Max Gallo - Caïn et Abel

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On suit Pierre l’Ermite comme s’il recelait quelque chose de divin, on va jusqu’à arracher les poils de son mulet pour les garder comme des reliques.

Quand il se met à exhorter les gueux à s’enrôler dans la grande armée des croisés, tous demandent à lui emboîter le pas.

On voit des pauvres ferrant leurs bœufs à la manière des chevaux, les attelant à des chariots à deux roues sur lesquels ils chargent leurs maigres provisions, leurs femmes et leurs enfants. Chaque fois qu’ils aperçoivent un château ou une cité, ils demandent si ce ne serait pas là cette Jérusalem vers laquelle ils marchent.

Puis le rêve tourne au cauchemar. Le froid mord les âmes et les corps en ces premiers mois de l’année 1096. On doute. Le gel crevasse les doigts et les lèvres, la faim tord le ventre.

Les marcheurs de Dieu qui vont délivrer le Saint-Sépulcre n’ont-ils pas le droit de prendre aux riches, aux juifs, et ces derniers ne sont-ils pas les ennemis du Christ ? Ne sont-ce pas des juifs qui ont jugé et condamné l’Envoyé de Dieu ?

Ceux qui suivent Pierre l’Ermite et Gautier Sans Avoir, un chef de bande, commencent à piller et violer, à tuer et incendier. Certains rejoignent des hordes commandées par le comte Emich de Leisingen et le prêtre Folkmar. On pourchasse les juifs à Spire, à Trèves, à Worms, à Mayence.

Dans cette dernière ville, l’évêque recueille chez lui de ces juifs qu’on veut tuer. Mais les bandes s’attaquent à la synagogue, la ravagent, dévident les rouleaux de la Thora dont ils se moquent et qu’ils dispersent dans les rues. Les morts se comptent par centaines.

Puis l’orage s’éloigne. La multitude a repris la route, atteint Constantinople où elle se remet à piller, à détruire.

Un témoin raconte : « Ni l’hospitalité des habitants, ni l’affabilité de l’empereur ne purent adoucir ces pèlerins qui portaient sur l’épaule la croix des croisés. Ils se conduisaient avec une extrême insolence, saccageant les palais de la ville, mettant le feu à d’autres édifices, enlevant les plombs qui couvraient le toit des églises afin de le revendre. »

On les força à quitter la ville, à traverser le bras de mer dit de Saint-Georges, à gagner ainsi l’Asie.

C’était pousser cette multitude dans l’abattoir turc.

Ces gueux ignoraient l’art de se servir de l’arbalète. Ils ne savaient manier que le bâton et la faux. Ils étaient mains et poitrines nues, et les Turcs les massacrèrent.

« Que de têtes coupées, que d’ossements d’hommes tués nous trouvâmes étendus dans les champs ! Ces ossements composaient un énorme tas, ou plutôt un tertre, ou plutôt une colline, ou plutôt une haute montagne couvrant une immense superficie. »

Ces croisés, ces gueux qui avaient voulu libérer le Saint-Sépulcre, on fit avec leurs ossements les murs de Nicomédie, petite cité d’Asie Mineure.

Quel homme peut connaître son destin ?

20

J’aurais dû m’interrompre, cesser de fournir à Veraghen ces pierres aiguës avec lesquelles il allait achever de me lapider. N’avais-je pas déjà tout dit de cette première croisade, des méfaits et des crimes perpétrés par cette multitude de gueux partis vers Jérusalem en clamant des cantiques avec la ferveur des pèlerins et devenus une horde de bêtes sauvages laissant derrière elle des femmes éventrées, des hommes brûlés vifs ?

J’ai livré les noms de ces comtes et de ces barons qui avaient renié leur serment de chevalier et s’étaient conduits en chefs de bande, accompagnés par des prêtres qui bénissaient les criminels, puis se vautraient eux aussi dans le vol et la débauche. Alors que plus personne, ni Veraghen ni les étudiants, ne me posait de question, j’ai réduit à néant la légende de Pierre l’Ermite, qui avait abandonné ceux qui avaient cru en sa parole. J’ai continué à vomir comme un malade secoué de spasmes qu’il ne parvient plus à contenir et qui souhaite vider son corps de tout ce qui le ronge, qui sent son ventre et sa bouche encore féconds de nouvelles horreurs.

Les juifs, ai-je poursuivi, on ne les avait pas seulement pourchassés et tués dans les villes d’Allemagne, puis tout au long de la route, mais déjà à Rouen, à Troyes, au départ même de la croisade.

On avait exigé d’eux, en passant le fil de la lame sur leur gorge, qu’ils écrivent à leurs coreligionnaires de Trèves ou de Cologne, de Spire, de Mayence ou de Worms, de se plier aux exigences des croisés. Que les communautés fournissent argent, chevaux, nourriture aux pèlerins !

J’ai vomi ces faits appris, ressassés, enseignés, mais jamais vécus comme à cet instant, à quelques centaines de pas de la grotte de l’Apocalypse.

J’avais besoin de cette confession, de clamer ma complicité avec ces barbares qui se réclamaient du Christ et se comportaient en créatures du Diable.

Celui-ci n’avait pas seulement détourné les pauvres devenus esclaves : il avait perverti les barons, les chevaliers.

Comment ne pas rappeler le sort réservé aux païens par les croisés lorsqu’ils ont enfin conquis la ville de Maara en décembre 1098 ?

Tandis que je parlais, j’ai vu Louis Veraghen, Rosa Berelowicz, Vangelis Natakis et les autres baisser la tête comme si eux aussi se sentaient honteux, coupables.

« Pendant trois jours, les croisés passèrent au fil de l’épée les habitants de la ville… Les nôtres faisaient bouillir les païens adultes dans des marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et, grillés, les dévoraient. »

Un autre chroniqueur précisait :

« Une terrible famine assaillit l’armée à Maara et la mit dans la cruelle nécessité de se nourrir des cadavres des Sarrasins… Les nôtres ne répugnaient pas à les manger ; ils dévoraient aussi les chiens. »

Je suis le coupable que son aveu libère et qui se laisse emporter par l’ivresse de la confession, qui aspire à vomir jusqu’à ce que son corps soit vide.

Je raconte l’entrée des croisés dans Jérusalem, en juillet 1099, et la tuerie qui s’ensuivit. On dit que le sang dans les mosquées avait tant coulé qu’il montait jusqu’au poitrail des chevaux.

On dit qu’il n’y eut de grâce pour personne.

Les juifs furent rassemblés dans leur synagogue et brûlés vifs. Les chrétiens grecs, géorgiens, coptes, syriens, arméniens furent torturés afin qu’ils avouent où se trouvait cachée la vraie Croix sur laquelle le Christ est mort. Les membres rompus, les yeux crevés, ils livrèrent leur relique sans même sauver ce qui leur restait de vie.

Je me cache le visage entre mes mains, puis me tourne et m’engloutis dans les yeux vides de Marie.

Est-elle morte des crimes qu’elle n’avait pas commis, mais qui étaient aussi les siens, tout comme ils sont les miens ?

Mais moi je n’ai que le courage d’avouer, non celui de me punir.

Elle, elle s’est tranché les poignets et la gorge.

Veraghen se lève, vient s’appuyer près de moi au rebord de la longue table.

« Comme les cieux sont vides, murmure-t-il, les hommes fabriquent des dieux, non pour s’aimer les uns les autres, mais pour se haïr plus férocement encore. »

Il pose une main sur mon épaule. Je m’écarte. Je ne veux ni de sa compassion, ni de ses noires certitudes.

Je tiens à affirmer ma foi. Je cherche fébrilement, dans mes piles de livres, celui de saint Bernard dont je relis souvent des phrases.

Je le trouve, et l’ouvre ; je lis :

« Nous avons l’instinct commun avec les bêtes, mais ce qui nous distingue d’elles, c’est le consentement volontaire. »

Je le brandis vers Veraghen comme un bouclier.

« Par le sacrifice du Christ, par le Saint-Esprit, nous l’emportons sur les autres vivants, nous sommes vainqueurs de la chair, nous triomphons de la mort elle-même.

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