Pierre Lemaitre - Sacrifices

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Sacrifices: краткое содержание, описание и аннотация

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« UN ÉVÉNEMENT EST CONSIDÉRÉ COMME DÉCISIF LORSQU’IL DÉSAXE COMPLÈTEMENT VOTRE VIE.
PAR EXEMPLE, TROIS DÉCHARGES DE FUSIL À POMPE SUR LA FEMME QUE VOUS AIMEZ. »
« Lemaitre hisse le genre noir à une hauteur rarissime chez les écrivains français : celle où se tient la littérature. » Jean-Claude Buisson, Atmosphère glaçante, écriture sèche, mécanique implacable : Pierre Lemaitre a imposé son style et son talent dans l’univers du thriller. Après
il achève ici une trilogie autour du commandant Verhœven, initiée avec
.

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Il pousse la porte et demeure un instant debout sur le seuil. La découvrir ainsi le dévaste.

Il ne voit d’abord que sa tête entièrement bandée. On jurerait qu’elle est passée sous un camion. La moitié droite de son visage n’est qu’un énorme hématome bleu-noir tellement gonflé que ses yeux disparaissent, comme enfoncés à l’intérieur de la tête. Le côté gauche laisse voir une longue plaie, d’une dizaine de centimètres, aux bords rouge et jaune, refermée par des points de suture. Ses lèvres sont fendues, tuméfiées, les paupières bleutées et boursouflées. Le nez, fracturé, a triplé de volume. La gencive inférieure est touchée en deux endroits, Anne garde la bouche légèrement entrouverte, laissant couler en permanence un filet de salive. Elle a l’air d’une vieille femme. Au-dessus des draps reposent ses deux bras emmaillotés jusqu’aux doigts à l’extrémité desquels on discerne des attelles. La main droite porte un pansement plus léger qui désigne une plaie profonde et suturée.

Lorsqu’elle s’aperçoit de la présence de Camille, elle essaye de lui tendre la main, son regard se brouille de larmes puis son énergie semble retomber, elle ferme les yeux, les rouvre. Des yeux vitreux, embués, ils ont même perdu leur jolie couleur vert clair.

La tête penchée sur le côté, elle s’exprime d’une voix éraillée. Sa langue, lourde, est très douloureuse, elle s’est mordue profondément, on comprend à peine ce qu’elle dit, les labiales ne passent pas.

— J’ai mal…

Camille en a la voix coupée. Anne tente de parler, il pose la main sur le drap pour la calmer, il n’ose même pas la toucher. Anne, elle, est soudain très nerveuse, agitée, il voudrait faire quelque chose mais il ne sait pas quoi. Appeler ? Le regard d’Anne est fiévreux, elle veut absolument exprimer quelque chose, d’urgence.

— … rappée… or…

La soudaineté des événements la laisse encore stupéfaite, comme s’ils venaient seulement de se produire.

Penché vers elle, Camille l’écoute avec attention, fait semblant de comprendre, tente de sourire. On dirait qu’Anne mastique en permanence une purée bouillante. Il attrape des syllabes très déformées, mais à force de se concentrer, après quelques minutes, il commence à deviner les mots, à déduire le sens… Mentalement, il traduit. C’est fou ce qu’on s’adapte vite. À tout. C’en est déprimant parfois.

« Attrapée », comprend-il, « frappée », « fort ».

Les sourcils d’Anne se soulèvent, ses yeux s’arrondissent de frayeur, comme si l’homme était de nouveau devant elle, qu’il s’apprêtait à la pilonner de nouveau à coups de crosse. Camille tend la main, la pose sur son épaule, Anne sursaute violemment en poussant un cri.

— Camille…, dit-elle.

Elle tourne la tête de droite à gauche, sa voix devient presque inaudible. Les dents qui manquent la font chuinter, parce qu’il y a ça aussi, trois dents cassées, des incisives du côté gauche, en haut et en bas, quand elle ouvre la bouche, Anne a trente ans de plus, on dirait Fantine dans une mauvaise version, elle a insisté auprès de l’infirmière mais personne ne veut lui donner un miroir.

D’ailleurs, même si c’est difficile, elle essaye de masquer sa bouche quand elle parle. Du dos de la main. Le plus souvent, elle n’y parvient pas, la bouche est un trou béant, aux lèvres molles, bleues.

— … vont m’opérer…?

C’est la question que Camille croit discerner. Les larmes reprennent, on a l’impression qu’elles sont indépendantes de ce qu’elle dit, elles surgissent et coulent, sans logique apparente. Le visage d’Anne, lui, n’exprime rien d’autre qu’une stupeur muette.

— On ne sait pas encore… Calme-toi, dit Camille, très bas. Ça va aller…

Mais l’esprit d’Anne est déjà reparti ailleurs. Elle tourne la tête de l’autre côté, comme si elle avait honte. Du coup, ce qu’elle dit est encore moins audible. Camille croit entendre : « Pas comme ça… », elle voudrait que personne ne la voie dans cet état. Elle parvient à se tourner entièrement. Camille pose sa main sur son épaule mais Anne ne réagit pas, figée dans une position de refus, son dos reflète seulement ses sanglots silencieux.

— Tu veux que je reste ? demande-t-il.

Pas de réponse. Il reste là, à ne savoir quoi faire. Au bout d’un long moment, Anne fait non de la tête, non, on ne sait pas à quoi, à tout ça, à ce qui se passe, ce qui s’est passé, à cet absurde qui saisit nos vies sans prévenir, à l’injustice à laquelle les victimes ne peuvent s’empêcher de donner une signification personnelle. Impossible de dialoguer avec elle. C’est trop tôt. Ils ne sont pas dans le même temps. Ils se taisent.

S’endort-elle, on ne sait pas. Elle se retourne lentement, revient sur le dos, les yeux fermés. Et ne bouge plus.

Voilà.

Camille la regarde, sa main sur sa main, il écoute fébrilement sa respiration, tente de comparer ce rythme à celui de son sommeil qu’il connaît comme personne. Il a consacré des heures à la regarder dormir. Au début, la nuit, il se relevait même pour l’observer et dessiner son profil, semblable à celui d’une nageuse, parce que dans la journée il ne parvenait jamais à retrouver la magie exacte de son visage. Il a ainsi fait d’elle des centaines de croquis, passé un temps infini à tenter de traduire ses lèvres, cette pureté, ses paupières. Ou d’esquisser sa silhouette surprise sous la douche. À la splendeur de ses échecs, il a compris à quel point elle était importante : si, de n’importe qui, il peut, après quelques minutes seulement, reproduire les traits avec une exactitude quasi photographique, Anne recèle quelque chose d’irréductible, d’insaisissable, qui échappe à son regard, à son expérience, à son observation. Or la femme allongée là, tuméfiée, bandée, comme momifiée, ne possède plus aucune magie, il ne reste d’elle que son enveloppe, c’est un corps laid, terriblement prosaïque.

Voilà ce qui, au fil des minutes, fait monter la colère de Camille.

Parfois, elle se réveille brusquement, pousse un petit cri, regarde autour d’elle et Camille découvre chez elle ce qu’il a vu aussi chez Armand dans les semaines qui ont précédé sa mort : des expressions inconnues, totalement nouvelles, qui expriment la stupeur d’en être là, l’incompréhension. L’injustice.

Il n’est pas remis de sa première détresse, l’infirmière vient déjà lui rappeler que son temps de visite est écoulé. Elle se fait discrète mais ne quitte pas la chambre tant qu’il n’est pas parti. Sur son badge : « Florence ». Elle se tient les mains dans le dos, dans une position qui conjugue insistance et respect avec un sourire compréhensif que le collagène ou l’acide hyaluronique a rendu totalement artificiel. Camille aurait voulu rester jusqu’à ce qu’Anne puisse lui raconter, il est terriblement impatient de savoir comment les choses se sont passées. Mais il n’y a rien à faire qu’attendre. Sortir. Anne doit se reposer. Camille sort.

Pour comprendre, il faudra attendre vingt-quatre heures.

Or vingt-quatre heures, c’est beaucoup plus de temps qu’il n’en faut à un homme comme Camille pour ravager la Terre.

En sortant de l’hôpital, il ne dispose que des quelques explications qu’on lui a fournies au téléphone et ici, à l’hôpital. En réalité, hormis les généralités, personne ne sait rien, il est encore impossible de retracer précisément le fil des événements. Camille n’a que l’image terrible d’Anne défigurée, ce qui est beaucoup pour un homme déjà très poreux aux sensations fortes, et ce spectacle encourage sa colère naturelle.

Dès la sortie des urgences, il est entré en ébullition.

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