Stephen King - Carnets noirs

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Carnets noirs: краткое содержание, описание и аннотация

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En prenant sa retraite, John Rothstein a plongé dans le désespoir les millions de lecteurs des aventures de Jimmy Gold. Rendu fou de rage par la disparition de son héros favori, Morris Bellamy assassine le vieil écrivain pour s’emparer de sa fortune, mais surtout, de ses précieux carnets de notes. Le bonheur dans le crime ? C’est compter sans les mauvais tours du destin… et la perspicacité du détective Bill Hodges.
Après
King renoue avec un de ses thèmes de prédilection : l’obsession d’un fan. Dans ce formidable roman noir où l’on retrouve les protagonistes de
(prix Edgar 2015), il rend un superbe hommage au pouvoir de la fiction, capable de susciter chez le lecteur le meilleur… ou le pire.
STEPHEN KING
« Une déclaration d’amour à la lecture et à la littérature américaine… Merveilleux, effrayant, émouvant. » The Washington Post

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Il se força à engloutir un autre plat surgelé, pensant que ça pourrait soulager son mal de tête. Mais à la place, celui-ci empira. Il fouilla dans le placard à pharmacie de sa mère, à la recherche d’aspirine ou d’Advil, et y trouva… que dalle. Va te faire foutre, maman, pensa-t-il. Franchement. Sincèrement. Va… te faire… foutre .

Il visualisa le sourire d’Anita Bellamy. Mince comme un crochet, ce sourire.

Il faisait encore jour à sept heures — maudite heure d’été, quel était le génie qui avait inventé ça ? — mais les lumières étaient toujours éteintes chez les voisins. Bien. Sauf que Morris savait que les Muller pouvaient rentrer à tout moment. Et puis il était trop nerveux pour attendre plus longtemps. Il farfouilla dans le placard de l’entrée jusqu’à ce qu’il trouve un poncho.

Il sortit par la petite porte du garage et traîna le diable à travers le jardin de derrière. L’herbe était mouillée, le sol en dessous spongieux et la progression difficile. Le sentier qu’il avait emprunté tant de fois quand il était gosse — le plus souvent pour aller au Centre Aéré de Birch Street — était abrité par des arbres et il put progresser plus facilement. Le temps qu’il arrive au petit ruisseau qui traversait en diagonale cette parcelle de friche aussi vaste qu’un pâté de maisons, il faisait nuit noire.

Il avait apporté une lampe de poche et il l’utilisa par à-coups pour repérer une cachette potentielle dans la berge du ruisseau, à bonne distance du sentier. La terre était molle et il lui fut facile de creuser jusqu’aux racines enchevêtrées d’un arbre surplombant le ruisseau. Il pensa changer d’emplacement, mais le trou était déjà presque assez grand pour la malle, et plutôt crever que tout recommencer, surtout que c’était juste une précaution temporaire. Il posa la lampe de poche dans le trou, la calant contre une pierre pour que le rayon lumineux éclaire les racines, et entreprit de les trancher avec la pioche.

Il glissa la malle dans le trou et se hâta de la recouvrir de terre qu’il tassa bien avec le plat de la pelle pour finir. Il pensait que ça suffirait. La berge n’était pas tellement herbeuse, et ce carré de terre retournée ne se remarquerait pas. L’important, c’était qu’elle soit hors de la maison, pas vrai ?

Pas vrai ?

Alors qu’il remontait le diable le long du sentier, il n’éprouvait aucun soulagement. Rien ne se déroulait comme prévu, rien. C’était comme si un destin funeste s’était interposé entre lui et les carnets, exactement comme le destin s’était interposé entre Roméo et Juliette. Cette comparaison semblait à la fois ridicule et parfaitement adaptée. Oui, il était amoureux. Ce maudit Rothstein l’avait trompé avec Le Coureur ralentit , mais ça ne changeait rien au fait.

Son amour était sincère.

De retour à la maison, il fila sous la douche comme le ferait un garçon nommé Pete Saubers de nombreuses années plus tard, dans cette même salle de bains, après avoir rendu visite à cette même berge et à ce même arbre surplombant le ruisseau. Il y resta jusqu’à avoir les doigts tout fripés et qu’il n’y ait plus d’eau chaude, puis il se sécha et enfila des habits propres qu’il prit dans le placard de sa chambre. Ils lui paraissaient enfantins et passés de mode mais ils lui allaient toujours (plus ou moins). Il mit son jean et son sweat maculés de terre à la machine, geste que reproduirait également Pete Saubers des années plus tard.

Morris alluma la télé, s’installa dans le vieux fauteuil de son père — sa mère disait le garder en guise de rappel, des fois qu’elle soit tentée de refaire la même grossière erreur — et absorba la dose classique d’inanités dopée à la pub. Il songea que n’importe laquelle de ces pubs (flacons de laxatifs bondissants, mamans se pomponnant, hamburgers chantants) aurait pu être écrite par Jimmy Gold, et son mal de tête revint en force. Il décida de descendre au Zoney’s s’acheter de l’Anacin. Peut-être même se prendre une bière ou deux. Ça pourrait pas lui faire de mal. C’était l’alcool fort qui lui causait des problèmes, il avait bien appris sa leçon.

Il trouva l’Anacin, mais l’idée de boire de la bière dans une maison remplie de livres qu’il n’avait pas envie de lire et d’une télé qu’il n’avait pas envie de regarder le déprimait pire qu’avant. Surtout quand ce qu’il voulait vraiment lire était si vertigineusement proche. Morris buvait rarement dans les bars mais tout d’un coup, il eut le sentiment que s’il ne sortait pas se trouver un peu de compagnie et écouter de la musique forte et rapide, il deviendrait complètement dingue. Quelque part dans cette nuit pluvieuse, il était sûr qu’une jeune fille avait envie de danser.

Il paya son aspirine et, presque nonchalamment, demanda au jeune gars à la caisse s’il connaissait un bar à concerts où il pourrait se rendre en bus.

Le jeune gars lui répondit que oui.

2010

Quand Linda Saubers rentra à la maison à trois heures et demie de l’après-midi ce vendredi, Pete était assis à la table de la cuisine en train de boire un chocolat chaud. Ses cheveux étaient encore humides de la douche. Linda suspendit son manteau à l’un des crochets fixés à côté de la porte de derrière et posa à nouveau la face interne de son poignet contre le front de son fils.

« Aussi frais qu’un concombre, déclara-t-elle. Tu te sens mieux ?

— Ouais, dit-il. J’ai préparé des crackers au beurre de cacahuètes à Tina quand elle est rentrée de l’école.

— Tu es un bon grand frère. Et où est-elle ?

— Chez Ellen, où veux-tu qu’elle soit ? »

Linda leva les yeux au ciel et Pete rigola.

« Doux Jésus, c’est bien le sèche-linge que j’entends ?

— Ouais. Y avait des habits sales dans le panier, je les ai lavés. T’inquiète, j’ai suivi les indications sur la porte, les habits vont bien. »

Elle se pencha pour l’embrasser sur la tempe.

« Mais c’est une vraie petite abeille, ce garçon !

— J’essaye », dit Pete.

Il ferma sa main droite pour cacher son ampoule.

La première enveloppe arriva presque une semaine plus tard par un jeudi neigeux. L’adresse — M. Thomas Saubers, 23 Sycamore Street — était dactylographiée. Dans le coin supérieur droit était collé un timbre de quarante-quatre cents célébrant l’Année du Tigre. Il n’y avait pas de mention d’expéditeur dans le coin supérieur gauche. Tom — seul membre du clan Saubers présent à la maison à midi — l’ouvrit dans l’entrée, s’attendant soit à de la pub, soit à une autre relance de facture impayée. Dieu sait qu’ils en avaient reçu un paquet ces derniers temps. Mais c’était ni de la pub ni une facture.

C’était de l’argent.

Le reste du courrier — catalogues de trucs chers qu’ils ne pourraient jamais s’offrir et prospectus publicitaires adressés au LOCATAIRE — lui tomba des mains et s’éparpilla à ses pieds sans qu’il y prête aucune attention. D’une voix basse, presque grondante, Tom Saubers demanda :

« C’est quoi ce bordel ? »

Quand Linda rentra à la maison, l’argent trônait au milieu de la table de la cuisine. Tom était assis en face de la petite pile de billets bien rangés, le menton posé sur ses mains croisées. Il ressemblait à un général en train d’étudier un plan de bataille.

« C’est quoi ça ? demanda Linda.

— Cinq cents dollars. » Il regardait toujours les billets — huit de cinquante et cinq de vingt. « C’était dans le courrier.

— Qui nous l’envoie ?

— Je ne sais pas. »

Elle lâcha son cartable, s’approcha de la table et ramassa le tas de billets. Elle les compta puis regarda Tom avec des yeux ronds.

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