Paulo Coelho - Le Démon Et Mademoiselle Prym

Здесь есть возможность читать онлайн «Paulo Coelho - Le Démon Et Mademoiselle Prym» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le Démon Et Mademoiselle Prym: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le Démon Et Mademoiselle Prym»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Le Démon Et Mademoiselle Prym — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le Démon Et Mademoiselle Prym», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— Le temps va encore se gâter, dit Berta.

Chantal se demanda pourquoi les personnes désœuvrées se soucient tellement du temps qu’il fait. Elle se contenta d’acquiescer d’un signe de tête et continua son chemin. Elle avait déjà épuisé tous les sujets de conversation possibles avec Berta depuis tout ce temps qu’elle avait vécu à Bescos. À une époque, elle avait trouvé que c’était une femme intéressante, courageuse, qui avait été capable de stabiliser sa vie, même après la mort de son mari victime d’un accident de chasse : Berta avait vendu quelques-uns de ses biens, placé l’argent qu’elle avait retiré de cette vente ainsi que celui de l’assurance vie de son mari, et vivait de ces revenus. Mais, les années passant, la veuve avait cessé d’intéresser Chantal qui voyait désormais en elle l’image d’une destinée qu’elle voulait à tout prix s’éviter : non, pas question de finir sa vie assise sur une chaise, emmitouflée pendant l’hiver, comme à un poste d’observation, alors qu’il n’y avait là rien d’intéressant ni d’important ni de beau à voir.

Elle gagna la forêt proche où stagnaient des nappes de brume, sans craindre de se perdre, car elle connaissait presque par cœur tous les sentiers, arbres et rochers. Tout en marchant, elle vivait par avance la soirée, sûrement palpitante ; elle essayait diverses façons de raconter la proposition de l’étranger : soit elle se contentait de rapporter au pied de la lettre ce qu’elle avait vu et entendu, soit elle forgeait une histoire plus ou moins vraisemblable, en s’efforçant de lui donner le style de cet homme qui ne la laissait pas dormir depuis trois jours.

« Un homme très dangereux, pire que tous les chasseurs que j’ai connus. »

Tout à coup, Chantal se rendit compte qu’elle avait découvert une autre personne aussi dangereuse que l’étranger : elle-même. Quatre jours plus tôt, elle ne percevait pas qu’elle était en train de s’accoutumer à ce qu’elle était, à ce qu’elle pouvait espérer de l’avenir, au fait que la vie à Bescos n’était pas tellement désagréable – elle était même très gaie en été quand le lieu était envahi par des touristes qui trouvaient que c’était un « petit paradis ».

À présent, les monstres sortaient de leurs tombes, hantaient ses nuits, la rendaient malheureuse, abandonnée de Dieu et de son propre destin. Pis encore : ils l’obligeaient à voir l’amertume qui la rongeait jour et nuit, qu’elle traînait dans la forêt, dans son travail, dans ses rares rencontres et dans ses moments fréquents de solitude.

« Que cet homme soit condamné. Et moi avec lui, moi qui l’ai forcé à croiser mon chemin. »

Elle décida de rentrer. Elle se repentait de chaque minute de sa vie et elle blasphémait contre sa mère morte à sa naissance, contre sa grand-mère qui lui avait enseigné qu’elle devait s’efforcer d’être bonne et honnête, contre ses amis qui l’avaient abandonnée, contre son destin qui lui collait à la peau.

Berta n’avait pas bougé de sa chaise.

— Tu marches bien vite, dit-elle. Assieds-toi à côté de moi et repose-toi un peu.

Chantal accepta l’invitation. Elle aurait fait n’importe quoi pour voir le temps passer plus vite.

— On dirait que le village est en train de changer, dit Berta. Il y a quelque chose de différent dans l’air. Hier soir, j’ai entendu le loup maudit hurler.

La jeune femme poussa un soupir de soulagement. Maudit ou non, un loup avait hurlé la nuit précédente et elle n’avait pas été la seule à l’entendre.

— Ce village ne change jamais, répondit-elle. Seules les saisons varient, nous voici en hiver.

— Non, c’est l’arrivée de l’étranger.

Chantal tressaillit. S’était-il confié à quelqu’un d’autre ?

— Qu’est-ce que l’arrivée de l’étranger a à voir avec Bescos ?

— Je passe mes journées à regarder autour de moi. Certains pensent que c’est une perte de temps, mais c’est la seule façon d’accepter la mort de celui que j’ai tant aimé. Je vois les saisons passer, les arbres perdre et retrouver leurs feuilles. Il n’empêche que, de temps en temps, un élément inattendu provoque des changements définitifs. On m’a dit que les montagnes alentour sont le résultat d’un tremblement de terre survenu il y a des millénaires.

La jeune femme acquiesça : elle avait appris la même chose au collège.

— Alors, rien ne redevient comme avant. J’ai peur que cela puisse arriver maintenant.

Chantal eut soudain envie de raconter l’histoire du lingot, car elle pressentait que la vieille savait quelque chose à ce sujet, mais elle garda le silence. Berta enchaîna :

— Je pense à Ahab, notre grand réformateur, notre héros, l’homme qui a été béni par saint Savin.

— Pourquoi Ahab ?

— Parce qu’il était capable de comprendre qu’un petit détail, même anodin, peut tout détruire. On raconte qu’après avoir pacifié la bourgade, chassé les brigands intraitables et modernisé l’agriculture et le commerce de Bescos, un soir, il réunit ses amis pour dîner et prépara pour eux un rôti de premier choix. Tout à coup, il s’aperçut qu’il n’avait plus de sel.

« Alors Ahab dit à son fils :

— Va chez l’épicier et achète du sel. Mais paie le prix fixé, ni plus ni moins.

« Le fils, un peu surpris, rétorqua :

— Père, je comprends que je ne dois pas le payer plus cher. Mais, si je peux marchander un peu, pourquoi ne pas faire une petite économie ?

— Je te le conseillerais dans une grande ville. Mais dans un village comme le nôtre, agir ainsi pourrait conduire à une catastrophe.

« Une fois le fils parti faire l’emplette, les invités, qui avaient assisté à la conversation, voulurent savoir pourquoi on ne devait pas marchander du sel et Ahab répondit :

— Celui qui accepte de baisser le prix du produit qu’il vend a sûrement un besoin désespéré d’argent. Celui qui profite de cette situation affiche un mépris profond pour la sueur et les efforts d’un homme qui a travaillé pour produire quelque chose.

« Mais en l’occurrence, c’est un motif trop insignifiant pour qu’un village soit anéanti.

« De même, au début du monde, l’injustice était minime. Mais chaque génération a fini par y ajouter sa part, trouvant toujours que cela n’avait guère d’importance, et voyez où nous en sommes aujourd’hui.

— Comme l’étranger, n’est-ce pas ? dit Chantal, dans l’espoir que Berta avoue avoir causé avec lui.

Mais la vieille garda le silence. Chantal insista :

— J’aimerais bien savoir pourquoi Ahab voulait à tout prix sauver Bescos. C’était un repaire de criminels, et maintenant c’est un village de lâches.

La vieille certainement savait quelque chose. Restait à découvrir si elle le tenait de l’étranger.

— C’est vrai. Mais je ne sais pas si on peut vraiment parler de lâcheté. Je pense que tout le monde a peur des changements. Les habitants de Bescos veulent tous que leur village soit comme il a toujours été : un endroit où l’on cultive la terre et élève du bétail, qui réserve un accueil chaleureux aux touristes et aux chasseurs, mais où chacun sait exactement ce qui va se passer le lendemain et où les tourmentes de la nature sont les seules choses imprévisibles. C’est peut-être une façon de trouver la paix, encore que je sois d’accord avec toi sur un point : tous sont d’avis qu’ils contrôlent tout, mais ils ne contrôlent rien.

— Ils ne contrôlent rien, c’est vrai, dit Chantal.

— « Personne ne peut ajouter un iota à ce qui est écrit », dit la vieille, citant un texte évangélique. Mais nous aimons vivre avec cette illusion, c’est une façon de nous rassurer.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le Démon Et Mademoiselle Prym»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le Démon Et Mademoiselle Prym» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Le Démon Et Mademoiselle Prym»

Обсуждение, отзывы о книге «Le Démon Et Mademoiselle Prym» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x