Pérez-Reverte, Arturo - Les bûchers de Bocanegra

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Et puisque nous parlons de défaut dans la cuirasse, Alatriste tâta son avant-bras gauche meurtri par les morsures d’Angélica. Il ne put s’empêcher de faire une moue admirative. Les tragédies prennent parfois l’allure d’intermèdes burlesques, se dit-il. Cette petite chatte blonde, dont il n’avait entendu que vaguement parler – je n’avais jamais mentionné son nom et le capitaine ignorait tout de ma relation avec elle – promettait d’être féroce. Bon chien chasse de race : elle était digne de son oncle.

Alatriste se souvint encore une fois des yeux épouvantés de Luis d’Alquézar, de son haleine sur la main qui étouffait ses cris, de son odeur aigre de sueur et de terreur. Il haussa les épaules. Son stoïcisme de soldat reprenait le dessus. Après tout, conclut-il, on ne sait jamais quelles vont être les conséquences de nos actes. Au moins, après cette attaque nocturne qu’il venait de vivre, Luis d’Alquézar savait maintenant lui aussi qu’il était vulnérable. Son cou était autant à la merci d’une dague que celui de n’importe qui. Et le lui avoir fait comprendre pouvait tout aussi bien être bon que mauvais, selon les caprices du destin.

Il en était là de ses réflexions quand il arriva enfin sur la petite place du Comte de Barajas, à deux pas de la Plaza Mayor. Mais alors qu’il était au coin de la rue, il vit de la lumière et des gens. L’heure n’était pas à la promenade. Il se cacha donc dans l’entrée d’une maison. Peut-être s’agissait-il de clients de Juan Vicuna, fatigués de taper le carton, ou de couche-tard en quête d’aventures, ou de la justice. De toute façon, mieux valait à cette heure éviter les surprises, bonnes ou mauvaises.

À la lumière de la lanterne qu’ils avaient posée à terre, il les vit afficher un placard près de l’arche des Couteliers, puis poursuivre leur chemin. Ils étaient cinq, armés, avec un rouleau de placards et un seau de colle. Alatriste aurait continué son chemin sans trop faire attention à eux s’il n’avait pas aperçu à la lumière de la lanterne que l’un des inconnus portait le bâton noir des familiers de l’Inquisition. À peine se furent-ils éloignés qu’il s’approcha du placard pour le lire, mais il ne faisait pas assez jour. Comme la colle était encore fraîche, il arracha l’affiche, la plia en quatre et gravit les marches de l’arche. Puis il passa sous les arcades de la place, ouvrit la petite porte secrète de Juan Vicuna et battit le briquet pour allumer une chandelle dans le couloir. Alatriste se forçait à prendre son temps, comme quelqu’un qui attend avant de rompre les sceaux d’une lettre qu’il sait lui apporter de mauvaises nouvelles. De fait, les nouvelles n’étaient pas bonnes. Le placard venait du Saint-Office :

Avis est donné aux habitants de cette ville de Sa Majesté que le Saint-Office de l’Inquisition célébrera un autodafé sur la Plaza Mayor, le prochain dimanche, quatrième jour de…

Malgré la rude vie qu’il menait pour ne pas crever de faim, le capitaine Alatriste n’était pas homme à utiliser en vain le nom de Dieu. Mais cette fois, il lança un gros blasphème de soldat qui fit trembler la flamme de la chandelle. Il restait moins d’une semaine avant le quatre et il ne pouvait rien faire d’autre que ronger son frein. Sans parler de la possibilité qu’après sa visite nocturne au secrétaire du roi, on placarde le lendemain un autre avis, du corregidor cette fois, mettant sa tête à prix. Il froissa l’affiche puis s’adossa au mur, immobile, les yeux perdus dans le vide. Il resta longtemps ainsi. Il avait brûlé toutes ses cartouches, sauf une. L’unique espoir était maintenant Don Francisco de Quevedo.

Le lecteur m’excusera de reparler de ma personne, enfermé que j’étais dans les prisons secrètes de Tolède où j’avais presque perdu la notion du temps, du jour et de la nuit. Après quelques nouvelles séances, accompagnées des rossées que m’administrait le sbire roux – on dit que Judas était rouquin lui aussi, et je souhaitais que mon bourreau finisse ses jours comme lui –, sans que je révèle rien qui soit digne de mention, ils me laissèrent plus ou moins en paix. L’accusation d’Elvira de la Cruz et l’amulette d’Angélica paraissaient leur suffire et la dernière séance véritablement dure fut un long interrogatoire où se multiplièrent les « n’est-il pas vrai », « dis la vérité » et « avoue que », tandis qu’on me demandait sans cesse qui étaient mes complices avec force coups de fouet sur mes épaules chaque fois que je gardais le silence, autant dire à chaque question. J’ajouterai seulement que je restai ferme et que je ne livrai aucun nom. Mais j’étais si faible et prostré que les évanouissements que j’avais feints au début, et qui m’avaient si bien servi, continuaient maintenant à se produire mais sans que j’y sois pour rien, abrégeant ainsi mon calvaire. J’imagine que si mes bourreaux n’allèrent pas plus loin, c’était de crainte de se priver du rôle qu’ils me préparaient pour la grande fête de la Plaza Mayor. Mais j’étais incapable d’y réfléchir vraiment, car mon esprit avait perdu beaucoup de sa lucidité. J’avais la tête vide, au point de ne même plus me reconnaître dans cet Inigo qui supportait les coups ou se réveillait en sursaut dans l’obscurité d’un cachot humide, écoutant le rat qui allait et venait. Ma seule véritable appréhension était qu’on me laisse pourrir en prison jusqu’à ce que j’aie quatorze ans et qu’on me fasse alors connaître de près ces roues et ces cordes qui se trouvaient toujours dans la salle d’interrogatoire, car j’étais sûr que je finirais tôt ou tard sur cette machine à désarticuler les gens.

En attendant, j’eus raison du rat. Fatigué de dormir en craignant de me faire mordre, je consacrai de longues heures à étudier la situation. Je finis par connaître les habitudes de l’animal mieux que je connaissais les miennes, ses hésitations – c’était un vieux rat qui en avait vu d’autres –, ses audaces, le chemin qu’il parcourait entre ces quatre murs. Avec le temps, je pus suivre en pensée tous ses mouvements, même dans le noir. De sorte qu’un jour, alors que je faisais semblant de dormir, je le laissai faire sa promenade habituelle jusqu’à ce que je sache qu’il se trouvait dans le coin où, prévoyant, j’avais laissé chaque jour des miettes de pain pour l’y attirer. Je saisis alors la jarre d’eau et la lançai sur le rat. La chance me sourit et la bestiole se retrouva sur le dos sans avoir eu le temps de dire aïe, ou ce que disent les rats quand on leur fait la peau.

Cette nuit-là, je pus enfin dormir tranquille. Mais le lendemain matin, je commençai à regretter la présence de mon rat. Sans lui, mon esprit battait la campagne et je pensais à d’autres choses, comme la trahison d’Angélica et le bûcher où risquait fort de prendre fin ma courte existence. Sans me vanter, je dirai que la perspective de m’envoler en fumée ne me préoccupait pas excessivement. J’étais tellement fatigué de ma prison et des sévices qu’on m’infligeait que n’importe quel changement m’aurait fait l’effet d’une libération. Il m’arrivait parfois de me demander combien de temps il me faudrait pour mourir sur le bûcher. Celui qui abjurait en bonne et due forme avait droit au garrot avant qu’on n’allume le bûcher, ce qui abrégeait ses souffrances. Je me disais pour me consoler que de toute façon aucune souffrance n’est éternelle. Et avec la fin vient le repos, même s’il faut l’attendre longtemps. De plus, à l’époque, mourir était extrêmement facile et n’avait rien de bien extraordinaire. Quant à mes péchés, ils n’étaient pas si nombreux que mon âme ne puisse aller retrouver là-haut celle du bon soldat Lope Balboa. À mon âge, imprégné que j’étais d’une certaine conception héroïque de la vie – souvenez-vous, à ma décharge, que si je me trouvais en si fâcheuse posture, c’était pour ne pas dénoncer le capitaine et ses amis –, tout cela devenait supportable quand je me disais – et vous m’en excuserez – que je pouvais être très fier de moi. J’ignore si j’étais vraiment un garçon d’un naturel courageux, mais si le premier pas vers la bravoure consiste à se comporter comme un brave, j’avais déjà fait plusieurs de ces pas.

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