Judith Gautier - Le collier des jours

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XIV

Un matin, on trouva morte la chèvre blanche.

Quelle émotion! Quelle catastrophe!..

Savais-je ce qu'était la mort? Jamais jusque-là je n'avais eu d'elle aucune notion; mais elle est en nous et je crois qu'on la comprend d'emblée. J'avais bien le sentiment que c'était quelque chose de définitif; que, plus jamais, la chèvre blanche ne traînerait ma voiture; qu'elle ne m'appellerait plus, en bêlant, de sa logette, sous l'escalier; que je n'entendrais plus les chocs rapides de ses petits sabots sur les marches, quand elle s'échappait pour me rejoindre. J'étais consternée, mais sans cris et sans larmes.

Le lendemain, on vint chercher la morte, pour l'emporter, et j'eus, alors, une impression effrayante.

Dans l'impasse, qu'elle emplissait presque entièrement, m'apparut une voiture terrible, aussi haute que notre maison; et sa hauteur était faite d'un amoncellement de bêtes mortes.

Ces bêtes, tout aplaties et roides, n'étaient sans doute que des peaux, – je comprends cela en y repensant; – mais elles n'en étaient que plus stupéfiantes. Des hommes criaient, en fouaillant d'énormes chevaux, dont les fers glissaient et claquaient sur le pavé.

Cette voiture, ces hommes, pour moi, n'étaient pas de ce monde; ils venaient d'où allaient les morts et y retournaient.

Jamais vision de poète, descente aux enfers, descriptions d'épouvantes et de cataclysmes ne m'ont redonné une impression aussi intense. J'eus le sentiment de l'inexorable; des dangers de vivre; du destin qui frappe soudainement, et de l'inconnu effrayant, où s'en vont des charretées de victimes.

Quand un des hommes d'un geste violent, envoya au bout de sa fourche ma pauvre chèvre blanche, tout en haut, sur cet entassement de bêtes mortes, je suffoquai, comme si une main eût serré ma gorge, et je cachai dans les jupes de ma nourrice ma figure mouillée de larmes.

Longtemps, longtemps je fus hantée par le cauchemar de cette voiture sinistre, emportant à jamais la première bête que j'aie aimée.

XV

Un autre malheur plus grand, dont je n'avais moi, aucune idée, mais que la chérie, certainement redoutait, était en marche.

Je grandissais. Je pouvais très bien maintenant traîner une chaise et grimper dessus, pour, quand elle se défendait de moi, atteindre les genoux de ma nourrice et aller téter.

C'était, plutôt que par besoin ou gourmandise, pour bien l'accaparer, elle, l'empêcher de s'occuper d'autre chose que de moi, par câlinerie surtout.

Je ne tétais pas longtemps. Je me renversais dans ses bras, et de bas en haut, j'examinais son cher visage en détail. Je lui disais des choses saugrenues qui la faisaient rire.

J'étais plus consciente à présent de mon immense amour pour elle; de la sécurité délicieuse que me donnait le dévouement infatigable de ce cœur tout à moi; elle était ma force, mon soutien, la réalisatrice de toutes les fantaisies qui ne m'étaient pas nuisibles. Jamais de résistance, une soumission enthousiaste; les obstacles écartés devant moi, comme si la seule chose importante eût été de me laisser croître en liberté, sans entraves, ni influences. Aussi, étais-je bien vraiment moi, alors, et j'ai toujours gardé l'impression que ma vie la plus personnelle, la plus intense, la plus heureuse aussi, fut à cette époque de ma première enfance, où, dans un milieu étroit et pauvre, une telle richesse d'amour me créait un royaume vaste et splendide.

La catastrophe fut, pour moi, subite et cruelle; à l'entour tout est effacé, c'est un trait de foudre dans une nuit noire.

Sans doute, après une visite rue de Rougemont, ma nourrice ne me remmena pas.

Mais je ne me souviens d'aucune circonstance, ni de ceux qui m'entouraient. Seul, le désespoir, un désespoir sans égal, a marqué son ineffaçable blessure.

Je fus prise d'un sanglot unique, continu, qui dura je ne sais combien de jours et combien de nuits. Je rejetais tout ce qu'on me mettait, par force, dans la bouche, incapable d'ailleurs d'avaler même une goutte d'eau, tant ma gorge était serrée et convulsée de ce sanglot qui ne cessait jamais. Moi qui détestais l'obscurité, je restais dans le noir de l'antichambre, assise sur une banquette trop haute, près de la porte de sortie, la porte fermée à clé et verrouillée, mais qui peut-être s'ouvrirait une fois, pour me laisser m'enfuir. On ne pouvait m'arracher de là, et on arrivait à m'y abandonner, se disant, sans doute, que ce chagrin d'enfant finirait bien par passer.

Il ne passait pas, je sanglotais sans relâche, et j'ai encore l'horrible sensation de cet étranglement, de cette suffocation; de la brûlure, sur mes joues et ma bouche, des larmes que je n'essuyais pas. Cela finit par devenir un hoquet saccadé et convulsif, que rien ne pouvait arrêter.

Combien cet état dura-il? Je ne sais. Je ne vois plus que la délivrance à l'entrée de Marie, accompagnée du docteur Aussandon.

– Marie! Marie!

J'étais dans ses bras, cramponnée à elle et je crois qu'il eût été difficile de m'arracher de là.

Elle pleurait, et, avec le mouchoir dont elle s'épongeait les yeux, elle essuya doucement mon visage tout bouffi et gercé par les larmes.

Le docteur apportait une nouvelle grave. La nourrice avait eu un tel chagrin de la séparation, qu'une révolution de lait s'était déclarée.

Marie, affolée, était partie en courant pour chercher le docteur. Il avait constaté chez la nourrice une fièvre violente avec du délire, et il ne répondait de rien si on ne lui rendait pas, tout de suite, le petit monstre qui, à son entrée dans la vie, s'était si bien battu avec lui, et qui, paraît-il, n'était pas un monstre pour tout le monde.

Il déclara d'ailleurs que j'étais, moi aussi, en danger, et que c'était fou de m'avoir laissé pleurer comme cela.

On ne pouvait vraiment pas nous condamner à mourir toutes les deux; il fallut bien céder.

Et je fus remise en nourrice.

XVI

Comment se fit la seconde et définitive séparation d'avec ma nourrice?.. Je ne le sais presque pas. Sans doute on dut l'entourer, cette fois, de précautions et de transitions qui rendirent le déchirement moins douloureux.

Je crois que cela commença par une partie de plaisir, où la chérie m'accompagnait, et elle resta, même, plusieurs jours avec moi.

D'ailleurs ce n'était pas rue Rougemont que nous allions; de cette façon, je n'avais pas de méfiance.

On me confiait à mon grand-père, qui vivait, avec ses deux filles, sœurs de mon père, au Grand-Montrouge.

Un jardin!.. des fleurs!.. des arbres!.. la vraie campagne!.. Cela me séduisit tout de suite. J'étais grisée par tant de lumière, après la pénombre de l'impasse d'Antin. Le temple grec de la barrière Monceau, et même les beautés sahariennes du terrain vague, furent vite éclipsées par les splendeurs champêtres du Grand-Montrouge.

Dans les premiers temps, pour m'apprivoiser, on me laissa complètement libre. Je parcourais le jardin, qui, par le fond, communiquait à des vergers, puis à une prairie. La découverte de la nature m'absorba et m'enthousiasma tellement que tout autre sentiment fut submergé.

Route de Châtillon! C'était là que mon grand-père vivait, dans une petite maison, alignée au trottoir, qui n'avait qu'un rez-de-chaussée et un étage. Il n'occupait, avec ses filles, que ce premier et unique étage, composé de quatre pièces et d'une cuisine. De la salle à manger, sur le derrière de la maison, un petit escalier extérieur descendait dans une petite cour, séparée du jardin par une grille de bois et une porte, entre deux piliers. Le plus bel ornement de ce jardin, où l'on descendait par deux marches, était, au milieu de la pelouse centrale, un large catalpa.

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