Brown, Dan - Da Vinci code

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– 454 –

simple coup de fil anonyme à la police avait suffi pour lever l'hypothèque Silas.

Bon débarras.

Restait Rémy.

Il était devenu encombrant et dangereux, Teabing n'avait plus le choix. La quête du Graal exige des sacrifices . Il avait trouvé la solution la plus propre à l'arrière de la Jaguar - dans le mini-bar : une flasque de cognac et une boîte de cacahuètes, dont il suffisait de recueillir les miettes déposées dans le fond pour déclencher une crise d'allergie mortelle. Dès que Rémy avait garé la voiture le long de St. James Park, Teabing était venu s'asseoir auprès de lui. Quelques minutes plus tard, il remontait à l'arrière, le temps de faire disparaître les preuves, et se dirigeait vers la dernière étape de la mission qu'il s'était assignée, à moins de dix minutes à pied de là.

À l'entrée de l'abbaye, le détecteur de métaux s'était évidemment mis à sonner. Les agents de la sécurité étaient bien embêtés : On peut quand même pas lui demander d'enlever son appareillage et de ramper... Teabing les avait sauvés de leur embarras en exhibant sa carte de visite. Chevalier du Royaume.

Les pauvres vigiles l'avaient laissé passer avec une obséquiosité presque gênante.

Résistant au plaisir de raconter à Langdon et Sophie, abasourdis par ces révélations, comment il avait réussi à impliquer l’Opus Dei dans un plan qui allait entraîner l'effondrement définitif de l'Église catholique, Teabing décida qu'il était grand temps de passer à l'action.

— N'oubliez pas, chers amis, que ce n'est pas nous qui trouvons le Saint-Graal mais plutôt lui qui nous trouve. C'est maintenant chose faite.

Silence.

Il reprit dans un murmure :

— Écoutez, vous l'entendez qui nous appelle par-delà les siècles ? Il nous supplie de le libérer de la folie qui s'est emparée du Prieuré de Sion. Je vous en prie, ne laissez pas passer cette occasion historique. Qui, mieux que nous trois, serait capable de décoder le dernier poème qui nous donnera la clé de ce cryptex

?

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Teabing s'interrompit, les yeux brillants.

— Prêtons ensemble un serment solennel. Jurons-nous fidélité mutuelle. Un serment sacré d'allégeance prononcé par trois chevaliers sur le point de révéler à la face du monde une vérité que l'Église s'acharne depuis des siècles à masquer !

Le fixant de son regard vert impitoyable et glacé, Sophie adopta le même ton grandiloquent pour répondre :

— Jamais je ne prononcerai de serment avec l'assassin de mon grand-père, sauf celui de le faire jeter en prison.

— Navré de vous voir disposée de manière si négative à mon endroit, répliqua Teabing d'un ton sec.

Puis, braquant son pistolet en direction de Langdon :

— Et vous, Robert, êtes-vous avec ou contre moi ?

– 456 –

100

Mgr Aringarosa avait eu son lot de douleurs physiques ou morales, et pourtant la brûlure qui lui transperçait la poitrine lui semblait profondément étrangère. C'est la blessure faite à son âme qui le torturait, celle dont souffrait sa chair ne comptait pas. Il ouvrit les yeux, mais la pluie ruisselante lui brouillait la vue. Où suis-je ? Il sentit deux bras robustes se glisser sous les siens et le traîner comme une poupée de chiffon sur le pavé mouillé que battait sa soutane noire.

Il parvint à s'essuyer les yeux d'une main et reconnut l'homme qui le traînait. Silas. Le visage couvert de sang, le grand albinos hurlait des appels au secours, suppliant les policiers d'appeler une ambulance. Ses yeux rouges regardaient droit devant lui, son visage blême et sanguinolent était baigné de larmes.

— Tu es blessé, mon fils, murmura l'évêque. Silas baissa les yeux, le visage contracté par l'angoisse.

— Je regrette tellement, mon père...

Sa voix s'étranglait presque dans sa gorge.

— Non, Silas, c'est moi qui éprouve un terrible remords.

Tout cela est ma faute.

Le Maître avait promis qu'il n'y aurait pas de sang versé et je t'ai ordonné de lui obéir en tous points.

— J'ai été trop impatient, trop inquiet, et je t'ai demandé de m'obéir.

Nous avons été trompés, toi et moi.

Il n'a jamais eu l’intention de nous remettre le Graal.

Recroquevillé dans les bras de l'homme qu'il avait recueilli bien des années auparavant, Aringarosa remonta dans le temps.

À l'époque de ses modestes débuts espagnols, à cette petite église catholique qu'il avait construite avec Silas à Oviedo. Et plus tard, à New York, où il avait proclamé la gloire de Dieu avec l'immense centre de l’Opus Dei sur Lexington Avenue.

Mais cinq mois plus tôt, Aringarosa avait reçu d'effrayantes nouvelles. L'œuvre de sa vie était en danger. Il se souvenait dans

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les moindres détails de cette première convocation au Vatican comme du verdict qui l'avait engagé sur cette pente catastrophique.

Il se rappelait son arrivée dans la bibliothèque d'astronomie de Castel Gandolfo, la tête haute, prêt à recevoir les louanges des dignitaires pour les services inappréciables rendus au catholicisme en Amérique.

Mais il n'y avait trouvé que trois personnages. Le secrétaire général du Vatican, obèse et buté.

Et deux cardinaux de la curie, moralisateurs, arrogants.

Le secrétaire général l'avait invité à s'asseoir en lui désignant un fauteuil avant de commencer.

Un coup d'œil aux deux cardinaux qui le jaugeaient d'un air entendu avait mis la puce à l'oreille du vieil évêque. Quelque chose clochait.

— Monseigneur, n'étant pas doué pour les prônes tortueux, je vais aller droit au but : l'objet de votre visite.

— Parlez-moi sans détour, je vous en prie.

— Vous n'êtes pas sans savoir que Sa Sainteté est, depuis quelque temps, préoccupée des remous politiques que suscitent les méthodes ultra conservatrices de l’Opus Dei.

Une soudaine irritation s'était emparée d'Aringarosa. Ce n'était pas la première fois que le Saint-Père se prononçait en faveur d'une évolution libérale (dangereuse aux yeux de l’évêque) de l'Église.

— Laissez-moi tout d'abord vous assurer, avait enchaîné le secrétaire du Vatican, que Sa Sainteté n'a aucunement l'intention de changer quoi que ce soit à l'exercice de votre ministère.

Je l'espère bien. Mais dans ce cas, pourquoi m'avoir convoqué ?

— Je préfère ne pas y aller par quatre chemins, Aringarosa, avait repris le bedonnant ecclésiastique. Le Vatican a décidé, il y a trois jours, de révoquer la prélature pontificale de l’Opus Dei.

— Pardon ? avait demandé Aringarosa, persuadé d'avoir mal saisi.

— Vous m'avez compris. Dans six mois, votre organisation ne bénéficiera plus de la protection de Rome. Le Saint-Siège ne

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répondra plus de l’Opus Dei. Les documents administratifs sont en cours de préparation.

— Mais... mais c'est impossible !

— C'est non seulement possible, mais tout à fait nécessaire.

L'agressivité de vos méthodes de recrutement et de formation déplaisent profondément au pape. La mortification corporelle et la discrimination vis-à-vis des femmes sont contraires aux orientations de l'Église moderne. Très franchement, l’Opus Dei est devenu un fardeau et un frein pour le Vatican.

Aringarosa était stupéfait.

— Un fardeau ?

— Ce terme ne doit nullement vous surprendre, monseigneur...

— Mais c'est la seule œuvre catholique dont le nombre d'adhérents connaisse une croissance régulière ! Nous comptons actuellement onze cents prêtres !

— C'est exact. Une évolution qui nous préoccupe tous.

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