Pérez-Reverte, Arturo - Les bûchers de Bocanegra
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— Non, dit enfin Alatriste.
Il avait tellement tardé à parler que Don Francisco n’attendait déjà plus de réponse. Il regarda le capitaine, surpris, cherchant à comprendre ce qu’il voulait dire. Mais le capitaine continuait à regarder le feu, impassible. Et ce n’est que plus tard, au bout d’un autre long silence, qu’il se retourna lentement vers Quevedo :
— Dieu n’a rien à voir avec ça.
À la différence des besicles du poète, ses yeux clairs ne reflétaient pas la lumière des bûchers et ressemblaient plutôt à deux flaques d’eau gelée. Les dernières flammes faisaient danser des ombres et des lueurs rougeâtres sur son profil taciturne, affilé comme la lame d’un couteau.
Je faisais semblant de dormir. Caridad la Lebrijana était assise au chevet du lit où je m’étais couché après avoir dîné et pris un bain chaud dans un baquet de la taverne. Elle veillait sur mon repos tout en reprisant à la lumière d’une chandelle le linge de corps du capitaine. Je fermais les yeux, jouissant de la tiédeur du lit, dans un heureux demi-sommeil qui me permettait de ne pas répondre aux questions ni de parler de ma récente aventure dont le seul souvenir – je ne pouvais pas oublier cet infâme san-benito – me rongeait encore de honte. La chaleur des draps, la bienveillante compagnie de la Lebrijana, me savoir à nouveau entouré d’amis et surtout la possibilité de rester tranquille, les yeux fermés, tandis que le monde tournait, oublié de moi, me plongèrent dans une léthargie proche de la félicité, d’autant plus que personne dans ma prison n’avait pu m’arracher un mot qui puisse incriminer Diego Alatriste.
Je n’ouvris pas davantage les yeux quand j’entendis ses pas dans l’escalier, pas même lorsque, étouffant une exclamation, la Lebrijana jeta à terre son ouvrage et se précipita dans ses bras. J’entendis leur conversation étouffée, les baisers sonores de la tenancière, le murmure de protestation du capitaine, de nouveaux chuchotements et finalement le bruit de la porte qui se refermait et de pas qui descendaient l’escalier. Je croyais être resté seul lorsque, après un long silence, les bottes du capitaine résonnèrent à nouveau sur le sol, s’approchant de mon lit jusqu’à s’arrêter à côté de moi.
Je faillis ouvrir les yeux, mais je ne le fis point. Je savais qu’il m’avait vu sur la place parmi les condamnés, couvert de honte. Il ne pouvait pas oublier non plus que, pour lui avoir désobéi, je m’étais fait prendre comme une linotte, la nuit de l’attaque du couvent des bienheureuses adoratrices. Bref, je ne me sentais pas assez fort pour affronter ses questions ou ses reproches, pas même le silence de son regard. Je restai donc immobile, respirant régulièrement pour lui faire croire que j’étais endormi.
Un long moment passa. Il m’observait sans doute à la lumière de la chandelle que la Lebrijana avait laissée allumée. On n’entendait aucun bruit, pas même son souffle, rien. Au moment où je commençais à douter de sa présence, je sentis le contact de sa main, sa paume rude qui se posa un moment sur mon front avec une tendresse chaude, inespérée. Il la laissa ainsi quelque temps, puis la retira brusquement. Les pas s’éloignèrent de nouveau et j’entendis le bruit du placard qui s’ouvrait, le choc d’un verre et d’une carafe de vin, une chaise qu’on tire.
J’entrouvris les yeux, avec précaution. Dans la faible lumière de la chambre, je vis que le capitaine s’était débarrassé de sa journade, de son pourpoint et de son épée. Assis à la table, il buvait en silence. Le vin glougloutait de temps en temps quand il remplissait son verre. Alatriste buvait lentement, méthodiquement, comme s’il n’avait rien d’autre à faire dans ce monde. La lumière jaunâtre de la chandelle éclairait la tache claire de sa chemise, les traits de son visage, ses cheveux courts, une pointe dressée de sa moustache de soldat. Silencieux et immobile, sauf pour boire, il avait laissé la fenêtre ouverte et l’on devinait dans les ténèbres les cheminées et les toits voisins. Une étoile solitaire brillait dans le ciel, immobile, silencieuse et froide. Alatriste avait les yeux rivés sur l’obscurité, sur le vide ou sur ses propres fantômes vaguant dans la pénombre. Je connaissais bien son regard quand le vin le troublait et j’étais capable de l’imaginer sans peine en ce moment : glauque, absent. À sa ceinture, le bandage était trempé et une tache de sang grandissait très lentement, teignant de rouge sa chemise blanche. Il semblait aussi résigné et seul que l’étoile qui scintillait dehors, dans la nuit.
Deux jours plus tard, le soleil brillait dans la rue de Tolède et le monde était de nouveau vaste et rempli d’espérances. La vigueur de ma jeunesse bondissait dans mes veines. Assis à la porte de la Taverne du Turc, m’exerçant à la calligraphie avec l’écritoire que le licencié Calzas continuait à m’apporter de la place de la Provincia, je voyais la vie avec cet optimisme et cette promptitude à reprendre le dessus que donnent la santé et la jeunesse après un malheur. De temps en temps, je levais les yeux vers les commères qui vendaient des légumes de l’autre côté de la rue, les poules qui picoraient les ordures ou les galopins qui se poursuivaient entre les montures et les voitures. J’écoutais la rumeur des conversations dans la taverne. Bref, j’étais le garçon le plus satisfait du monde. Et même les vers que je copiais me paraissaient être les plus beaux qui aient jamais été écrits :
Elle fermera mes yeux jusqu’au bout de la nuit cette ultime lueur qui m’emporte le jour, et mon âme pourra dénouer sans détour une heure de bonheur à son anxieux désir…
Ils étaient de Don Francisco de Quevedo et ils me parurent si beaux quand je les lui entendis réciter sans façon, entre deux gorgées de San Martin de Valdeiglesias, que je n’hésitai pas un instant à lui demander la permission de les recopier de ma plus belle écriture. Don Francisco était dans la taverne avec le capitaine et les autres habitués : le licencié Calzas, le père Ferez, Juan Vicuna et Fadrique le Borgne, fêtant avec plusieurs pichets de bon vin, des saucisses et du lièvre la fin heureuse de cette vilaine affaire dont personne ne voulait parler mais que tous avaient à l’esprit. L’un après l’autre, ils m’avaient caressé les cheveux ou donné une tape amicale en entrant. Don Francisco vint avec un Plutarque pour que je pratique la lecture, le père Ferez un rosaire en argent, Juan Vicuna une boucle de bronze qu’il avait portée en Flandre et Fadrique le Borgne – qui était plutôt de la confrérie des pingres – avec une once d’une certaine composition de son cru, parfaite, disait-il, pour épaissir le sang et rendre ses couleurs à un tout jeune homme qui avait connu récemment tant d’épreuves. J’étais donc le garçon le plus fier et le plus heureux d’Espagne quand, trempant l’une des bonnes plumes d’oie du licencié Calzas, je continuais à copier :
Mais cette autre part jamais de cette rive laissera la mémoire, là où elle brûlait. Ma flamme sur l’eau fraîche nagera à jamais, insolente elle ne craint que la loi la poursuive…
J’en étais rendu à ce vers lorsque, levant les yeux une fois de plus, ma main resta en suspens et une goutte d’encre tomba sur le papier comme une larme. Une voiture familière s’approchait dans la rue de Tolède, noire, sans armoiries sur la portière, avec un sévère cocher derrière ses deux mules. Lentement, comme si je me trouvais perdu dans un rêve, je laissai de côté papier, plume, encrier et sablier. Je me levai, puis restai aussi immobile que si la voiture avait été une apparition qu’un geste mal calculé de ma part aurait pu chasser. La voiture arriva à ma hauteur et je vis à la fenêtre ouverte une main blanche et parfaite, puis les boucles blondes et les yeux couleur des ciels de Diego Velázquez de la petite fille qui avait bien failli m’envoyer au bûcher. Tandis que la voiture passait devant la Taverne du Turc, Angélica d’Alquézar me regarda fixement, d’une manière qui, je le jure devant Dieu, me donna des frissons le long de la colonne vertébrale et fit s’arrêter mon cour qui battait à grands coups, comme ensorcelé. Sans réfléchir, je posai la main sur mon cœur, regrettant sincèrement de ne plus porter la chaîne en or et le talisman qu’elle m’avait donnés pour me faire condamner à mort. Si le Saint-Office ne me les avait pas arrachés, je jure par le sang du Christ que j’aurais continué à les porter au cou avec l’orgueil d’un amoureux.
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