Ян Потоцкий - Manuscrit Trouvé à Saragosse

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Manuscrit Trouvé à Saragosse: краткое содержание, описание и аннотация

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Les deux inconnues s’avancèrent vers moi d’un air aisé et affable. C’étaient deux beautés parfaites, l’une grande, svelte, éblouissante, l’autre touchante et timide.

La majestueuse avait la taille admirable, et les traits de même. La cadette avait la taille ronde, les lèvres un peu avancées, les paupières à demi fermées, et le peu de prunelles qu’elles laissaient voir était caché par des cils d’une longueur extraordinaire. L’aînée m’adressa la parole en castillan et me dit :

— Seigneur cavalier, nous vous remercions de la bonté que vous avez eue d’accepter cette petite collation, je crois que vous devez en avoir besoin.

Elle dit ces derniers mots d’un air si malicieux que je la soupçonnai presque d’avoir fait enlever la mule chargée de nos provisions, mais elle les remplaçait si bien qu’il n’y avait pas moyen de lui en vouloir.

Nous nous mîmes à table, et la même dame, avançant vers moi un vase de Japon, me dit :

— Seigneur cavalier, vous trouverez ici une olla-podrida, composée de toutes sortes de viandes, une seule exceptée, car nous sommes fidèles, je veux dire musulmanes.

— Belle inconnue, lui répondis-je, il me semble que vous aviez bien dit. Sans doute vous êtes fidèles, c’est la religion de l’amour. Mais daignez satisfaire ma curiosité avant mon appétit, dites-moi qui vous êtes.

— Mangez toujours, Seigneur cavalier, reprit la belle Maure, ce n’est pas avec vous que nous garderons l’incognito. Je m’appelle Emma et ma sœur Zibeddé. Nous sommes établies à Tunis, mais notre famille est originaire de Grenade, et quelques-uns de nos parents sont restés en Espagne, où ils professent en secret la loi de leurs pères. Il y a huit jours que nous avons quitté Tunis, nous avons débarqué près de Malaga sur une plage déserte, puis nous avons passé dans les montagnes entre Sohha et Antequerra, puis nous sommes venues dans ce lieu solitaire pour y changer de costume et prendre tous les arrangements nécessaires à notre sûreté. Seigneur cavalier, vous voyez donc que notre voyage est un secret important que nous avons confié à votre loyauté.

J’assurai les belles qu’elles n’avaient aucune indiscrétion à redouter de ma part, et puis je me mis à manger, un peu goulûment à la vérité, mais pourtant avec de certaines grâces contraintes qu’un jeune homme a volontiers lorsqu’il se trouve seul de son sexe dans une société de femmes.

Lorsqu’on se fut aperçu que ma première faim était apaisée et que je m’en prenais à ce qu’on appelle en Espagne las dolces, la belle Émina ordonna aux négresses de me faire voir comment on dansait dans leur pays. Il parut que nul ordre ne pouvait leur être plus agréable. Elles obéirent avec une vivacité qui tenait de la licence. Je crois même qu’il eût été difficile de mettre fin à leur danse, mais je demandai à leurs maîtresses si elles dansaient quelquefois. Pour toute réponse, elles se levèrent et demandèrent des castagnettes. Leurs pas tenaient du boléro de Murcie et de la foffa que l’on danse dans les Algarves ; ceux qui ont été dans ces provinces pourront s’en faire une idée. Mais, pourtant, ils ne comprendront jamais tout le charme qu’y ajoutaient les grâces naturelles des deux Africaines, relevées par les draperies diaphanes dont elles étaient revêtues.

Je les contemplai quelque temps avec une sorte de sang-froid, enfin leurs mouvements pressés par une cadence plus vive, le bruit étourdissant de la musique mauresque, mes esprits soulevés par une nourriture soudaine, en moi, hors de moi, tout se réunissait pour troubler ma raison. Je ne savais plus si j’étais avec des femmes ou bien avec d’insidieux succubes. Je n’osais voir – je ne voulais pas regarder. Je mis ma main sur mes yeux et je me sentis défaillir.

Les deux sœurs se rapprochèrent de moi, chacune d’elles prit une de mes mains. Émina demanda si je me trouvais mal. Je la rassurai. Zibeddé me demanda ce que c’était qu’un médaillon qu’elle voyait dans mon sein et si c’était le portrait d’une maîtresse.

— C’est, lui répondis-je, un joyau que ma mère m’a donné et que j’ai promis de porter toujours ; il contient un morceau de la vraie croix.

A ces mots, je vis Zibeddé reculer et pâlir.

— Vous vous troublez, lui dis-je, cependant la croix ne peut épouvanter que l’esprit des ténèbres.

Émina répondit pour sa sœur :

— Seigneur cavalier, me dit-elle, vous savez que nous sommes musulmanes, et vous ne devez pas être surpris du chagrin que ma sœur vous a fait voir. Je le partage.

Nous sommes bien fâchées de voir un chrétien en vous qui êtes notre plus proche parent. Ce discours vous étonne, mais votre mère n’était-elle pas une Gomélez ?

Nous sommes de la même famille, qui n’est qu’une branche de celle des Abencerages ; mais mettons-nous sur ce sopha et je vous en apprendrai davantage.

Les négresses se retirèrent. Émina me plaça dans le coin du sopha et se mit à côté de moi, les jambes croisées sous elle. Zibeddé s’assit de l’autre côté, s’appuya sur mon coussin, et nous étions si près les uns des autres que leur haleine se confondait avec la mienne. Émina parut rêver un instant, puis, me regardant avec l’air du plus vif intérêt, elle prit ma main et me dit :

— Cher Alphonse, il est inutile de vous le cacher, ce n’est pas le hasard qui nous amène ici. Nous vous y attendions ; si la crainte vous eût fait prendre une autre route, vous perdiez à jamais notre estime.

— Vous me flattez, Émina, lui répondis-je, et je ne vois pas quel intérêt vous pouvez prendre à ma valeur ?

— Nous prenons beaucoup d’intérêt à vous, reprit la belle Maure, mais peut-être en serez-vous moins flatté lorsque vous saurez que vous êtes à peu près le premier homme que nous ayons vu. Ce que je dis vous étonne, et vous semblez en douter. Je vous avais promis l’histoire de nos ancêtres, mais peut-être vaudra-t-il mieux que je commence par la nôtre.

HISTOIRE D’EMINA ET DE SA SŒUR ZIBEDDE

— Nous sommes filles de Gasir Gomélez, oncle maternel du dey de Tunis actuellement régnant, nous n’avons jamais eu de frère, nous n’avons point connu notre père, si bien que, renfermées dans les murs du sérail, nous n’avions aucune idée de votre sexe. Cependant, comme nous étions nées toutes les deux avec un extrême penchant pour la tendresse, nous nous sommes aimées l’une l’autre avec beaucoup de passion. Cet attachement avait commencé dès notre première enfance. Nous pleurions dès que l’on voulait nous séparer, même pour des instants. Si l’on grondait l’une, l’autre fondait en larmes. Nous passions les journées à jouer à la même table, et nous couchions dans le même lit.

» Ce sentiment si vif semblait croître avec nous, et il prit de nouvelles forces par une circonstance que je vais raconter. J’avais alors seize ans, et ma sœur quatorze.

Depuis longtemps, nous avions remarqué des livres que ma mère rious cachait avec soin. D’abord, nous y avions fait peu d’attention, étant déjà fort ennuyées des livres où l’on nous apprenait à lire ; mais la curiosité nous était venue avec l’âge. Nous saisîmes l’instant où l’armoire défendue se trouvait ouverte, et nous enlevâmes à la hâte un petit volume, qui se trouva être : Les amours de Medgenoun et de Leïllé, traduit du persan par Ben-Omri. Ce divin ouvrage, qui peint en traits de flammes tous les délices de l’amour, alluma nos jeunes têtes.

Nous ne pouvions le bien comprendre, parce que nous n’avions point vu d’êtres de votre sexe, mais nous répétions ses expressions. Nous parlions le langage des amants ; enfin, nous voulûmes nous aimer à leur manière.

Je pris le rôle de Medgenoun, ma sœur celui de Leïllé.

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