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George Martin: L'Invincible forteresse

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George Martin L'Invincible forteresse
  • Название:
    L'Invincible forteresse
  • Автор:
  • Издательство:
    Pygmalion
  • Жанр:
  • Год:
    2000
  • Город:
    Paris
  • Язык:
    Французский
  • ISBN:
    2-85704-650-2
  • Рейтинг книги:
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L'Invincible forteresse: краткое содержание, описание и аннотация

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Bien que faits et signes ne cessent de confirmer la devise de Winterfell, « l’hiver vient », le royaume des Sept Couronnes affecte toujours d’ignorer la fin de l’été pour se consacrer plus commodément à ses querelles, vindictes, ambitions. Pendant que Rob Stark poursuit ses campagnes sanglantes dans l’ouest, que Port-Réal vit dans la hantise du siège imminent, que la guerre se répand jusqu’à Winterfell grâce aux menées des Greyjoy, eux-mêmes divisés, s’amoncellent au-delà du Mur des forces obscures et malfaisantes.      Mais contrairement aux apparences, Bran, le jeune fils du défunt maître de Winterfell, n’est pas mort, pas plus que n’est anéantie l’indomptable forteresse, prête à renaître de ses cendres…

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George R. R. Martin

L’Invincible forteresse

CATELYN

« En lui annonçant mon départ, dis-lui qu’il s’enorgueillira de m’avoir pour fils. » Un bond le mit en selle, seigneurial en diable avec sa maille étincelante sous l’ocre et bleu de son vaste manteau. Identique à celle de son bouclier, une truite d’argent lui faîtait le heaume.

« Père a toujours été fier de toi, Edmure. Et il t’aime passionnément. Sache-le.

— J’entends fournir à son affection des motifs supérieurs à ceux de la simple naissance. » Il fît volter son destrier, leva une main, les trompettes sonnèrent, un tambour se mit à battre, le pont-levis s’abaissa par à-coups et, finalement, ser Edmure Tully sortit de Vivesaigues à la tête de ses hommes, lances au clair, bannières déployées.

Ton ost est peu de chose auprès du mien, frère, se dit-elle en le regardant s’éloigner. Un ost formidable de doutes et de peurs…

A ses côtés, presque palpable était la détresse de Brienne. Catelyn avait eu beau lui faire tailler des vêtements sur mesure et l’atourner de robes aussi séantes à son sexe qu’à sa naissance, la chevalière n’en persistait pas moins à préférer s’empaqueter de maille et de cuir bouilli, taille sanglée par un ceinturon. Certes, elle aurait été plus heureuse de partir guerroyer botte à botte avec les autres, niais il fallait bien des épées pour tenir Vivesaigues, tout puissants qu’en étaient les murs. Edmure avait emmené aux gués tous les hommes valides, ne laissant sous les ordres de ser Desmond Grell qu’une garnison composée de blessés, de vétérans, de malades, ainsi que d’une poignée d’écuyers et de petits rustres encore effarés de leur puberté et sans expérience des armes. Ce pour défendre un château bondé de marmaille et de bonnes femmes… !

Une fois que le dernier fantassin se fut engouffré sous la herse, Brienne demanda : « Et maintenant, madame, qu’allons-nous faire ?

— Notre devoir. » Les traits crispés, elle entreprit de retraverser la cour. J’ai toujours fait mon devoir , songeait-elle. De là venait peut-être la prédilection que lui avait invariablement marquée Père. La mort au berceau de ses deux frères aînés avait fait d’elle, jusqu’à la naissance d’Edmure, autant le fils que la fille de lord Hoster. Et, après la disparition de Mère, le rôle de dame de Vivesaigues lui était échu, qu’elle avait assumé de même. Enfin, lorsque Père l’avait promise à Brandon Stark, elle avait exprimé toute la gratitude que méritait le choix d’un parti si brillant.

Brandon reçut de moi le droit de porter mes couleurs, et Petyr aucune consolation de ma part après sa blessure ni le moindre adieu lors de son renvoi. Et lorsque, après le meurtre de Brandon, je me vis enjoindre d’épouser son frère, je m’inclinai de bonne grâce, tout inconnu qu’il m’était jusqu’au visage avant le jour même des noces. Et c’est à cet étranger compassé que, toujours par devoir, je donnai ma virginité avant de le laisser rejoindre et sa guerre et son roi et la femme qui portait déjà son bâtard. Par devoir toujours.

Ses pas la guidaient vers le septuaire. Sis au sein des jardins de Mère et chatoyant d’irisations, le temple heptagonal de grès se révéla comble quand elle y pénétra ; son besoin de prier n’était partagé que par trop de gens. Elle s’agenouilla devant l’effigie de marbre polychrome du Guerrier et alluma deux cierges odorants, l’un pour Edmure, le second pour Robb, là-bas, par-delà les collines. Préserve-les, aide-les à vaincre , implora-t-elle, procure la paix aux âmes des morts et le réconfort à ceux qu’elles abandonnent ici-bas.

L’entrée du septon muni du cristal et de l’encensoir la surprit dans ses oraisons et l’incita à suivre l’office. A peu près de l’âge d’Edmure et d’aspect austère, ce religieux qu’elle ne connaissait pas célébrait avec l’onction requise, et il entonna les laudes des Sept d’une voix chaude et flexible, mais la nostalgie envahit Catelyn des chevrotements ténus de septon Osmynd, mort depuis longtemps. Osmynd aurait essuyé patiemment le récit de ce qu’elle avait vu, ressenti sous le pavillon de Renly, peut-être même aurait-il su lui expliquer ce que tout cela signifiait, lui indiquer comment conjurer les ombres qui arpentaient ses rêves. Osmynd, Père, Oncle Brynden, le vieux mestre Kym, eux semblaient toujours tout savoir mais, maintenant que me voici réduite à moi-même, j’ai l’impression de ne rien savoir, pas même ce que je dois. Comment accomplir mon devoir, quand j’ignore en quoi il consiste ?

Au moment de se relever, l’ankylose de ses genoux lui confirma crûment le sentiment de n’être pas plus avancée. Peut-être irait-elle, ce soir, dans le bois sacré, prier aussi les dieux de Ned. Des dieux plus anciens que les Sept.

A l’extérieur, chants d’un tout autre genre… Non loin de la brasserie, le timbre profond de Rymond le Rimeur charmait un cercle d’auditeurs par la geste de lord Deremond à la Prairie Sanglante :

Et là se dressait-il, dernier des dix Darry,
L’épée au poing…

Brienne s’arrêta pour écouter, voûtée de toute sa carrure et ses gros bras croisés sur la poitrine. Une bande de gamins en loques passa en courant, telle une volée perçante de triques et de cris. D’où vient aux garçons cette passion effrénée de jouer à la guerre ? se demanda Catelyn. De Rymond et de ses pareils ? Plus approchait la fin de la chanson, plus s’enflait la voix du chanteur :

rouge,
Et rouge, l’herbe sous ses pieds,
Et rouges, ses vives bannières,
Et rouge, la lueur du soleil couchant
Qui le baignait de ses rayons.
« A moi, hélait-il, à moi »,
Le preux,
« Mon épée n’est point rassasiée. »
Alors, avec des clameurs de fureur sauvage,
Leurs flots submergèrent le ruisselet…

« Combattre vaut mieux qu’attendre, lâcha Brienne. On n’éprouve pas pareil dénuement pendant qu’on se bat. On possède un cheval, une épée, parfois une hache. Et l’on se sent comme invulnérable, une fois revêtue l’armure.

— Des chevaliers meurent dans la mêlée », rappela Catelyn.

Le magnifique regard bleu la dévisagea. « Comme des dames dans l’enfantement. Nul ne chante jamais de chansons sur elles.

— Autre espèce de bataille que les enfants. » Catelyn se remit en marche. « Une bataille qui, pour ne s’orner ni d’étendards ni de sonneries, n’en est pas moins féroce. Porter, mettre au monde…, votre mère vous aura parlé de la douleur que…

— Je n’ai pas connu ma mère, intervint Brienne. Mon père avait des dames…, une dame enfin qui changeait tous les ans, mais…

— Ce n’étaient pas des dames, trancha Catelyn. Si pénible que soit l’accouchement, Brienne, ce qui suit l’est bien davantage. Il m’arrive de me sentir comme écartelée. Que ne puis-je être cinq moi-même, une pour chacun de mes enfants, je pourrais dès lors les sauvegarder.

— Et qui, madame, vous sauvegarderait, vous ? »

Petit sourire las. « Eh bien, les hommes de ma maison, si j’en crois les leçons de dame ma mère. Le seigneur mon père, mon frère, mon oncle, mon mari…, mais aussi longtemps que durera leur absence, je présume qu’il vous faudra les suppléer, Brienne. »

Celle-ci s’inclina. « Je m’y efforcerai, madame. »

La journée s’avançait quand mestre Vyman apporta une lettre qui le fit recevoir sur-le-champ mais qui, contre toute attente, émanait non pas de Robb ou de ser Rodrik mais d’un certain lord de La Nouë, gouverneur d’Accalmie, s’intitulait-il. Adressée à lord Hoster, ser Edmure, lord Stark ou « à quiconque tient pour l’heure Vivesaigues », elle annonçait que, par suite du décès de ser Cortnay Penrose, Accalmie s’était ouvert à son héritier légitime et incontestable, Stannis Baratheon. Et chacun des hommes de la garnison lui ayant juré allégeance, tous avaient obtenu leur grâce.

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