqua par un grondement. « C’est aussi bon, le chien que l’ours », la prévint-il, buée gelée sur chaque mot.
Les bras croisés sur sa poitrine, Fauvette des Sœurs se tenait là, les mains fourrées sous les aisselles. Malgré ses gants de laine noire, il n’arrêtait pas de gémir sur ses doigts glacés. «Trop froid pour chasser, bordel, dit-il. Merde pour l’ours, vaut pas qu’on s’ gèle.
— On peut pas rentrer bredouilles, Fauvette, grommela P’tit Paul du fond du poil brun qui lui couvrait quasiment la face. Ça plairait pas au Commandant. » Des stalactites de morve pendaient à son pif épaté. Emmitouflée dans un gant de fourrure, son énorme patte agrippait la hampe d’une pique.
« Et merde aussi pour le Vieil Ours, dit le natif des Sœurs, maigrichon au museau pointu et aux yeux fébriles. Mormont sera mort avant l’aube, t’as oublié ? S’en fout tous, de c’ qui lui plaît ! »
Les petits yeux noirs de P’tit Paul clignotèrent. Peut-être avait-il oublié, vraiment, songea Chett ; il était assez bête pour oublier tout et n’importe quoi. « Pourquoi qu’on devrait tuer le Vieil Ours ? Pourquoi qu’on y fout pas la paix en foutant tout bonnement le camp ?
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