Isaac Asimov - Les cavernes d'acier

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Les cavernes d'acier: краткое содержание, описание и аннотация

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Les cavernes d’acier sont les villes souterraines du futur. Là, bien que privés d’air et de lumière naturels, des millions d’hommes vivent à un rythme étourdissant.
Malgré une civilisation superscientifique et l’apparition de robots intelligents, les passions humaines n’ont pas cessé pour autant et le meurtre n’a pas disparu.
Mais le problème de Lije Baley West pas seulement de retrouver un meurtrier, il est aussi d’y parvenir avant son collègue R. Daneel. R. = Robot, car R. Daneel est un androïde au cerveau électronique ultraperfectionné, créé certes par l’homme, mais qui n’attend peut-être que l’occasion de prendre sa place.

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Baley avait déjà circulé dans ces tunnels à maintes reprises, mais, chaque fois, le vide de ces espaces lui avait paru choquant et déprimant. Ils semblaient être à des milliers de kilomètres de la vie ardente et chaude de New York. Tels de longs serpents sinistres et aveugles, ces routes se déroulèrent sous ses yeux, tandis qu’il conduisait la voiture de police ; à tout moment, elles s’ouvraient sur de nouvelles avenues, à mesure qu’elles s’incurvaient dans telle ou telle direction ; et, sans qu’il eût besoin de se retourner, il savait que, derrière lui, un autre long et sombre serpent se déroulait de même et disparaissait au loin. L’autoroute était bien éclairée, mais cette lumière ne signifiait rien dans un tel silence et un tel vide.

R. Daneel ne fit rien pour rompre ce silence ; il regardait droit devant lui, aussi indifférent au vide de l’autoroute qu’à la cohue de l’express. En l’espace d’un éclair, et tandis que la sirène de la voiture hurlait sinistrement, ils bondirent hors de l’autoroute pour gagner, par une rampe incurvée, la chaussée carrossable d’une avenue de la ville. Des chaussées carrossables continuaient en effet à être entretenues dans les principales artères, et demeuraient un des rares vestiges du passé. Car il n’y avait plus de véhicules automobiles, à l’exception des voitures de police, de pompiers ou de quelques camions du service de la voirie. Aussi les piétons en usaient-ils en toute tranquillité, de sorte que l’arrivée inopinée de la voiture mugissante les fit s’écarter avec autant de hâte que d’indignation. Baley se sentit respirer plus librement dès qu’il entendit autour de lui le bruit familier de la foule ; mais cela ne dura guère, car moins de deux cents mètres plus loin, il quitta l’avenue pour s’engager dans les couloirs à nouveau déserts qui menaient à Spacetown.

On les attendait à la barrière. De toute évidence, les factionnaires du poste de garde connaissaient R. Daneel, car, tout humains qu’ils fussent, ils lui firent un petit signe d’amitié, sans prendre le moins du monde un air de supériorité.

L’un des gardiens s’approcha de Baley et le salua avec une courtoisie toute militaire, dont la perfection n’excluait pas la froideur. Il était grand et avait l’air grave, mais son physique ne répondait pas aussi parfaitement que celui de R. Daneel à la définition du Spacien.

— Votre carte d’identité, s’il vous plaît, monsieur, dit-il.

Le document fut examiné rapidement, mais avec soin. Baley remarqua que l’homme portait des gants couleur chair, et que, dans chaque narine, se trouvait un petit filtre à peine visible.

Le factionnaire salua de nouveau et lui rendit la carte ; puis il lui dit :

— Il y a ici des Toilettes où vous pouvez prendre une douche.

Baley eut envie de refuser l’offre, car il n’avait aucun besoin de se laver, mais, comme la sentinelle regagnait sa place, R. Daneel intervint :

— Il est d’usage, mon cher Elijah, dit-il en tirant son associé par la manche, que les citoyens de New York prennent une douche avant de pénétrer dans Spacetown. Je me permets de vous le signaler, car je sais que vous ne désirez pas compliquer les choses, ni pour vous ni pour nous, par manque d’information sur nos coutumes. C’est également dans cet esprit que je dois vous prier de prendre toutes vos précautions au point de vue hygiénique, car, à l’intérieur de Spacetown, vous ne disposerez pas de water-closet.

— Pas de water-closet ? s’écria Baley, scandalisé. Mais c’est inimaginable !

— Je veux dire, bien entendu, qu’il n’y en a pas à la disposition des citoyens de New York.

Baley ne put cacher son indignation.

— Je suis désolé, reprit Daneel, mais il s’agit d’un règlement qui ne comporte aucune exception.

Sans répliquer un mot, Baley entra donc dans les Toilettes, et sentit, plus qu’il ne le vit, R. Daneel qui y pénétrait derrière lui.

« Qu’est-ce qu’il veut ? se dit-il. Me contrôler, sans doute, et s’assurer que je me libère des microbes de la ville ! »

Pendant un instant, il eut peine à maîtriser son exaspération, et il n’y parvint qu’en se délectant par avance à l’idée du coup qu’il allait bientôt porter à Spacetown ; il s’en réjouit tellement qu’il en vint à considérer comme négligeable le risque qu’il courait lui-même.

Les Toilettes étaient de petites dimensions, mais bien agencées, et d’une propreté si méticuleuse qu’on pouvait les qualifier d’antiseptiques. L’air avait une odeur que Baley, un peu déconcerté tout d’abord, reconnut bientôt :

« C’est de l’ozone ! se dit-il. La pièce est soumise à l’action de rayons ultra-violets ! »

Un écran s’alluma puis s’éteignit tour à tour et à plusieurs reprises ; quand il demeura définitivement allumé, Baley put y lire l’indication suivante :

« Le visiteur est prié d’enlever tous ses vêtements, y compris ses souliers, et de les placer dans la cavité ci-dessous. »

Baley s’exécuta. Il dégrafa son ceinturon et son baudrier, et quand il se fut déshabillé, il les remit sur son corps nu ; le revolver qui y était accroché pesait lourd, et la sensation était fort désagréable.

Avec un bruit sec, le tiroir dans lequel il avait placé ses vêtements fut tiré vers l’extérieur. Le panneau lumineux s’éteignit, puis se ralluma, et une nouvelle inscription y parut :

« Le visiteur est prié de satisfaire à ses besoins hygiéniques, puis de passer sous la douche en suivant le chemin indiqué par la flèche. »

Baley eut l’impression qu’il n’était plus qu’une pièce de machine, manœuvrée à distance par un bras invisible sur une chaîne de montage.

Son premier geste en entrant dans la petite cabine de douche, fut de veiller à ce que son étui-revolver ne laissât pas pénétrer d’eau ; il tint fermement sa main serrée contre le rabat de l’étui ; il savait, pour en avoir fait l’expérience au cours de nombreux exercices, qu’il pouvait cependant tirer son arme et s’en servir en moins de cinq secondes.

Il n’y avait au mur ni crochet ni patère où la suspendre, et comme Baley ne vit même pas où se trouvait apparemment la douche, il alla placer le revolver dans le coin le plus éloigné de l’entrée de la cabine. A ce moment, l’écran lumineux s’éclaira de nouveau pour signaler :

« Le visiteur est prié d’ouvrir les bras perpendiculairement à son corps, et de se tenir au centre du cercle tracé sur le sol, les pieds orientés dans la position indiquée. »

Dès qu’il eut placé ses pieds dans les petites cavités prévues à cet effet, l’écran s’éteignit, et instantanément une poussière d’eau à grande pression jaillit, chaude et piquante, du plafond, du plancher et des quatre murs à la fois ; elle fouetta son corps de tous côtés, et il sentit même qu’elle giclait sous la plante de ses pieds. Cela dura environ une minute, pendant laquelle, sous l’action combinée de la chaleur et de la pression du jet, sa peau rougit violemment, tandis que ses poumons parvenaient difficilement à respirer dans cette vapeur. Puis, pendant une autre minute, la douche fut moins violente et plus fraîche ; enfin, un courant d’air chaud l’enveloppa, et le laissa non seulement sec, mais avec une réelle impression de bien-être.

Il ramassa son arme et son ceinturon, et s’aperçut qu’eux aussi étaient chauds et secs. Il les remit et sortit de la douche juste pour voir R. Daneel qui émergeait d’une cabine voisine.

« Bien sûr ! se dit-il. R. Daneel n’est pas un citoyen de New York, mais il rapporte ici des microbes de la ville ! »

Par la force de l’habitude, Baley détourna automatiquement les yeux ; puis il se dit que, après tout, les coutumes de R. Daneel n’étaient pas les mêmes que celles des New-Yorkais, et il se contraignit à regarder un instant le robot. Ses lèvres ne purent alors réprimer un léger sourire : la ressemblance de R. Daneel avec un être humain ne se limitait pas à son visage et à ses mains ; on avait pris la peine de l’étendre à toutes les parties de son corps, et cela de la façon la plus parfaite.

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