Pérez-Reverte, Arturo - Les bûchers de Bocanegra
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Je survécus. Par la suite, chaque fois que je voulus me souvenir de ce moment, je ne pus qu’éprouver une rapide succession de sensations confuses : le dernier éclair de l’épée sous mes yeux, la fatigue de mon bras qui frappait à gauche et à droite, cet élan qui me poussait en avant sans rien rencontrer devant moi, ni lame, ni douleur, ni résistance. Et subitement le contact d’un corps solide et dur, des vêtements, et une main forte qui me retenait ou plutôt qui semblait me prendre par les épaules comme si son propriétaire craignait que je ne me fisse du mal. Mon bras tentait de se dégager pour poignarder tandis que je me débattais en silence. Et pendant ce temps, une voix murmurait avec un vague accent italien « du calme, mon garçon, du calme ! » presque avec tendresse, comme si j’allais me blesser avec ma dague. Ensuite, alors que je me démenais toujours, le nez dans ces vêtements noirs qui sentaient un peu la sueur, le cuir et le métal, la main qui paraissait vouloir me prendre par les épaules ou me protéger me tordit le bras lentement, sans brutalité excessive, jusqu’à ce que je sois obligé de lâcher mon arme. Alors, sur le point de pleurer comme j’aurais tant voulu pouvoir le faire, je me saisis de ce bras avec force, avec rage, pareil à un chien de chasse prêt à se faire tuer sur place. Et je ne lâchai point jusqu’à ce que cette même main se referme et m’assène un coup derrière l’oreille qui me fit voir trente-six chandelles et me plongea dans un sommeil aussi soudain que brutal. Un vide noir, profond, où je tombai sans crier ni me plaindre. Prêt à retrouver Dieu, comme un bon soldat.
Ensuite, je rêvai que je n’étais pas mort. Et, terrorisé, j’eus la certitude que j’allais me réveiller.
V
AU NOM DE DIEU
Je me réveillai en sursaut, tout endolori, dans l’obscurité d’une voiture qui roulait rideaux fermés. Mes poignets me semblaient étrangement lourds et, quand je les bougeai, j’entendis un tintement métallique qui me remplit de frayeur : on m’avait mis les fers et j’étais attaché au plancher de la voiture par une chaîne. À travers les fentes des rideaux, je vis de la lumière. J’en déduisis que le jour s’était déjà levé. Mais je n’avais aucune idée du temps qui s’était écoulé depuis qu’on m’avait fait prisonnier. La voiture avançait à allure modérée. De temps en temps, dans les côtes, j’entendais le cocher faire claquer son fouet pour pousser ses mules. Des bruits de sabots allaient et venaient autour de la voiture. On me conduisait donc hors de la ville, enchaîné et sous bonne garde. Et selon ce que j’avais entendu lorsqu’on m’avait arrêté, j’étais maintenant le prisonnier de l’Inquisition. Inutile de se triturer les méninges pour se faire une idée de la situation : si quelqu’un était dans de beaux draps, c’était bien moi.
Je me mis à pleurer dans l’obscurité de la voiture secouée par les cahots. Personne ne pouvait me voir. Je pleurai tant que mes yeux n’eurent bientôt plus une seule larme à verser. Puis, reniflant tant et plus, je me blottis dans un coin et je me mis à attendre, mort de peur. Comme tous les Espagnols d’alors, j’en savais assez sur les pratiques des inquisiteurs – leur ombre sinistre nous accompagnait depuis des années et des années – pour savoir quelle était ma destination : les terribles cachots secrets du Saint-Office, à Tolède.
Je crois vous avoir déjà parlé de l’Inquisition. À vrai dire, elle ne fut pas pire chez nous que dans d’autres pays d’Europe, même si les Hollandais, les Anglais, les Français et les luthériens qui étaient nos ennemis naturels à l’époque en ont fait cette infâme légende noire pour justifier la mise à sac de l’empire espagnol à l’heure de sa décadence. Il est vrai que le Saint-Office, créé pour veiller sur l’orthodoxie de la foi, fut plus rigoureux en Espagne qu’en Italie ou au Portugal, par exemple, et encore pire dans les Indes occidentales. Mais l’Inquisition exista aussi en d’autres lieux. De plus, avec ou sans elle, les Allemands, les Français et les Anglais firent rôtir plus d’hérétiques, de sorcières et de pauvres bougres qu’en Espagne où, grâce à la bureaucratie méticuleuse de la monarchie autrichienne, le moindre de ces malheureux, et il y en eut beaucoup mais pas autant qu’on le croit, a son nom et son prénom consignés sur des registres. Chose dont ne peuvent certainement pas se vanter les sujets du très-chrétien roi de France, ni les maudits hérétiques du Nord, ni la fourbe Angleterre, méprisable, repaire de pirates. Quand ceux-là érigeaient des bûchers, ils le faisaient dans la joie et en masse, sans ordre ni méthode, selon leurs caprices ou leurs intérêts, bande d’hypocrites. Et puis, à cette époque, la justice séculière était aussi cruelle que la justice ecclésiastique. Les gens l’étaient aussi, faute d’éducation et parce que le vulgaire aime à voir le spectacle de son prochain en train de se faire écarteler. Quoi qu’il en soit, la vérité est que l’Inquisition fut souvent une arme de gouvernement dont se servaient les rois comme notre Philippe IV qui lui abandonna les nouveaux chrétiens et les judaïsants, les sorcières, les bigames et les sodomites, ainsi que la censure des livres et la lutte contre la contrebande des armes et des chevaux, plus le contrôle de la monnaie et la chasse aux faux-monnayeurs, sous prétexte que les contrebandiers et les faux-monnayeurs portaient un grave préjudice aux intérêts de la monarchie. Et qui était l’ennemi de la monarchie, qui défendait la foi, était aussi l’ennemi de Dieu.
Pourtant, même si tous les procès n’aboutirent pas au bûcher et qu’il y eut de nombreux exemples de piété et de justice en dépit des calomnies étrangères, l’Inquisition, comme tout pouvoir excessif placé entre les mains des hommes, se révéla néfaste. La décadence que les Espagnols connurent au cours du siècle peut s’expliquer d’abord et avant tout par la suppression de la liberté, l’isolement culturel, la méfiance et l’obscurantisme religieux nourris par le Saint-Office. L’horreur qu’il inspirait était si grande que même ceux qu’on appelait ses familiers, les agents de l’Inquisition – charge qui pouvait s’acheter –, jouissaient de la plus totale impunité. Être familier du Saint-Office, c’était être espion ou délateur. Il y en avait vingt mille dans l’Espagne du catholique roi Philippe. Imaginez un peu ce qu’était l’Inquisition dans un pays comme le nôtre où la justice se laissait corrompre, où on achetait et vendait jusqu’au Très Saint Sacrement, où tout un chacun avait un compte à régler, sans qu’il y eût – et, ma foi, il n’y en a pas davantage aujourd’hui – deux Espagnols qui prennent de la même manière leur chocolat du matin : l’un aime celui de Guaxaca, l’autre le préfère noir, l’autre encore avec du lait, le suivant avec des rôties et celui-là, là-bas, dans une petite tasse avec du pain perdu. La question n’était plus d’être bon catholique et vieux chrétien, mais de le paraître. Et pour le paraître, le mieux était de dénoncer ceux qui ne l’étaient pas, ou ceux que l’on soupçonnait de ne pas l’être à cause de vieilles rancunes, de jalousies ou de querelles. Ainsi qu’on pouvait s’y attendre, les bons citoyens faisaient pleuvoir les dénonciations comme la grêle. Ce n’était que : « J’ai appris de bonne source…» « On dit que…» Et lorsque le doigt implacable du Saint-Office désignait un malheureux, celui-ci se trouvait aussitôt sans protecteurs, sans amis, sans parents. Le fils accusait la mère, la femme son mari, le prisonnier dénonçait ses complices, ou en inventait, pour échapper à la torture et à la mort. Et moi j’étais là, avec mes treize ans, pris dans cet horrible filet, sachant ce qui m’attendait mais sans oser y songer trop longtemps. On m’avait parlé de gens qui s’étaient ôté la vie pour échapper à l’horreur des prisons où l’on me conduisait. Et je dois avouer que, dans l’obscurité de la voiture, j’en vins à comprendre leur geste. Il aurait été plus facile et plus digne, me disais-je, de m’embrocher sur l’épée de Gualterio Malatesta et d’en finir une fois pour toutes. Mais la Divine Providence m’avait sans doute réservé cette épreuve. Je soupirai profondément, blotti dans mon coin, résigné à l’affronter. Je n’avais guère le choix. Mais je n’aurais pas demandé mieux que la Providence, divine ou non, réserve cette épreuve à quelqu’un d’autre.
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