Pancol,Katherine - La valse lente des tortues

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Mais qu’est-ce qui m’est arrivé pour que je me retrouve seule, sans amis, sans mari, sans enfant, coupée du reste du monde ?

Et d’ailleurs est-ce que j’existe encore ?

On n’est plus personne quand on est seule. Le souvenir de Carmen vint lui porter la contradiction, mais elle le repoussa en pensant elle, elle ne compte pas, elle m’a toujours aimée et elle m’aimera toujours. Et d’ailleurs, elle m’ennuie, Carmen. La fidélité m’ennuie, la vertu me pèse, le silence m’arrache les oreilles. Je veux du bruit, des éclats de rire, du champagne, des abat-jour roses, des regards d’hommes qui me désirent, des calomnies d’amies. Bérengère n’est pas venue me voir. Elle a mauvaise conscience, alors elle se tait quand on dit du mal de moi dans les dîners parisiens, elle se tait jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus et rejoigne la meute en s’écriant : « vous êtes méchantes, cette pauvre Iris n’a pas mérité de croupir dans une clinique, elle a juste été imprudente », et les autres de s’exclamer en staccato aigu « imprudente ? Comme tu es bonne ! Malhonnête, tu veux dire ! Carrément malhonnête ! » Ainsi, libérée de sa fidélité d’amie, elle reprend, gourmande, dégustant chaque mot, se laissant glisser dans le marécage du ragot : « C’est vrai que c’est pas bien ce qu’elle a fait. Pas bien du tout ! » et rejoint, affriolée, le cercle des médisantes qui, chacune à sa façon, ajoute une tare à l’absente. « Et c’est bien fait pour elle, conclut la plus acerbe, elle ne pourra plus nous écraser de son mépris, elle n’est plus personne. » Fin de l’oraison funèbre et choix d’une nouvelle proie.

Elles n’ont pas tort, reconnut Iris, en contemplant la chambre blanche, les draps blancs, les stores blancs. Qui suis-je en réalité ? Personne. Je n’ai aucune consistance. J’ai tout raté, je peux servir de définition au mot « échec » dans le dictionnaire. Échec, nom commun, masculin singulier, voir Iris Dupin. Je ferais mieux de reprendre mon nom de jeune fille, je ne vais pas rester longtemps mariée. Joséphine va tout me prendre. Mon livre, mon mari, mon fils, mon argent.

Est-ce qu’on peut vivre coupée de sa famille, de ses amis, de son mari, de son enfant ? Coupée de soi, aussi. Je vais devenir un pur esprit. Me fondre dans le néant, m’apercevoir que je n’ai jamais eu aucune consistance. Que je n’ai toujours été qu’une apparence.

Avant, j’existais parce que les autres me regardaient, me prêtaient des pensées, des talents, un style, une élégance. Avant, j’existais parce que j’étais la femme de Philippe Dupin, que j’avais la Carte Bleue de Philippe Dupin, le carnet d’adresses de Philippe Dupin. On me craignait, on me respectait, on m’encensait de louanges mensongères. Je pouvais moucher Bérengère, impressionner ma mère. J’avais réussi.

Elle renversa la tête en arrière et éclata d’un rire furieux. Quelle pauvre réussite que celle qui ne vous appartient pas, celle qu’on ne se forge pas, qu’on ne construit pas pierre à pierre ! Quand on la perd, on peut aller s’accroupir dans la rue et tendre la main.

Il n’y a pas si longtemps, quand Iris n’était pas malade, un soir qu’elle rentrait d’avoir fait des courses les bras chargés de paquets, qu’elle courait pour attraper un taxi, elle avait croisé un mendiant calé sur ses genoux, le regard baissé, la nuque ployée. Il disait merci monsieur, merci madame, à voix étouffée, à chaque pièce qui tombait dans son gobelet. Ce n’était pas le premier qu’elle rencontrait mais celui-là, elle ne savait pas pourquoi, il lui avait sauté aux yeux. Elle avait pressé le pas, détourné le regard. Pas le temps de lui faire la charité, le taxi allait s’éloigner, ce soir, ils sortaient, il lui fallait se mettre en beauté, prendre un bain, choisir la robe parmi les dizaines de tenues pendues sur les cintres, se coiffer, se maquiller. En rentrant, elle avait dit à Carmen, je ne vais pas ressembler à ce mendiant dans la rue, dis ? je ne veux pas devenir pauvre. Carmen lui avait promis que jamais ça ne lui arriverait, qu’elle s’userait les doigts à faire des ménages pour qu’elle continue à briller. Elle l’avait crue. Elle avait étalé le masque de beauté à la cire d’abeille, s’était laissée glisser dans l’eau chaude du bain et avait fermé les yeux.

Et pourtant, je ne suis pas loin de ressembler à une mendiante, songea-t-elle en soulevant le drap pour chercher le miroir. Il a peut-être glissé. J’ai oublié de le remettre à sa place, il se cache dans un pli.

Mon miroir, rendez-moi mon miroir, je veux me voir, m’assurer que j’existe, que je ne me suis pas évaporée. Que je peux plaire encore.

Les médicaments qu’on lui donnait le soir commençaient à faire leur effet, elle délira encore un moment, vit son père qui lisait le journal au pied de son lit, sa mère qui vérifiait si les épingles de son chapeau étaient bien enfoncées, Philippe qui la conduisait en robe blanche le long de l’allée centrale de l’église. Je ne l’ai jamais aimé. Je n’ai jamais aimé personne et je voudrais qu’on m’aime. Ma pauvre fille ! Tu es pitoyable. Un jour, mon prince viendra, un jour mon prince viendra… Gabor. Il était mon prince charmant. Gabor Minar. Le metteur en scène que tout le monde adule, dont le nom jette tant de lumière qu’on veut se blottir sous son projecteur. J’étais prête à tout quitter pour lui : mari, enfant, Paris. Gabor Minar. Elle cracha son nom comme un reproche. Je ne l’ai pas aimé, pauvre, inconnu, je me suis jetée à sa tête quand il a été célèbre. Il me faut toujours la signature des autres. Même pour aimer. Quelle dérisoire amante je fais !

Iris était lucide, ce qui amplifiait son malheur. Elle pouvait être injuste le temps d’un accès de colère, mais retrouvait vite la raison et se maudissait. Maudissait sa lâcheté, sa frivolité. La vie m’a tout donné à la naissance et je n’en ai rien fait. Je me suis laissée flotter sur l’écume de la facilité.

Si elle avait eu un peu d’estime pour elle-même, elle aurait pu alors, grâce à cette lucidité impitoyable qui, parfois, la faisait plus noire qu’elle n’était, se corriger et commencer à s’aimer. L’estime de soi, on ne l’obtient pas en la décrétant. Cela demande un effort, du travail et, rien qu’à cette idée, elle plissa le nez de dégoût. Et puis, je n’ai plus le temps, constata-t-elle, pratique. On ne recommence pas sa vie à quarante-sept ans et demi. On la rapièce, on la colmate, mais on ne fait pas de neuf.

Non, se dit-elle, sentant le sommeil l’envahir, luttant pour trouver une solution, il me faut vite, vite un nouveau mari. Plus riche, plus fort, plus important que Philippe. Un mari immense. Qui m’émerveille, qui me subjugue, devant lequel je m’agenouille comme une petite fille. Qui prenne ma vie en main, qui me replace dans la marche du monde. Avec de l’argent, des relations, des dîners en ville. Je suis encore jolie. Dès que je sortirai d’ici, je redeviendrai la belle et magnifique Iris.

Ma première pensée positive depuis que je suis enfermée ici, marmonna-t-elle en remontant le drap sous son menton, peut-être suis-je en train de guérir ?

Le dimanche matin, Luca appela. La veille, Joséphine avait laissé trois messages sur son portable. Sans réponse. Ce n’est pas bon signe, s’était-elle dit en tapotant l’émail de ses dents. La veille aussi, elle avait appelé Marcel Grobz pour obtenir les coordonnées de Mylène. Il fallait qu’elle lui parle. Savoir si elle avait, elle aussi, reçu une carte d’Antoine. Si elle savait où il se trouvait, ce qu’il faisait et si, enfin, il était vraiment vivant. Je ne peux pas le croire, je ne peux pas le croire, répétait Joséphine. La lettre dans le paquet parlait de sa mort horrible. C’était bien une lettre de condoléances, pas un faire-part de naissance.

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