Мишель Монтень - Les Essais - Livre II

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32. Scribonia conseilla à son neveu Libo de se suicider plutôt que de s'en remettre à la justice ; il lui dit que c'était vraiment faire le jeu des autres que de conserver la vie pour la remettre entre les mains de ceux qui viendraient la lui prendre trois ou quatre jours plus tard, et que c'était rendre service à ses ennemis que de garder son sang pour le leur offrir comme à la curée.

33. On lit dans la Bible que Nicanor, persécuteur de ceux qui suivaient la loi de Dieu, avait envoyé ses sbires pour se saisir du bon vieillard Rasias, surnommé le « Père des Juifs » à cause de sa vertu. Ce brave homme voyant qu'il n'y avait plus rien à faire, que sa porte était brûlée et que ses ennemis étaient prêts à le saisir, choisit courageusement de mourir plutôt que de tomber entre les mains des soudards et se laisser maltraiter contre l'honneur dû à son rang, et il se frappa de son épée. Mais dans sa hâte, il ne put ajuster le coup, et courut alors se jeter du haut d'un mur, passant à travers la troupe qui s'écarta pour lui laisser passage, et tomba la tête la première. Mais conservant néanmoins quelque reste de vie encore, il rassembla son courage, et se redressa, tout ensanglanté et meurtri, fendit la foule, parvint jusqu'à un rocher abrupt et escarpé, et là, n'en pouvant plus, il saisit à deux mains ses entrailles par l'une de ses plaies béantes, et les jeta sur ses poursuivants, appelant sur eux la vengeance de Dieu qu'il prenait à témoin.

34. De toutes les violences qui sont infligées à la conscience, la plus condamnable à mon avis est celle qui attente à la chasteté des femmes, parce que s'y mêle naturellement quelque plaisir corporel, et que de ce fait, la résistance opposée ne peut être complète, et qu'à la force se trouve mêlée peut-être quelque acquiescement. L'histoire écclésiastique fait grand cas de plusieurs exemples de personnes dévotes qui demandèrent à la mort de les garantir contre les outrages que les tyrans s'apprêtaient à faire subir à leur foi et à leur conscience 49. Pélagie et Sophronie furent toutes deux canonisées : Sophronie se tua en se précipitant dans la rivière avec sa mère et ses sœurs pour éviter d'être violée avec elles par des soldats, et Pélagie, elle, se tua pour éviter d'être violée par l'Empereur Maxence.

35. Ce sera peut-être un honneur pour nous dans les siècles futurs, que l'on sache qu'un savant de notre temps, et notamment un parisien 50, s'est mis en peine de persuader les dames de notre époque qu'elles devaient plutôt choisir une autre façon de faire que de céder au désespoir et adopter une aussi horrible solution. Je regrette qu'il n'ait pas connu, pour l'ajouter à ses contes, ce bon mot que j'appris à Toulouse, d'une femme passée entre les mains de quelques soldats : « Dieu soit loué, dit-elle, qu'une fois dans ma vie au moins, je m'en sois soûlée sans péché ! »

36. En vérité, ces cruautés ne sont pas dignes de la douceur française. Et Dieu merci, elles n'empoisonnent plus notre air depuis ce louable avertissement : « Il suffit qu'elles disent “Non” en le faisant », suivant la règle de ce cher Marot.

37. L'histoire abonde en exemples de gens qui de toutes sortes de façons ont échangé contre la mort une vie de douleurs. Lucius Aruntius se tua pour fuir, disait-il, l'avenir aussi bien que le passé[Tacite Annales VI, 48, 1-3]. Granius Silvanus et Statius Proximus se tuèrent après avoir obtenu le pardon de Néron, soit parce qu'ils ne voulaient pas tenir leur vie de la grâce d'un homme si détestable, soit pour ne pas risquer d'avoir à implorer son pardon une seconde fois, tellement il était courant chez lui de soupçonner et d'accuser les gens honnêtes.

38. Spargapizès, fils de la reine Tomyris, prisonnier de guerre de Cyrus, employa pour se suicider [Tacite Annales XV, 71,4] la première faveur qu'il lui fit en le faisant détacher, n'ayant pas attendu autre chose de sa liberté que de pouvoir se venger sur lui-même de la honte d'avoir été pris.

39. Bogez, gouverneur d'Eion pour le compte du roi Xerxès, étant assiégé par l'armée athénienne conduite par Cimon, refusa le marché qui lui était proposé de s'en retourner en toute sécurité en Asie avec tous ses biens, ne pouvant supporter de survivre à la perte de ce que son maître lui avait confié ; et après avoir défendu jusqu'au bout sa ville, où il ne restait plus rien à manger, il jeta d'abord dans le Strymon tout l'or et tout ce qui lui sembla pouvoir constituer un butin pour l'ennemi, puis, ayant donné l'ordre d'allumer un grand bûcher et d'égorger femmes et enfants, concubines et serviteurs, il les mit dans le feu et s'y jeta lui-même.

40. Ninachetuen, seigneur indien 51, ayant senti que le vice-roi du Portugal songeait à le déposséder, sans aucune raison apparente, de la charge qu'il exerçait en la presqu'île de Malacca, pour l'attribuer au roi de Campar, prit en secret cette résolution : il fit dresser une estrade plus longue que large, reposant sur des colonnes, tapissée avec un luxe royal, et abondamment ornée de fleurs et de parfums ; puis, vêtu d'une robe de drap d'or incrustée d'une quantité de pierreries de grand prix, il sortit dans la rue, et gravit l'escalier menant à l'estrade, sur laquelle un bûcher de bois aromatiques avait été allumé dans un coin.

41. La foule accourut pour voir à quelles fins avaient été faits ces préparatifs inaccoutumés. Ninachetuen exposa alors, avec un visage courroucé et déterminé, l'obligation que la nation portugaise avait envers lui ; comment il s'était comporté fidèlement dans sa charge ; qu'ayant si souvent montré aux autres, les armes à la main, que l'honneur lui était bien plus cher que la vie, il n'était pas homme à en abandonner le soin pour son intérêt personnel ; que le sort lui refusant tout moyen de s'opposer à l'injure qu'on voulait lui faire, son courage lui ordonnait de faire cesser la souffrance que cela lui causait, et de ne pas servir de fable pour le peuple, ni de triomphe pour des personnes qui valaient moins que lui. Cela dit, il se jeta dans le brasier.

42. Sextilia, femme de Scaurus, et Paxea, femme de Labeo, pour permettre à leurs maris de fuir les dangers qui les menaçaient, et auxquels elles n'étaient mêlées que par affection conjugale, risquèrent leur propre vie pour leur venir en aide, leur servant d'exemple et leur tenant compagnie dans une situation extrêmement critique [Tacite Annales VI, 29]. Et ce qu'elles avaient fait pour leurs maris, Cocceius Nerva le fit pour sa patrie, avec moins de succès, mais avec autant d'amour. Ce grand jurisconsulte, en parfaite santé, riche et réputé, et bien en cour auprès de l'Empereur, était tellement affligé par l'état déplorable des affaires publiques romaines, qu'il se tua pour cette seule raison.

43. On ne peut rien ajouter à la délicatesse de la mort de la femme de Fulvius, familier d'Auguste 52. Auguste avait découvert que Fulvius avait laissé filtrer un secret important qu'il lui avait confié, et quand Fulvius vint le voir le matin, il lui en fit grise mine. Fulvius s'en retourna chez lui désespéré, et dit piteusement à sa femme que le malheur dans lequel il était tombé était si grand qu'il était résolu à se suicider. « Ce ne sera que justice, puisque tu ne t'es pas méfié de mes bavardages, dont tu avais pourtant souvent éprouvé la légèreté. Mais laisse-moi me tuer la première. » Et sans balancer plus longtemps, elle se passa une épée à travers le corps.

44. Désespérant de sauver sa ville [Capoue] assiégée par les Romains, et d'obtenir leur miséricorde malgré plusieurs tentatives faites en ce sens, Vibius Virius, lors de la dernière délibération du Sénat de la ville, arriva finalement à cette conclusion que le mieux était d'échapper par leurs propres mains au sort qui les attendait : ainsi les ennemis les tiendraient-ils en haute estime, et Hannibal comprendrait qu'il avait abandonné des amis ô combien fidèles... Il convia donc ceux qui l'approuvaient à un bon souper préparé chez lui, et, après avoir fait bonne chère, à boire ensemble ce qui leur serait présenté, breuvage qui délivrerait leurs corps des souffrances, leurs âmes des insultes, leurs yeux et leurs oreilles de tous ces vilains maux que les vaincus ont à endurer de la part de vainqueurs très cruels et outragés. « J'ai, dit-il, pris des dispositions pour qu'il y ait des gens prêts à nous jeter dans un bûcher devant ma porte quand nous aurons expiré. » [Tite-Live Annales ou Histoire romaine XXVI, 13-14-15]

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