Paul Bourget - L'Écuyère

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La mère de Jules était, au physique, une femme de plus de soixante ans, dont on devinait, à la voir, qu'elle avait été délicieusement jolie. La finesse de ses traits, la minceur de ses pieds et de ses mains, sa démarche et son port de tête suffisaient à dénoncer la Dame, même sans la grâce et la hauteur, tout ensemble, de ses façons. Si vous aviez passé un matin dans ces années-là, vers les sept heures, sur le trottoir de cette rue de Monsieur, une des plus tranquilles de ce tranquille quartier, vous n'eussiez jamais manqué de la rencontrer qui sortait de son hôtel. Depuis sa mort, une maison de rapport de huit étages a remplacé la vieille bâtisse entre cour et jardin, qui avait encore grand air, mais combien délabrée! Mme de Maligny allait ainsi à la chapelle des Bénédictines, tout près, entendre sa messe. Elle avait, si c'était l'hiver, une fourrure bien fatiguée, ses pieds aristocratiques étaient plébéiennement pris dans des socques de cuir épais. Si c'était l'été, son mantelet de soie noire – elle ne quittait jamais le deuil, depuis la mort de son mari – trahissait le travail d'une ouvrière prise à la journée, et son chapeau n'avait rien de commun avec les élégances de la rue de la Paix et de la place Vendôme. Pourtant, vous ne vous y seriez pas trompé une seconde: cette dévote aux bandeaux grisâtres, aux yeux bleus flétris par l'âge, au teint pâli par les jeûnes, qui trottinait seulette sur ce pavé, eût été parfaitement à sa place dans les carrosses du Roi, s'il y avait eu encore un «Château» – comme on disait sous la Restauration. Il est vrai qu'elle avait le droit de signer ses lettres, d'après la mode inaugurée par ses congénères du faubourg Saint-Germain, Nadailles-Maligny. – C'est leur façon de revendiquer leur noblesse d'origine, que d'accoler ainsi leur nom de jeune fille et leur nom de femme, et une impertinence tacite à l'égard de celles, parmi leurs cousines par alliance, qui ne sont pas nées . – Cette signature signifie que Mme de Maligny appartient à la grande maison des Nadailles, dont un des membres fut fait duc à brevet par Mazarin. Une telle distinction suffit pour classer historiquement une famille, en dépit de la boutade de Saint-Simon. «De ces ducs à brevet sans rang ni succession, le cardinal disait qu'il en ferait tant, qu'il serait honteux de ne pas l'être et de l'être… Les ducs non vérifiés n'ont ni fief, ni office, ni rien de réel dans l'Etat. Ils n'ont que les honneurs extérieurs et les marques des autres ducs, dont ils ne sont qu'une vide et futile écorce…» Il valait la peine de citer ces lignes, qui prouvent que l'on est toujours le vilain de quelqu'un. Saint-Simon daubait un duc de Nadailles, et il faisait lui-même, hausser les épaules à Louis XVI, qui se moquait de sa manie d' «étudier les rangs». Dédaigner en bas et être dédaigné en haut, c'est le triste lot de toutes les vanités. C'est aussi l'histoire de toute noblesse qui, n'étant pas une aristocratie sans cesse défaite et recrutée par l'embourgeoisement des cadets et l'accession, au contraire, des supériorités de la classe moyenne, s'immobilise et se fige dans cette attitude de mépris infligé et subi. Tous les malheurs passés et présents des hautes classes françaises dérivent de là. Cette philosophie paraîtra bien sérieuse, ainsi énoncée à propos d'une frivole anecdote de la vie parisienne d'il y a vingt ans. Mais les plus menus faits de la nature, s'ils sont regardés de près, peuvent servir, pour un observateur, à démontrer de grandes lois; et pourquoi refuserait-on, à l'historien des mœurs, le privilège d'appliquer la même méthode aux incidents qu'il raconte, en leur donnant leur pleine valeur par l'indication des causes? A quoi bon d'ailleurs excuser une disgression dont on va voir aussitôt qu'elle tient de la manière la plus directe à ces incidents?

Mme de Maligny, toute pieuse qu'elle fût, et toute bonne; avait, à un degré d'autant plus profond qu'il était plus inconscient, l'orgueil inefficace de sa caste. De là cette dangereuse éducation donnée à son fils, à laquelle il a été fait allusion déjà. A ses yeux, et quoique plus d'un demi-siècle se fût écoulé depuis 1830, un Nadailles ou un Maligny était un personnage à part, créé et mis au monde pour n'exercer aucun métier bourgeois, bien entendu, et pour n'occuper aucune fonction publique, en l'absence des maîtres légitimes. Elle eût admis – c'était ta concession suprême des émigrés à l'intérieur dont il reste aujourd'hui bien peu de représentants – que Jules entrât dans l'armée. Encore eût-elle éprouvé des scrupules de conscience, s'il avait fait carrière d'officier à l'idée qu'il devrait peut-être, quelque jour, rendre les honneurs militaires à tel ou tel ministre, à tel ou tel président. Cette inquiétude lui avait été épargnée, grâce à la foncière indolence du jeune homme, qui avait fait son service militaire pour s'en débarrasser, comme d'une corvée. Sorti de là, il avait trouvé infiniment agréable d'abriter son oisiveté derrière les principes sociaux de sa mère, laquelle avait, du moins, comme la plupart des gens de son type, – c'était leur honneur, – toutes les vertus de ses intransigeances monarchiques et religieuses. Les mœurs de cette vieille dame consistaient, depuis son veuvage, survenu quinze ans avant l'époque où se déroule ce petit drame, à se lever à six heures et demie, pour aller communier à sept. Elle rentrait, vaquait aux affaires de sa tenue de maison et à sa correspondance, qui comportait d'innombrables charités cachées, jusqu'à midi. Après le déjeuner, elle sortait à pied, quand il faisait beau. Si elle n'allait pas chez des pauvres ou bien à une séance d'Œuvre, elle avait toujours quelque visite à rendre dans cette petite province enclose entre les Invalides et Sainte-Clotilde, l'Abbaye-au-Bois et Saint-François-Xavier. Beaucoup parmi les familles qui habitent là portent, même à la date présente, des noms mêlés à la grande histoire du pays. Mais le vent des révolutions a soufflé trop fortement sur leurs arbres généalogiques. Ce ne sont plus que des débris, et de plus en plus rares. Combien des appartements où Mme de Maligny allait ainsi «cousiner» sont fermés ou loués à des Américains dégoûtés des palaces et qui recherchent les vieilles demeures! C'est pour les moderniser au dedans en conservant au dehors la vieille coquille. Les intérieurs fréquentés par Mme de Maligny offraient, eux, un contraste saisissant avec les souvenirs de Versailles qu'évoquaient les noms de leurs propriétaires. L'extraordinaire simplicité qui caractérisait, jadis, la vraie vie française, en dehors de la cour, y était reconnaissable à mille petits signes: rideaux d'un damas qui n'avait jamais été renouvelé, escalier sans ascenseur et dont la cage n'avait pas été recrépite depuis des années, vastes salons sans calorifère, plafonds fendillés, tentures fanées que retenaient des baguettes dédorées. Seulement les portraits pendus sur les murs représentaient les réels ancêtres des hommes et des femmes qui causaient parmi ces meubles défraîchis. Eux-mêmes, ces hommes et ces femmes, avaient, le plus souvent, des allures campagnardes, passant, comme ils faisaient, huit mois sur douze dans leurs terres, par économie. Mais ces terres leur venaient d'héritages. Ils les tenaient de possesseurs qui s'appelaient comme eux. Ce monde où toutes les personnes se connaissaient depuis toujours, quand elles n'étaient pas du même sang, était, par essence, celui des habitudes étroites, des routines indéfectibles. Il faut, hélas! pour demeurer exact, mettre au passé tous ces traits de mœurs, restes eux-mêmes d'un passé, presque aboli, dans ce dernier quart de siècle, tant l'évolution sociale se fait rapide. Jamais Mme de Maligny ne manquait, où qu'elle fût, de se lever, au coup de trois heures, pour regagner, soit à pied, soit en fiacre, la chère chapelle des Bénédictines, où elle assistait au salut. Elle rentrait, pour recevoir d'autres cousins et cousines, vers les cinq heures, dîner à sept et se coucher à neuf, avec une régularité digne des nonnes cloîtrées qui, tous les matins, entonnaient, pour sa délectation, derrière leur grille, avant la messe, l'admirable phrase de plain-chant: « Asperges vie hyssopo, Domine, et mundabor …» (Vous m'aspergerez avec l'hysope, Seigneur, et je serai purifié.)

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