Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

Здесь есть возможность читать онлайн «Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les mémoires d'Hadrien: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les mémoires d'Hadrien»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Les mémoires d'Hadrien — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les mémoires d'Hadrien», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Les barques nous ramenèrent au point du fleuve où commençait à s’élever Antinoé. Elles étaient moins nombreuses qu’à l’aller : Lucius, que j’avais peu revu, était reparti pour Rome où sa jeune femme venait d’accoucher d’un fils. Son départ me délivrait de bon nombre de curieux et d’importuns. Les travaux commencés altéraient la forme de la berge ; le plan des édifices futurs s’esquissait entre les monceaux de terre déblayée ; mais je ne reconnus plus la place exacte du sacrifice. Les embaumeurs livrèrent leur ouvrage : on déposa le mince cercueil de cèdre à l’intérieur d’une cuve de porphyre, dressée tout debout dans la salle la plus secrète du temple. Je m’approchai timidement du mort. Il semblait costumé : la dure coiffe égyptienne recouvrait les cheveux. Les jambes serrées de bandelettes n’étaient plus qu’un long paquet blanc, mais le profil du jeune faucon n’avait pas changé ; les cils faisaient sur les joues fardées une ombre que je reconnaissais. Avant de terminer l’emmaillotement des mains, on tint à me faire admirer les ongles d’or. Les litanies commencèrent ; le mort, par la bouche des prêtres, déclarait avoir été perpétuellement véridique, perpétuellement chaste, perpétuellement compatissant et juste, se vantait de vertus qui, s’il les avait ainsi pratiquées, l’auraient mis à jamais à l’écart des vivants. L’odeur rance de l’encens emplissait la salle ; à travers un nuage, j’essayai de me donner à moi-même l’illusion du sourire ; le beau visage immobile paraissait trembler. J’ai assisté aux passes magiques par lesquelles les prêtres forcent l’âme du mort à incarner une parcelle d’elle-même à l’intérieur des statues qui conserveront sa mémoire ; et à d’autres injonctions, plus étranges encore. Quand ce fut fini, on mit en place le masque d’or moulé sur la cire funèbre ; il épousait étroitement les traits. Cette belle surface incorruptible allait bientôt résorber en elle-même ses possibilités de rayonnement et de chaleur ; elle giserait à jamais dans cette caisse hermétiquement close, symbole inerte d’immortalité. On posa sur la poitrine un bouquet d’acacia. Une douzaine d’hommes mirent en place le pesant couvercle. Mais j’hésitais encore au sujet de l’emplacement de la tombe. Je me rappelai qu’en ordonnant partout des fêtes d’apothéose, des jeux funèbres, des frappes de monnaies, des statues sur les places publiques, j’avais fait une exception pour Rome : j’avais craint d’augmenter l’animosité qui entoure plus ou moins tout favori étranger. Je me dis que je ne serais pas toujours là pour protéger cette sépulture. Le monument prévu aux portes d’Antinoé semblait aussi trop public, peu sûr. Je suivis l’avis des prêtres. Ils m’indiquèrent au flanc d’une montagne de la chaîne arabique, à trois lieues environ de la ville, une de ces cavernes destinées jadis par les rois d’Égypte à leur servir de puits funéraires. Un attelage de bœufs traîna le sarcophage sur cette pente. À l’aide de cordes, on le fit glisser le long de ces corridors de mine ; on l’appuya contre une paroi de roc. L’enfant de Claudiopolis descendait dans la tombe comme un Pharaon, comme un Ptolémée. Nous le laissâmes seul. Il entrait dans cette durée sans air, sans lumière, sans saisons et sans fin, auprès de laquelle toute vie semble brève ; il avait atteint cette stabilité, peut-être ce calme. Les siècles encore contenus dans le sein opaque du temps passeraient par milliers sur cette tombe sans lui rendre l’existence, mais aussi sans ajouter à sa mort, sans empêcher qu’il eût été. Hermogène me prit par le bras pour m’aider à remonter à l’air libre ; ce fut presque une joie de se retrouver à la surface, de revoir le froid ciel bleu entre deux pans de roches fauves. Le reste du voyage fut court. À Alexandrie, l’impératrice se rembarqua pour Rome.

DISCIPLINA AUGUSTA

DISCIPLINA AUGUSTA

Chapitre 23

Je rentrai en Grèce par voie de terre. Le voyage fut long. J’avais raison de penser que ce serait sans doute ma dernière tournée officielle en Orient ; je tenais d’autant plus à tout voir par mes propres yeux. Antioche, où je m’arrêtai pendant quelques semaines, m’apparut sous un jour nouveau ; j’étais moins sensible qu’autrefois aux prestiges des théâtres, aux fêtes, aux délices des jardins de Daphné, au frôlement bariolé des foules. Je remarquai davantage l’éternelle légèreté de ce peuple médisant et moqueur, qui me rappelait celui d’Alexandrie, la sottise des prétendus exercices intellectuels, l’étalage banal du luxe des riches. Presque aucun de ces notables n’embrassait dans leur ensemble mes programmes de travaux et de réformes en Asie ; ils se contentaient d’en profiter pour leur ville, et surtout pour eux-mêmes. Je songeai un moment à accroître au détriment de l’arrogante capitale syrienne l’importance de Smyrne ou de Pergame ; mais les défauts d’Antioche sont inhérents à toute métropole : aucune de ces grandes villes n’en peut être exempte. Mon dégoût de la vie urbaine me fit m’appliquer davantage, si possible, aux réformes agraires ; je mis la dernière main à la longue et complexe réorganisation des domaines impériaux en Asie Mineure ; les paysans s’en trouvèrent mieux, et l’État aussi. En Thrace, je tins à revisiter Andrinople, où les vétérans des campagnes daces et sarmates avaient afflué, attirés par des donations de terres et des réductions d’impôts. Le même plan devait être mis en œuvre à Antinoé. J’avais de longue date accordé partout des exemptions analogues aux médecins et aux professeurs dans l’espoir de favoriser le maintien et le développement d’une classe moyenne sérieuse et savante. J’en connais les défauts, mais un État ne dure que par elle.

Athènes restait l’étape préférée ; je m’émerveillais que sa beauté dépendît si peu des souvenirs, les miens propres ou ceux de l’histoire ; cette ville semblait nouvelle chaque matin. Je m’installai cette fois chez Arrien. Initié comme moi à Éleusis, il avait de ce fait été adopté par une des grandes familles sacerdotales du territoire attique, celle des Kérykès, comme je l’avais été moi-même par celle des Eumolpides. Il s’y était marié ; il avait pour femme une jeune Athénienne fine et fière. Tous deux m’entouraient discrètement de leurs soins. Leur maison était située à quelques pas de la nouvelle bibliothèque dont je venais de doter Athènes, et où rien ne manquait de ce qui peut seconder la méditation ou le repos qui précède celle-ci, des sièges commodes, un chauffage adéquat pendant les hivers souvent aigres, des escaliers faciles pour accéder aux galeries où l’on garde les livres, l’albâtre et l’or d’un luxe amorti et calme. Une attention particulière avait été donnée au choix et à l’emplacement des lampes. Je sentais de plus en plus le besoin de rassembler et de conserver les volumes anciens, de charger des scribes consciencieux d’en tirer des copies nouvelles. Cette belle tâche ne me semblait pas moins urgente que l’aide aux vétérans ou les subsides aux familles prolifiques et pauvres ; je me disais qu’il suffirait de quelques guerres, de la misère qui suit celles-ci, d’une période de grossièreté ou de sauvagerie sous quelques mauvais princes, pour que périssent à jamais les pensées venues jusqu’à nous à l’aide de ces frêles objets de fibres et d’encre. Chaque homme assez fortuné pour bénéficier plus ou moins de ce legs de culture me paraissait chargé d’un fidéicommis à l’égard du genre humain.

Je lus beaucoup durant cette période. J’avais poussé Phlégon à composer, sous le nom d’ Olympiades , une série de chroniques qui continueraient les Helléniques de Xénophon et finiraient à mon règne : plan audacieux, en ce qu’il faisait de l’immense histoire de Rome une simple suite de celle de la Grèce. Le style de Phlégon est fâcheusement sec, mais ce serait déjà quelque chose que de rassembler et d’établir les faits. Ce projet m’inspira l’envie de rouvrir les historiens d’autrefois ; leur œuvre, commentée par ma propre expérience, m’emplit d’idées sombres 3 l’énergie et la bonne volonté de chaque homme d’État semblaient peu de chose en présence de ce déroulement à la fois fortuit et fatal, de ce torrent d’occurrences trop confuses pour être prévues, dirigées, ou jugées. Les poètes aussi m’occupèrent ; j’aimais à conjurer hors d’un passé lointain ces quelques voix pleines et pures. Je me fis un ami de Théognis, l’aristocrate, l’exilé, l’observateur sans illusion et sans indulgence des affaires humaines, toujours prêt à dénoncer ces erreurs et ces fautes que nous appelons nos maux. Cet homme si lucide avait goûté aux délices poignantes de l’amour ; en dépit des soupçons, des jalousies, des griefs réciproques, sa liaison avec Cyrnus s’était prolongée jusqu’à la vieillesse de l’un et jusqu’à l’âge mûr de l’autre : l’immortalité qu’il promettait au jeune homme de Mégare était mieux qu’un vain mot, puisque ce souvenir m’atteignait à une distance de plus de six siècles. Mais, parmi les anciens poètes, Antimaque surtout m’attacha : j’appréciais ce style obscur et dense, ces phrases amples et pourtant condensées à l’extrême, grandes coupes de bronze emplies d’un vin lourd. Je préférais son récit du périple de Jason aux Argonautiques plus mouvementées d’Apollonius : Antimaque avait mieux compris le mystère des horizons et des voyages, et l’ombre jetée par l’homme éphémère sur les paysages éternels. Il avait passionnément pleuré sa femme Lydé ; il avait donné le nom de cette morte à un long poème où trouvaient place toutes les légendes de douleur et de deuil. Cette Lydé, que je n’aurais peut-être pas remarquée vivante, devenait pour moi une figure familière, plus chère que bien des personnages féminins de ma propre vie. Ces poèmes, pourtant presque oubliés, me rendaient peu à peu ma confiance en l’immortalité.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
Маргерит Юрсенар - Блаженной памяти
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
Отзывы о книге «Les mémoires d'Hadrien»

Обсуждение, отзывы о книге «Les mémoires d'Hadrien» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x