Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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Nous pénétrâmes ensuite dans l’intérieur du temple où les sculpteurs s’affairaient encore : l’immense ébauche du Zeus d’or et d’ivoire éclairait vaguement la pénombre ; au pied de l’échafaudage, le grand python que j’avais fait chercher aux Indes pour le consacrer dans ce sanctuaire grec reposait déjà dans sa corbeille de filigrane, bête divine, emblème rampant de l’esprit de la Terre, associé de tout temps au jeune homme nu qui symbolise le Génie de l’empereur. Antinoüs, entrant de plus en plus dans ce rôle, servit lui-même au monstre sa ration de mésanges aux ailes rognées. Puis, levant les bras, il pria. Je savais que cette prière, faite pour moi, ne s’adressait qu’à moi seul, mais je n’étais pas assez dieu pour en deviner le sens, ni pour savoir si elle serait un jour ou l’autre exaucée. Ce fut un soulagement de sortir de ce silence, de cette pâleur bleue, de retrouver les rues d’Athènes où s’allumaient les lampes, la familiarité du petit peuple, les cris dans l’air poussiéreux du soir. La jeune figure qui allait bientôt embellir tant de monnaies du monde grec devenait pour la foule une présence amicale, un signe.
Je n’aimais pas moins ; j’aimais plus. Mais le poids de l’amour, comme celui d’un bras tendrement posé au travers d’une poitrine, devenait peu à peu lourd à porter. Les comparses reparurent : je me rappelle ce jeune homme dur et fin qui m’accompagna durant un séjour à Milet, mais auquel je renonçai. Je revois cette soirée de Sardes où le poète Straton nous promena de mauvais lieu en mauvais lieu, entourés de douteuses conquêtes. Ce Straton, qui avait préféré à ma cour l’obscure liberté des tavernes de l’Asie, était un homme exquis et moqueur, avide de prouver l’inanité de tout ce qui n’est pas le plaisir lui-même, peut-être pour s’excuser d’y avoir sacrifié tout le reste. Et il y eut cette nuit de Smyrne où j’obligeai l’objet aimé à subir la présence d’une courtisane. L’enfant se faisait de l’amour une idée qui demeurait austère, parce qu’elle était exclusive ; son dégoût alla jusqu’aux nausées. Puis, il s’habitua. Ces vaines tentatives s’expliquent assez par le goût de la débauche ; il s’y mêlait l’espoir d’inventer une intimité nouvelle où le compagnon de plaisir ne cesserait pas d’être le bien-aimé et l’ami ; l’envie d’instruire l’autre, de faire passer sa jeunesse par des expériences qui avaient été celles de la mienne ; et peut-être, plus inavouée, l’intention de le ravaler peu à peu au rang des délices banales qui n’engagent à rien.
Il entrait de l’angoisse dans mon besoin de rabrouer cette tendresse ombrageuse qui risquait d’encombrer ma vie. Au cours d’un voyage en Troade, nous visitâmes la plaine du Scamandre sous un ciel vert de catastrophe : l’inondation, dont j’étais venu sur place constater les ravages, changeait en îlots les tumulus des tombeaux antiques. Je trouvai quelques moments pour me recueillir sur la tombe d’Hector ; Antinoüs alla rêver sur celle de Patrocle. Je ne sus pas reconnaître dans le jeune faon qui m’accompagnait l’émule du camarade d’Achille : je tournai en dérision ces fidélités passionnées qui fleurissent surtout dans les livres ; le bel être insulté rougit jusqu’au sang. La franchise était de plus en plus la seule vertu à laquelle je m’astreignais : je m’apercevais que les disciplines héroïques dont la Grèce a entouré l’attachement d’un homme mûr pour un compagnon plus jeune ne sont souvent pour nous que simagrées hypocrites. Plus sensible que je ne croyais l’être aux préjugés de Rome, je me rappelais que ceux-ci font sa part au plaisir mais voient dans l’amour une manie honteuse ; j’étais repris par ma rage de ne dépendre exclusivement d’aucun être. Je m’exaspérais de travers qui étaient ceux de la jeunesse, et comme tels inséparables de mon choix ; je finissais par retrouver dans cette passion différente tout ce qui m’avait irrité chez les maîtresses romaines : les parfums, les apprêts, le luxe froid des parures reprirent leur place dans ma vie. Des craintes presque injustifiées s’étaient introduites dans ce cœur sombre ; je l’ai vu s’inquiéter d’avoir bientôt dix-neuf ans. Des caprices dangereux, des colères agitant sur ce front têtu les anneaux de Méduse, alternaient avec une mélancolie qui ressemblait à de la stupeur, avec une douceur de plus en plus brisée. Il m’est arrivé de le frapper : je me souviendrai toujours de ces yeux épouvantés. Mais l’idole souffletée restait l’idole, et les sacrifices expiatoires commençaient.
Tous les Mystères de l’Asie venaient renforcer ce voluptueux désordre de leurs musiques stridentes. Le temps d’Éleusis était bien passé. Les initiations aux cultes secrets ou bizarres, pratiques plus tolérées que permises, que le législateur en moi regardait avec méfiance, convenaient à ce moment de la vie où la danse devient vertige, où le chant s’achève en cri. Dans l’île de Samothrace, j’avais été initié aux Mystères des Cabires, antiques et obscènes, sacrés comme la chair et le sang ; les serpents gorgés de lait de l’antre de Trophonios se frottèrent à mes chevilles ; les fêtes thraces d’Orphée donnèrent lieu à de sauvages rites de fraternité. L’homme d’État qui avait interdit sous les peines les plus sévères toutes les formes de mutilation consentit à assister aux orgies de la Déesse Syrienne : j’ai vu l’affreux tourbillonnement des danses ensanglantées ; fasciné comme un chevreau mis en présence d’un reptile, mon jeune compagnon contemplait avec terreur ces hommes qui choisissaient de faire aux exigences de l’âge et du sexe une réponse aussi définitive que celle de la mort, et peut-être plus atroce. Mais le comble de l’horreur fut atteint durant un séjour à Palmyre, où le marchand arabe Mélès Agrippa nous hébergea pendant trois semaines au sein d’un luxe splendide et barbare. Un jour, après boire, ce Mélès, grand dignitaire du culte mithriaque, qui prenait assez peu au sérieux ses devoirs de pastophore, proposa à Antinoüs de participer au taurobole. Le jeune homme savait que je m’étais soumis autrefois à une cérémonie du même genre ; il s’offrit avec ardeur. Je ne crus pas devoir m’opposer à cette fantaisie, pour l’accomplissement de laquelle on n’exigea qu’un minimum de purifications et d’abstinences. J’acceptai de servir moi même de répondant, avec Marcus Ulpius Castoras, mon secrétaire pour la langue arabe. Nous descendîmes à l’heure dite dans la cave sacrée ; le Bithynien se coucha pour recevoir l’aspersion sanglante. Mais quand je vis émerger de la fosse ce corps strié de rouge, cette chevelure feutrée par une boue gluante, ce visage éclaboussé de taches qu’on ne pouvait laver, et qu’il fallait laisser s’effacer d’elles-mêmes, le dégoût me prit à la gorge, et l’horreur de ces cultes souterrains et louches. Quelques jours plus tard, je fis interdire aux troupes, cantonnées à Émèse, l’accès du noir Mithraeum.
J’ai eu mes présages : comme Marc-Antoine avant sa dernière bataille, j’ai entendu s’éloigner dans la nuit la musique de la relève des dieux protecteurs qui s’en vont… Je l’entendais sans y prendre garde. Ma sécurité était devenue celle du cavalier qu’un talisman protège de toute chute. À Samosate, un congrès de petits rois d’Orient eut lieu sous mes auspices ; au cours de chasses en montagne, Abgar, roi d’Osroène, m’enseigna lui-même l’art du fauconnier ; des battues machinées comme des scènes de théâtre précipitèrent dans des filets de pourpre des hardes entières d’antilopes ; Antinoüs s’arc-boutait de toutes ses forces pour retenir l’élan d’une couple de panthères tirant sur leur lourd collier d’or. Des arrangements se conclurent sous le couvert de toutes ces splendeurs ; les marchandages me furent invariablement favorables ; je restais le joueur qui gagne à tout coup. L’hiver se passa dans ce palais d’Antioche où j’avais jadis demandé aux sorciers de m’éclairer sur l’avenir. Mais l’avenir ne pouvait désormais rien m’apporter, rien du moins qui pût passer pour un don. Mes vendanges étaient faites ; le moût de la vie emplissait la cuve. J’avais cessé, il est vrai, d’ordonner mon propre destin, mais les disciplines soigneusement élaborées d’autrefois ne réapparaissaient plus que comme le premier stage d’une vocation d’homme ; il en était d’elles comme de ces chaînes qu’un danseur s’oblige à porter pour mieux bondir quand il s’en sépare. Sur certains points, l’austérité persistait : je continuais à interdire qu’on servît du vin avant la seconde veille nocturne : je me souvenais d’avoir vu, sur ces mêmes tables de bois poli, la main tremblante de Trajan. Mais il est d’autres ivresses. Aucune ombre ne se profilait sur mes jours, ni la mort, ni la défaite, ni cette déroute plus subtile qu’on s’inflige à soi-même, ni l’âge qui pourtant finirait par venir. Et cependant, je me hâtais, comme si chacune de ces heures était à la fois la plus belle et la dernière.
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