Jeff Lindsay - Les démons de Dexter

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Les démons de Dexter: краткое содержание, описание и аннотация

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Le jour, Dexter Morgan est expert judiciaire à la police de Miami; la nuit, il se transforme en tueur en série. Pas n’importe lequel, notez bien: un serial-killer justicier qui ne tue que ceux qui le méritent. Un double meurtre particulièrement sordide laisse pourtant notre cher Dexter fort perplexe: serait-il confronté à plus fort que lui?

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— J’ai besoin de toi tout de suite.

— Je suis extrêmement occupé avec des petits-fours très importants, lui répondis-je. Je peux t’emprunter vingt mille dollars ?

Elle fit un drôle de bruit de gorge, avant de lâcher :

— J’ai pas le temps pour ces conneries, Dexter. La réunion des vingt-quatre heures commence dans vingt minutes, et je veux que tu y sois.

C’était la coutume à la Criminelle de convoquer toutes les personnes impliquées dans une affaire vingt-quatre heures après le début de l’enquête, afin de s’assurer de la bonne répartition des tâches et que tout le monde était sur la même longueur d’onde. Deb, manifestement, continuait à penser que j’avais un point de vue pénétrant à lui offrir – c’était gentil de sa part, mais absolument faux. Le Passager noir étant aux abonnés absents, je doutais que les lumières de la clairvoyance reviennent m’inonder dans un futur proche.

— Deb, je n’ai aucun avis sur ce cas, protestai-je.

— Ramène-toi, c’est tout, ordonna-t-elle avant de raccrocher.

Chapitre 8

La circulation le long de la 836 fut ralentie sur près d’un kilomètre après la jonction avec la 395 en provenance de Miami Beach. Nous roulâmes au pas jusqu’à l’origine du problème : une cargaison de pastèques s’était déversée sur la route. Celle-ci était enduite d’une couche visqueuse rouge et verte de quinze centimètres d’épaisseur, agrémentée de plusieurs voitures amochées à des degrés divers. Une ambulance passa sur le bas-côté, suivie par un cortège de véhicules dont les conducteurs étaient bien trop importants pour patienter dans un embouteillage. Les Klaxon retentissaient d’un bout à l’autre de la file, les gens criaient et agitaient les poings, et quelque part devant nous il y eut même un coup de fusil. Cela faisait du bien de retrouver le train-train.

Le temps de nous frayer un chemin à travers la circulation et de quitter les voies surélevées, nous avions perdu quinze minutes ; il nous en fallut quinze de plus pour retourner au travail. Nous gardâmes le silence dans l’ascenseur, mais au deuxième étage, alors que les portes s’ouvraient et que nous sortions de la cabine, Vince m’arrêta.

— Tu fais le bon choix, me dit-il.

— Oui, je sais, répondis-je, mais si je ne le mets pas rapidement à exécution, Deborah va me tuer.

Il m’agrippa par le bras.

— Je parle de Manny. Tu vas adorer. Ça fera vraiment une différence.

J’avais déjà conscience que la différence allait se faire sentir sur mon compte en banque, mais en dehors de ça… Est-ce que les invités s’amuseraient plus si on leur servait une série d’amuse-gueule extraterrestres d’origine et d’utilisation inconnues à la place de simples tranches de rôti froid ? Il y a une multitude de choses que je ne saisis pas à propos des êtres humains, mais là c’était le pompon…

S’il y avait bien une chose que je comprenais, toutefois, c’était le rapport de Deborah à la ponctualité, manie héritée de son père, Harry : pour elle, tout retard était un manque de respect. Alors, je détachai de force les doigts de Vince accrochés à mon bras et lui serrai la main.

— Je suis sûr qu’on sera tous très contents du menu, lui dis-je.

Il me retint par la main.

— C’est plus que ça, répondit-il.

— Vince…

— C’est comme de faire une déclaration sur ta vie future, poursuivit-il. Une superbe déclaration, à propos de ta vie, et de celle de Rita, ensemble…

— Ma vie est en danger si je ne me dépêche pas, Vince.

— Je suis vraiment très heureux, conclut-il, et j’étais tellement déconcerté de le voir exprimer une émotion authentique que ce fut avec une légère panique que je m’échappai pour rejoindre la salle de conférence au bout du couloir.

La pièce était pleine : l’affaire avait pris des proportions importantes après les reportages de la veille concernant deux jeunes femmes décapitées et carbonisées. Deborah me lança un regard noir tandis que je me faufilais à l’intérieur pour rester debout près de la porte, et je lui adressai ce que j’espérais être un sourire désarmant. Elle coupa la parole à l’intervenant, un des agents de police qui s’étaient rendus les premiers sur les lieux.

— Bon, dit-elle. On sait qu’on ne va pas trouver les têtes sur place.

Je m’étais imaginé remporter le prix de l’entrée la plus remarquée à la suite de mon arrivée tardive et du regard méchant de Deborah, mais je me trompais. Quelques instants plus tard, alors que Deb tentait de redynamiser la réunion, on me souffla la vedette.

— Allez, tout le monde ! lança ma sœur. Vous devez bien avoir des idées.

— On pourrait draguer le lac, proposa Camilla Figg, une collègue du labo âgée de trente-cinq ans.

Un flic très maigre du nom de Corrigan lui sauta aussitôt dessus.

— N’importe quoi ! lâcha-t-il. Ça flotte, les têtes.

— Pas du tout, insista Camilla. Il n’y a que des os.

— Pour certaines, oui, rétorqua Corrigan, obtenant quelques rires dans l’assemblée.

Deborah fronça les sourcils, s’apprêtant à intervenir avec autorité, lorsqu’un bruit dans le couloir l’arrêta.

Clamp !

Ce n’était pas très fort, mais bizarrement cela attira l’attention de toutes les personnes présentes.

Clamp !

Un peu plus près et plus fort. Cela venait vers nous. On se serait vraiment cru dans un film d’horreur à petit budget…

Clamp !

Pour une raison inconnue, tout le monde dirigea son regard vers la porte. Dans un souci de mimétisme, peut-être, je commençai à me retourner moi-même pour jeter un petit coup d’œil dans le couloir lorsque je sentis un infime chatouillement intérieur, une sorte de tic, alors je fermai les yeux et écoutai. Allô ? dis-je mentalement, et après quelques secondes il y eut un son très faible, un peu hésitant, semblable à un raclement de gorge, puis…

Quelqu’un dans la pièce marmonna « Putain de merde ! », avec le genre d’effroi respectueux qui éveille à coup sûr ma curiosité, et le son à peine perceptible en moi s’apparenta à un léger ronron avant de s’arrêter. J’ouvris les yeux.

Je dois dire que j’avais été si heureux de sentir le Passager remuer sur le siège arrière que l’espace d’un instant j’avais complètement oublié le reste du monde. C’est toujours une grave erreur, surtout pour les humains artificiels comme moi, et j’en eus la confirmation stupéfiante dès que je rouvris les yeux.

C’était bien une scène d’horreur à petit budget, La Nuit des morts-vivants , mais en chair et en os : planté dans l’encadrement de la porte, juste à côté de moi, me fixant droit dans les yeux, se trouvait un homme qui était censé être mort.

Le brigadier Doakes.

Doakes ne m’avait jamais aimé. Il semblait être le seul flic de tout le département à m’avoir percé à jour. Et ce, parce qu’il était plus ou moins comme moi, un tueur froid. Il avait essayé sans y parvenir de prouver que j’étais coupable de quelque chose, n’importe quoi, et cet échec l’avait monté encore davantage contre moi.

La dernière fois que j’avais vu Doakes, les urgentistes l’installaient à bord d’une ambulance. Il était inconscient, en partie à cause de la douleur et du choc de s’être fait enlever la langue, les pieds et les mains par un chirurgien amateur. Il est vrai que j’avais contribué à persuader l’apprenti docteur que Doakes lui avait causé du tort, mais j’avais au moins eu la décence d’en informer le brigadier qui avait ensuite cherché à piéger le monstre. Je n’avais pas réussi à arriver à sa rescousse aussi promptement qu’il l’espérait, sans doute, mais j’avais essayé, et ce n’était pas ma faute s’il était plus mort que vivant quand on l’avait emporté.

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